Chapitre 15

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La nuit était tombée au dehors quand Suzanne réunit Violette, Jane et Jérémy dans son manoir. Ils s'assirent dans la salle à manger, autour d'une longue table d'acajou qui aurait pu facilement accueillir cinquante personnes.

« Les enfants, j'ai une annonce à vous faire, et elle n'est pas des moindres. » Elle prit une profonde inspiration. «La prophétie, comme vous le savez, parle d'un combat final, opposant Éternel et Chronomaîtres. Elle précise également qu'il faudra «choisir son camp ». C'est en vue de cette bataille que Soan est parti, il y a maintenant cent vingt-neuf ans, constituer une armée. À présent, elle est formée : nous serons vingt, à raison de dix hommes et dix femmes. Ce nombre vous paraît peut-être ridicule, mais quand vous pourrez exploiter vos capacités à leurs maximum, chacun de vous sera assez puissants pour battre à plates coutures un groupe d'au moins cinq cents personnes. L'affrontement ne saura tarder et nous devrons être prêts, c'est pourquoi j'ai privatisé un immeuble où chacun pourra se loger et s'entraîner. Cependant, reste le cas de Peter. Nous allons devoir tout lui expliquer.

-Mais.., c'est bien trop risqué ! », objecta Violette

Jérémy toussota. « Si je puis me permettre... »

Tous les regards se tournèrent vers lui.

« Pourquoi n'utiliserions nous pas l'hypnose ?

Après quelques murmures approbateurs, Suzanne prit la parole :

« Cette méthode serait effectivement très sécuritaire et écarterait tout risque de choc émotionnel. J'aurais dû y penser plus tôt, d'autant que l'hypnose est un principe que je maîtrise... qu'en penses-tu, Violette ?

- C'est une excellente idée. Merci infiniment, Jérémy.

- Voilà un problème résolu, conclut Suzanne. Si cela vous convient, je pourrais y procéder dès demain. »

Tous approuvèrent d'un hochement de tête.

« Et, commença Jane, sans vouloir passer du coq à l'âne, je pense savoir ce qui dirige Peter et Marc dans leurs voyages temporels. D'après ce que vous m'avez dit, Suzanne, ils ne sautent qu'aux côtés du Grand Chêne. Cet arbre renferme le cœur de l'Esprit de la Forêt, fils de Soleil et de Lune. Or, Violette et étant une Fille de Lune, et Peter un Fils de Soleil, Marc partage le sang de ces deux astres...

- ...et aurait donc un lien génétique avec l'Esprit de la Forêt...completa Suzanne dans un souffle. Voilà un très bon raisonnement, Jane, félicita-t-elle plus haut.

- Merci... Il y a autre chose que je dois vous dire. Quand nous sommes venues chez vous, Violette et moi, Prophtya nous avait montré Peter et son fils au château de Versailles. Nous avons clairement vu Marc cueillir un bouquet de coquelicots. Fleurs qu'il m'a offert quelques heures plus tard, en réclamant la vérité. Il avait à l'évidence compris qu'il ne rêvait pas, c'est pourquoi j'ai jugé qu'il valait mieux tout lui expliquer.

- C'était la bonne décision, assura Suzanne.

- Qu'a-t-il dit ? Est-ce qu'il m'en veut ? s'inquiéta Violette.

- Je lui ai bien précisé que si tu lui avais menti, c'était uniquement pour le préserver, et il en a bien conscience. Il m'a dit qu'il n'était pas en colère juste... déçu.

- Ce qui est bien pire ! se désola Violette en se prenant la tête dans les mains.

- Violette, personne n'aurait pu agir mieux que tu ne l'as fait, la rassura Suzanne. Marc a appris, d'un coup, énormément de choses plus incroyables les unes que les autres. Il se remettra vite, il a simplement besoin d'un peu de temps pour encaisser le choc.

Jane acquiesça silencieusement.

« Si vous le dites... Il est trop tard de toutes manières. » Violette bailla. « Enfin, si nous en avons fini, je pense qu'il est temps d'aller dormir.

-Tu as raison, nous avons tous besoin de repos. Les journées qui nous attendent risquent d'être longues, et intenses.

-Dans ce cas, bonne nuit tout le monde ! », salua Jeremy.

*

Suzanne arriva chez les Flight en début d'après midi.

« Bonjour les enfants !

-Salut Mamouchka ! s'écria Peter en courant l'étreindre. Violette m'a dit que tu pouvais soigner mes maux de tête ?

-Oui, assied toi, je vais t'hypnotiser.

