Partie 1/2

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12 novembre

C'est fou comme tout peut basculer aussi vite, comme la vie peut devenir un cauchemar en moins de quelques secondes. Hier encore j'étais avec ma fille, ma chère fille aux yeux verts perçants, en train de jouer avec elle, mon petit enfant qui n'a qu'à peine sept ans et qui adore jouer avec ses amis dans le jardin, qui a cette habitude de regarder par la fenêtre tous les soir pour essayer d'apercevoir une étoile filante. Maintenant je ne sais pas où elle est, je ne sais pas si un jour je la reverrai.

Hier encore, j'étais chez moi, je lui racontais des histoires sur des princesses emprisonnées et aujourd'hui qui viendra me délivrer ? Personne...
Moi, Natacha, je suis dans ce wagon depuis déjà quelques heures et les premières douleurs commencent à se ressentir, j'ai mal aux pieds, terriblement mal aux pieds...
On est entassés, je ne reconnais personne autour de moi, je me sens seule, terriblement seule. Où est-elle ? Que fait t-elle ? Ils l'ont emmené, je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir. Je veux seulement la voir. J'espère qu'elle va bien, j'ai tellement peur, ici, dans le noir.

10 novembre

On arrive à destination, en voyant l'endroit où je finirai ma vie, je frissonne. Les Allemands sont froids, comme le temps dehors, il neige, je suis gelée. J'ai dû laisser tous mes objets et habits à l'extérieur de ce camp, mais aussi mon identité, je ne suis plus qu'un nombre tatoué sur le bras. Il y a tellement de gens ici, et pourtant, il n'y a pas ma fille... Ne me dîtes pas que ma fille vit cela aussi, je ne veux pas, je refuse !

Pourquoi nous ? Nous avons jamais causé de tort à personne, et encore moins ma fille, juste parce que j'avais le malheur d'être une Juive de naissance ? Je ne croyais même pas en Dieu, et j'y crois encore moins aujourd'hui, s'il y a un Dieu, pourquoi nous a t-il abandonné ?
Ma tristesse se transforme en colère. Travaux forcés, exploitations, pour quelques morceaux de pain. Je ne veux pas de cette vie.

25 décembre

Aujourd'hui, c'est Noël, je me rappelle du dernier passé avec ma fille, en train d'ouvrir nos cadeaux, de rire, de bien manger... Ce souvenir me donne faim, on ne voit plus que ma peau sur mes os, mes poignets deviennent fin, j'ai l'impression que la mort a commencé à agir sur moi en me transformant en squelette. Encore des travaux forcés, pour ce soir dormir sur le plancher.
Un Allemand m'ordonne de travailler, j'ai envie de tout arrêter et de mourir sur place, mais non, je ne dois pas ! Je pense à ma fille, à son sourire, à ses yeux verts, je dois survivre pour elle ! Enfin, si elle n'est pas déjà morte...
C'est juste une petite fille sans histoire...
Je vois de plus en plus de gens mourir autour de moi.
Je vois des personnes prier, moi-même, non-croyante, je prie. Je prie pour que Dieu existe.

28 décembre

Une des déportés devient de plus en plus faible, j'aimerais l'aider, mais moi-même je n'ai pas assez de nourritures, on devient des bêtes guettant le moindre morceau de pain.
Un peu plus tard dans la journée, je l'ai vu se faire emmener avec les autres dans un camp un peu plus loin, la rumeur raconte que c'est un camp d'extermination, une sorte d'abattoir.

Je commence à oublier le visage de ma fille, sa voix et son sourire, je commence à oublier son rire, je me sens faible. Je fais de mon mieux pour rester debout, car je veux survivre, je veux revoir un jour, ma maison, mon pays, je veux pouvoir manger de la nourriture convenable, alors je reste coûte que coûte. À quoi bon vivre quand je me souviens même plus de l'apparence de la chose qui m'ait la plus chère au monde ?

Je les vois du haut de leurs miradors en train de nous surveiller, je souhaite qu'ils tombent. Je reprends un peu mon souffle, et commence à regarder derrière les barrières, j'imagine la mer, moi et ma fille, en train de courir sur le sable chaud. Je l'imagine rire, se jeter dans l'eau, je m'accroche au dernier fragment qui me reste d'elle, mais le coup de pied d'un gardien me ramène à la réalité, je voudrais tout abandonner et pourtant, il y a toujours ce stupide espoir qui continue de me relever.

1 janvier

Nouvelle année, et pourtant rien a changé, à part mon espoir et mon ventre s'affaiblissant.
Mes camarades se font de moins en moins nombreux, envoyés dans les camps d'extermination ou mort de faim et de fatigue sur place. Des nouveaux les remplacent, je sens que mon tour va bientôt arriver.

Je travaille de plus en plus lentement, mes bras et mes jambes ont la taille de poignets, je souffre, je souffre tellement, et pourtant ces nazis rigolent et dieu ne fait rien. Je me fais brutaliser, pour seule raison que je suis juive, je me tais, je n'ai pas parlé depuis des jours, plus que des cris sortent de ma bouche. C'est à peine si je me souviens du son de ma propre voix. Je ne ferme plus les yeux, je me nourris de mes larmes qui n'arrivent presque plus à couler.

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