La disparition

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Les personnages sont directement issus des histoires de Conan Doyle

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-Certes, Watson, lança tranquillement Holmes, brisant le silence. Il est des temps plus propices que d'autres à la solitude. Mais je suis heureux que vous vous estimiez épargné.

Watson sursauta et baissa les yeux vers le visage de Holmes, dont la tête était appuyée sur ses genoux, tandis que le reste de son corps était affalé en travers du sofa.

-Sacrebleu, Holmes ! s'exclama le docteur en laissant tomber son journal, comment avez-vous su où m'emmenait mes pensées ?

-Ce n'est pourtant pas très compliqué, sourit Holmes en se redressant pour s'asseoir à côté de son colocataire, épaule contre épaule. Je vous connais assez pour lire votre visage comme un livre ouvert. Vous étiez en train de lire cet article sur un homme qui s'était suicidé et qu'on avait retrouvé par hasard trois jours après. Personne n'avait signalé sa disparition. Un air triste s'est dessiné sur votre visage, et comme je connais votre bon cœur, je ne doute pas que vous ayez été pris de compassion. Puis vous avez tourné votre regard vers la fenêtre, et cette pluie torrentielle qui empêche de voir à trois pas. Vous avez imperceptiblement acquiescé, comme si vous confirmiez une idée. Et enfin, votre regard s'est ramené sur moi et vos traits se sont adoucis. Vous avez légèrement souri et votre main m'a inconsciemment caressé l'épaule. J'ai donc pris la parole pour vous dire que j'étais heureux que vous considériez que je mets fin à votre solitude. Vous voyez, rien de bien sorcier.

-En effet, ris Watson, habitué aux déductions de son ami. En effet. Vous avez juste oublié de préciser...

-Quoi donc ? Repris Holmes en fronçant les sourcils, agacé d'avoir manqué quelque chose.

-... Que ce n'était pas la seule idée que j'avais en tête en vous regardant...

Sa main se posa sur celle du détective.

-Touché, mon cher Watson, sourit Holmes en approchant son visage du sien.

Un raclement de gorge les interrompit.

-Madame Hudson était absente... Commença le nouveau venu, qui se tenait sur le pas de la porte, embarrassé.

-Doyle, lâcha froidement Holmes en se levant pour aller chercher sa pipe.

-Asseyez-vous, mon ami ! Répondit plus chaleureusement Watson en désignant une chaise à l'agent littéraire-médecin-chirurgien.

-Il n'y a pas besoin d'avoir les talents de Holmes pour déduire que je dérange... s'excusa Arthur Conan Doyle en prenant place dans le troisième fauteuil, auprès du feu.

-Mais non, le contredit Watson, s'attirant les foudres de Holmes. Un peu de sherry ?

-Volontiers.

-Docteur Doyle, intervint le détective consultant en lâchant dans la pièce quelques ronds de fumée, vous n'êtes pas venu ici simplement dans le but de nous gâcher la journée. Vous avez une affaire à me proposer, n'est-ce pas ? Vous avez longuement hésité en faisant les cents pas dans votre petite chambre, avant de vous décider. Vous avez croisé votre petit frère, puis vous avez pris un fiacre. Ce qui vous tracasse, pourtant, ne date pas d'aujourd'hui. J'en déduis qu'il ne s'agit pas d'un meurtre. Un vol, peut-être. Ou une disparition...

-Holmes ! Et dire que le directeur du Strand me demande deux fois par jour si Watson n'exagère pas vos talents ! Comment avez-vous su...

-Une disparition, alors ? Répliqua Holmes en se prenant place dans son fauteuil, en face de Watson. Pour ce qui est du docteur, il n'exagère peut-être pas mes capacités de déductions, mais vous devriez vous méfiez. Il a une horrible tendance à la dramatisation et à l'extrapolation.

Ledit docteur lui envoya un regard assassin. Sentant qu'il s'agissait entre eux d'un sujet récurrent, Doyle préféra ne pas trop se faire remarquer.

-Il s'agit d'un ami proche, s'expliqua le nouveau venu, pour qui il m'est arrivé aussi, quelques fois, de jouer les agents littéraires.

