Chapitre 14

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Je me réveille, encore somnolente, l'esprit embrumé, espérant un instant que tout ce qui s'est passé hier n'était qu'un cauchemar. La maison est plongée dans le silence. Mais la réalité me rattrape rapidement. Je ne suis plus attachée, bien que les menottes aient laissé une marque douloureuse autour de mon poignet. En baissant les yeux, je constate que mes baskets ont disparu. Je n'ose pas bouger, je crains d'attirer l'attention d'Ulrik.

Je me lève, l'angoisse me rongeant l'estomac alors que je sors de la chambre. Seulement, il n'y a personne. Ulrik est partie. Je me dirige aussitôt vers la fenêtre de la cuisine et découvre que la Dodge Challenger n'est plus là. Je souffle de soulagement à l'idée d'être loin de lui. Cependant, mon cœur se serre en jetant un coup d'œil à la maison d'amie, il ne semble avoir aucun signe de vie. Je baisse la tête, accablée, quand mon regard se pose sur un mot écrit à la main. Mon estomac se noue d'appréhension alors que je m'empare du papier et commence à lire. « Tu es enfermé. Si je vois que tu essaies de sortir, ce n'est pas qu'un doigt que je lui trancherai à la camée. »

Le sang se glace dans mes veines. Je me tourne vers un écrin, tachée de rouges qui maculent le couvercle. Mes mains tremblent tandis que je le prends, une vague de nausée montant en moi. Je l'ouvre terrifiée, et mon souffle se coupe. À l'intérieur, il y a un doigt humain. Je reconnais le vernis à ongles de Candace. Un cri étouffé s'échappe de ma gorge alors que je lâche tout. Je recule, le visage livide, fixant ce qui gît devant moi. La pièce paraît tourner autour de moi. L'horreur me submerge, et je n'arrive plus à respirer. Je titube en arrière. Le sol semble se dérober sous mes pieds. Je me précipite vers l'évier, l'estomac retourné, et, incapable de contenir la nausée, je vomis violemment. Mes jambes tremblent, mes mains s'accrochent au bord de la céramique, tandis que mon corps est secoué par des spasmes. Candace... Pardonne-moi.

Je m'effondre sur le carrelage de la cuisine, les larmes roulent sur mes joues et vienne s'écraser par terre. Je rapproche mes genoux de ma poitrine et pose ma tête dessus, quand soudain, une pensée effroyable me traverse l'esprit. Ulrik me filme. Je le sais. Il doit être en train de savourer chaque instant. Je ne peux pas lui faire ce plaisir. Malgré mes jambes qui tremblent, je me dresse sur mes pieds et rince l'évier, avant de me passer de l'eau sur le visage.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Je dois me ressaisir. Mes pensées doivent rester claires pour quand Ulrik reviendra avec ses frères. Ils ne doivent pas me voir comme une proie facile, prête à être dévorée. Je me force à bouger, récupère la poubelle, et y jette le doigt de Candace ainsi que l'écrin, avant de refermer le sac. L'odeur du plastique mêlée au métal me donne un haut-le-cœur, mais je me concentre pour ne pas flancher.

J'ai besoin d'une douche. Je me traine jusqu'à la salle de bain et me glisse sous l'eau chaude. Je m'assois dans le receveur, les genoux repliés contre ma poitrine, laissant les flots ruisseler sur mon corps. J'essaie désespérément d'effacer de mon esprit tout ce qui s'est passé, mais c'est peine perdue. Mes souvenirs se mêlent et me torturent. Je peux encore sentir ses baisers brûlants sur ma peau, ses mains explorant chaque courbe, ses doigts effleurant mes tétons, puis s'insérant en moi. Mais ces souvenirs se heurtent violemment à d'autres, tout aussi intenses, la froideur de la lame pressée contre ma carotide, et son regard sombre, dépourvu de toute humanité. Mon cerveau tourne en boucle, incapable de chasser l'image d'Ulrik tranchant l'index de Candace de mon esprit, accompagné de l'écho incessant de son hurlement.

