Chapitre 10

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Doucement, avec une délicatesse infinie, Marc pressait les touches tantôt noires tantôt blanches, d'où sortaient des sons merveilleusement mélodieux. Prélude, de Chopin, était de loin son morceau favoris, au piano tout du moins. Il ferma les yeux et laissa vagabonder son âme tandis que ses doigts se baladaient sur des accords audacieux et acrobatiques qui n'avaient plus aucuns secrets pour lui ; il avait joué cette pièce des centaines de fois, mais ne s'en lassait jamais. Il aimait, au contraire, redécouvrir chaque note, son ampleur, sa chaleur, son histoire, ce qu'elle transmettait, signifiait, le frisson qu'elle lui apportait... Tout était différent à chaque interprétation. Il avait appris à apprécier la fraîcheur des touches sous ses mains et la pulsation qui s'introduisait en lui pour ne faire plus qu'un avec les battements de son cœur serein et épanouit.

Ce fut bientôt l'accord final, que Marc exécuta avec grâce et majesté. Violette disait souvent de lui qu'il avait le talent de son père, et pleurait lorsqu'il jouait. Le pianiste n'avait jamais sut si ces larmes étaient dues à la mélodies ou au souvenir de son défunt époux, mais les prenaient toujours à cœur. Et quand ils faisaient des duos, lui au piano et sa mère caressant les cordes d'un violon, l'émotion était à son comble. Nul besoin pour les musiciens de parler pour se comprendre ; une nuance, une note, un geste suffisaient à les faire sourire.

*

"Bon, c'est décidé, ta mère vient manger ici ce soir ! annonça Violette après avoir raccroché le téléphone, et j'aimerais te présenter une amie, aussi...

-Qui donc ?

-Jane. C'est elle qui s'est occupée de toi à l'hôpital, ce serait sympa de l'inviter à dîner non ?

-Oui, bonne idée, je ferai connaissance avec celle qui m'as sauvé la vie ! C'est la moindre des choses, je ne la remercierai jamais assez.

-Et moi donc... Je vais passer chez elle, je reviens vite !

-A tout de suite alors."

Violette utilisa le gramms devant chez elle pour se téléporter jusque chez Jane. Elle toqua 3 coups secs à la porte, leur code pour que l'infirmière différencie son amie de ses patients, et Jane vint lui ouvrir aussitôt.

"Violette ! Ça va ? Entre, vient, je vais faire du thé ! Alors, quelles nouvelles ?" Elle ferma la porte.

"Merci. Tu ne me croiras jamais !", s'écria son amie en retirant son manteau

"On parie ?"

Elles s'assirent en tailleur sur le tapis, leurs tasses à la main, et Violette lui conta tout, se confiant comme on le fait à une meilleure amie

"Alors comme ça, tu es une Fille de Lune... Euh... Qu'est ce que c'est au juste...?

-C'est justement le problème, je n'en sais absolument rien !

-Intéressant... Et Peter un...Chronomaître c'est ça...?

-Oui... Il fait donc partie de la Dynastie Temporelle, créée par Etoile pour qu'il puisse se consacrer aux forces immatérielles... Va comprendre quelque chose à tout ça !

-C'est clair qu'il y a plus simple...Suzanne nous en dira peut-être plus ce soir."

Il y eut un silence où chacune réfléchissait ardemment, que Violette coupa d'un :

"Bon, je crois que je vais rentrer. Et... j'aimerais beaucoup que tu fasses connaissance avec mon fils. Les temps sont durs pour lui en ce moment, et je pense qu'il a besoin d'un soutien extérieur à tout cela.

-Bien sûr, je comprends. J'y vais tout de suite, si tu le veux.

-Merci infiniment. J'ai vraiment de la chance de t'avoir.

-Boh, dit elle en balayant ces paroles du revers de la main, tu sais très bien que c'est moi qui ai de la chance. A ce soir !"

Sur ce, Violette s'avança vers un gramms, sélectionna la téléportation, puis sa maison...

"Attend ! l'arrêta Jane, Je n'ai pas son adresse !

-En effet, ça peut être utile... 6, Tolcarne Road, Newquay

-En Cornouailles, n'est ce pas ?

-Exact. Bon, à toute !"

Elle avança d'un pas, dans le cercle noir, et disparut dans un tourbillon azur.

