Chapitre 15

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        Jørgen est stoïque, impassible, ses yeux noirs fixés sur moi. La distance entre nous semble se rétrécir à chaque battement de mon cœur, pourtant il ne bouge pas, comme s'il défiait la situation. Je sais que je n'ai qu'une chance, une seule balle.

Je m'efforce de calmer ma respiration, de me concentrer sur ce que je dois faire. Mais la haine qui émane de lui me paralyse presque sur place.

— Fais un pas de plus et je tire ! Ma voix est plus forte que je ne l'avais prévu, brisant le silence oppressant qui nous entoure.

Jørgen, imperturbable, esquisse un sourire, comme s'il savourait ma peur. Je réajuste ma prise sur l'arme, la sueur perlant sur mes tempes, se mêlant à l'angoisse qui m'envahit. Mon index tremble contre la détente.

— Dis-moi as-tu déjà utilisé un fusil Kanin.

Il tire une dernière bouffée sur sa cigarette, la fumée s'échappant lentement de sa bouche. Puis, avec une nonchalance terrifiante, il la jette au sol et l'écrase sous son talon. Son regard reste rivé sur moi, alors qu'il fait un pas dans ma direction. Il penche légèrement la tête sur le côté, un sourire amusé sur les lèvres.

— Reculer, hein ? répète-t-il, sa voix dégoulinant de moquerie.

Il fait mine d'obéir, mais continue à s'approcher, ses mouvements fluides et calculés, comme un prédateur jouant avec sa proie.

— Je dis ça parce que tu ne sembles vraiment pas à l'aise. D'ailleurs, tu as contrôlé s'il y avait des cartouches au moins ?

Il incline la tête, un sourcil levé, accentuant son air provocateur.

— Fais un pas de plus, et tu pourras le vérifier par toi-même.

Jørgen s'arrête et laissent échapper un rire moqueur avant de rapidement redevenir sérieux.

— Le problème, petit kanin, c'est que je ne lâche jamais ma proie. Plus elle me résiste et plus l'idée de lui faire du mal m'excite, murmure-t-il, sa voix suintant d'une satisfaction malsaine.

Son regard brille d'une lueur dérangée, et un frisson de dégoût me traverse lorsque je remarque l'érection qui tend son pantalon. Un mélange de peur et de répulsion monte en moi. Il s'agite, visiblement, de plus en plus impatient, comme si la pensée de passer à l'acte devenait insoutenable pour lui. Il laisse tomber son manteau à ses pieds. Je n'ai qu'une balle, je ne peux pas me permettre de la gaspiller. Il doit se rapprocher, mais au lieu de cela, il enjambe son vêtement et avance autour de moi, gardant une distance prudente. Son regard ne me quitte pas, observant chacun de mes mouvements, comme un prédateur évaluant sa proie.

Je suis chacun de ses gestes, crispée contre le fusil. Chaque pas qu'il fait autour de moi me met un peu plus sur les nerfs. Mes bras commencent à me faire mal sous la tension, mais je refuse de baisser ma garde. Le moindre relâchement pourrait lui offrir l'opportunité qu'il attend. Je n'ai qu'une seule chance, et il sait qu'il me pousse à bout. Il sifflote soudainement une mélodie qui me donne la chair de poule. Chaque note résonne dans l'air, amplifiant l'oppression que je ressens. Il joue avec mes nerfs, savoure chaque instant, me laissant à bout, prête à craquer.

Cependant, le vrombissement d'un moteur au loin l'arrête net. Je reconnaîtrais le son de la Dodge Challenger d'Ulrik entre mille. C'est lui. Le temps d'une fraction de seconde, mon attention vacille, et c'est à cet instant que Jørgen en profite pour se lancer vers moi. Mon doigt presse la détente, un flash lumineux m'éblouit brièvement, la détonation assourdissante résonne dans mes oreilles, et la crosse du fusil tape violemment mon épaule, je chancèle sous l'impact. La balle le manque de peu, mais Jørgen ne ralentit pas. Réagissant par instinct, je lève l'arme et le frappe à la tête de toutes mes forces. Il vacille, mais il se stabilise rapidement. Il attrape le canon, me l'arrachant des mains avec une force brutale et la balance derrière lui.

