Chapitre 17

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La mer était assez calme, seul un petit clapotis trahissait la rencontre des vagues avec le rocher. L'horizon se découpait au loin, divisant le paysage en deux étendues de bleu scintillant sous le soleil matinal. Jane et Marc marchaient lentement, côte à côte, longeant le bord des falaises. Jane s'assit dans l'herbe, laissant pendre ses pieds dans le vide. Ses longs cheveux dénoués flottaient derrière elle et, par occasions, lui fouettaient doucement le visage. Son regard se perdit dans l'océan et elle se tut.

"...tu disais...?" Marc la ramena à la réalité, et s'installa à coté d'elle.

"Oui, pardon, s'excusa-t-elle en secouant la tête. Voilà pourquoi tu dois rejoindre Victor. Je sais que ça fait beaucoup à digérer pour toi, mais... il le faut.

- Ma mère y est, n'est-ce pas ?

- Elle m'a dit qu'elle et Peter déménageraient aujourd'hui, mais... elle jeta un œil sur sa mine triste. Marc..., souvient toi que tout ce qu'elle a fait, c'était pour ton bien. Son seul but a toujours été de te protéger, elle voulait simplement ton bonheur.

- Je le sais bien...

- Alors, qu'est ce qui te bloque ?"

Marc soupira.

"Ce qui me bloque ?" Il déglutit, comme si les mots coincés au fond de sa gorge étaient trop durs à prononcer. "C'est qu'elle n'a pas réussi."

C'était dit. L'homme respira, libéré. Jane lui accorda un regard tendre et attentif qui le poussa à poursuivre.

"Elle a tant souffert pour moi... Ma mère a supporté seule la folle douleur de l'espoir pendant toutes ces années, dans l'unique objectif de ne pas me briser. Et pourtant, j'ai le sentiment que ce n'était pas la bonne décision. Ensembles, on aurait été plus forts. On l'a toujours été." Il baissa les yeux. "Durant ma vie entière, j'ai partagé tous mes secrets avec elle, comme elle m'a confié tous les siens. J'avais le sentiment qu'on était unis à jamais, qu'elle ne pouvait rien me cacher." L'homme se prit la tête dans les mains. "Et maintenant, voici que toute mon existence n'est qu'un mensonge. Mon père n'était pas un cadavre au fond d'un tombeau, il était là, à m'attendre de l'autre côté du trottoir. Ça a du être terrible de le voir chaque jour sur son lit d'hôpital, si proche, et pourtant si inaccessible... Se lever chaque matin avec l'espoir de le voir s'éveiller, se coucher chaque soir avec la mort dans l'âme. Elle a vécu ça seule, et elle n'aurait pas dû. Elle s'est laissée ravager pour ne pas me voir verser de larme. Une attitude tellement généreuse, qui me parait pourtant si égoïste... Je sais qu'elle a fait cela pour moi, mais mon bien passe par le sien. Il faut se rendre à l'évidence, elle a fait le mauvais choix."

A son tour, il plongea les yeux dans la mer. Son regard s'était vidé de toute expression, il semblait vide comme une éponge qu'on aurait essorée. Jane se leva.

"Tu vois les vagues, là bas ? Oui, évidemment que tu les vois. Chacune d'elles vient se heurter contre la falaise. Là, elle se brise. Mais l'eau disparaît-elle pour autant ? Non, bien au contraire, elle repart pour former un autre rouleau, qui à son tour viendra s'écraser contre la paroi. Ainsi va le cycle de la vie, Marc. Violette est une femme courageuse, qui sait mieux que personne se relever après une tempête. Et, tu sais, elle n'a jamais été seule. Il y avait Suzanne, et moi. Ta mère ne te semble-t-elle pas heureuse, à présent ? Elle a, c'est vrai, fait énormément de sacrifices pour toi. Mais ne penses-tu pas qu'il soit temps que cela paye ? Préfères-tu que tous ses efforts soient vains ? C'est le moment de te prouver à toi-même qu'elle a eu raison.

- Jane... ne vois-tu pas ? Je n'ai pas été brisé par l'espoir, mais par le mensonge et la déception. Je me sens maintenant si seul...