Je frappe le mur avec rage, un cri de colère s'échappant de ma gorge. Si je ne me change pas les idées vite, je vais perdre la tête. Je me redresse et coupe l'eau avant de sortir de la douche. J'attrape une serviette et m'essuie rapidement, puis démêle mes cheveux et les attache en un chignon désordonné. J'ouvre le placard à pharmacie et récupère des antalgiques à base de codéine, ainsi qu'une pommade à l'arnica pour mes ecchymoses. Je l'applique délicatement, en veillant à ne pas trop appuyer sur les zones sensibles. J'ai l'impression que mon corps entier est couvert de bleus. Je place les comprimés sur ma langue et avale directement en buvant de l'eau du robinet. J'enfile un jean et un pull ample pris dans le dressing. Je préfère cacher ma peau nue, surtout devant Jørgen. La dernière fois que son regard s'est attardé sur moi, cela m'a laissé une sensation désagréable.

Je passe des chaussettes et retourne dans la pièce de vie. En descendant les deux marches pour rejoindre le salon, je remarque un plaid négligemment posé sur le canapé. Je m'installe à côté et le tire sur moi, aussitôt un parfum familier me frappe les narines. J'approche la couverture de mon visage, et l'odeur entêtante d'Ulrik me percute. Il a surement passé la nuit ici. J'attrape la télécommande et allume la télévision. Je fais défiler les programmes, mais rien ne capte vraiment mon attention. Je n'ai jamais été passionnée par les écrans, et aujourd'hui encore moins. Les émissions de téléréalité ont envahi les chaînes, remplies de gens superficiels qui créent des drames à partir de rien. Allez-y, faites-vous enlever, séquestrer, et torturer par un sociopathe, puis on en rediscutera.

Finalement, je m'arrête sur un vieux film de Charlie Chaplin. Cela parle d'un mendiant qui fait croire à une belle femme aveugle qu'il est riche. Peut-être que cela m'aidera à penser à autre chose, au moins pour une heure. J'ai toujours apprécié ses comédies muettes. Je m'allonge sur le canapé, me mettant sous la couverture. Surement à cause de la codéine que j'ai ingurgitée, mes paupières s'alourdissent. Le sommeil m'envahit rapidement sans que je puisse résister, bercée par les images en noir et blanc à l'écran.

Le bruit beaucoup trop fort de la télévision finit par m'extirper contre mon gré. J'ai soif, ma bouche est pâteuse. Encore engourdie et légèrement vaseuse, j'ouvre les yeux pour réaliser que j'ai dormi bien plus longtemps que je ne l'avais cru. La maison est plongée dans l'obscurité. Le soleil est déjà en train de se coucher, projetant des lueurs dorées à travers les fenêtres. Désorientée, je m'assois sur le canapé et tente de reprendre mes esprits.

Alors que m'apprête à éteindre la télévision, mon attention est captée par un avis de disparition diffusé.

— Rhona Butler, 41 ans, ainsi que ses deux filles, Emily, 20 ans, et Cassidy, 16 ans, ont été enlevées à leur domicile à Yellow Springs dans l'état d'Ohio. Ce drame s'est produit hier soir après que les agresseurs ont violemment poignardé le père de famille. Il a été transporté en urgence à l'hôpital. Son état de santé est actuellement critique. Nous demandons à toute personne ayant des informations sur leur disparition de contacter immédiatement la police.

Alors que la présentatrice continue de parler, je ne peux m'empêcher de fixer les portraits des trois femmes qui défilent. Mon regard reste accroché à celui de la plus jeune, dont les traits rappellent ceux de Salina. Mon cœur se serre douloureusement, et sans réfléchir, j'éteins l'écran d'un geste brusque. Je sens un malaise me frapper, comme un coup de poing en pleine poitrine. Revoir un visage si semblable au sien ravive cette culpabilité qui me ronge, me dévore de l'intérieur. J'aurais voulu respecter ma promesse, et rendre ce médaillon à sa mère, mais Ulrik m'a volé cette chance. Et maintenant, l'idée que ces filles disparues puissent subir le même sort que Cyriane, Salina, et toutes les autres m'est insupportable.