-Ned Malone ? Demanda aussitôt Watson. L'incroyable journaliste ? Celui à qui l'on doit le récit de la découverte du monde perdu, dans la jungle amazonienne, et tant de rapports sur les surprenantes activités du professeur Challenger ?

-Lui-même, répondit Doyle avec un petit sourire devant cet élan d'enthousiasme. Et justement, j'aurais dû être un peu plus précis dans mon affirmation, lorsque je parlais d'une disparition. Il se trouve que le professeur aussi est introuvable.

-Pour l'amour du ciel, grogna Holmes, vous, les littéraires, avez décidément la sale manie de commencer vos récits par la fin. Si vous voulez que j'enquête sur cette affaire, Doyle – ce qui n'est pas promis, puisque j'étais pour le moins occupé – donnez-moi les faits, dans l'ordre chronologique, avec le plus de détails possibles.

-Certes, certes, abdiqua l'intéressé en se concentrant sur ses souvenirs. Malone m'a contacté il y a une semaine environ. Il menait une enquête avec le professeur Challenger, et comme ce n'était pas un sujet très prisé du Daily Gazette, son habituel journal, il m'a demandé d'en toucher deux mots au directeur du Strand Magazine.

-Qui est en effet bien moins rigoureux sur ce qu'il publie, railla Holmes, s'attirant des regards courroucés des deux autres hommes.

-Il s'agissait d'une histoire de spiritisme, repris Conan Doyle. Vous connaissez certainement Edison, le grand inventeur ?

-Inventeur, rétorqua Holmes, en voilà un bien grand mot. Voleur de brevets, surtout. Tesla est le véritable génie de l'histoire !

-Peut-être, là n'est pas la question. Ce que peut savent, en revanche, c'est qu'Edison est obsédé par la mort, et l'idée que l'âme ne disparaît pas avec le corps.

-Quelle idée de passer sa vie à étudier la mort... railla Holmes.

-Je vous signalerai, mon cher, rétorqua Watson, que vous êtes détective.

-Encore touché, Watson ! Décidément, vous êtes bien dangereux ce matin ! Je suppose que cet Edison a inventé une machine pour parler avec les morts ?

-Euh... Oui, en effet, confirma Doyle, prit de court. Le professeur Challenger, avec la fougue qu'on lui connaît, a aussitôt sauté sur l'occasion de déprécier le bonhomme. Malone, intrigué par toute cette histoire, lui a proposé de mener une enquête sur la question. Ils ont fréquenté quelques cercles, assistés à une démonstration de la machine... Et, avant-hier soir, ils ne sont pas rentrés chez eux. La femme du professeur est dans tous ses états.

-Où devaient-ils aller, ce soir-là ?

-Je ne sais pas, déplora Doyle. Tout ce que je sais, ce sont les cercles que Malone et Challenger ont fréquenté avant de disparaître.

-Aucun rapport de la part de Malone ?

-Non, il ne m'avait encore rien envoyé. Mais j'avais cru comprendre que quelque chose avait piqué l'intérêt de Challenger, et qu'ils comptaient tous les deux poursuivre leur enquête plus longtemps que prévu.

-Vous avez la liste des cercles fréquentés sur vous, je suppose ? Demanda Holmes en sautant sur ses pieds. Oui ? Parfait !

Il se saisit du papier que lui tendait son interlocuteur et en parcouru rapidement les quelques adresses.

-Nous vous tiendrons au courant ! Conclut-il en se penchant sur ses précieux registres de noms étalés par terre, signifiant que l'entretient était terminé.

Watson posa sa main sur l'épaule de Doyle et lui envoya un regard plein de gentillesse.

-Nous les retrouverons, dit-il. Vous savez comme moi que Holmes peut tout. Il retrouverait une abeille dans un champ de fleurs, alors pensez-vous, un jeune et fringuant journaliste et un énorme, exubérant et poilu professeur !

Doyle sourit du trait d'humour.

-Merci, Watson. Je sais que je peux compter sur vous. Faites attention, vous aussi. Je n'ai pas d'autres détective à contacter, si vous disparaissez à votre tour !

-Ne vous inquiétez pas, répliqua l'écrivain avec un clin d'œil, je veille sur lui.

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