- Te sentir seul ? Parce qu'elle a tout donné pour toi ? l'interrompit Jane. L'erreur est humaine, et ta mère n'est pas une exception. Tu juges son comportement d'égoïste, mais le tien l'est infiniment plus. Vas-tu donc lui refuser le bonheur quand il se présente enfin à elle ? Tout ça parce qu'elle a préféré te préserver ?"

Elle n'avait pas haussé la voix. Son ton calme et ferme donnait bien plus de sens à ses paroles, qui s'étaient enfoncées dans le cœur de Marc comme des couteaux. Il se releva et s'en alla d'un pas chancelant.

"Où vas-tu ?"

Il ne se retourna pas.

"Je vais faire mes bagages." Jane esquissa un sourire quand il ajouta : "Je pars pour Victor."

*

"Whahoo... souffla Peter. Alors c'est ça notre nouvelle maison...!"

Explosion de couleur dans la monotonie métallique de New York, le bâtiment était pour le moins impressionnant. Ce cylindre faisait bien cinq cents mètres de diamètre, et le ciel dégagé en laissait voir mille cinq cents de hauteur. Un dégradé de couleurs pastel d'une matière indéfinissable tournait en spirale autour de lui, partant du vert d'eau au rez de chaussée pour finir pourpre au sommet. L'immeuble se prolongeait en un magnifique dôme de verre, d'où l'on devait avoir une vue imprenable sur les monstres de métal alentours. Violette, habituée aux vitrages de haute technologie, ne s'étonna pas de l'absence de fenêtre sur l'extérieur.

Si l'intérieur égalait la splendeur de la façade, ils seraient logés comme des rois, se dit Peter en faisant un pas en avant. Il se plaça sur un cercle noir au sol et adressa un sourire à son épouse tandis que le gramms l'identifiait. Le mur s'ouvrit pour le laisser passer, puis se referma derrière lui. Violette prit une inspiration avant d'imiter son mari et d'entrer dans sa nouvelle demeure.

Une femme se tenait au centre de la pièce, derrière un comptoir. Elle avait noué ses cheveux blonds en une queue de cheval qui laissait son beau visage dégagé. Ses yeux vert mousse étaient entourés d'épais cils noirs, et les traits de ses sourcils bruns terminaient en un petit nez en trompette qui surplombait des lèvres pulpeuses. Sa taille fine et ses courbes généreuse sublimaient ses épaules musclées et sa carrure large. Elle s'avança et ils découvrirent les jambes fines cachées sous des collants et la paire de bottines à talons que dissimulait le comptoir.
Sa tenue, chemisier blanc, jupe froncée bleu marine et cravate assortie, devait certainement être un uniforme, cependant il lui allait à la perfection.

Elle sourit et déclara : "Bienvenue chez Victor ! Vous devez être Violette et Peter Flight ? Je suis Mlle Arsenault - et oui, moi aussi je suis française, s'exclama-t-elle en adressant un clin d'œil à Violette - mais appelez moi plutôt Maëlle. Je dirige l'équipe qui s'occupe d'un peu tout et n'importe quoi ici. Je suis tantôt au ménage, tantôt au bar ou au jardinage... Enfin, je vais vous faire visiter. Tout d'abord, voici l'accueil..."

Dans un léger rire, elle désigna la pièce d'une main. Peter et Violette eurent tous deux un brusque mouvement de recul en apercevant les flammes qui crépitaient dans la cheminée, mais le regard rassurant que leur offrit Maëlle les apaisa. Peter dévora des yeux les fauteuils de cuir où il rêvait de s'asseoir tandis que Violette s'émerveillait de la magnifique couleur des murs et du sol, un bois qu'elle ne saurait nommer bien qu'elle en connut énormément.

"On passe à la suite de la visite ? proposa Maëlle

- Avec plaisir !" répondirent les Flight en coeur, impatients de découvrir le reste de la demeure.

Ils s'approchèrent d'un cercle noir mais furent interrompus par un cliquetis. Violette se retourna et baissa immédiatement les yeux.

"Bonjour, Marc..."

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