L'imposture

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Moran explosa de rire en voyant le visage de Sherlock Holmes, penché au-dessus de lui, se teindre d'horreur.

-WATSON ! Hurla-t-il en faisant volte-face pour sauter dans l'escalier, passant au-dessus du corps inconscient ou mort du véritable policier.

Sa jambe blessée se déroba sous lui. Il tomba, heurta durement le sol, et se releva aussitôt pour se remettre à courir.

Son cœur tapait violemment contre sa poitrine, et sa respiration, brûlante, l'écorchait un peu plus à chaque passage. L'angoisse le dévorait tout entier, plus fort que la douleur qui transperçait sa jambe à chaque heurt sur le sol, plus forte que le froid qui s'infiltrait cruellement jusqu'à ses os. Plus forte que tout. La peur infernale de perdre Watson.

Ou pire.

~

Dans la pénombre de la chambre, celui qu'il croyait être détective consultant poussa Watson en travers du lit.

Étrangement, le docteur constata qu'il n'était pas particulièrement émoustillé par son ami.

C'était la première fois que ça lui arrivait depuis... depuis que ses yeux bleus en avaient croisé deux gris, il y a des années de cela, dans le laboratoire d'un certain hôpital.

Il ferma les yeux. Est-ce qu'il ne désirait plus Holmes ? L'image du détective se dessina aussitôt sur ses paupières, lui arrachant un battement de cœur désordonné. Oh que si. Il le désirait, il l'aimait, jusqu'au tréfonds de son âme, et chaque parcelle de son corps.

Il rouvrit les yeux.

Le visage qu'il venait d'imaginer se pencha pour lui ravir ses lèvres.

Le baiser avait exactement le même goût que d'habitude. Le goût de Holmes. Et pourtant... Et pourtant...

Le détective se redressa et enleva sa chemise. Les yeux de Watson furent aussitôt attirés par les traces de piqûres, sur ses avants-bras.

C'était donc ça, songea-t-il douloureusement. Holmes était sous l'emprise de la drogue. C'est ça qu'il avait sentit d'étrange en lui.

Il se redressa, les derniers lambeaux de son désir aussitôt disparus, remplacés par la tristesse, la peine et la culpabilité. Il pensait avoir réussit à tenir Holmes loin de ses démons. Mais apparemment, il n'était pas un substitut assez puissant à la cocaïne.

-Peut-on savoir ce que vous faites ? Lança froidement l'homme au visage de Holmes.

-Vous n'êtes pas en état, dit doucement le docteur en se levant. Je ne veux pas...

Les mains de l'imposteur refermèrent autour de ses bras.

-Holmes, vous me faites mal !

Mais l'autre accentua sa prise. Sous sa pression, Watson n'eut d'autre choix que de retomber sur le lit. Bien sûr, il était physiquement plus fort que Holmes, mais l'idée même de porter sa main sur lui ne lui effleura pas l'esprit.

-Holmes, je ne veux pas... commença-t-il.

L'autre ouvrit son pantalon et commença à le faire glisser.

-Holmes !

-Vous m'appartenez ! Lança brutalement le faux détective en plaquant de nouveaux sa bouche contre la sienne.

Watson se désengagea et chercha à se faufiler hors de l'étreinte.

Furieux, l'autre cala ses genoux contre son bassin pour le coincer sous lui et saisit une touffe de ses cheveux pour courber sa tête en arrière.

-Hol...

Nouveau baiser violent, sans tendresse, qui procura au docteur un vague sentiment de dégoût.

-Holmes ! Vous me faites mal ! Cria-t-il lorsque le faux détective entreprit de défaire le pantalon de sa proie sans relâcher son emprise.

-Laissez-vous faire, mon cher Watson... murmura-t-il.

-Non ! Je ne veux pas...

L'autre dégagea un de ses genoux pour l'insinuer entre les jambes de sa victime.

-HOLMES ! Appela Watson, les larmes au bord des yeux. HOLMES !

À cet instant, la porte de la chambre s'ouvrit avec fracas. Dans l'embrasure se découpait une silhouette familière, qui se jeta avec un hurlement de rage indistinct sur son homologue.

Watson, enfin libéré de l'étreinte qui lui meurtrissait la chair se redressa, perdu. Sur le sol, deux Holmes se livraient un combat animal, violent, brutal.

Lequel était le sien ?

Dans le doute, il se pencha sur la commode de son colocataire, à côté du lit, où il savait qu'il se trouvait un vieux revolver (que Holmes n'utilisait quasiment jamais, préférant compter sur celui de son ami). À son grand soulagement, l'arme était là.

Il s'en saisit et, toujours assis sur le lit, la pointa sur les deux belligérants, qui essayaient apparemment de se crever les yeux.

-Ne bougez plus, lança Watson en mettant dans sa voix toute la menace dont il était capable.

Ce qui, au vu de sa colère et de sa confusion, eut un effet plutôt effrayant.

Les deux Holmes se figèrent.

-Puis-je savoir ce qui se passe ici ? Demanda le docteur.

-Je suis désolé, dit l'un des Holmes. Je suis tombé dans un piège. Alors que j'allais attendre Sébastien Moran...

-Vous m'avez donc bien envoyé ce télégramme, constata froidement Watson.

Les deux détectives déglutirent. Impossible de discerner l'un de l'autre, dans la pénombre de la pièce et le désordre de leur tenue.

-Oui, repris doucement l'autre des deux Holmes, je suis désolé, mon cher Watson. Cet imposteur est le fantôme que nous traquions, celui qui a envoyé Moran tuer la bande de Kinman.

-Mais pourquoi ?

-Par amour pour vous, répondit l'autre Holmes.

Il y eut un silence.

-Pour moi ? Répéta enfin le docteur, éberlué. Par amour pour moi ?

-Apparemment, grinça l'un des deux détectives, je ne suis pas le seul à avoir voulu vous venger.

Watson resta pensif un long moment avant de se décider. Il ne pouvait pas bouger, pas allumer la lumière, ni s'approcher pour les détailler de près. Il fallait qu'il les différencie autrement.

-Holmes, dit-il de but en blanc, je vous aime.

L'un des deux détectives rougit, pris de court. L'autre serra les mâchoires dans un geste de rage et de jalousie incontrôlée.

Watson orienta aussitôt son arme sur lui.

Le véritable Holmes lâcha un soupir de soulagement et se releva avec peine – sa jambe n'avait pas du tout apprécié la course et le duel. Il alluma la lampe, jetant sur la pièce une lumière chaude, qui acheva de faire disparaître dans l'esprit de Watson les derniers doutes.

Puis il s'assit à côté de lui sur le lit, et remonta avec douceur la chemise du docteur, toujours ouverte, qui avait glissé jusqu'à ses poignets.

-Qui êtes-vous ? Lança Watson, infiniment soulagé d'avoir son Holmes à ses côtés.

L'imposteur lâcha un soupir théâtral et se redressa lentement. Sa posture, soudain, changea du tout au tout. Il effaça avec un peu de salive sur sa manche le fard qui lui palissait le teint, et le rouge qui agrandissait ses lèvres. Il retira les faux morceaux de chair qui lui faisait des pommettes hautes, et cligna des yeux jusqu'à pouvoir retirer les lentilles qui en changeait la couleur. Il enleva les ajouts de latex qui agrandissait ses doigts, et relâcha enfin son ventre, arrondissant légèrement ce qui avait été la silhouette extrêmement mince de Holmes, et qui n'avait désormais plus aucun point commun.

-James ? Balbutia Watson, stupéfait.

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