D'un coup d'œil, je repère mon couteau gisant dans les graviers, celui que j'avais pris dans la cuisine. Je l'ai dû le lâcher en tombant. Mon esprit tourne à toute vitesse. Je me précipite vers l'arme, manquant de trébucher dans ma hâte. Sans perdre un instant, je fonce vers la forêt, jetant un regard rapide vers Jørgen. Mon cœur s'emballe en le voyant récupérer sa hache. Une peur viscérale m'envahissant alors que je plonge dans les bois. Mes poumons me brûlent comme s'ils allaient exploser. Malgré les chaussettes, les ronces et les cailloux éparpillés sur le sol humide tailladent mes pieds, chaque pas devient une torture. Je finis par m'arrêter, le souffle coupé. Je me plaque contre un arbre massif, le goût du sang a infesté ma gorge. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va trahir ma cachette. La sueur perle sur mon front, glissant le long de mes tempes pour se perdre dans mon cou. Je suis en nage, les vêtements me collant à ma peau comme une seconde couche poisseuse.

J'essaie de calmer ma respiration, mais chaque inspiration est un supplice. Mon corps tout entier tremble de peur, de fatigue, mais aussi de cette adrénaline pure qui me maintient en vie.

Le sifflement se rapproche encore. Lentement, j'ose jeter un coup d'œil autour du tronc. La pénombre est profonde, presque suffocante, mais je distingue enfin sa silhouette, à une dizaine de mètres à peine. Son regard scrute les environs. Il sait que je suis là. Il joue avec moi et semble savouré chaque seconde de cette chasse. Je me recroqueville un peu plus contre l'arbre, espérant devenir invisible. D'un coup, il arrête de chantonner laissant place à un silence encore plus angoissant. Chaque muscle de mon corps est tendu. S'il me trouve, je n'ai aucune chance de lui échapper.

Je dois bouger, mais l'idée de faire le moindre bruit me paralyse. Au moment où je décide de me lancer, une branche craque à quelques pas seulement de moi, brisant le silence de la nuit. Mon cœur s'emballe, je me fige instantanément.

— Kanin... la voix de Jørgen est un murmure moqueur, chargé de promesses sinistres. Je sais que tu es là...

Une vague de terreur me submerge. Je ferme les yeux, priant pour devenir invisible.

Un autre craquement, cette fois juste derrière l'arbre où je me trouve, me fait ouvrir les paupières. Il est là. Mon esprit hurle de me mettre à courir, de fuir encore, mais mon corps reste figé. Jørgen avance lentement, comme un prédateur qui savoure le moment avant de donner le coup de grâce.

Je n'ai plus le temps pour réfléchir. Sans un bruit, je me redresse et me lance hors de ma cachette, mes jambes retrouvent soudain leur vigueur. Je dévale la pente à toute vitesse, entendant le cri de rage de Jørgen derrière moi. Les arbres semblent se refermer, leurs branches s'agrippent à moi comme des mains squelettiques. Jørgen reprend son sifflement, plus aigu, chargé de colère. Mon cœur s'emballe alors que je distingue des lueurs au loin. En plissant les yeux, je réalise que ce sont les phares de la Dodge Challenger.

Je cours désespérément vers les lumières qui s'éloignent, criant presque « Ulr... » quand, soudain, du coin de l'œil, j'aperçois la hache foncer sur moi. Mon cœur s'arrête une fraction de seconde. Instinctivement, je m'abaisse rapidement, m'effondrant sur le sol. Le tranchant passe à quelques centimètres de ma tête, sifflant dans l'air. La terre humide m'accueille brutalement, mais je n'ai pas le temps de réfléchir. Jørgen tente de me frapper de nouveau, je roule sur le côté, évitant de justesse le coup mortel, puis je lui assène un coup de pied féroce dans le genou. Il vacille, le visage tordu de douleur, sa prise sur l'arme se relâchant légèrement.

