Quand Noé arrive, Louna remarque qu'il est tout bronzé du ski. Elle a envie de se moquer de son nez rougi, mais elle ne dit rien. Ça la démange de ne plus être aussi spontanée en sa présence. 

Le café se poursuit sans encombre. Comme d'habitude, Louna et Raphaël ne sont pas les plus bavards.

Lou' se sent même optimiste au départ. Le voir ne lui fait pas grand chose, comme si son cœur était déjà anesthésié par tous les hauts et les bas endurés. Et puis égoïstement, elle sent l'épaule de Raphaël frôler la sienne. Il est là pour elle.

Et elle ne veut pas refaire la même erreur deux fois de suite. Tu sors avec Raphaël, se rappelle-t-elle. Il est bien là, à côté d'elle.

— Me fais plus jamais ce coup-là, je croyais que tu me faisais la gueule, gronde Rose en tentant d'embrasser Noé.

Lou' tourne rapidement la tête quand elle sent que le brun est obligé de céder aux avances de sa petite amie. Ce n'est pas la première fois qu'elle les voit s'embrasser, mais à chaque fois, la brune se sent mal à l'aise de tout analyser tout en feignant l'indifférence. Louna est crevée de l'intérieur, même si elle est habituée.

— Alors vos vacances ? lance Noé, avec sa bonne humeur contagieuse.

Ilyes se plaint de la semaine interminable en Normandie, où tout le monde déprimait. Alice se moque de cette remarque, charrie Léon qui s'accroche encore à la mauvaise fille. Lou' est rassurée que personne ne mentionne ses insomnies ou son comportement étrange des derniers jours.

Le brun ne lui adresse aucun regard. Ségolène est la première à remarquer la gêne entre Noé et Louna, eux, si habitués à s'échanger des sourires complices. Elle lui pose une question sur ce sujet. « Non y a rien », répond Lou' discrètement. Mais elle étouffe quand Rose câline Noé devant elle.

Noé l'ignore. Louna devrait en faire tout autant.

Cette distance l'effraie. Elle lui rappelle ce qui s'est passé. Qu'ils ne sont plus pareils, elle et lui.

Comment est-ce qu'elle a pu croire qu'ils pouvaient continuer à être véritablement amis ?

— Je dois y aller, annonce soudainement Raphaël en se relevant.

Puis il ajoute :

— Lou', tu viens ?

Louna, hébétée, se lève sur le champ.

— Hum... oui !

Elle ramasse ses affaires et rougit brutalement quand Raphaël lui attrape la main, devant tous les autres.

— Attends on a pas payé Raphaël...

L'ambiance est devenue étrange au café. Raph', le mec posé et calme de la bande vient réellement d'enchaîner des réactions surprenantes et précipitées. Tout le monde s'est tu. Louna, elle, est estomaquée quand il sort des pièces de sa poche, nonchalamment.

— Laisse, je vous paye, rassure Léon.

Et Raphaël part, sans broncher, pendant que Louna le suit. Dehors, les deux s'éloignent assez du café pour que Lou' réalise ce qui vient de se passer. Elle rattrape son petit copain, lui donne un coup de coude.

— Pourquoi on s'est cassé déjà ?

Raph' s'arrête, l'air gêné.

— T'étais trop mal à l'aise et je sais pas... ça me soûlait qu'il y ait l'autre, avoue-t-il.

Louna fronce des sourcils puis se rend compte que Raph' est jaloux. Il l'évite du regard. Pour leur première semaine en couple, les épreuves s'enchaînent.

— T'as bien fait. Merci, répond-elle, en entremêlant ses doigts dans les siens.

Les deux adolescents marchent alors côte à côte.

— On va où ? interroge Lou'.

— Aucune idée.

La brune rit puis... bredouille audacieusement :

— Chez moi si tu veux, y a personne.

Raphaël, surpris, perd ses mots. Louna pose alors une main sur sa bouche, pour étouffer toute tentative de réponse bancale. Elle a envie de passer du temps avec lui. Raphaël la met à l'aise.

— Viens.

Et ce « Viens » sincère, il provient d'elle et il n'est que pour lui.