J'aurai le Monde pour Toi...

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Plongé dans des livres de géopolitique, d'histoire et de récits de conquêtes du monde, il passait ses journée à étudier, complètement fasciné par ses lectures. Malheureusement, on ne pouvait pas tout apprendre dans les livres. L'art de l'assassinat, il l'apprenait auprès de son mentor, la Rose de sang, la plus douée des assassins d'Alysia. Il l'accompagnait même presque à chacune de ses missions pour voir comment elle agissait sur le terrain.

Mais aujourd'hui, Crileur, 15 ans, allait réaliser sa première mission d'assassinat ! Il sera assisté par sa mère, bien sûr, mais cette fois, c'est lui qui devra approcher la victime et l'assassiner.

L'objectif de la mission était de déclencher une guerre entre deux pays dans une période de froid entre eux. Darkhell, qui avait donné l'ordre de mission, voulait pouvoir soutenir militairement les deux pays, sans que le pays ennemi ne le sache bien évidemment, pour avoir ensuite leur reconnaissance et les mettre à genoux devant lui. Sauf que les deux souverains des pays de Kita et Rakkaus sont sur le point d'essayer de rétablir la paix à travers leurs deux pays.

La mission est de se faire passer pour des personnes de très hautes importances du pays de Kita venant traiter avec le roi de Rakkaus. Puis, de tuer la princesse Kateline pour déclencher cette guerre.

Pour cela, Rose se fera passer pour la porte-parole du roi de Kita, Cléotine de la Tour. Elle devra occuper le roi en attendant que Crileur puisse assassiner la princesse.

Crileur, lui, devra se faire passer pour le fils de Cléotine, Théodore de la Tour. Il devra occuper la princesse et essayer à tout prix de l'isoler de ses gardes pour pouvoir l'assassiner sans problème.

Ensuite, ils partiront et la faute de la mort de la princesse sera rejetée sur Kita.

Aujourd'hui était le grand départ pour Rakkaus, alors Crileur étudiait encore la culture de Rakkaus et Kita de façon à être parfait dans son rôle. En fin de matinée, ils partirent enfin sur le dos d'une créature volante polaire typique des créatures de transport de Kita. Le voyage dura 6 heures jusqu'à Rakkaus. Ils arrivèrent enfin au palais royal de Rakkaus. Ils descendirent de leur monture, laissant trainer leurs manteaux de fourrures venant de Kita sur le sol. Ils furent accueillis par une tripotée de gardes au service de la famille royale, ainsi que de la famille royale elle-même, enfin, de ce qu'il en restait après le dernier conflit interne qu'il y eut, c'est-à-dire le roi et sa reine ainsi que la princesse héritière et son jeune frère tenant la main de sa mère.

Crileur repéra directement sa cible, la princesse Kateline. La jeune fille portait un regard désintéressé sur la situation dont elle était l'actrice principale sans le savoir. Sa frange, qui recouvrait ses sourcils légèrement froncés, était divisée par un joyau rouge orné d'une croix, bijoux qu'elle portait en plusieurs exemplaires sur elle. Ses cheveux clairs étaient attachés en deux couettes hautes laissant ses épaules, seulement recouvertes d'un fin tissu transparent, visibles. Elle portait une longue robe aux couleurs claires que le vent agitait légèrement. L'air froid qu'elle faisait paraitre sur son visage laissa croire à Crileur que la mission serait plus compliquée qu'il n'aurait pu le prévoir. Alors il décida de passer à l'action dès maintenant.

Crileur s'avança doucement vers elle en maintenant un contact visuel. Il remarqua que les gardes qui l'entouraient étaient à l'affut du moindre de ses gestes. Il n'y fit pas attention et continua d'avancer jusqu'à arriver devant la princesse.

-Enchanté, votre altesse.

Crileur fit un petit sourire et attrapa la main de la princesse en coupant le contact visuel. Il s'inclina et baisa la main de la jeune fille. Les gardes de la princesse renforcèrent leur vigilance à l'égard du jeune garçon qui, à leur goût, était trop proche de la princesse. Lorsqu'il releva la tête, il soutint de nouveau le regard étonnée de la princesse. Mais un détail l'interpela, le visage pâle de la princesse avait pris une légère tinte rose. Crileur comprit que la princesse n'avait pas l'habitude de tant de reconnaissance de la part de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.

-De même, répondit-elle par politesse.

-Quel bon garçon ! s'exclama le roi.