-D'accord, mais ne me fait pas avaler un rat ! s'exclama-t-il en prenant place sur un fauteuil.

-Vous voulez un thé ? demanda Violette à sa belle mère.

-Non merci, ça ira, répondit elle.

-Et moi, j'ai pas le droit ? dit Peter avec un sourire ravageur.

-Si si, je te prépare ça. Cannelle, je suppose ?

-Affirmatif ! »

Violette s'éloigna dans la cuisine et laissa Suzanne et son fils seuls dans le salon.

« C'est parti...Suzanne commença à parler, d'abord lentement puis à toute vitesse. Regarde moi. Regarde mes yeux. Plus rien n'existe tu ne vois que mes yeux. Tu ne vois que mes yeux concentre toi sur mes yeux concentre toi bien. Souffle... tu es détendu parfaitement détendu. Tu ne vois que mes yeux...mes yeux disparaissent tu fixes un point derrière moi loin derrière moi... regarde mes yeux ! Regarde mes yeux regarde loin. Regarde mes yeux. Souffle... regarde loin. Regarde mes yeux...souffle. Tu es détendu parfaitement détendu à trois tu tomberas dans un sommeil profond. Un. Deux. Trois, sommeil profond ! » Peter s'écroula sur son siège. Sa tête dodelinait encore quand Suzanne articula doucement « Maintenant tout ce que je vais dire sera évident, parfaitement normal. Absolument normal. Tout à fait évident. D'ailleurs, tu l'as toujours su. Suzanne sorti un petit papier de sa poche. Tu t'es marié il y a cent ans, un mois et trois jours. Nous sommes en l'année 2115. Ton fils, Marc a 99 ans... » Suzanne lista ainsi tout ce que Peter ne savait pas. "À trois tu vas te réveiller. Tout ce que je viens de te dire est évident, parfaitement normal. Absolument normal. Tout à fait évident. À trois tu vas te réveiller... un. Deux. Trois, réveille toi ! »

Peter se redressa.

« Alors mon garçon, quel jour est on ?

-Le 27 juillet 2115... pourquoi ?

-Hm, juste pour savoir.

-Tiens, ton thé, dit Violette en rentrant dans le salon, tout sourire.

-Merci princesse ! »

Le gramms que Suzanne portait en montre émit quelques notes. Elle y jeta un œil et déclara d'une voix enjouée : « Soan m'attend au manoir. Vous voulez m'accompagner ? »

Il n'y eut pas besoin de réponse : le sourire euphorique de Peter en disait long sur son enthousiasme.

Violette entrelaça ses doigts à ceux de Peter, qui prit la main droite de sa mère tandis qu'elle ordonnait : « Domicile » à l'appareil. Le tourbillon azur les déposa devant le portail de fer forgé. Suzanne sortit une petite clé qu'elle tourna dans la serrure sculptée, et il s'ouvrit sur Gladfield.

« Je saute toujours devant le portail, car la vue y est imprenable ! », expliqua Suzanne.

-Effectivement, c'est magnifique ! s'exclama Violette. À l'avenir je n'irai plus directement à la porte », promit-elle

Le manoir, perché sur la colline, surplombait la forêt émeraude, pareil à un petit château. L'été avait couvert les arbres de mille couleurs, et Suzanne cueillit en passant une fleur d'oranger qu'elle introduit dans sa montre. Il traversèrent un petit pont de bois, sous lequel chantait un ruisseau prenant sa source dans un étang qui miroitait en contrebas. Une biche et son faon passèrent à quelques mètres d'eux, et Violette siffla doucement pour les appeler. Ils s'approchèrent et se frottèrent contre elle.

« Tout doux... je suis votre amie », murmura-t-elle en les carressant.

Suzanne laissa s'échapper un soupir d'admiration. « Je ne comprends toujours pas comment tu fais...

-Étonnant n'est-ce pas ? confirma Peter. On ne peut pas dire que ce soit banal, une vétérinaire aimée des animaux !

-C'est parce que je les comprends... bredouilla Violette, gênée du compliment. Vous voulez les toucher ?

-Pourquoi pas ?

-Quelle question ! Évidemment que je veux toucher Bamby ! s'écria Peter

-Approchez... », chuchota Violette tout en rassurant les animaux.

Peter le premier posa une main sur le crâne du faon, bientôt suivi par sa mère. Ils restèrent quelques minutes béats devant les créatures, puis Violette rappela : « Soan doit nous attendre, non ?

-Tu as raison, nous devrions y aller, approuva Suzanne.