Je lui donne un autre coup, plus fort cette fois, mais il réagit vite. La hache passe dangereusement près de moi, manquant de peu de me couper. Je recule précipitamment, tandis que Jørgen éclate de rire.

— Tu veux jouer ? On va jouer, ricane-t-il.

Mon cœur bat à tout rompre. Je n'ai qu'une seule option. D'un geste désespéré, j'agrippe une poignée de boue et la lui balance en plein visage. Il grogne de surprise, essuyant ses yeux. Je me redresse aussitôt et me mets à courir à toute vitesse vers la maison. Je manque de tomber dans un fossé, mais je parviens à me rattraper juste à temps et rejoins le chemin en titubant. Les bruits de Jørgen derrière moi se font plus proches, son rire sinistre résonnant encore dans mes oreilles.

Bien que l'épuisement me submerge, je refuse de céder et continue à avancer, jusqu'à ce que les jantes noires de la Dodge apparaissent enfin. Un bref soulagement m'envahit, mais il s'évapore aussitôt lorsque je réalise qu'Ulrik n'est pas là. Mes jambes fléchissent, et je m'effondre presque sur le capot brûlant. Il ne doit pas être loin. Tremblante, je me glisse derrière le volant et verrouille les portières. Mes mains fouillent désespérément pour les clés, mais il les a évidemment emportées.

Je tente de reprendre mon souffle, luttant pour calmer les battements affolés de mon cœur. Mes yeux scrutent les alentours, cherchant une trace d'Ulrik. La panique m'envahit en voyant la silhouette de Jørgen dans le rétroviseur. Sans réfléchir, je me mets à klaxonner frénétiquement, le son perçant le silence oppressant de la nuit. Mon regard se fixe sur Jørgen, qui s'approche lentement, un sourire sadique se dessinant sur son visage. Soudain, un déclic provenant des portières se fait entendre. Je réappuie aussitôt sur le bouton pour les verrouiller de nouveau, mais à peine le fais-je qu'un nouveau déclic résonne. Mon cœur bat à tout rompre alors que la peur me submerge. D'un coup, la portière côté conducteur s'ouvre en grand. Ulrik. Je me précipite hors de l'habitacle et saute dans les bras d'Ulrik, m'accrochant à lui comme si ma vie en dépendait. Il me serre contre lui, et pendant un instant, je me sens en sécurité.

— Est-ce que tu es blessée ? Sa voix est tendue, marquée par une colère qu'il essaie de contenir.

Ses yeux, déjà sombres, se remplissent d'une rage froide en voyant mon avant-bras où une profonde écorchure déchire ma peau. Je baisse la tête, réalisant seulement maintenant à quel point je suis dans un état lamentable. Le jean au niveau de mes genoux est taché de rouge, mes coudes ensanglantés, et mon flanc me brûlent. Mais c'est la colère d'Ulrik qui me pétrifie, bien plus que mes lésions. Sa mâchoire se serre, et je sens ses muscles se tendre sous mes doigts. Sa rage est palpable, prête à exploser, et je sais qu'il est à deux doigts de perdre le contrôle.

— Broren min* s'exclame Jørgen enthousiasme en s'approchant de nous. *Mon frère

Aussitôt, mon corps se met à trembler en l'apercevant. Jørgen. Il n'a plus la hache entre les mains, mais l'aura de menace qu'il dégage est intacte. Ulrik, jusqu'alors immobile à mes côtés, s'écarte brusquement de moi et avance vers lui. La haine qui émane d'Ulrik est si palpable que le sourire de Jørgen s'efface instantanément.