-Oui, j'ai de la chance d'avoir un fils aussi bien élevé ! sourit Rose.

Le roi invita ses deux invités à le suivre.

Après que le thé fut servi et que les politesses de l'accueil furent passées, les négociations de paix purent commencer pour le roi et la porte-parole de Kita, même si cela était une couverture, Rose se devait de mener à bien les négociations de ces deux pays en froid pour laisser champs libre à son fils. La princesse et Crileur furent écartés de la suite de façon presque imperceptible.

-Kateline, veux-tu bien, s'il te plait, faire visiter à Théodore de la Tour les plus beaux endroits de notre cité ?

-Oui père, répondit-elle en se levant de sa chaise et en s'inclinant par respect.

Crileur se leva à son tour et tous deux saluèrent les adultes avant de sortir de l'immense pièce qui les avait accueillis. Une dizaine de gardes les suivirent tandis qu'ils sortaient du palais royal. Crileur ne put s'empêcher de penser que le nombre de garde était anormalement élevé pour une simple balade en ville, et ce, même avec un étranger. Sa mission allait être plus corsée que prévu.

La princesse ne prononça pas un mot jusqu'aux portes du palais. Sur son visage, un air neutre, presque froid. Mais Crileur ne put s'empêcher de penser qu'elle n'était comme ça que parce qu'elle avait reçu une éducation strict qui bannissait les émotions. Il allait jouer sur ce fil fin pour sa mission.

-Dites-moi, votre altesse, pourquoi une si grande escorte pour une simple sortie en ville ?

Kateline fut surprise par la soudaine prise de parole de ce garçon.

-Pourquoi voulez-vous savoir ?

-Et bien parce que je suis curieux et que si je gardais cette question pour moi, elle me hanterait durant tout mon séjour ici, voir plus longtemps encore ! sourit-il sincèrement à la princesse.

Elle hésita un instant à répondre à ce garçon bien curieux qu'elle venait de rencontrer, mais finit par céder à la question.

-En fait, il se trouve que certaines personnes soient opposées au fait que l'héritier de mon père soit en fait une héritière.

Crileur eut un petit ricanement.

-Je suis sûr que vous êtes autant capable que votre père ! lui sourit tendrement Crileur.

-Vous me flattez, malheureusement, ce n'est pas de l'avis de tous.

-Au fait, pourquoi votre père a choisi de faire de vous son héritière ? N'avez-vous pas des frères ainés ?

-Malheureusement, c'est la deuxième raison pour laquelle je suis constamment accompagnée par une escorte très chargée. Mes deux frères ainés n'avaient qu'un an d'écart, mais le plus jeune jalousait son ainé sous bien des aspects. Il y a six mois de ça, il commanda l'assassinat de notre ainé. Dans la logique des choses, il aurait dû devenir l'héritier, sauf que l'on a découvert son méfait et qu'il a été écarté de la couronne et banni du pays. Presque du jour au lendemain, je suis passée de troisième héritière à héritière directe.

-Je vois.

Cette histoire, il la connaissait déjà, mais Théodore de la Tour du pays de Kita n'était pas censé le savoir. Cette mésaventure de la famille royale ne devait pas s'être ébruitée au-delà des frontières de Rakkaus.

La balade en ville continua jusqu'au soir venu. Tout du long, Crileur avait pu remarquer que la princesse était constamment observée par le peuple de la cité et la plus grande partie de ces regards était des jugements négatifs sur la jeune fille à peine âgée de 16 ans. Elle avait baissé la tête, son regard alternant entre ses mains entrelacées devant elle et le sol. Elle était embarrassée par ces regards mauvais à son égard. Les seuls fois où elle avait osé lever la tête, c'était pour répondre aux questions de Crileur qui lui faisait momentanément oublier cette pression permanente causée par son propre peuple.

Crileur réussit très clairement à voir le mal-être de cette pauvre fille, il allait donc jouer là-dessus pour réussir à avoir sa confiance et l'isoler un instant pour parvenir à la tuer sans problème. Mais pour le moment, il jouait juste le gentil garçon à l'écoute. Et puis, toujours dans son rôle, il lui mentit en traversant les portes du palais.

-Cette sortie en votre compagnie était forte agréable ! sourit-il à la princesse. Le jour où vous viendrez fouler le sol de Kita, venez donc me voir et je vous guiderais personnellement à travers les sites les plus beaux du pays !

-Avec plaisir, Théodore ! lui sourit-elle en retour. Quel genre de paysages magnifiques possédez-vous à Kita ?