Je me lève, l'estomac noué, et me dirige vers le réfrigérateur pour y prendre une bouteille d'eau. J'en bois une gorgée quand, soudain, la lumière extérieure s'allume brusquement. Je pose la bouteille sur le comptoir et m'approche prudemment de la fenêtre, mais je ne vois rien. Cependant, cette lumière ne s'active que lorsqu'elle détecte un mouvement. Une vague d'appréhension me traverse. Mes yeux scrutant l'obscurité, à l'affût du moindre signe de présence jusqu'à ce qu'elle finisse par s'éteindre.

Cela devait sans doute être un oiseau. Pourtant, l'étrange sentiment d'être épiée ne me quitte pas. Un frisson me parcourt, et je sens la chair de poule se former sur mes bras. L'inquiétude s'insinue en moi, me laissant nerveuse. Je m'éloigne de la fenêtre et reste sur mes gardes. Cela ne peut pas être Ulrik ; sa voiture fait un vacarme assourdissant, elle m'aurait réveillée. Alors que j'essaie de me convaincre que ce n'est rien, un bruit léger, presque imperceptible, capte soudain mon attention. Cela semble venir de la porte vitrée de la chambre. Mon cœur s'emballe, et je me fige, tendant l'oreille pour être sûre de ce que j'ai entendu. Le son se répète, cette fois plus distinct. Quelque chose ou quelqu'un frappe doucement dessus.

Malgré la panique qui m'envahit, je m'efforce de rester calme. Je me déplace lentement vers le tiroir des couverts, et y glisse ma main. Mes doigts tremblants se referment sur le manche d'un couteau que je mets dans la poche arrière de mon jean. Je le dissimule sous mon pull, espérant qu'il ne soit pas visible. Je traverse la pièce à vivre. Au seuil de la chambre, je tends l'oreille et me rends compte que le bruit s'est arrêté. Je m'approche lentement de la porte vitrée, cachée derrière les rideaux. L'appréhension croît en moi alors que j'agrippe les voiles, les tirant brusquement d'un coup sec. Mes battements s'emballent, mais à ma grande surprise, il n'y a personne de l'autre côté.

Mon souffle se coupe, et un frisson glacial me parcourt. Sur le carreau, un cœur est dessiné, tracé avec ce qui semble être de la terre. Ma main glisse instinctivement sur le manche du couteau, mais je le garde dissimulé dans mon dos. Soudain, le bruit strident de la sonnette retentit, me faisant sursauter violemment. Il se joue de moi, c'est évident.

La nuit tombe rapidement, et si je reste en bas je serai vulnérable. Contrairement à la maison d'amis, toutes les fenêtres ici sont accessibles, et la plupart sans rideaux. Il peut observer chacun de mes mouvements sans que moi je le voie. Je vais à l'étage et évite de m'approcher de la pièce où Ulrik a massacré les anciens habitants. Je ne suis pas remontée depuis la dernière fois et j'aurais préféré ne pas avoir le faire.

Dès que je rentre dans le bureau, je ferme la porte derrière moi, mais je réalise rapidement qu'elle ne se verrouille pas. Il me faut trouver un moyen de la bloquer. Mon regard tombe sur un gros fauteuil en cuir usé, c'est mieux que rien, mais si l'individu veut entrer, ce fauteuil ne le retiendra pas longtemps.

Au moins à l'étage je reprends un léger avantage. Je m'approche de la fenêtre avec précaution pour essayer de repérer quelque chose, mais il fait sombre et hormis les branches qui dansent et craquent au gré du vent, je ne vois rien. Soudain, le bruit d'une porte qui claque en bas me fige sur place.