— Je voulais seulement m'amuser un peu, tente de se défendre Jørgen, en vain.

Ulrik l'attrape violemment par la nuque, ses doigts s'enfonçant dans sa peau avec une brutalité terrifiante. D'un geste sec, il le traîne sans ménagement en direction de la maison située à quelques mètres. Je les suis à une distance prudente, mon cœur battant à tout rompre. Sans un mot, il force son frère à s'agenouiller devant la bassine. Jørgen ne résiste pas. Il reste immobile, son visage tendu, mais résolu, comme s'il acceptait son sort. Il sait ce qui l'attend, et dans un étrange mélange de défi et de résignation, il se laisse faire. Ulrik plonge violemment sa tête dans l'eau. Le bruit sourd de l'immersion résonne. Jørgen ne se débat pas. Après de longues secondes, Ulrik le relève. L'eau dégouline du visage de Jørgen, son souffle saccadé trahit l'effort qu'il fournit pour ne pas céder à la panique. Son regard, empli de haine pure, se dirige instantanément vers moi. Nos yeux se croisent, et un frisson me parcourt l'échine.

Ulrik, replonge son frère dans la bassine, plus brutalement. Jørgen continue de se laisser faire, son corps toujours aussi immobile, mais ses yeux... Je ne peux oublier cette lueur terrifiante qui m'a transpercée.

— Tu peux te dépêcher ? Je commence à avoir la dalle.

Je me tourne brusquement à l'entente de cette voix glaciale. C'est Håkon. Je déglutis en le voyant, me souvenant de la dernière fois où nos chemins se sont croisés. Il m'avait jeté en pâture à ses frères et vendu Salina sans une once de remords. Il se tient là, imposant, son visage marqué par des années de violence, son regard dur comme l'acier. Aucun sourire, juste un mépris indéchiffrable dans ses yeux bleus. Ses cheveux bruns ont légèrement poussé. Il a de nouveaux tatouages sombres qui couvrent son crâne et descendent le long de son cou.

Ulrik ne répond pas, mais il finit par relève une énième fois la tête de Jørgen hors de l'eau, puis, sans hésitation, il l'attrape par la nuque et le traîne sans ménagement vers la maison. Toujours docile, Jørgen le suit sans opposer la moindre résistance, le visage trempé, ses cheveux dégoulinants formant des mèches collées sur son front.

— Viens avec moi, m'ordonne Ulrik en me jetant un regard impérieux.

Mes jambes tremblent, mais je n'ai pas le choix. Je le suis, tentant de maîtriser la panique qui m'envahit. Mon esprit est embrouillé, mes pensées se bousculent, mais je marche derrière eux, incapable de faire quoi que ce soit d'autre. L'adrénaline dans mes veines chute brutalement, et une douleur vive se réveille, se propageant à travers chaque muscle de mon corps.

À l'intérieur, Ulrik force Jørgen à aller vers le comptoir de la cuisine. Il le pousse brusquement contre le plan de travail, celui-ci pose de lui-même sa paume dessus

— Je t'avais prévenu, grogne Ulrik.

Jørgen ne montre aucun signe de peur. Sa docilité glaciale m'horrifie autant que la violence d'Ulrik. D'un geste rapide, Ulrik sort un poignard de chasse de sa ceinture.

Je n'ai même pas le temps de réaliser ce qu'il va faire que, dans un bruit sourd et effroyable, il abaisse brutalement le couteau, transperçant la main de son frère. Jørgen ne crie pas. Il ne laisse échapper qu'un souffle étouffé. Son visage devient livide, ses muscles tendus. Je recule d'un pas, terrorisée. Ulrik reste imperturbable, ses doigts serrant encore le manche de son poignard.

— Approche-toi, m'ordonne Ulrik.

Je vacille un instant, mon estomac se noue sous l'horreur de la situation. Håkon observe la scène avec froideur et Ulrik... toujours aussi impassible, comme si cette scène n'était qu'une simple formalité pour lui.

