Chapitre 55 (TW)

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Trigger Warning : Description de blessures

Dans le silence et la discrétion la plus totale, des petites mains s'activaient dans le Palais afin de traîner deux corps sur le dallage ivoire. À la limite de l'inerte, les hommes qui glissaient sur le sol n'étaient point morts mais leur état n'était pas non plus très optimiste.

Étrangement, un des deux garçons semblait s'en être sorti plus ou moins indemne. Certes, le corps de l'épargné était squelettique, il n'avait probablement pas mangé et bu depuis un certain temps et le sommeil avait dû le fuir pendant plusieurs soirs aux vues de ses cernes proéminents mais aucunes marques d'agressions ne semblaient visibles sur son corps.

En revanche, l'autre était dans un état alarmant. Sa bouche était gonflée et ensanglantée, ses paupières peinaient à s'ouvrir tant les coups avaient dû être répétés et un immense cocard se dessinait sur son visage tuméfié. Néanmoins, le plus impressionnant était les moultes lacérations sur le corps du jeune homme torse nu.

Mettre un t-shirt à ce dernier aurait été une très mauvaise idée puisque le sang aurait séché sur sa peau et retirer le bout de tissu aurait sûrement arraché l'épiderme de ce dernier. Son état physique était catastrophique et une personne non habituée à une telle scène d'horreur aurait probablement vomi en voyant la silhouette du garçon.

Du bas de sa nuque au creux de ses reins, un immense balafre se dessinait et sa profondeur était de plusieurs centimètres. Une quantité impressionnante de pue se formait sur les bords de la plaie montrant qu'aucun soin n'avait été prodigué et on discernait même quelques insectes qui avaient éclos dans la chair du pauvre homme défiguré par la violence.

Tout autour de cette imposante entaille se trouvaient des marques de fouettage, griffures ou d'entailles faites à l'aide d'armes blanches : un spectacle désolant... Le dos du blessé était en charpie, tout comme son torse et ses bras qui n'avaient pas été épargnés par les assauts. Puis, si on descendait sur ses jambes, on remarquait que ces dernières avaient été gracieusement crémées et bandées, du moins, cela avait été effectué à la va vite mais l'action était tout de même présente.

L'épargné geignit fébrilement alors que la personne qui le portait poussait une porte et on fit entrer les deux garçons sans délicatesse. Le lieu qui se dessinait derrière leur vision flou était une chambre qu'ils connaissaient très bien. Les fleurs avaient fini par faner à cause du non-entretien lié à l'absence des propriétaires des lieux et une odeur de renfermée était prédominante. Néanmoins, cela était plus agréable que la senteur d'hémoglobine, de pourriture ainsi que de cadavres qui régnait dans les prisons.

Sans la moindre pitié, les gardes qui avaient traîné les deux corps les lâchèrent brusquement avant de tourner les talons et quitter la pièce après avoir fermé la porte à double tour : leur mission venait d'être terminée.

Face à ce choc brusque, le blessé eut la respiration coupée et son corps se contracta naturellement tandis qu'une vague de souffrance inhumaine se propagea le faisant crier vivement malgré ses cordes vocales brisées. Un son rauque, aphone quitta la bouche du plus jeune ce qui brisa entièrement l'indemne qui tenta, tant bien que mal, de tenir seul sur ses jambes mais l'action était impossible.

À cause de l'absence d'alimentation et de l'atrophie musculaire liée au manque d'exercice, le non-blessé n'arrivait même pas à soulever son torse du sol : c'était comme si son buste était fait de béton. Tentant de différentes manières, l'homme essaya de rejoindre son compagnon souffrant qui hurlait en pleurant. Des cauchemars semblaient le secouer tandis qu'il arrachait par poignées ses longues mèches platines : la scène était horrible, indescriptible par sa férocité. La main tendue vers le corps du blessé, unique action qu'arrivait à faire l'indemne au prix d'effort surhumain, il sentit des larmes rouler sur ses joues tout en prononçant quelques mots qu'il destinait à son ami.

« - C'est fini. Dongju, tout est fini. »

Le concerné continuait de s'égosiller en tirant sur sa chevelure dans l'espoir que ce geste puisse stopper sa souffrance : il avait si mal, son corps était devenu une prison douloureuse et invivable.

« - Regarde-moi, je t'en supplie... Regarde-moi Dongju, ne perd pas pied. N'abandonne pas maintenant... »

La voix de Wooseok était cassée à cause des jours passés à inutiliser ses cordes vocales, cependant, il poussa tout de même sur cette dernière car c'était le seul moyen qu'il avait pour toucher son ami, pour le ramener à ses côtés alors qu'il sombrait dans la démence à cause des horreurs qu'on lui avait fait subir ces derniers temps.