Mon cœur s'emballe, chaque battement résonnant dans ma tête comme un coup de marteau. Je me force à rester immobile, silencieuse, même si je sais au fond de moi qu'il est déjà parfaitement au courant que je suis ici, cachée quelque part à l'étage. Le calme qui règne est pesant. Je me déplace lentement vers la porte, chaque pas mesuré, tendant l'oreille pour capter le moindre bruit, mais à peine ai-je avancé qu'un craquement sous mon pied retentit. Mon cœur s'arrête un instant, et je retiens mon souffle, priant pour qu'il n'ait pas entendu.

Un cri déchirant, étouffé, mais insistant, me fige. C'est Candace... Non, comment a-t-il pu savoir qu'elle était enfermée dans l'autre maison ? La panique monte en moi. Il l'a ramenée ici pour me torturer, pour m'obliger à descendre. Je n'ai aucune idée de ce qu'il attend de moi, mais une chose est sûre, il n'a pas simplement l'intention de me faire peur. Il cherche bien plus. Alors que j'entends de nouveau la porte claquer, je me précipite à la fenêtre. Je parviens à apercevoir l'homme s'éloigne vers l'autre côté de la maison. C'est maintenant ou jamais. Je dois agir, et vite. Je n'ai que très peu de temps. Tout cela sent le piège à plein nez, mais je ne peux pas laisser Candace se faire torturer par ma faute. Je m'empare du couteau dans la poche arrière de mon jean. Il n'a pas l'air très tranchant, mais il est assez pointu pour pénétrer la chair. Je pousse le fauteuil de devant la porte et sors du bureau, l'adrénaline me guidant. Les cris se sont transformés en supplication, et je me rends compte que ce n'est pas la voix de Candace. C'est celle d'une autre femme. Mes doigts se resserrent un peu plus sur le manche du couteau, tandis que j'emprunte avec précaution l'escalier. Mes jambes tremblent, mon cœur bat à tout rompre.

À mi-hauteur, je m'abaisse, mais je ne vois rien, il fait trop sombre. Seule la lueur vacillante de la télévision éclaire le salon. J'étais persuadée de l'avoir éteinte. Les sourcils froncés, je descends les dernières marches et m'avance, hésitante. Le cri s'intensifie, cette fois accompagné de sanglots déchirants. Mon estomac se noue.

L'écran diffuse une vidéo d'une clarté effrayante. Un frisson glacé parcourt mon échine tandis que mes yeux se posent sur l'image projetée. Une femme est allongée sur un lit, attaché de force, ses poignets et ses chevilles immobilisées par des fils de barbelés qui lacérer sa peau. L'objectif tremblotant capte chaque détail morbide. Ses cheveux vénitiens sont en désordre, collés par la sueur et le sang, formant une teinte presque cramoisie. Une profonde plaie zèbre son front, d'où perle un filet rougeâtre glissant lentement le long de son visage déformé par la douleur et la panique. Ses yeux, gonflés par les larmes, cherchent désespérément la caméra, ou plutôt la personne derrière.

Je suis figée par l'horreur, incapable de détourner le regard. La femme sur l'écran, d'une voix tremblante, murmure des supplications inaudibles. Ses lèvres gercées, parfois ensanglantées, tentent de former des mots, mais ils sont étouffés par ses sanglots. Ils résonnent dans la pièce, se mêlant à ses gémissements de douleur, créant une atmosphère si oppressante que je sens ma respiration se couper. Soudain, la caméra s'approche de son visage, zoomant sur ses yeux implorants. « Je t'en supplie... » balbutie-t-elle dans un dernier souffle désespéré. Puis, sans prévenir, un coup sourd retentit, suivi d'un cri strident qui me fait sursauter. Le sang glacé, je recule, trébuchant sur la table basse, alors que l'image à l'écran se brouille un instant avant de se stabiliser sur un plan de la femme, le regard vide.