"Le déplacement des atomes dans l'atmosphère terrestre..." murmura Jane, tout en fixant l'endroit où Violette se trouvait quelques secondes plus tôt. Elle avait bien entendu lu ce livre sur la téléportation, et l'avait trouvé fantastique et révolutionnaire. Bien sûr, elle savait tout sur le "Vaccine of Physical Conservation", mais avait toujours trouvé le vaccin d'immortalité qu'elle est son frère avaient inventé d'une logique accablante, moins... innovante, que la téléportation grammique. Quand stopper le vieillissement des cellules lui paraissait simpliste, elle trouvait l'idée de la téléportation beaucoup plus recherchée. Elle se tira de ses pensées en entrant machinalement l'adresse de Marc dans le gramms devant elle, se positionna sur le premier cercle noir et s'évapora pour réapparaître sous le soleil des Cornouailles, loin à présent de la grisaille londonienne.

Elle tapa doucement à l'imposante porte en bois de sapin qui devançait la villa. Du lierre émeraude grimpait sur les murs de pierres entre lesquelles poussait une mousse rebelle, et un saule pleureur hébergeait en son ombre un parterre de pensées roses. Un peu plus bas, les rouleaux de l'océan argent venaient s'écraser sur le sable avec fracas, plongeant les lieux dans les sons continuels et réguliers de l'océan. Jane ferma un instant les yeux, s'abandonnant au calme de la nature et à la caresse du soleil sur sa peau, puis les rouvrit avec la curiosité nouvelle de découvrir le fils de son amie. Avait il les doux yeux bleus de sa mère, ou ceux, d'un brun sauvage, de son père ? Ses cheveux avaient ils la teinte rousse de Violette, ou celle, noire de jais, de Peter ? Elle frappa de nouveau à la porte, impatiente. La poignée mit fin à ses doutes en pivotant lentement vers la droite. Marc apparut soudain dans la clarté extérieure. Une aura mystérieuse et tendre émanait de l'homme qui, pour ne pas se le cacher, avait hérité de la beauté spectaculaire de ses parents. Il passa la main dans ses cheveux d'ébène et, de l'autre, se tapotait la cuisse. Il fixa Jane de ses yeux aux couleurs de glaciers.
Paradoxalement, une vague de chaleur l' envahit au moment où ce regard se posa sur elle, et elle baissa pudiquement ses yeux gris, fixant le sol et cachant ses joues écarlate derrière les longs cheveux d'un blond platine qui tombaient en cascade sur ses épaules.

"Excusez moi... je jouais du piano, je... ne t'avais pas entendu. Mais... qui es tu ?, balbutia Marc, Tu souhaites rentrer, certainement...?

- Je viens sur le souhait de ta mère.

-Il est arrivé quelque chose ?, s'étouffa t-il, palissant à vue d'œil.

-Non, non, dieu merci, ne t'inquiète pas, Violette n'a rien... elle voulait simplement que nous fassions connaissance. C'est étonnant, d'ailleurs, que nous ne nous soyons pas rencontrés plus tôt. Jane, se présenta-t-elle en tendant la main.

-Marc, répondit il en la saisissant d'une poigne hésitante. Entre, Jane.''

Ils rentrèrent dans le salon et s'assirent le sofa, autour d'une tasse de tisane -fleur d'oranger pour Marc, coquelicot pour Jane. Ils discutèrent de choses et d'autres et apprirent à se connaître. La gène des premiers instant se dissipait peu à peu, laissant place aux rires cristallins de Jane et à ceux, plus timides, de Marc. Ce dernier se sentait étrangement bien avec elle, et n'avait jamais ressentit ces ondes qui le brûlaient chaque fois qu'elle posait ne serait-ce qu'un regard sur lui, ni ces papillons qui voletaient dans son ventre depuis qu'elle était à ses côtés. Jane était adorable et s'avérait être à la fois drôle, gentille, d'une intelligence incroyable et, il lui fallait l'avouer, d'une beauté à lui couper le souffle. Timidement, il entreprit de poser sa main sur la sienne. Mais Jane la retira rapidement, se leva, et déclara nerveusement, un œil sur la pendule :

"Je mange avec ta mère ce soir... Je vais devoir y aller...

-Bien sûr, il y a un gramms ici, proposa-t-il en se levant à son tour et désignant deux cercles noirs près de la porte.

-Merci beaucoup..., dit Jane en programmant son déplacement, à plus tard !