Crileur fut surpris, c'était la première question que lui posait Kateline. C'était un signe que la mission avançait à petit pas vers son dénouement funeste.

-Et bien, laissez-moi réfléchir... il y a la banquise, un grand désert froid et blanc, de la neige et de la glace à perte de vue, on pourrait croire que le paysage est infini, les animaux y vivant sont très majestueux. Au sud nous avons les immenses forêts de sapins tachetées de gigantesques lacs en apparences minuscules au milieu de ces forêts démesurées, magnifique à survoler. Mais ce que je préfère par-dessus tout, c'est bien les nuits d'aurores boréales !

-Des aurores boréales ?! Oh, j'ai toujours rêvé d'en voir ! s'exclama Kateline.

-Vraiment ? Et bien je vous conseille de venir à Kita en hiver ! Il fait froid, mais les aurores boréales sont magnifiques en plus d'être très fréquentes.

Kateline affichait un visage heureux pour la première fois depuis leur rencontre en fin d'après-midi. En voyant la jeune fille si joyeuse, Crileur ne put s'empêcher d'esquisser un sourire réellement sincère. Il était lui-même heureux d'être la source de ce sourire lumineux sur le visage de la princesse.

Le repas du soir fut pris en présence de la famille royale ainsi qu'avec toutes les politesses et manières qu'il était accoutumé d'avoir lors d'un repas avec des personnes de si haut rang. Crileur fut autorisé de raconter le récit de sa journée en compagnie de la princesse Kateline. Il ne se priva pas de surjouer l'émerveillement qu'il avait ressenti devant les monuments de la cité. Il continua en flattant le roi sur la compagnie de sa fille qu'il dit « forte aimable ». La princesse, elle, préféra rester silencieuse durant tout le repas.

Le soir, alors que Crileur avait rejoint la chambre qu'il occupera durant le séjour à Rakkaus, une silhouette se faufila dans sa chambre en passant habillement par la fenêtre que Crileur avait laissé consciemment ouverte.

-Alors mon chéri, ta mission avance ? Tu vas arriver à contourner tous ses gardes ?

-T'inquiète pas pour moi, Maman, je vais très bien y arriver ! sourit Crileur, confiant de lui-même.

-Ah oui ? Comment comptes-tu t'y prendre pour l'éloigner de sa garde ? s'inquiéta sa mère.

-Elle le fera d'elle-même.

-Oh, vraiment ? Je vois que tu gères ! sourit-elle, finalement rassurée. Est-ce que tu auras besoin de quelque chose ?

-Maintenant que tu le dis...

Crileur réfléchit et eut une idée. Il partagea sa requête à sa mère et elle accepta malgré le fait qu'elle ne comprit pas ce qu'il allait faire de ça. Elle ricana un instant.

-J'ai hâte de voir en quoi ça te servira !

-Je te ferai signe pour le jour de son utilisation.

Rose sourit puis fit un bisous sur le front de son fils, et ce, même s'il n'avait plus l'âge et qu'il râlait le plus souvent.

-Je suis fière de toi, mon fils, tu es devenu un beau jeune homme ! sourit-elle avec des larmes de fierté.

Crileur détourna juste le regard et retourna à ses occupations pour qu'elle parte. Elle alla vers la fenêtre, mais avant de repartir comme elle était arrivée, elle se tourna vers son fils avec un air sérieux.

-Tu veux lui faire miroiter un amour parfait, mais fait attention, l'amour est une chose imprévisible, tu pourrais tout aussi bien te recevoir le revers de la médaille en pleine tête.

Crileur ne répondit rien et Rose repartit dans sa chambre sans plus de discours.

___

Le lendemain matin, Crileur s'était levé tôt pour aller faire un tour à la bibliothèque. L'une de ses passions dans la vie était de se cultiver, alors quand il partait en voyage, il se dirigeait naturellement vers les livres. Il était donc installé sur une table avec plusieurs livres dont la couverture lui avait plu et il étudier chacune de ses lectures avec envie et passion.

La porte de la bibliothèque s'ouvrit et des bruits de pas se firent entendre. Crileur n'y fit pas attention et retourna à sa lecture. Mais parmi les pas d'environ sept personnes selon Crileur, il identifia le bruit reconnaissable des talonnettes frappant le sol de la princesse Kateline. Il releva la tête vers les portes de l'entrée et vit la jeune fille accompagnée de son éternelle escorte et d'une servante. La princesse, voyant Crileur, alla s'installer en face de lui.