— Hun hadde nesten like fin rumpe som din, articule une voix masculine dans mon dos. * Elle avait presque un aussi joli cul que le tient.

Lentement, presque mécaniquement, je me tourne vers l'homme qui se tient là, mon cœur manquant un battement en reconnaissant Jørgen, le plus jeune des frères d'Ulrik. Son regard, glacial et impassible, me paralyse sur place.

Ces yeux, d'un bleu si sombre qu'ils paraissent noirs dans la pénombre, me transpercent, comme s'il pouvait sonder la moindre de mes pensées. Son visage juvénile contraste terriblement avec l'aura de menace qu'il dégage. Ses joues creusées lui donnent un air impitoyable. Ses cheveux ont été coupés depuis la dernière fois, mais quelques mèches rebelles continuent de tomber sur son front. Il ne reste figé, main dissimulée derrière son dos.

— Tu ne sembles pas apprécier le film que j'ai réalisé spécialement pour toi... Quel dommage, souffle-t-il avec une fausse innocence, presque déçu, comme un gamin capricieux dont le jouet ne fonctionne pas.

Je tente de garder mon calme, mais l'angoisse pointe dans ma voix.

— Ulrik ne devrait pas tarder à arriver, Jørgen, dis-je, espérant le dissuader.

Un sourire tordu s'étire lentement sur son visage, révélant un mélange dérangeant d'arrogance et de cruauté.

— Alors, tu connais mon nom, hein ?

Mes doigts se crispent si fort autour du couteau que ma main tremble. Il remarque immédiatement, et ses yeux s'illuminent de sadisme.

— Tu comptes vraiment te défendre avec ça ? demande-t-il, sa voix basse et moqueuse, tandis qu'il avance d'un pas.

Ses mouvements sont désordonnés, comme s'il cherchait à contenir une énergie folle, une envie dévorante de violence. Son regard oscille entre mépris et une excitation malsaine.

— Pour ma part, j'ai opté pour quelque chose de plus amusant.

Je déglutis, alors que je vois une hache apparaître de derrière son dos. Il la fait tourner nonchalamment dans sa main, ses yeux la fixant avec une fascination dérangeante, comme s'il tenait un simple jouet.

— À ton avis qui de nous deux va le plus s'éclater.

Jørgen descend les deux marches qui sépare du salon, pour prendre la télécommande et relancer la vidéo.

— Elle en tout cas, elle a adoré son moment en ma compagnie.

— Si tu fais me fait du mal, Ulrik...

La chambre est juste derrière moi, je dois être plus rapide que lui. Mais à cette distance, je ne suis pas sûre d'arriver à temps à la salle de bain. S'il parvient à me rattraper, ou pire, à enfoncer la porte, je suis fichue. Même s'il semble moins fort qu'Ulrik, je me retrouverais coincée avec lui, sans issues. La fenêtre près de la douche est bien trop petite pour que je puisse m'y glisser. Cette porte est la seule dont le verrou fonctionne encore, est mon dernier rempart... à part peut-être celle à l'étage. Je dois être plus maline que lui.

— Je vais te dire un secret, tu es mon cadeau d'anniversaire.

Je recule, feignant la panique. Jørgen me fixe avec un sourire narquois, sûr de sa victoire. Je fais mine de me précipiter vers la chambre du bas, mon souffle s'accélérant. Il m'emboite le pas, mais au dernier moment, je pivote brusquement, changeant de direction. Je l'évite de justesse et fonce vers l'escalier. Le choc se lit dans les yeux de Jørgen, qui met une seconde à réagir.