La culpabilité s'ajouta à la douleur, le domestique s'en voulait énormément d'avoir été attrapé si facilement. Wooseok n'acceptait pas le fait d'être la cause de la souffrance de Dongju alors les premières larmes coulèrent sur son visage tandis qu'il continuait de parler au-dessus des hurlements. Si seulement il l'avait retenu, s'il l'avait arrêté... Alors, Dongju ne serait pas dans cet état.

« - Je suis désolé. »

Quelques bandes se détachèrent dans la folie du prince, ces dernières tombèrent d'une lenteur effrayante tout en dévoilant la peau noircit du garçon juste en dessous. Des clocs étaient visibles sur son épiderme, certains endroits avaient même une apparence cartonnée tirant sur le brun.

Wooseok déglutit vivement alors que la culpabilité l'étranglait. Ses yeux larmoyants ne quittèrent pas les jambes de son ami alors que les pansements se défaisaient et tombaient de plus en plus dévoilant l'entièreté des jambes du Tokësor. Qu'elle ne fut pas sa désolation de découvrir que ces dernières avaient été totalement brûlées.

« - Putain... Dongju, je... Je suis désolé. Si j'avais été plus fort... Si je t'avais arrêté. »

Ce fut la découverte de trop, Wooseok explosa dans des sanglots encore plus puissant qui finirent par lui couper la respiration. Son corps se mit à trembler atrocement, sa gorge se serra de plus en plus face à la honte l'étranglant davantage.

« - Pardon, pardon... »

Le domestique avait le sentiment d'étouffer, cependant, son chagrin était plus fort que son instinct de survie. Coupable, le domestique hurla sa haine pour ce Royaume corrompu et son cri se mêla à celui suffoquant de Dongju qui avait la sensation d'être dans un immense feu tant son corps chauffait et le faisait souffrir.

Cette nuit, plusieurs personnes s'éveillèrent à cause de ces hurlements d'affliction. L'un d'eux fut Seoho qui, hélas, ne reconnut pas cet appel à l'aide. L'adopté s'était simplement levé en sursaut tout en observant sa chambre autour de lui. Soupirant le cœur lourd, il avait fini par lancer un regard dépité en direction de l'extérieur et il pensa au fait qu'il s'agissait d'un nouveau domestique kidnappé : un énième qui n'aurait pas bien suivi les règles.

Sans pouvoir se rendormir, Seoho avait quitté son lit pour feuilleter ses notes sur le Roi et il sentit la haine monter en lui au fur et à mesure qu'il les lisait : la Justice sera faite, il se le promettait. Au nom de tous ces innocents sacrifiés, il rétablirait l'ordre à Zéphyr.

Les jours passèrent après ce fameux soir et Seoho n'avait toujours pas de nouvelles sur Dongju et Wooseok. L'adopté avait demandé des informations à son petit frère mais ce dernier avait comme seul renseignement que son mari était malade et contagieux.

« - On refuse que tu le voies du coup ?

- Exact. Les deux sont injoignables depuis deux semaines... Et je ne peux même pas agir, grommela Geonhak.

- Si tu fais cela, argumenta Youngjo, le Roi ne répliquera que plus fortement. Je suis sûr que Dongju est en vie actuellement. Il doit être quelque part dans ce château avec Wooseok. »

Le regard du domestique se posa sur un des murs de la pièce et, comme-ci il voyait au travers, il se mit à avancer vers les pierres tout en déposant calmement sa main sur l'une d'elle : il voulait croire que ses deux amis allaient bien, qu'ils étaient toujours à ses côtés. Le trio devait juste attendre un signe, un message leur montrant qu'ils étaient encore entre ces murs ivoires.

Et le message ne devrait pas tarder car, quelques pièces plus loin, Wooseok se remettait doucement sur pied tandis que Dongju était en convalescence. Le médecin royal venait tous les matins, sous ordre du Roi Kim, pour remettre sur pied les deux garçons puisque le souverain ne voulait pas les voir mort, du moins, pas pour le moment.

Les plaies de Dongju avaient été désinfectées sans aucune douceur, le pauvre avait hurlé durant l'entièreté des soins et il avait même fini par perdre connaissance lorsque le docteur s'était attaqué à son entaille dorsale. Wooseok, quant à lui, avait reçu plusieurs injections afin de lui redonner des forces puisque son corps souffrait de nombreuses carences à cause de sa sous-alimentation.

En cinq jours d'intraveineuse, le domestique avait réussi à tenir vaguement debout et, face à ce miracle, il avait tenté de marcher, de faire quelques pas dans la pièce. Hélas, Wooseok n'avait pas retrouvé assez de muscles et son corps avait basculé en avant le faisant brusquement chuter. Néanmoins, il ne s'était pas arrêté sur cet échec puisqu'il s'était mis à ramper afin d'atteindre le lit de son ami pour le voir de plus près.