-Vous êtes bien matinal ! sourit la princesse après s'être échangé des salutations.

-Oui, et bien je voulais absolument voir quel genre de livre vous aviez à Rakkaus. A chaque fois que je voyage, c'est l'une des premières choses que je fais, répondit Crileur en lui rendant son sourire.

-Oh ! Vous aimez apprendre !

Crileur acquiesça tandis que la princesse observait ce qu'il lisait.

-Vous vous intéressez à l'histoire, Théodore ? Personnellement, je ne vois pas l'intérêt à s'intéresser aux conflits des temps passés.

-Au contraire ! Il s'agit d'apprendre des erreurs passées pour ne pas les reproduire ! commença Crileur dans un discours passionné. Et il n'y a pas que des guerres et des conflits dans le passé, nous pouvons aussi grandement nous inspirer des grandes personnalités de l'ancien temps qui ont fait grandir leur pays pour améliorer notre monde à notre tour !

La princesse fut surprise par tant de passion de la part de son interlocuteur. Elle eut un léger rire qu'elle cacha par sa main. Ce rire fit sortir Crileur de l'état dans lequel il était. Il était, un instant, sorti de son personnage. Mais en constatant la réaction de la princesse, c'était en fait tant mieux.

-Dites, voulez-vous un peu de thé ? demanda la princesse.

-Avec plaisir, sourit Crileur.

-Très bien, vous goûterez la spécialité de notre pays alors ! Le thé de Rakkaus est constitué des arômes de plus d'une centaine de fleurs exclusivement originaires de notre pays !

Pendant qu'ils parlaient, Kateline fit signe à sa servante de préparer ce thé exceptionnelle. La servante s'inclina avant de s'absenter. Puis elle revint quelques minutes plus tard avec le fameux thé. Elle en remplit deux tasses tandis qu'un garde s'approcha pour tremper un papier dans le thé qui prit une teinte jaune pâle. Crileur savait très bien de quoi il s'agissait, un testeur de poison. Il était bien content de ne pas avoir opté pour l'empoisonnement.

Voyant l'étonnement sur le visage de Crileur, la princesse décida de répondre avant qu'il ne pose de question.

-C'est un testeur de poison. Il peut reconnaitre jusqu'à deux cents poisons différents. Mon père a exclusivement exigé que tout ce que j'ingère soit testé avant. Mon frère ainé a été tué par empoisonnement et une grande partie du pays ne veut pas me voir sur le trône, alors c'est important de prendre ce genre de précaution.

-Oui, je comprends. Ça ne doit pas être facile pour vous de subir toute cette haine...

-Je préfère ne pas y penser ! lui sourit-elle pour qu'il ne s'en fasse pas pour elle.

La princesse changea très vite de sujet, étant embarrassée par celui-ci. Puis ils continuèrent de discuter toute la matinée dans cette bibliothèque.

-Je me demande dans combien de temps encore nos parents vont poursuivre les négociations, se demanda la princesse.

-Pourquoi ? Vous n'aimez pas ma présence, princesse ? demanda Crileur avec un léger sourire.

-Oh, non, non, ce n'est pas ça ! Au contraire, je serai heureuse que vous restiez plus longtemps !

Crileur eut un petit rire en voyant la princesse paniquer comme ça.

-Je me demande en quoi consistent ces négociations, réfléchit Crileur.

-Vous n'êtes pas au courant ?

-Non, je ne m'y suis pas intéressé.

-Et bien ils sont en train de programmer un mariage arrangé entre le cinquième prince de Kita et moi-même.

Crileur fut assez surpris, il n'était pas au courant de cette information, sa mère ne lui en avait pas parlé la veille, en même temps, ce n'était pas une information qui était importante pour la mission. Mais très vite, son visage prit un air de dégout à l'entente du futur fiancé de la princesse. Entendre ce titre lui donnait des envies de meurtres en plus de lui provoquer un profond dégout.

-Quoi ? Y'a-t-il un problème ? s'inquiéta Kateline.

-Je ne veux pas vous effrayer princesse, mais cet homme est des moins recommandables en plus d'avoir 25 ans de plus que vous.

-Comment ça ? demanda la princesse, s'inquiétant pour son avenir.

-Je l'ai déjà vu et il ne m'inspire que du dégout ! Cet homme traite les femmes comme des objets et ne leur porte aucune considération ! Je n'en reviens toujours pas de la manière dont il a traité ma mère la dernière fois que je l'ai vu !

