Chapitre 5

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Voilà que maintenant, je me retrouve dans un restaurant en train de faire du secourisme à un homme plutôt âgé, tout le monde me regarde. J'ai l'impression qu'ils me fixent du regard comme si on me disait « Si tu ne le sauves pas, tu en seras la cause. ». C'est horrible, je termine mon boulot et je pars après les remerciements exagérés du sauvé. Parfois, l'humain n'est pas agréable. C'est souvent déstabilisant donc un faux geste, tu peux très bien frôler la catastrophe mais aussi, la créer. « Mon ami, je te remercie... » c'est ce qu'il m'avait dit avant que je ne parte en emportant ma commande, j'étais remonté à bloc, néanmoins j'avais l'impression d'avoir le moral à zéro. Je ne sais pas pourquoi, ça doit être psychologique. J'suis parfois bizarre.
Je marche en mangeant, j'ai perdu du temps. Si j'arrive en retard, je ne vais pas pouvoir manger mais en plus, parler à Shina, alors mieux vaut déguster en se déplaçant... Je jette la boîte qui contenait la nourriture dans une poubelle et entre dans l'hôpital. Je vois l'assistante au loin, son regard croise le mien et elle s'enfuit. Inutile, je prends un raccourci.

« - Désolée ! Désolée ! Désolée !
- Pourquoi ?
- De t'avoir laissé seul...
- Et ?
- Alors que c'était mon travail. Je... Comme vous vous connaissiez, eh bien je vous ai laissé, ça aurait été simple... Avec une intruse comme moi, j'aurais pu créer une tension...
- Je vois que tu t'y es bien préparée...
- Ah... Je dois avouer que oui. Sinon, je serais déjà-
- Oh...
- Oups. »

Elle trouve une excuse et repars s'occuper réellement des patients, tout comme moi. On en apprends tous les jours grâce aux médecins qualifiés.

Tiens ? Je me demande, et si j'allais rendre visite à Roméo. J'ai un peu de temps devant moi. Et puis, je le lui avais promis de lui rendre visite de temps en temps. La porte est entrouverte, je peux entendre Kinana l'encourager. Je voudrais tellement qu'il abandonne... ce serait mieux pour lui. J'entre sans faire de bruit. La kinésithérapeute se retourne et s'avance vers moi après avoir donné une petite suite d'exercice à Roméo.

« - Alors ? Comment ça se passe avec Roméo ?
- Tu sais dans quel état il est. Tous les gestes et exercices ne serviront à rien, je vois qu'il le sait. Malgré tout, il ne veut arrêter tous ses efforts...
- Je sais... Il en est conscient. C'est certain. Un mois passe vite... »

Je souris à Roméo qui me lançait des regards de temps en temps et pars. Une nouvelle fois une autre journée se termine sans qu'il ne se passe grand chose.
Des jours et des jours passent... Le même quotidien quoi...