Je fais un pas en avant, hésitante, mes jambes tremblent, mais mon corps obéit malgré moi. Ulrik retire lentement le couteau de la main de son frère, le bruit visqueux de la lame quittant la chair résonne dans l'air lourd. Il se tourne vers moi et me tend l'arme, son visage sombre et implacable.

— Prends-le, ordonne-t-il.

Mes yeux se fixent sur le sang sur l'acier. Mon cœur s'emballe, la panique commence à m'envahir.

— Tranche-lui l'auriculaire, continue-t-il d'une voix calme, presque détachée.

Je reste figée, terrifiée, incapable de comprendre ce qu'il attend de moi. Mes doigts se crispent sous la tension, mes mains tremblent. Je cherche désespérément une échappatoire, mes pensées s'embrouillent.

— C'est le châtiment, Peyton, pour ceux qui trahissent leur parole, ajoute-t-il en me fixant droit dans les yeux, son ton sans appel.

Je lance un regard à Jørgen, et tout ce que je trouve dans ses yeux, c'est une rage contenue, une acceptation froide de son sort. Il ne dit rien, ne bouge pas, ses lèvres se pincent, attendant ce qui doit arriver.

— Fais-le, répète Ulrik, plus fermement.

Le manche du couteau est lourd dans ma main, glissant de sueur et de sang. Je tremble, mes muscles se contractent, et je me demande jusqu'où cette folie peut aller. Je m'approche du comptoir, terrorisée. Sans un mot, Jørgen étale en éventail ses doigts, comme s'il avait déjà subi ce sort. Je tente de calmer les battements frénétiques de mon cœur qui résonnent dans ma poitrine. La nausée me prend à la gorge tandis que je pose la lame contre la peau de Jørgen. Chaque fibre de mon être se fige, incapable de passer à l'actes. Je ne vais pas y arriver. Mon esprit vacille entre terreur et rejet total de ce que je suis sur le point de faire.

Je tressaute lorsqu'Ulrik se colle derrière moi. Son souffle chaud frôle ma nuque, tandis que ses mains glissent le long de mes bras avec une lenteur calculée, délibérée. Ses doigts se referment sur les miens, froids et fermes. La pression qu'il exerce est douce, mais insistante. Je sens la résistance de la chair sous la lame, puis, d'un mouvement brusque et implacable, Ulrik appuie davantage. Un craquement sordide résonnant dans le silence oppressant de la pièce. Le sang se à met à gicler, mais Jørgen ne bouge pas. Il est stoïque malgré sa mâchoire contractée. Je suis pétrifiée, figée dans l'horreur de ce que je viens de faire, de ce qu'Ulrik m'a forcée à accomplir. La lame glisse de mes doigts, tombant sur le sol avec un bruit sourd, tandis que je me tiens là, tremblante, choquée.

Ulrik se penche sans une once d'hésitation pour ramasser l'auriculaire de Jørgen, encore chaud et poisseux. Sans un mot, il le porte à ses lèvres et en croque un morceau avec une précision bestiale. Le craquement de l'os entre ses dents me glace, un son si grotesque qu'il me donne immédiatement la nausée. Ulrik mâche lentement avant de cracher un mélange de chair et de sang sur le sol. Mon estomac se noue violemment. Je blêmis, incapable de détourner le regard, cloué par l'horreur de la scène. C'est alors qu'Ulrik tend l'auriculaire à Håkon. Je vois dans ses yeux cette même lueur froide et implacable. Il s'en saisit, et sans la moindre hésitation, il imite son frère, croquant dedans comme si ce n'était rien de plus qu'un morceau de viande. Le bruit me donne un haut-le-cœur immédiat.