-Pourtant votre mère occupe une place importante au gouvernement de Kita.

Même si une partie de son histoire est fausse, la grande majorité est vraie. Il était allé une fois à Kita pour accompagner sa mère dans une mission. A ce moment-là, même si elle n'était pas la porte-parole du roi de Kita, elle possédait une identité tout aussi importante. Et Crileur avait vraiment été dégouté de l'attitude de cet homme. Pas seulement lui, Rose aussi l'aurait tué s'ils n'étaient pas au milieu d'une grande foule lors de leur rencontre. Elle avait même demandé à Crileur, qui avait accepté sur le champs, de le tuer s'il en avait l'occasion. Malheureusement, Rose termina sa mission très rapidement sans que Crileur ait eu l'occasion de passer à l'action. C'était il y a deux ans de çà, mais Crileur l'avait toujours au travers de sa gorge. Finalement, pour cette princesse détestée par son peuple et promise à un avenir sombre avec un homme de la pire espèce, c'était presque une chance que Crileur ait été envoyé pour l'assassiner.

Crileur secoua la tête, il le tuera un jour, il se l'était promis. Mais pour le moment, sa mission était d'assassiner cette pauvre fille qui ne demandait qu'à être elle-même. Il lui sourit tendrement tout en se levant de sa chaise pour s'approcher d'elle doucement. Puis, quand il fut assez proche d'elle pour lui dire quelque chose qu'elle seule entendrait, il murmura quelques paroles.

-Préfèreriez-vous vous marier avec moi, princesse ? demanda-t-il d'un air taquin.

Le visage de Kateline prit une teinte rouge sans qu'elle ne puisse le contrôler. Puis elle se ressaisit et un fin sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle se rapprocha à son tour de Crileur.

-Il est sûr que ce serait plus à mon avantage, murmura-t-elle à son tour pour jouer le jeu du garçon.

Cette réponse surpris Crileur, il ne s'attendait pas à ce qu'elle réponde aussi posément à l'affirmative. Il fit un petit sourire et se repositionna sur sa chaise. Kateline lâcha un petit rire en remarquant le trouble de Crileur. Crileur avait remarqué que lorsqu'elle rigolait, elle passait sa main devant son visage. C'était un mignon reflexe qu'il avait déjà discerné plusieurs fois auparavant.

___

Le lendemain après-midi, Kateline avait amené Crileur avec elle visiter les grands jardins du palais. Puis ils s'étaient installés dans l'herbe en haut d'une colline où la vue sur les jardins royaux était magnifique. Bien sûr, il y avait toujours au moins cinq gardes autour de la princesse.

Tout en discutant joyeusement de leur vie respective, Kateline se rapprocha de Crileur de façon à être tout près de lui. C'était son seul moyen pour prononcer des paroles qu'elle n'avait pas envie que ses gardes entendent.

-Je vais vous faire une confidence, Théodore, commença-t-elle tout bas. J'aimerai beaucoup être seule, au moins un moment dans la journée. Enfin je veux dire, sans tous ces gens sensés me protéger. Je ne serai pas obligée de vous parler si bas. Ils sont comme des barreaux de prison chargés de s'assurer que je rentre bien au palais. Ces barreaux ne me serve pas à être protégée, mais à m'isoler du reste du monde. Autant de gardes autour de moi fait fuir. Heureusement, vous, vous avez osé venir vers moi dès votre arrivée. Et depuis, votre présence me réconforte. Vous êtes une personne riche de savoir, fort sympathique et avec qui on ne se lasse jamais de discuter. J'aimerai un jour avoir votre aisance.

La jeune fille se tut sur cette dernière phrase. Elle avait dit tout cela en regardant vers le ciel. Au début, elle portait un air triste, mais lorsqu'elle avait commencé à parler de Crileur, un sourire était apparu sur son visage. Lui, il la fixait encore avec un air compréhensible, même s'il était un peu gêné qu'elle lui fasse tant de compliments. Puis il tourna la tête vers le ciel à son tour sans répondre, comprenant qu'il n'y avait rien à répondre.

Kateline soupira dans un fin sourire se qui indiqua à Crileur de la regarder de nouveau. Elle baissa la tête, regardant, avec ses yeux à demi clos, ses jambes. Ses mains allèrent à sa nuque et elle décrocha son collier avant de le tendre à Crileur qui ne comprenait pas ce que signifiait son geste. Machinalement, il prit le collier et l'observa. C'était un magnifique joyau rouge avec une croix par dessus, le bijou qu'elle portait en plusieurs exemplaires sur elle. 