Cependant, aujourd'hui est mon anniversaire... Je sais que ce n'est pas très important mais mieux vaut le mentionner dès le matin. Enfin bon, au travail.
Normalement, Shina devrait être devant chez moi... En train de patienter, bêtement... Je vais prendre tout mon temps. Je vais lui montrer ce que ça fait d'attendre sans arrêt.
Today is my day. Pour une fois, je vais profiter de mon côté machiavélique, j'dis ça mais rien ne va changer, je suppose. Qui sait ce qui arrivera dans quelques minutes exactement ? Personne, appart si t'as tout calculé. Ce qui m'étonnerait.
Bref. J'crois que je l'ai un peu trop fait attendre, après tout elle n'avait qu'à toquer ou sonner à la porte. Je sors ma clé, la mets dans la serrure et tourne. Rapidement, j'ouvre la porte et dis : « Maintenant tu sais ce qui se passe quand j'attends trop longtemps. ». Je referme la porte et ne voit personne... Personne ? C'est le vide. J'suis le seul au monde. J'ai parlé au vent. J'me sens, comment dire, bête et honteux.
Direction l'hôpital ! Il faut que je sois tout de même enthousiaste, Lucy ne voudrait sûrement pas me voir triste et froid envers mon entourage qui est, pour moi, ma deuxième famille.
Je passe devant l'accueil et demande si Shina est arrivée : « Est-ce que l'assistante de Guildarts est là ? Si oui, où est-elle ? Venue à quelle heure ? Et surtout, elle fait quoi ? ».
Je crois qu'elle n'a pas tout suivi... Pour ce qui est de la dernière question, elle n'en sait rien. Ce qui est assez logique, avec Shina, rien est prévisible.
Bref, elle est arrivée au moment où elle devait être devant chez moi donc elle est dans l'hôpital. Et est sûrement dans son bureau ou le jardin. Je fais quoi ?
Bureau, d'abord. C'est plutôt logique...
J'ouvre discrètement la porte et vérifie s'il y a quelqu'un. Personne encore une fois. Ce qui est sûr, c'est qu'elle est passée par ici pour déposer ses affaires.
Il y a un paquet joliment enrobé de papier rouge sur le bureau... C'est certainement pour mon anniversaire, je devrais faire comme si de rien était.
Je sors et ferme la porte soigneusement. Je passe ma vue aux alentours et voit seulement des collègues. Sauf Shina. C'est toujours comme ça, quand on a besoin de quelque chose, il n'est jamais là. Mais quand on en a plus besoin, là, il apparaît soudainement. Malgré que le sujet, ici, soit une personne.
Je vais dans le jardin. Je tourne autour de moi, enfin pas à 360 degrés mais à 270 degrés.
Puis, je la vois enfin. Elle est en train de discuter avec des enfants malades... Atteints de botulisme. Cette maladie, pouvant très bien causer la mort en quelques jours sans traitement et diagnostics, a réussi à les contaminer avec la consommation de miel lorsqu'ils étaient bébé. À présent, ils ont trois ans, ils ont une scolarité dans l'hôpital. Heureusement que ces enfants ne sont pas des cas graves. Cependant, ceux qui s'occupent de ces malades vont doucement dans l'injection d'antitoxines et les soins respiratoires. Ce sont tout de même des enfants, et l'un de leurs symptômes est la faiblesse d'où la fatigue, les problèmes de respirations.
Je m'approche d'eux, m'arrête et écoute derrière Shina qui ne me remarque toujours pas...
« - Vous voyez, avoir les cheveux roses ou autre peut parfois être marrant mais aussi charmer !
- Ça veut dire qu'avec mes cheveux roses, je suis charmante ?
- Bien sur. Meldy, tu es belle et ton sourire est éclatant. Continue tes efforts et un jour, tu verras, tu réussiras tes projets.
- Et moi, avec mes cheveux gris, je suis unique ?
- Avoir les cheveux gris ne veut pas dire que tu es unique mais toi, tu es unique. Lyon, le fait que chacun est unique est un signe que tu devras vivre un rêve unique.
- Et moi, et moi ?
- Miliana, tu as les cheveux marrons, c'est commun. Mais tu as un coeur, un énorme cœur, tu veux à tout prix protéger les chats. On ne trouve pas énormément de personnes comme toi.
- Mais toi aussi, tu as les cheveux marrons, donc tu es comment ?
- ... Ah, moi ? Hum... On va dire qu'en ce moment, je suis une espionne qui est mystérieuse.
- C'est-à-dire ? Interviens-je.
- ... Natsu ? Mais qu'est ce que tu fais là ?
- Bah, je crois que c'est normal de venir à l'hôpital.
- Enfin bon... Pars à tes occupations, pour l'instant.
- Et...
- C'est un ordre !
- Autoritaire...
- Aller. Oust. »

J'entends les enfants répéter sa dernière phrase et pars, comme l'a dit Shina.
En fin de compte, je me retourne et lui demande :
« - Tu n'as rien à me donner ?
- Encore là... Je ne crois pas... Pourquoi ?
- Bah, je sais pas, un cadeau qui pourrait se trouver sur ton bureau...
- ... Imbécile ! C'était une surprise pour Meldy !
- Quoi ?!
- Bah, aujourd'hui est l'anniversaire de Meldy et...
- Je vois... »

Je quitte le jardin pour de bon.

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