Chapitre 30

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"Dit Ellen, qu'est ce que t'écris ?"

L'intéressée n'entendit même pas la question, plongée dans la musique qui retentissait à ses oreilles. Dan savait qu'il ne fallait pas déranger sa grande soeur quand elle noircissait ainsi des pages entières, mais sa curiosité le piquait. Ellen avait toujours été une artiste, et ce dans tous les domaines. Petit, il avait vite compris que ses dessins n'égaleraient jamais les magnifiques aquarelles de son ainée, et que taper une batterie au hasard n'enchanterait pas les autres comme elle le faisait derrière sa harpe. Le jeune l'homme l'avait toujours admirée. Il avait lu chacun de ses textes, affiché des dizaines de ses toiles sur les murs de sa chambre, et passé des heures à l'écouter jouer. C'était son modèle, son exemple. Du plus loin qu'il se souvienne, elle l'avait soutenu, aidé. A chaque instant de sa vie, elle avait été là. Ils formaient une équipe, un duo de choc. Ils se taquinaient sans cesse, mais au fond s'aimaient énormément. Certains de ses amis se disaient pressés que leur fratrie quitte la maison, car il la trouvaient insupportables. Mais Ellen et Dan étaient soudés, toujours ensembles. "Deux petits perroquets", comme le disait si bien leur père en référence aux oiseaux qui portaient le nom d' "inséparables". L'adolescent sourit en voyant que sa sur utilisait le stylo plume qu'il lui avait offert, dont le biseau épousait parfaitement les jolies boucles de ses lettres. Un petit oiseau pendait au bouchon qu'elle avait posé au sommet et se balançait au rythme de ses mots, comme s'il cherchait à s'envoler. Les cheveux de la jeune fille avaient été rapidement rassemblés en un chignon au sommet de son crâne, mais quelques mèches blondes s'en étaient détachées et venaient lui chatouiller le visage. Elle était magnifique.

Dan se redressa et se tourna vers le reste de l'atelier. Si le bureau était recouvert par un amoncellement de feuilles manuscrites, pratiquement toute la pièce croulait sous les palettes, les bombes de peinture, les chevalets et les croquis. A l'origine, tous les murs étaient blancs, afin de laisser à l'artiste la liberté de les décorer. C'était, à coup sûr, la première tache à laquelle elle s'était attaquée. Dan devinait aisément ce à quoi elle avait occupé sa matinée. Elle s'était, visiblement, amusée à lancer de la peinture partout. Et dire que certaines personnes mettent des semaines à peindre quelques mètres carrés ! Le pire, restait le fait que c'était plutôt réussi. Très réussi, en vérité. Splendide serait le mot approprié. La pièce était une explosion de couleurs, chaudes, froides, et puis au fond quelle importance ? Les couleurs étaient là, prises au hasard, sans réflexion. Elle avaient heurté les murs avec la force de l'émotion qui envahit un coeur. Cela représentait la haine, la tristesse, l'amour, le bonheur. Tous les sentiments y étaient mêlés, et c'est certainement ce que recherchait Ellen. Car au final, c'est ce qu'hébergerait cet atelier. Des joies, des peurs, cette pièce était faite pour qu'elle se défoule, comme elle l'avait fait sur ces murs. Pour qu'elle exprime au monde tout ce que voulait dire son âme.

"Alors, tu aimes bien ?"

Fasciné par les tâches, Dan n'avait pas entendu sa sur poser son stylo et le rejoindre. S'il était incapable de reproduire ce qu'elle faisait, il adorait y trouver une interprétation.

"Carrément ! J'ai l'impression de rentrer dans ta tête !

- Ah bon ? Fais attention, tu pourrais y trouver des choses étranges !

- Malheureusement pour moi, j'y suis déjà habitué. Tu écrivais quoi ?" lui demanda son frère.

D'un même mouvement, ils s'assirent en tailleur sur le sol. Ellen lui donna la feuille qu'elle tenait dans les mains, et le jeune homme s'empressa d'en lire le contenu.

On ferme les yeux

Sur toutes ces ombres qui nous fuient

Mais la misère du monde nous poursuit

On ferme les yeux

Sur cet homme assis par terre

Sur cet enfant qui ne verra plus sa mère

On ferme les yeux

Sur ce que tu ne dis plus

Sur ces litres que tu as bus

On ferme les yeux

Sur nos rires qui s'espacent

On n'est plus à notre place

Mais on ferme les yeux

Sur notre vie qui n'a pas de sens

On se dit que tout ça n'a pas d'importance

On ferme les yeux

Tant que nos poches sont remplies

Mais quand nos proches sont partis

On ouvre les yeux

On voit que tout s'effondre

On se dit qu'il n'y a plus rien à faire

Alors on ferme les yeux

Pour ne plus voir se morfondre

Ces autres qui sont nos frères.

"Ce n'est pas terrible, mais...

- Tu plaisantes ? C'est génial ! Ca ferait un bon rap, tu ne trouve pas ?"

S'il y avait une chose pour laquelle Dan était doué, c'était la chanson. Souvent, il collaborait avec sa soeur et lui empruntait ses textes pour les adapter.

"C'est vrai, tu devrais essayer.

- Je peux le garder ?

- Oui, oui vas y. Evite simplement de le perdre comme la dernière fois, ajouta-elle avec un sourire en coin.

- Mais, c'était un accident ! Enfin, je ne sais pas comment tu fais pour écrire des trucs pareils .

- L'instinct ? proposa-t-elle.

- Le talent ? rétorqua Dan en haussant un sourcil.

- Je ne sais pas, avoua Ellen. C'est comme si j'avais un message à délivrer, chaque fois. Un lieu auquel arriver. Ma plume décrit ce qui git à mes pieds et ce qui brille au dessus de nous. Elle dénonce et fait des promesses d'espoir. Elle déclenche des rires, parfois des pleurs. Elle ordonne des tempêtes et des ravages, puis fait resplendir le monde. Elle trace un chemin aux égarés. Ma plume est ma confidente, ma guide et mon arme. Si je suis perdue, je la suivrai. Car les mots sont les paroles d'un cur à une âme, ils sont le feu qui brûle et qui réchauffe, ils sont ceux qui détruisent et ceux qui rassemblent. Ils sont le néant, et à la fois le monde entier. Ils sont les sentiments et les émotions, ils sont l'humanité. Ils sont la vie et la mort, le temps et l'éternité. Alors j'arrive là, où ma plume m'a menée.

- Wahou...

- Quoi ?

- C'est beau ce que tu dis, il ne te manque plus qu'à te procurer une longue barbe blanche et tu pourras postuler pour le rôle de grand sage.

- Quel honneur ! Je serais ravie de te parler en énigmes et de me balader en robe de chambre.

- Hm... Tout compte fait, je pense que je préfère garder ma sur.

- Comme tu voudras, jeune homme.

- Attends moi une minute, j'ai quelque-chose d'important à faire, déclara-t-il en se levant.

- Eh ! Prends toute la boîte, ordonna Ellen en le voyant se diriger vers la cuisine. Moi aussi j'en veux !"

Il revint s'asseoir à côté d'elle, un biscuit dans la bouche et une boîte en métal rose dans les mains. Aussitôt qu'il l'eut posée, sa sur s'empara d'un cookie avec violence.

"Si tu pouvais sauvegarder mes bras...

- J'avais faim !", s'excusa-t-elle en riant.

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