Partie 2/2

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10 janvier

Parmi ceux du train, nous ne sommes plus que deux. Le reste d'entre nous sont des nouveaux malheureux déportés. Deux pauvres gens, on se regarde, on ne parle pas, de peur de dire un mot de travers peut-être. C'est devenue mon amie, mon amie du silence.

Aujourd'hui, on travaille, comme d'habitude, je deviens de plus en plus maigre, je commence à mourir doucement, je suis déjà morte intérieurement.

Pendant l'heure du repas, elle m'a donné la moitié de son morceau de pain, en me souriant, je lui ai souri et je l'ai pris, j'avais trop faim pour être polie et refuser. On a continué le travail, tant bien que mal. En fin de journée, je vois son corps trembler, elle va de plus en plus mal.
Je la soutiens du regard, pour qu'elle n'abandonne pas, mais elle a arrêté de travailler, elle s'est assise, elle m'a souri, en me disant juste que son heure était venue, je continuais à la regarder, sans comprendre. Les soldats accourent vers elle, pour la ramener à l'ordre. Elle se fait taper dessus, elle saigne, elle ne bouge pas, moi non plus, les soldats tapent, et tapent encore sur ce corps sans vie, et après s'être défoulés, ils la jettent comme on jette un mouchoir usée dans la poubelle, un mouchoir, j'en avais besoin, ma seule amie était morte devant moi.

Si seulement je lui avais laissé son morceau de pain peut être qu'elle serait encore vivante ! Mais non, elle est bel et bien morte, je l'ai vu se faire ruer de coups, et je n'ai rien fait.

Je m'en veux tellement, maintenant, il ne reste plus que ma solitude pour pleurer. Je suis la prochaine sur la liste, et je le sais, je suis la dernière, celle qui a vu ses amis mourir sans rien dire, sans protester, et maintenant il n'y aura plus personne pour protester quand je me ferais emmener dans ce fameux camp.

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Je ne sais plus quelle date on est, je ne sais pas si ça fait un mois, une année, ou une dizaine d'années que je suis là, je perds la notion du temps de même que mon espoir.
Le moment où j'étais heureuse me paraît si loin et pourtant si près... Aujourd'hui, je vais sûrement mourir, je n'ai plus de force, je n'ai presque plus la force de penser. J'ai tellement faim, cette faim me noue le ventre, j'ai du mal à marcher, j'ai du mal à respirer, j'ai du mal à survivre. Je veux juste rentrer chez moi, mais je ne sais même plus l'adresse, au début, je me disais que quand je sortirai d'ici nous irons nous asseoir dans le café du coin avec ma petite fille pour manger notre plat préféré, et là, je ne me souviens même pas du goût des autres nourriture que le pain, je ne sais et ne ressens plus rien, à part la douleur.
Je commence à être malade, je tousse de plus en plus, je m'étouffe, les Allemands me regardent avec mépris, mes beaux cheveux d'autrefois ont été coupé comme mes rêves de sortir d'ici.
Pourquoi je continue à vivre ? Pourquoi je ne suis pas morte comme mon amie ? Pourquoi ? Je ne me rappelle même plus de mon prénom, je me souviens plus de rien.
Mon dos se courbe, mes jambes fléchissent, le vent m'emporte, je tombe. Des bleus apparaissent sur mon corps, je ne vais pas assez vite pour ces chiens de soldats, la vie pour moi ne passe pas, j'ai l'impression de revivre encore et encore le même jour. Le jour le plus horrible de ma vie. À terre, presque sans vie, je pense à mon enfant, à ma fillette haute comme trois pommes. J'essaye de me souvenir de sa voix, mais je n'y arrive pas. Je pleure en silence. Je ne pleure pas à cause de ses soldats se défoulant, non, je pleure d'une souffrance bien plus profonde, cette souffrance de ne plus me rappeler de l'odeur de mon trésor. Je ne me souviens que de ces yeux verts hérités de son père.

Des soldats sont en train de m'emmener quelque part, je devine tout de suite où, j'ai vu tout mes amis passés par cette barrière, je la reconnaîtrai entre mille.
C'est bon, ils ont enfin décidé de mettre fin à mes jours, je souris en pleurant, les soldats me regardent bizarrement, me croyant folle.

Je vais mourir, j'en ai conscience et en voyant qu'il m'emmène dans une chambre sans fenêtres avec d'autres personnes, je sais ce qu'il va se passer, je vais me faire asphyxier, mon destin était déjà tracé, mais ai je été utile dans ce monde ?
Dans cette chambre où on est tous collé, je vois une jeune fille à ma droite, les yeux verts perçants, moi qui croyais avoir oublié son visage, je la vois bien, elle a maigri et sa chevelure a disparu.
On n'ira peut-être pas à la mer, on n'ira sûrement pas au café du coin manger notre plat favoris, non, c'est vrai... On ira juste au ciel. Elle me regarde en souriant, ce sourire, je le connais tellement, pourquoi l'ai-je oublié ? Je lui souris tristement, et je lui prends la main comme autrefois pour la rassurer, plutôt pour me rassurer. On reste toutes les deux, côte à côte, se regardant fixement.
Je sens le gaz arriver doucement, je me sens tomber et partir.
Ne t'inquiète pas ma fille, on se donne rendez vous au paradis.

FIN

Merci d'avoir lu jusqu'au bout ! :)

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