-Ce bijou protège de toute sorte de magie destinée à nuire son porteur. Un seul de ces joyaux suffit à protéger une personne, mais mon père a décidé que je devais en porter tout un tas. Je vous en offre un en espérant qu'il vous éloignera de toutes les mauvaises choses qui pourraient vous arriver.

Crileur resta bête. Il sentit ses joues chauffer, ce qui le gêna particulièrement. Kateline émit un petit rire en voyant cette faiblesse qu'elle trouva très mignonne. Crileur la remercia de cette attention qui lui faisait chaud au cœur. 

___

Le lendemain soir, la princesse Kateline et Crileur, accompagnés des gardes de la princesse, se dirigeaient vers la salle à manger où les attendaient leurs parents pour prendre le repas du soir. La nuit était tombée et Crileur savait que ça n'allait pas tarder, que la fin de son séjour allait arriver. Pour le moment, ils traversaient le palais, mais tout allait se mettre en place d'un moment à l'autre.

Ça y est, les lumières venaient de s'éteindre, tout était dans le noir, ça marquait le commencement de la fin. Crileur laissa faire, car ce n'était pas lui qui allait mener l'action.

-Que ce passe-t-il ? s'inquiéta la princesse.

-Princesse, ne vous éloignez pas, nous vous protègerons ! déclara l'un des gardes de la jeune fille.

La princesse attrapa la main de Crileur. A ce contact, Crileur ne put empêcher un sourire satisfait d'apparaitre sur son visage. L'idée avait traversée l'esprit de la princesse, ce qu'il avait tant essayé de lui mettre dans la tête depuis qu'il l'avait rencontrée. Alors il laissa tout ce dérouler. Sa main se fit tirer et très vite, il fut emporté plus loin dans une course folle avec la princesse qui le tirait par la main.

-Que faites-vous, princesse ? demanda-t-il, toujours dans son personnage.

-J'en profite pour me retrouver sans cette surveillance, au moins quelques minutes seule avec vous, Théodore, répondit-elle tout bas. Suivez-moi sans faire de bruit.

Même s'il faisait noir, la princesse semblait savoir où elle allait. Et heureusement pour elle, ses gardes n'ont pas su voir par où elle était partie.

Après avoir monté un étage pour être sûre de ne pas être retrouvée, Kateline finit par emmener Crileur où elle souhaitait. Ils s'arrêtèrent de courir en arrivant sur un balcon. Tous les deux morts de fatigue, ils se mirent à rire de leur bêtise.

-Nous allons avoir des ennuis ! déclara Kateline entre deux éclats de rire.

Crileur répondit par un rire. Puis, Kateline, qui avait gardé la tête baissé vers le sol pour reprendre son souffle, releva la tête et resta bouche bée. Elle ne crut pas ce qu'elle vit au-dessus de sa tête. Le ciel, déjà parsemé d'étoiles invisibles en temps normal par la lumière de la cité qui avait été éteinte ce soir, était voilé par un phénomène polaire qui n'arrivait jamais par ici, une aurore boréale. Kateline, qui ne comprenait pas en quoi c'était possible, s'approcha de la barrière du balcon pour admirer ce magnifique spectacle de lumières dansantes oscillant entre le rose et le vert. Crileur sourit tendrement tout en s'approchant d'elle.

-Comment est-ce possible ? Est-ce vous, Théodore ? Je ne vois pas d'autre explication. Comment avez-vous fait ? demanda-t-elle impatiemment à Crileur en se retournant vers lui.

-C'est une technologie de pointe qui permet de capturer une aurore boréale avec un peu de magie, répondit-il en s'approchant de la barrière et en admirant le spectacle à son tour. Il faut beaucoup d'énergie à cette technologie pour fonctionner, voilà pourquoi il n'y a plus de lumière. Mais tout reviendra à la normale d'ici quelques minutes. Je compte sur vous pour ne pas me dénoncer.

Kateline resta admirative devant le magnifique paysage devant elle. Voir ce visage si émerveillé fit très plaisir à Crileur. Il était heureux que ce dernier spectacle lui plaise. Et vu la distance qu'ils avaient prise par rapport aux gardes, Crileur allait la laisser admirer ce paysage encore quelques minutes.

-Quel bonheur de pouvoir momentanément être libre, souffla-t-elle, le sourire aux lèvres.

-Je vous promets de vous sortir de ce destin peu avantageux.