-A plus, Jane..."

Sa silhouette se dissipa peu à peu en lui faisant signe de la main. Lorsque Jane fut totalement dissoute, Marc se laissa tomber dans le canapé où sa chaleur était encore présente, un sourire béant sur les lèvres. Immanquablement, il était tombé amoureux.

*

Tous réunis autour d'une table ornée de fleurs dans le jardin, Jane, Violette, Peter et Suzanne profitaient des quelques rayons de soleil qui parvenaient à traverser les nuages.

"Ce soir, barbecue ! annonça Peter, brandissant une pince de sa main gantée

- Hmmm... tu es sûr de ton coup...? lui demanda Violette, sceptique

- Ne t'inquiète pas, je gère", lui assura-t-il avec un clin d'œil

Sa femme n'en était pas pour autant très rassurée, étant donné leur dernière expérience avec du feu, mais le laissa faire comme il l'entendait ( il fallait avouer que les barbecues organisés par son époux étaient chaque fois excellents ).

Jane et Peter firent connaissance et, au bonheur de Violette, s'entendirent à merveille. Sous les brochettes et le charbon s'installaient une bonne humeur générale et une ambiance chaleureuse qui profitait à chacun, dans les rires et les joies de la soirée. Au bout d'un temps, Peter s'excusa d'être très fatigué et partit se coucher. Violette et Jane, après l'avoir salué, sautèrent sur l'occasion pour questionner Suzanne.

"Tout remonte, comme je te le disais, Violette, au commencement même de la race humaine, voire du monde,commença-t-elle à expliquer. Au temps Originel régnaient les Astres ; Lune, Soleil, et Etoile. Lune contrôlait les forces élémentaires de l'Eau et de l'Air, Soleil celles du Feu et de la Terre, tandis qu'Etoile avait pour lui le Temps et les forces immatérielles (j'entends par là le Savoir, la télépathie et la télékinésie). Un jour, Soleil versa une poignée de terre dans le vide spatial, et se créa la Terre. Lune y versa de l'eau et créa les océans, les fleuves et les rivières, puis elle souffla dessus et créa la brise, le mistral et les tornades. Etoile le dernier y ajouta quelques grains de poudre d'étoiles, et se créèrent les jumeaux Adam et Ève. Soleil voulu peupler la planète ainsi créée et à partir d'argile, il façonna les humains à l'image des Jumeaux Etoilés. A l'instant même de la création des Hommes, Soleil décida qu'il se devait d'avoir des représentant sur Terre et eu d'Ève un fils, le premier Fils de Soleil ; Lune fit de même et eu une fille d'Adam, la première Fille de Lune. Les aînés d'aînés conservèrent ces lignées. Adam et Ève, ignorants qu'ils étaient, eurent quant à eux des jumeaux descendants directs d'Etoile, les Jumeaux Étoilés. A chaque génération, un des jumeaux donnait naissance à d'autres jumeaux porteurs du gène.

La Descendance avait été créée.

Lors d'une aventure malencontreuse avec Soleil, Lune enfanta l'Esprit de la Forêt, que Soleil, humilié, bannit du Royaume Astral. Il emprisonna son coeur dans un arbre, le Grand Chêne qui siège dans ton jardin, Violette. Lune, attendrie, lui offrit asile dans l'eau et l'air des bois, et Soleil, pour se faire pardonner, lui autorisa également la terre et la pierre.

Etoile s'occupait des forces immatérielles tel que la culture, le savoir, les sentiments et les émotions, qu'il contrôlait, et savait absolument tout ; il n'y avait aucune question à laquelle il ne puisse répondre. Il était malgré cette sagesse infinie très modeste, et, croulant sous trop de responsabilités, il créa la Dynastie Temporelle et lui légua le 5e élément, le Temps, dont il ne pouvait s'occuper. Néanmoins, il connaissait les dangers de la soif de pouvoir humaine, et limita donc la transmission de ce gène à un homme et une femme par millénaire. Ses descendants, les Jumeaux étoilés, étaient connectés l'un à l'autre et ressentaient tout similairement, que cela soit physique, ou mental. Avec un réel entrainement, ils pouvaient contrôler ceci et vivre distinctement l'un de l'autre, puis pratiquer la télépathie comme bon leur entendait.

-J'ai un jumeau, la coupa Jane, et en ce moment même, il serre une main caleuse...celle de son directeur."

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