Pour ceux qui ne le savent pas, le professeur Challenger et le journaliste Malone sont d'autres personnages de Conan Doyle, qu'on retrouve notamment dans le Monde Perdu (avec les dinosaures!) ;)

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-PAR LES SAINTES CULLOTTES DE MACGREGOR ! rugit le professeur Challenger en envoyant son énorme poing ébranler la porte de sa prison. LAISSEZ-MOI IMMÉDIATEMENT SORTIR DE CET ENDROIS ! ME RETENIR ICI EST UN CRIME CONTRE L'HUMANITÉ ! JE SUIS UN DES MEILLEURS SAVANTS DE MA GÉNÉRATION ! VOUS RENDREZ DES COMPTES AU TOUT PUISSANT POUR CETTE ACTION !

-Professeur, soupira Malone, assis au fond de la cave humide. Ils ne nous donneront pas à manger tant que vous continuerez ce vacarme.

-QUE M'IMPORTE DE MOURIR DE FAIM ! Explosa le savant. LES GRANDS HOMMES N'ONT QUE FAIRE DE NOURRITURE TERRESTRE ! JE DOIS RETROUVER MON LABORATOIRE ! MES ÉTUDES !

Malone lâcha un autre soupir, sans s'offusquer outre mesure du fait que le professeur paraisse le considérer comme dommage collatéral. Il avait fini par s'habituer au narcissisme du personnage, qui faisait partie intégrante de son caractère.

-Quand je pense que le monde est en train de perdre son plus illustre savant à cause de l'enquête stupide d'un jeune idiot de reporter ! Repris le professeur, un ton plus bas. Que me suis-je laissé entraîné dans cette grotesque mésaventure !

Challenger, même après leurs longues années d'amitié et les aventures qui avaient bien assagi le jeune homme, parlait toujours de Malone comme d'un grand adolescent écervelé. Ça aussi, le journaliste avait fini par s'y faire. En compensation, la compagnie du scientifique était des plus excitantes !

-Pensez donc à la joie de Sumerlee si vous disparaissiez, rétorqua Malone en faisant référence à l'adversaire de Challenger dans le domaine des sciences, avec lequel il entretenait une amitié orageuse et compétitrice. Il y aurait un heureux sur cette terre.

Le professeur tourna son immense carcasse poilu - sa chevelure exubérante et sa barbe en bataille n'étaient pas sans le rapprocher du physique des grands singes - et pris une expression de profonde désapprobation.

-Ce n'est pas le moment de plaisanter, jeune homme. Sachez que je vous estime entièrement responsable de cette déplorable situation. Vous avez fini par révéler votre vrai nature, qui est celle des journalistes. Des bêtes nuisibles, seulement propre à vous plonger dans d'inextricables ennuis. À partir de cet instant, toute collaboration qu'il put y avoir entre nous est officiellement terminée.

Et, pour ponctuer son propos, il s'assit contre le mur et croisa ses bras contre sa poitrine.

Le jeune homme leva ses genoux pour les serrer contre son torse, à la fois pour combattre le froid que l'humidité infiltrait par tous les pores de sa peau que pour se réconforter. Les mots du professeur, auxquels il parvenait habituellement à être indifférent, lui faisait de la peine. Il s'en voulait d'avoir attiré Challenger ici. Mais pas autant qu'il s'en voulait d'avoir perdu son estime, une chose rare, que le professeur distribuait avec parcimonie, et qui faisait sa fierté.

Un rat passa tout près de lui.

Depuis combien de temps étaient-ils enfermés dans cette cave humide et froide ? Un jour ? Deux ? Trois ? Plus ? Le temps s'étirait indéfiniment sans jamais passer.

Est-ce qu'on les recherchait ? Est-ce qu'on les tenait pour mort ? Doyle, au moins, avait dû lancer des recherches...

Des pas se firent soudain entendre, derrière la porte de leur cellule.

Pourvu qu'on les retrouve à temps.