Kateline se tourna vers Crileur qui regardait toujours vers le ciel d'un air sérieux. Elle resta presque choquée, mais était vraiment contente qu'elle ait autant d'importance aux yeux de Crileur. Elle ignorait comment il allait s'y prendre pour honorer sa promesse, mais elle l'en pensait capable. Elle eut un éclat de joie et sauta dans les bras de Crileur, qui fut surpris par ce soudain contact.

-Vous êtes extraordinaire, Théodore ! s'écria-t-elle. Vous rendez-vous compte de l'incroyable personne que vous êtes ? Vos paroles me rendent tellement heureuse !

Ces paroles firent ressentir un tas d'émotions indescriptibles à Crileur. Il avait l'impression d'être plongé dans un bain d'amour, de paix et de tranquillité. Néanmoins, une boule se forma dans son estomac. Il ignorait d'où elle provenait, ou plutôt pourquoi elle était là, mais il préféra l'oublier. Il fixait intensément le visage de la princesse qui lui faisait ressentir tout cela. Elle lui souriait et il faisait de même.

Mais, même si ressentir toutes ces émotions le remplissait de joie, il devait lutter à chaque instant pour se rappeler l'objectif de la mission. Il devait l'accomplir. Mais le regard de cette fille lui faisait oublier sa mission première.

-Nous sommes très proche, murmura Kateline, faisant référence à la vingtaine de centimètres les séparant.

-En effet, lui sourit Crileur.

-M'approcher davantage, serait-ce indécent ?

-Vous êtes libre de faire ce que vous désirez.

La princesse resserra ses bras placés sur les épaules de Crileur et se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir être à sa hauteur. Puis elle caressa doucement la joue droite de Crileur tout en regardant intensément ses lèvres. Son regard brulant se dirigea vers les yeux de Crileur, ce qui le déstabilisa fortement.

-Puis-je ?

-Faites de moi ce que vous désirez, princesse, répondit-il d'une voix douce.

La princesse sourit et approcha doucement ses lèvres de celles de Crileur. Leurs paupières se fermèrent au même rythme. Leurs lèvres entrèrent en contact et ce fut l'explosion dans leurs cœurs. Une chaleur les envahit l'un et l'autre. Crileur tira Kateline vers lui, la serrant fort contre lui. Elle, elle se laissa tomber totalement contre lui. Le baiser avait été timide et hésitant au début, mais petit à petit, il fut plus confiant.

Kateline finit par rompre le baiser en éloignant ses lèvres d'un petit centimètre de celles de Crileur, leur permettant à tous deux de reprendre leurs esprits un instant. Mais, tout en gardant les yeux fermés pour davantage apprécier le contact, elle lui fit de petits bisous sur la joue et aux coins des lèvres. Appréciant particulièrement ces baisers, Crileur décida de lui en faire à son tour, dévorant sa joue de doux bisous. Puis Kateline décida de reprendre la bouche de Crileur. A ce contact qu'il redécouvrit, il ne put s'empêcher de remonter sa main gauche vers la nuque de cette princesse qu'il appréciait plus que ce qu'il le devrait. Chatouillant son frêle cou, perdant ses doigts dans ses cheveux soyeux, faisant glisser sa mains vers sa douce joue, il s'abandonnait à cette belle jeune fille qui faisait battre son cœur, oubliant sa mission première.

Crileur, qui voulait et tentait de repousser le moment fatidique à plus tard, dut se résoudre à passer à l'action. Sa main lâcha le plus lentement possible la joue de la douce princesse et se faufila derrière le dos de son propriétaire. Elle attrapa avec hésitation l'arme présente entre le dos du jeune homme et la cape qui lui recouvrait les épaules. Tandis que les mains de la princesse caressaient les joues et les cheveux de ce garçon, qui était arrivé dans la vie de la jeune fille comme un rayon de Soleil dans une pièce qui n'avait jamais vu la lumière du jour, la main tenant maladroitement la dague menaçait de frapper à tout moment dans le dos de la princesse. Il avait tant de fois tué, alors pourquoi cette fois, il était si peu assuré ? Ce baiser, qu'il trouvait, l'instant précédent, très agréable et doux, il avait un goût amer à présent.