-Au revoir Bamby ! »

Ils s'avancèrent vers la demeure à pas pressé, soudain impatients. Le manoir se dressait devant eux, splendeur haute de cinq étages. Son architecture était imposante de par ses dimensions impressionnantes, tout en restant subtile grâce aux fines sculptures qui ornaient la façade. Les tuiles noires du toit brillaient sous le soleil de juillet et surmontaient des murs de briques couleur caramel dans lesquels étaient encastrées des fenêtres dorées aux arabesques magnifiques. Deux vitres opaques surmontées de fer forgé étaient posées sur la luxueuse double porte en bois de noyer dont Suzanne approcha la main. Avant d'appuyer sur la poignée, elle se tourna vers Peter.

« Tu vas voir ton père. » Cela sonnait comme une question ou comme une note à elle-même, mais Violette compris qu'elle voulait s'assurer de l'état de Peter en surveillant sa réaction. Il ne bougea pas d'un pouce, et Suzanne ouvrit d'une main tremblante.

Elle traversa les couloirs d'un pas mal assuré, suivie de ses compagnons. Elle prit une profonde inspiration pour se donner du courage, et ils entrèrent dans le salon.

Les quatre personnes qui discutaient s'arrêtèrent net en les voyant arriver. Violette écarquilla le yeux et resta bouche bée.

Un homme d'apparence assez âgé se tenait bien droit dans son fauteuil, un sourire bienveillant sur les lèvres. Ses yeux noisette rejetaient jovialité et bonne humeur, et on percevait aussi bien la douceur que la puissance dans son regard. Le disque brun qui unissait ses paupières étincelait, de par les flammes jaunes qui jaillissaient du charbon de sa pupille pour lécher les bords foncés de l'iris. Il arborait une barbe courte, et ses cheveux poivre et sel lui recouvraient les oreilles. Son corps était musclé sec, son visage osseux et plissé. Il portait un short délavé avec un simple tee-shirt blanc, et était chaussé de sandales de cuir usées par la marche et le soleil. Soan avait tout du grand-père adorable. Peter sourit. Son père était bien l'homme que lui avait décrit Suzanne.

À sa gauche, une fillette d'une dizaine d'années, assise sur les genoux d'une femme. Toutes deux étaient vêtues de robes de lin sans manches écrues, qui leur arrivaient au dessus du genou. La petite fille possédait de grands yeux bridés, et de splendides cheveux d'un noir de jais qui lui tombaient dans le dos. Une petite sacoche de cuir élimé pendait à son siège. Elle était très fine, et on ne remarquait pas au premier abord à quel point elle était musclée. La carrure de celle à ses côtés, elle, ne trompait pas. La jeune femme semblait avoir la vingtaine. Ses épaules découvertes étaient très larges pour une femme, et on aurait pu faire un cours d'anatomie sur ses biceps. Une multitude de tâches de rousseur parsemait son visage aux traits creux et descendait dans son cou pour finir sur ses épaules et s'estomper peu à peu sur ses bras. Elle n'était pas très féminine, mais ses cheveux crépus d'un roux vif étaient d'une beauté à couper le souffle : lâchés, ils formaient comme une auréole autour de son visage et faisaient ressortir ses lèvres d'un rose virant sur le rouge. Ses yeux étaient d'un vert mousse, au cœur duquel fleurissaient des rayons noisette. Les pépites d'or parsemées sur l'œil lui donnaient quelque chose de délicieusement indéfinissable ; un air sauvage mais loyal, honnête mais mystérieux. Ses pupilles observatrices scrutaient les alentours de manière rapide et méthodique, comme pour déceler le danger sous chaque objet, chaque personne. Son regard vous traversait comme un courant d'air glacé qui semblait sonder votre âme. On eut beau chercher des heures durant la plus minuscule lueur d'émotion dans ces yeux, l'effort en serait vain : elle était aussi impassible que la pierre.

À la droite de Soan se trouvait un homme à la musculature impressionnante : on aurait pu mettre la tête de Peter dans son épaule. Il avait la peau couleur chocolat et d'impeccables fossettes ornaient son sourire franc. Ses cheveux et sa barbe étaient coupés courts, ses yeux bruns révélaient la force comme la sensibilité. Il tourna la tête vers Soan qui s'éclaircit la voix avant de prendre la parole : « Bonjour Suzanne, bonjour... tout le monde. » Violette ferma la bouche et secoua la tête tandis qu'il désignait la jeune femme à sa droite. «Je vous présente... »

Violette le coupa dans un souffle : « Akima ? »

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