Chapitre 19

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Les couloirs étaient vides dans le château Ajri, Youngjo était le seul à les arpenter avec son chariot à roulettes portant le petit déjeuner de son ami. La tête ailleurs, ses yeux fixant les étoiles encore présentes car le jeune prince se levait aux aurores, le domestique essaya d'imaginer le sentiment de voler au travers de ce plafond constellé. Il se voyait parfaitement les ailes déployées, le vent léchant agréablement son visage tout en étant enrobé dans cette apaisante lueur argentée tandis que ses pupilles se perdaient dans la magnificence des constellations décorant le plafond astral. Les Ajri étaient chanceux de posséder des ailes, les autres peuples avaient un peu raison d'être jaloux de l'aptitude du peuple de Zéphyr : qui ne rêvait pas d'arpenter librement le ciel ?

Les roues crissées sur le dallage de pierre, le grincement était l'unique sonorité qui brisait le calme nocturne et Youngjo soupira une nouvelle fois à cause de ce bruissement désagréable : il devait réellement mettre de l'huile sur la partie métallique frottant le caoutchouc. Le servant tenta de ne pas déranger le sommeil des habitants du Palais, il se fit tout petit lorsqu'il approcha du couloir royal et il jura tout bas en ouïssant des bruissements de draps venant d'une des portes. Allait-il se faire sermonner une fois de plus ?

Une des portes grinça mais le garçon ne savait pas laquelle à cause de l'obscurité, les lumières étant allumées uniquement lorsque le Roi se levait, il n'avait aucune manière de savoir quelle chambre venait de s'ouvrir. Pétrifié, Youngjo tenta de ne faire qu'un avec les ombres du long couloir décoré de tableaux familiaux mais une main vint entourer son épaule le faisant sursauter et pousser un petit cri mais une paume se plaqua contre sa bouche afin de le faire taire. Le petit domestique était tétanisé, ses phalanges serraient le volant de son chariot avec ferveur tandis qu'il priait pour que la punition soit de courte durée : un mauvais moment à passer, il en avait déjà connu plusieurs.

« - Chut... c'est moi, Seoho. »

Le prince adopté retira sa main tout en déposant son index sur les lèvres du domestique un an plus vieux que lui. Puis, le Kim pointa la porte à gauche avant de siffler un autre « chut » signe qu'il fallait être discret.

« - Q-Que... Quoi ?

- Chut... Ne fais pas de bruit, le Roi a le sommeil léger aujourd'hui. Je vais t'aider avec ton chariot qui couine comme une souris.

- Non ! Tu n'as pas à faire ça. Tu es un prince, Seoho !

- Rien à faire, je suis adopté. Je n'ai pas de sang royal, j'aurais très bien pu finir servant comme toi s'il n'avait pas eu pitié de moi et... Bref, tu as compris. Allons à la chambre du poussin. »

Aidé de Seoho, le duo franchit la suite royale sans le moindre bruissement dérangeant ce qui épargna Youngjo d'une possible correction. Si le souverain l'avait croisé dans le couloir, en pleine nuit, alors qu'il avait mal dormi... Le domestique ne payait pas cher sa vie, le moment aurait été très désagréable : il en était certain. Finalement, la porte de Geonhak était à portée de vue puisqu'un rayon lunaire inondait la surface boisée avec élégance et douceur : cela était presque une invitation à entrer.

« - Je vais te laisser ici. Personne ne devrait venir t'embêter avec tes roues qui grincent.

- Merci beaucoup Seoho, tu... Tu m'as sûrement épargné d'une lourde correction si j'avais été pris avec un chariot grinçant.

- Héhé ! Mais de rien Youngjo. Pense à mettre de l'huile ou de la graisse la prochaine fois. Je ne voudrais pas que tu aies des soucis à cause de bêtises, ok ?

- J'y veillerais ! Merci encore. Passe une bonne journée !

- À toi aussi ! Salut ! »

Le bras du jeune prince se mouva dans le noir, seul le contour de sa silhouette était discernable mais Youngjo vit le geste d'au revoir suivit du tournement de talons de l'adopté qui s'enfonça dans l'obscurité afin de, surement, rejoindre sa chambre. Le calme plat retomba dans le couloir, le serviteur était debout devant l'entrée de la chambrée de son maître avec son chariot rempli de son petit déjeuner et il ne fit pas patienter plus longtemps son ami puisqu'il poussa sur la clenche tout en s'engouffrant dans la pièce.

La première chose qui le surprit fut l'odeur de transpiration et renfermé qui fit froncer le nez de Youngjo. Ce dernier déposa le chariot près de la table, le déchargea de son contenu en dressant l'ensemble tout en s'aidant de la lueur lunaire. L'astre étant à son premier croissant faisant qu'un faible éclat s'en dégager pour rentrer dans la pièce et l'éclairer. Plaçant les couverts et divers mets mis sous cloche, le domestique alla ensuite tirer un peu plus les rideaux avant d'ouvrir la fenêtre afin d'aérer le lieu tout en retardant légèrement le réveil de Geonhak.