Petit à petit, les plaies du prince se refermaient, les asticots avaient totalement disparu et le pue était bien moindre comparé à avant. Une suture avait été faite pour fermer sa lacération et il était certain que Dongju allait se retrouver avec une imposante cicatrice qui resterait à vie.

« - Mon prince... »

Wooseok souffla ses paroles tout en approchant sa main du visage contracté du plus jeune : ses sourcils étaient froncés, sa bouche tremblait dans une grimace d'effroi tandis que ses traits étaient tirés de terreur. Le cocard du noble commençait à s'atténuer, les gonflements c'étaient amenuisés ce qui permit de mieux reconnaître le visage de Dongju : même défiguré, il gardait une certaine beauté. Seuls quelques hématomes noirâtres trônaient encore sur sa figure mais sa tête semblait avoir été épargné par les mauvais traitements : sûrement un moyen de cacher les preuves de la torture du Tokësor.

Le temps filait, l'été avançait de plus en plus et la moisson se faisait alors que Geonhak n'avait toujours pas revu son mari. Seoho rongeait ses ongles quotidiennement en sentant la culpabilité grandir en lui : peut-être qu'il aurait dû l'arrêter dans ses recherches au lieu de l'encourager. L'adopté avait l'impression d'avoir conduit Dongju et Wooseok a leur perte... Youngjo, quant à lui, sentait l'espoir s'atténuer. Les levers et couchers de Soleil s'enchaînaient et personne ne vint les autoriser à rendre visite aux deux garçons. Le servant avait même appris que la couchette de Wooseok avait été donnée à un autre serviteur ce qui avait serré sa gorge : était-il mort ?

Le soleil scintillait dehors mais, dans le cœur de nos amis, le temps était morose et déprimant. Ils ne mangeaient presque plus, l'inquiétude coupant leur appétit, et le sommeil devenait de plus en plus fuyant à cause de l'angoisse et des cauchemars.

Seoho se réveillait toutes les heures à cause de ce même rêve, qui était en réalité un sombre cauchemar. Dongju était en face de lui, totalement défiguré, du sang coulait de sa tête ouverte : il était dans un état pathétique. Les yeux blancs translucides comme ceux des morts, le Tokësor hurlait des horreurs au Ajri du style « Tout cela c'est ta faute », « Tu m'as conduit à ma mort » ou « Tu es un incapable Kim Seoho ! Comment veux-tu amener la Justice alors que tu m'as conduit à ma perte ».

Les trois garçons maigrissaient à vue d'œil, leur santé se détériorait et ce fut surtout l'état de Seoho que les domestiques remarquèrent puisque ce dernier ne souriait plus. Son aura rayonnante s'était atténuée pour disparaître, les alizées doucereux ne soufflaient plus dans les couloirs du Palais : l'adopté tant aimé par le peuple était un autre homme. Plusieurs mouvements du peuple se créèrent afin d'avoir des informations sur l'état de leur noble tant apprécié mais le silence resta maître : la situation était inconnue pour tout le monde et cela devait le rester.

Toc. Toc. Toc

On frappa à la porte de Geonhak qui baragouina un monotone « entrée » tout en restant enfoui dans ses draps : la motivation l'avait quitté, il ne voulait plus rien faire à part dormir pour toujours. Une femme avec un uniforme de soubrette légèrement décolleté entra en se courbant élégamment, néanmoins, son visage était d'une neutralité surprenante : elle était semblable à une poupée manipulé par des files invisibles autour de ses articulations. Se raclant légèrement la gorge afin d'attirer l'attention du souverain, elle attendit quelques instants afin que ce dernier finisse par la regarder.

« - Qu'y a-t-il, grogna Geonhak de mauvaise humeur.

- Mon prince, c'est au sujet de votre époux.

- DONGJU ! Que se passe-t-il ? Puis-je à nouveau le revoir ? Il lui est arrivé quelque chose de grave ? »

Brusquement, le Ajri avait sauté de son lit pour accourir en face de la servante en lui serrant les épaules. Il la secoua légèrement dans l'excitation, ce qui fit tourner la tête de la pauvre jeune fille qui n'arrivait pas à articuler la suite de la nouvelle.

« - Allez, parle ! Puis-je aller le voir ? »

La servante posa son regard dans celui du prince et ce qu'elle discerna dans les prunelles du noble était surprenant : un mixte d'espoir, de terreur mais surtout... D'amour. Prise de court, elle oublia les termes exacts qu'elle devait dire au prince et la seule chose qu'elle put souffler entre deux secousses fut ces quelques mots.

« - Vous pouvez le voir. »

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