Enragé, il se lance à ma poursuite, il se rapproche à une vitesse effrayante. Dans un geste désespéré, je me rue à l'intérieur, mes mains tremblent alors que je tourne la clé juste à temps, entendant le bruit sourd de Jørgen qui arrive de l'autre côté, furieux. Il assène plusieurs coups violents, tandis que je me précipite vers la porte coulissante. Je parviens à l'ouvrir facilement, mais les volets derrière sont bloqués. Cela doit faire des années qu'ils n'ont pas été ouverts. Le loquet est rouillé, impossible à soulever malgré mes efforts.

— Sache que je prendrai un plaisir sadique à te trancher les pieds pour que tu ne puisses plus jamais t'enfuir, gronde Jørgen, sa voix menaçante résonnant à travers la pièce.

Je glisse rapidement le couteau et force de toutes mes forces. J'essaie de garder mon calme alors que le claquement de la serrure se met à retentir. Le loquet grince, mais finit par céder d'un coup sec, juste au moment où j'entends qu'il a réussi. Je me précipite sur le balcon. J'enjambe la balustrade, mais une hésitation me paralyse. C'est plus haut que je ne l'imaginais, et le vide en dessous me donne le vertige.

— Tu es prête à jouer avec moi ? ajoute Jørgen, sa voix teintée d'une excitation dérangeante.

La panique monte en moi. L'idée de tomber me terrorise, mais rester ici, à sa merci, est encore plus effrayant. Ses paroles me paralysent, mais je sais que je n'ai pas le choix. D'un coup d'œil en bas, j'évalue la hauteur, sentant le vertige me submerger.

Je ferme les paupières, rassemblant tout mon courage, et sans réfléchir davantage, je saute. L'air me fouette le visage pendant une fraction de seconde avant que je ne m'écrase lourdement sur les graviers en contrebas. La douleur est immédiate, percutante. Mon corps est un champ de brûlures, chaque mouvement m'arrache un gémissement étouffé. Mes bras et mes jambes sont en feu.

Je n'ai aucun moyen de m'enfuir, je ne serai jamais assez rapide, surtout maintenant. Ignorant la douleur qui me vrille, je me relève péniblement et fonce vers l'atelier. Il me faut quelque chose pour me défendre, n'importe quoi. Je tombe sur le fusil du chasseur, heureusement qu'Ulrik la récupérer. Je l'attrape et l'ouvre en hâte. Vide. Il a retiré les cartouches. Je commence à fouiller frénétiquement dans les tiroirs, éparpillant des outils rouillés et des pièces métalliques dans tous les sens. Je finis par trouver une. Je saisis les douilles et les insère maladroitement, alors que je vois Jørgen avancer inexorablement dans ma direction. Son sourire cruel s'élargit à chaque pas, avec ses yeux brillants d'une lueur dérangeante. Je sors précipitamment de l'atelier, le fusil fermement en main

— Arrête-toi là ! criai-je, ma voix tremblant d'une peur que je m'efforce de masquer.

— Tu as trouvé un jouet toi aussi ? Ricane-t-il en faisant tourner la hache, découvrons lequel des deux est le plus mortel.

Sans prévenir, il lance son arme avec une précision terrifiante. Par pur instinct, je me jette sur le côté, mon cœur battant à tout rompre. Je sens la lame trancher l'air, frôlant presque ma peau, avant de se planter dans le mur derrière moi avec un bruit sourd. Je le regarde, horrifiée, alors qu'il s'allume tranquillement une cigarette, comme si de rien n'était. Le contraste entre la violence de son geste et son calme insouciant me glace le sang. Je me retrouve face à Jørgen, le fusil pointé sur lui. Il ne montre aucun signe de peur, au contraire, il me fixe avec ce même sourire narquois, prenant une autre bouffée de sa clope.

— Alors, à quoi va t'on jouer maintenant Kanin*  ? murmure-t-il, sa voix teintée d'ironie, comme si tout ceci n'était qu'un divertissement pour lui. *Lapin

Ses mots résonnent dans l'air chargé de tension, me laissant désemparée face à son calme effrayant. 

A suivre...

Alors que pensez vous du cadet de la famille ? 

Jørgen

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