Premier cercle

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-Je suis désolé ! s'exclama un petit homme à la foule agglutinée devant sa maison. Il n'y a plus de place à l'intérieur ! Revenez dimanche prochain !

Un grognement de frustration parcouru l'assemblée.

-Eh bien, Holmes, souffla Watson à l'oreille du détective, il semble que l'enquête de ce soir se trouve quelque peu compromise !

-Pensez-vous, mon cher ? Répondit Holmes en lui envoyant un clin d'œil.

Il lui saisit le bras et se débrouilla pour se faufiler jusqu'à la porte d'entrée, que l'homme essayait tant bien que mal de refermer. Soudain, relevant les yeux, il tomba sur la mince silhouette de Holmes. Son visage s'éclaira.

-Monsieur Holmes ! s'exclama-t-il. Quel honneur ! Vous venez aussi assister à la séance ?

-Que voulez-vous, répondit le détective, on ne passe pas son temps à côtoyer la mort sans acquérir un minimum de curiosité sur le sujet... Mais j'ai cru comprendre que c'était complet pour ce soir.

-Oh, pas pour vous, pas pour vous, bien sûr ! Imaginez, si un grand homme tel que vous certifiait que nos séances sont sans trucages... Vous ne seriez pas en compagnie du docteur Watson, par hasard ? Si ? Merveilleux, merveilleux ! Nous avons déjà quelques écrivains dans l'assemblée, mais aucun n'est aussi populaire que le docteur ! Si jamais il venait à publier une chronique... Mais je m'égare, je m'égare ! Entrez donc !

Et, sans attendre plus d'encouragement, Holmes saisit la manche de son colocataire et pénétra dans le bâtiment.

La bibliothèque, où avait lieu la démonstration, était une large pièce, pouvant accueillir jusqu'à quarante personnes. Les murs couverts de vieux livres, l'épais tapis sombre, les fenêtres voilées et les lampes à gaz, disséminés dans l'espace, donnait à l'atmosphère une teinte propre au mystère.

L'homme qui les avait fait entrer dégagea sans délicatesse deux personnes du premier rang, et les fit asseoir avec moult sourires.

-Cet individu ne me revient pas du tout, grommela Watson à l'oreille de son ami.

Le détective lui envoya un sourire en coin mais ne répondit rien. La plupart des lumières venaient de s'éteindre, ne laissant pour seul éclairage qu'un chandelier, posé sur une table, devant l'assemblée muette.

Une femme fit son apparition, comme surgit de l'obscurité. Elle était grande et fine, vêtue d'une longue robe noire vaporeuse, qui venait ressortir l'anormale pâleur de son visage.

-Bienvenu, dit-elle d'une voix grave. Je suis Éléna, la médium qui assurera le contact avec l'au-delà pour ce soir.

Watson sentit Holmes se crisper légèrement à côté de lui, et compris qu'il retenait un petit rire.

-Je sais, continua la médium, que la plupart d'entre vous sont des sceptiques. Certains des sympathisants ne demandant qu'à être convaincu, d'autres des arrogants pensants détenir toutes les vérités, qui ne sont présents que pour nous discréditer. Le métier que j'exerce est assez dangereux, on ne contacte pas impunément les esprits. Je dois donc vous avertir que tous fauteur de trouble sera immédiatement jeté dehors. Tous ceux qui resteront à partir de maintenant s'engagent à rester silencieux, sauf si un esprit désire spécifiquement lui parler. Peut-on commencer ?

Comme nul ne se manifesta, la dénommée Éléna se planta sur ses pieds, droite comme un piquet devant l'assemblée pleine d'attentes. Une musique sortie soudain de nulle part, faisant sursauter le docteur. C'était un cantique ancien, entonné par des voix d'enfants. Holmes toucha l'épaule de son ami pour attirer son attention et mis sa main sous son menton pour lui faire gentiment tourner la tête. Sur un petit guéridon jouait tranquillement un phonographe. Watson rit intérieurement de sa crédulité et reporta son regard vers la spirite.

Soudain, bien que nul ne se soit approché du phonographe, la musique cessa.

Éléna, les yeux grands ouverts, sans un battement de cil, inclina légèrement la tête sur le côté.

-Ils sont là, dit-elle d'une voix si caverneuse que le docteur, comme le reste de l'assemblée – sauf Holmes – retint un sursaut. Je les vois. Je les entends.

-Qui ? Murmura quelqu'un.

-Beaucoup. Ils sont beaucoup ce soir, répondit la spirite d'un ton monocorde, traînant, dérangeant. Parmi nous. Des silhouettes floues.

Soudain, comme poussé par une force extraordinaire, elle pivota sur elle-même, sans changer d'un pouce la dérangeante inclinaison de sa tête.

-Il y a un enfant. Un garçon.

Une jeune femme de l'assemblée commença à montrer des signes de nervosité.

-Derrière vous, madame, continua la medium. Un petit garçon qui à l'air très triste. Il est mort récemment. Mais il ne trouve pas le repos. Il a un message pour vous.

-Jack ? Sanglota la pauvre femme. Jack ? Mon chéri ?

-Il vous dit que vous devez le laisser partir. Et que vous ne devez pas faire ce que vous vous apprêtez à accomplir. Que sinon vous ne le reverrez plus, là-bas. Ces paroles ont-elles un sens pour vous ?

-Je voulais le rejoindre ce soir, sanglota la femme en s'écroulant sur elle-même, en larmes. Jack...

-Il est partit, répondit la médium, sans que sa voix ne se pare de la moindre consonance humaine. Quelqu'un d'autre voulait parler. Il a un uniforme militaire. Une blessure... Une blessure par balle, je crois. James.

Personne ne réagit dans l'assemblée.

-Il est partit, conclut la médium. Peut-être n'était-ce qu'un curieux ?

Et, encore une fois, elle pivota sur elle-même. Watson eut l'impression que son regard, dont il n'avait jusqu'alors pas noté le bleu métallique, se posait directement dans le sien.

-Il y a une forte présence féminine, dit la spirite. Elle est derrière vous. Oui, vous, l'homme au bout du premier rang.

Watson, car il s'agissait de lui, se raidit.

-Elle a posé une main sur votre épaule. Elle dit qu'elle vous aime, et qu'elle ne vous en veut pas.

Watson allait ouvrir la bouche, mais la main de Holmes se posa sur la sienne.

La médium ouvrit soudain des grands yeux, comme pris d'effrois. Son corps fut secoué de frissons, qui se changèrent bientôt en soubresauts. Elle redressa la tête et commença à respirer fort, recourbé sur elle-même. Aussitôt, le phonographe se remit en marche.

Lorsque le dernier cantique fut achevé, un silence méditatif plana sur l'assemblée.

Et enfin, la lumière revint.

-Excellente soirée ! s'exclama le petit homme qui les avait accueillit en présentant une chaise à la spirite visiblement exténuée. Je vous invite tous à prendre un petit rafraîchissement de mon salon, pour nous remettre de nos émotions !

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