Kateline ressentit le trouble dans le baiser qu'elle échangeait avec Crileur. Elle voulut ouvrir les yeux, mais, au même moment, elle sentit quelque chose de mouillé couler sur son visage. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit qu'il s'agissait d'une larme qui était tombée de l'œil, toujours fermé, de Crileur. Mais à peine sa bouche s'écarta de la sienne qu'elle ressentit une vive douleur au milieu du dos. Elle eut un hoquet de douleur et se sentit tomber. Comme par reflexe, elle resserra ses bras autour du cou de Crileur, comme pour se raccrocher à une image fictive qu'elle refusait de quitter. L'image parfaite qu'elle avait construite, ou plutôt qu'on lui avait induite, était en train de se déchirer malgré le fait qu'elle essayait de la garder intacte, voulant se raccrocher au moindre mensonge qu'elle pourrait créer. Son visage était crispé et son cœur brisé. Les larmes coulaient dans de durs sanglots.

Quand à Crileur, ses lèvres vibraient, comme pour s'empêcher de pleurer lui aussi malgré les larmes déjà présentes. Il retira la dague avec force du dos de sa princesse, lui arrachant un cri atroce à son oreille. Elle avait serré de toutes ses forces le cou du garçon, qui, lui, maintenait Kateline contre lui, la serrant fort lui aussi. La jeune fille, qui ne savais pas si elle pleurait à cause de la douleur ou de la trahison, finit par reconnaitre l'évidence avec un mal fou.

-Pourquoi... ? demanda-t-elle faiblement.

Ce simple mot eut l'effet d'un coup de couteau dans le petit cœur de Crileur, ce qui était ironique après son acte. Ses larmes coulèrent à flot et il n'osa pas répondre à la princesse.

-Qui êtes-vous... ?

Il ignorait comment elle l'avait deviné, même si ce qu'il venait de faire était un gros indice, mais elle savait qu'il n'était pas Théodore de la Tour.

-Crileur...

-C'est votre nom... ?

Crileur acquiesça sans prononcer un mot car il en était incapable. Puis, quand il remarqua que la princesse serrait de moins en moins fort, il comprit que ses forces la quittaient. Il comprit alors la fatalité de la situation qu'il avait lui-même engendrée. Il la posa délicatement au sol tout en s'agenouillant à ses côtés mais en n'osant pas affronter son regard. Mais ses dernières paroles le fit la regarder. Elle admirait l'aurore boréale qui dansait toujours dans le ciel. Puis elle le regarda et commença à parler.

-Crileur... commença-t-elle avec difficulté, vous êtes... un monstre... mais...

Elle eut du mal à finir sa phrase. Tout se déconnectait en elle. Sa dernière respiration venait de franchir les portes de ses lèvres. Ses yeux venaient de perdre leur lueur de vie. Mais Crileur n'était pas d'accord. Il refusait de croire qu'elle était partie. Il désirait de voir sa phrase terminée. Alors il l'appela quelques fois, histoire qu'elle reprenne ses esprits.

-Princesse ? Princesse ! Princesse Kateline ! s'écriait-t-il en sanglotant. S'il vous plait... répondez-moi...

Il secoua plusieurs fois ses épaules. Il hurlait son nom. Il voulait savoir ce qu'elle allait dire. Oubliant presque son acte irréparable, la fin de la phrase de Kateline devenait de plus en plus une obsession à chaque fois qu'il prononçait ce nom. Il devenait fou à l'idée de ne jamais avoir la fin. Ou est-ce parce qu'il ne pourra plus discuter avec elle, la voir, se promener à ses côtés, la faire rire, voir son beau visage surpris ou même tout simplement la voir en vie, la voir vivre ? 

-Crileur ? l'interpela une voix qu'il connaissait particulièrement bien. Ne reste pas là, monte.

Rose était sur l'animal volant qui les avait amenés dans ce pays. Sa mère le regardait avec douceur. Mais Crileur ne prêta pas attention à ce que venait de dire sa mère.

-Maman, elle répond plus... fit Crileur, la voix cassée, indiquant une profonde détresse.

-Elle est morte, mon chéri, c'est fini.

-Mais pourquoi... ?

-Aller, viens, les gardes ne vont pas tarder, il faut y aller, tu ne peux plus rien pour elle...

-Kateline...

Crileur se pencha sur elle et lui fit un bisous sur le front, laissant au passage une larme tomber sur son visage. Puis il se redressa doucement et monta sur la créature volante. Rose indiqua à l'animal de prendre de la hauteur tandis que Crileur jetait un dernier coup d'œil derrière lui. Puis il se jeta dans les bras de sa mère pour pleurer encore et encore la perte de cette princesse dont il s'était beaucoup trop attaché.

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