C'en est trop pour moi. Je sens mes jambes se dérober sous moi et sans réfléchir, je pousse Ulrik et cours dans la chambre. Je m'enfuis vers la salle de bain. En entrant, je claque la porte derrière moi et me précipite vers la cuvette des toilettes. Mon corps se plie en deux alors que j'essaie désespérément de vomir, mais rien ne sort. Mon estomac est vide, et tout ce que je parviens à expulser, c'est de la bile amère qui brûle ma gorge. Je m'effondre sur le carrelage, haletante, tremblante. Mes pensées sont un tourbillon de terreur et de dégoût. L'image d'Ulrik et Håkon, croquant sans remords dans la chair de leur propre frère... Je me relève péniblement et rejoins le lavabo. Je me rince rapidement la bouche, puis laisse couler un peu d'eau froide sur mon visage. L'effet est immédiat, la fraîcheur m'apporte un bref répit, mais mon esprit reste engourdi par la fatigue et l'angoisse.

Je me sens piégée dans un cauchemar sans fin. Je ferme les yeux, essayant de chasser les images, mais elles reviennent, encore et encore. Je sursaute en entendant la porte de la chambre s'ouvrir. Mon cœur tambourine à mes oreilles. Les bruits de pas approchent, lourds, décidés. La panique s'empare de moi alors que la silhouette d'Ulrik apparait. Il tient une bouteille d'alcool à la main. Instinctivement, je recule, me pressant contre le mur froid, la peur tordant mes entrailles.

Il fait mine de ne pas remarquer ma réaction et posément, il enlève le bouchon en métal et en prend une longue gorgée. Puis, sans un mot, il la recrache dans le lavabo avec une nonchalance glaciale. Je retiens mon souffle tandis qu'il s'approche lentement de moi.

— Tu devrais boire un coup, dit-il, son ton est étrangement calme, comme si rien ne venait d'arriver en me tendant l'alcool.

Mes mains tremblent, et mes yeux se remplissent de larmes. Je fixe la bouteille, puis son visage. L'incompréhension me submerge, et avant que je ne puisse me contenir, les mots s'échappent de mes lèvres.

— Qu'est-ce qui s'est passé dans vos vies pour que vous deveniez des monstres ?

Il me regarde un instant, un silence pesant entre nous. Un sourire amer traverse ses lèvres avant qu'il ne réponde, presque désabusé :

— Les monstres engendrent les monstres.

Je recule brusquement, me dérobant à son geste alors qu'il tente de s'approcher.

— Tu as aussi goûté au doigt de Candace !

Ulrik se redresse avec une lenteur calculée, presque nonchalant. Silencieusement, il repose la bouteille sur un meuble avant de sortir un flacon d'antiseptique et des compresses de l'armoire à pharmacie. Il me jette un regard froid.

— Déshabille-toi, ordonne-t-il, la voix ferme, impassible.

Face à son ton tranchant et autoritaire, je cède sans protester, trop épuisée pour résister. Mon esprit, tout comme mon corps, est à bout. Je retire lentement mon pull et mon jean, chaque geste provoquant un gémissement de douleur. Les ecchymoses massives couvrent mon flanc et ma hanche. Des coupures profondes marquent ma peau. Ulrik s'approche en silence, le visage fermé, et commence à nettoyer la plaie sur mon bras avec une précision presque chirurgicale. Je ne peux retenir une grimace lorsque l'antiseptique rentre en contact avec mes blessures. L'atmosphère est lourde, la colère qui émane de lui est palpable.

Je sens soudainement mes genoux se dérober sous moi, tandis qu'une vague de faiblesse me submerge. Mes mains deviennent moites, et un voile noir envahit peu à peu mon champ de vision. Mon cœur bat de façon désordonnée, résonnant douloureusement dans ma poitrine. Avant que je ne puisse réagir, mes jambes flanchent complètement, et je m'effondre. Ulrik, surpris, laisse tout tomber pour me rattraper, m'enveloppant fermement de ses bras.

A suivre...

Belle réunion de famille non ?  

Ce n'est que le commencement 

Håkon

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