En effet, son ami dormait plutôt mal ces derniers jours. Plusieurs cauchemars agitaient ses nuits allant jusqu'à l'arracher des bras de Morphée. Combien de fois Youngjo avait surpris son ami à sortir de sa torpeur en hurlant, des sueurs froides recouvrant son corps tremblant ? Était-ce le stress du mariage approchant ? Les responsabilités pesantes de sa stature qui le rongeait ? Ou bien une angoisse inconnue qui tourmentait son camarade ? Le servant ne savait pas, il n'était pas dans la confidence et il n'avait pas forcé son ami à parler : Geonhak le fera quand il en sentira le besoin.

Foulant le sol marbré du balcon, une légère brise printanière fit virevolter les mèches noires aux reflets flammes du garçon qui déposa ses iris rubis sur l'étendu noir devant lui. Le Palais de Zéphyr se trouvait en haut d'une immense montagne perçant les nuages permettant une vue dégagée sur les terres environnantes et l'horizon se perdant au loin. De la chambre princière, Youngjo discernait le sol Tokësor et Bymehet qui se trouvaient au Nord de Zéphyr : dire qu'il était au Royaume de Gaïa il y avait cela quelques jours à peine.

Un sourire s'étendit sur le visage du domestique qui avait, en réalité, un statut plutôt proche de celui d'un prisonnier et il se demanda ce à quoi ressemblait les terres d'Aral. Le château Bymehet se trouvait apparemment sous les eaux, les poissons nageant librement à l'intérieur tandis que le peuple aquatique vivait en harmonie avec les créatures marines : un scénario qui semblait bien fantastique aux yeux de l'homme. Néanmoins, il pensa aux relations qu'avaient les Ajri avec les oiseaux et Youngjo concéda que cela était plutôt similaire.

« - Ah... Qu'est-ce que j'aimerais être libre parfois... »

Frottant ses poignets, comme si des menottes invisibles lui faisaient mal, le garçon quitta le paysage du regard afin de fixer ses mains en grimaçant. Sa peau légèrement mate était visible dans la nuit et cette teinte, bien trop sombre à son goût, lui rappelait sans cesse sa condition « d'esclave » du peuple de l'Air : la liberté... Jamais il ne pourra connaître cela.

« - Si. Je te promets que tu pourras aller où bon te semble lorsque je prendrais le pouvoir. »

Youngjo sursauta tout en se retournant, le cœur battant à la chamade, tandis que Geonhak avançait sur le balcon afin de rejoindre son ami. Ses cheveux étaient ébouriffés, la marque de l'oreiller s'était imprimée sur sa joue alors que son visage était légèrement joufflu à cause du réveil : le prince était adorable lorsqu'il émergeait de son sommeil. Cependant, sa carrure imposante et sa voix, encore plus rauque au matin, créaient cette aura respectable et terrifiante pour les inconnus car ceux qui connaissaient un minimum le prince savait qu'il ne ferait pas mal à une mouche. Les iris orageuses du garçon laissaient paraître un ciel légèrement pluvieux, une simple giboulée de fines gouttes d'eau humidifiant à peine les manteaux et ses pupilles se déposèrent avec sérieux sur le corps de son ami qui sentait ses muscles se détendre en reconnaissant son camarade.

« - Geonhak-ie, tu es déjà réveillé ?

- Tu auras le droit au bonheur Youngjo, le prince resta sur le sujet initial esquivant la question de son camarade. Quand je serais couronné, la première chose que je ferais sera de te rendre tes droits et ta liberté.

- Geonhak, je... Tu sais que tout ceci est compliqué. Ton père ne laissera jamais une chose pareille se passer, même si tu deviens Roi, même s'il meurt, il aura prévu quelque chose pour que je reste enfermé entre ses murs jusqu'à ma mort. C'est mon châtiment, tu n'y peux rien. Enfin, tu as déjà réussi l'exploit de m'amener au banquet du bal des fleurs de cerisiers... Je ne saurais pas comment te remercier pour ça déjà et...

- Sois heureux, c'est tout. C'est la plus belle manière de me remercier. »

Le prince prit place au côté de son ami et il laissa son regard se perdre dans l'horizon tandis que le domestique était ému par les paroles de son compagnon : Geonhak ne voulait que son bonheur. Alors, dans un geste impulsif sous l'unique éclat de la lune comme témoin, Youngjo vint enlacer la taille du prince tout en déposant sa tête sur l'épaule de ce dernier. Puis, il lui chuchota avec des yeux larmoyants mais un sourire radieux sur le visage ces quelques mots emplis de sincérité.

« - Moi aussi je veux ton bonheur Geonhak. Je t'ai donné ma vie, ne l'oublie pas. Je ferais tout pour toi, j'irais à l'autre bout du monde pour te retrouver. Jamais je ne trahirai ma promesse, sache-le. »

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