Chapitre 1

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Le soleil tapait contre sa fenêtre alors qu'elle regardait dans le silence ses volets qui filtraient la clarté. Le calme ambiant était d'un agréable à y rester des heures. Pourtant, elle finit par se lever. Le seul son qui parvenait à ses oreilles fut celui de sa respiration qui s'accélérait – due au réveil. Sa couverture se froissa sous ses mouvements tandis qu'elle sortait du lit pour ouvrir ses volets de bois et laisser enfin le soleil et l'air frais entrer. Une brise claqua ses joues. Ses lèvres formèrent un petit sourire. Qu'il était paisible de dormir jusqu'à n'en plus pouvoir. Son corps se sentait enfin reposé.

Elle fixa l'extérieur qui menait tout droit vers sa rue goudronnée. Au loin, des collines les entouraient comme une muraille. La jeune femme descendit de sa chambre et rejoignit son paternel qui avait déjà commencé son petit-déjeuner.

- Zénith, bonjour chéri, fit-il le sourire aux lèvres alors qu'il retirait la tartine de sa bouche.

- Bonjour papa, répondit-elle en l'embrassant.

Elle prit place à son tour. Il ne fallut que quelques minutes au père pour se lever et prendre ses affaires.

- Bonne journée ! souhaita-t-elle à l'homme qui lui fit signe de la main avant de quitter la maison.

Puis tout redevint calme.

Zénith avait passé son baccalauréat il y avait de cela quelques semaines. Les résultats étaient tombés et – heureusement pour elle – elle l'avait eu avec mention. Une partie d'elle était pourtant déçue de ne pas avoir réussi à atteindre le « Bien » qu'elle avait tant espéré. Mais son père était quand même fier d'elle et elle quittait enfin de lycée... Tout allait donc bien. Il n'y avait plus qu'un détail à régler. Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Beaucoup de métier pouvait l'intéresser mais ses notes n'étaient pas assez bonnes pour intégrer de prestigieuses écoles. Et même si c'était le cas, elle n'appréciait pas les matières qu'ils proposaient. Zénith retombait donc dans un cercle vicieux.

La jeune femme termina son petit-déjeuner et rejoignit sa chambre. Sur son bureau – où se mélangeaient croquis et carnet à dessin – elle récupéra son enceinte avant d'aller à la douche. Puis elle finit elle aussi par quitter sa maison ses écouteurs dans les oreilles. S'il y avait bien une chose qu'elle appréciait plus que tout, c'était le calme que lui offrait sa solitude. Comme prévu, elle se dirigea vers l'arrêt de bus à quelques minutes de chez elle. Dans le véhicule, elle oublia tout ce qui l'entourait pour fixer le décor défiler sous ses yeux. Elle rejoignit par la suite le parc à quelques minutes de son abribus. Zénith retrouvait son amie d'enfance avec qui elle allait passer sa matinée.

Abigaïl était sa meilleure amie depuis toujours. En primaire, elles s'étaient aimés comme aujourd'hui. Lors de la première rentrée de Zénith – nouvelle dans la classe d'élève de cinq ans – Abigaïl avait été la seule à être venue à sa rencontre.

« - Moi je suis Abi ! Et je serais ton amie jusqu'à toujours, d'accord ? avait-elle dit en s'approchant d'elle. Sinon j'aime beaucoup tes chaussures. On joue ensemble ? »

Aussi fou que cela pouvait paraître, la petite Zénith était tombée sous le charme de cette enfant décoiffée avec une couette sur le côté. Et aussi loin qu'elle pouvait remonter, elles ne s'étaient jamais séparées.

La jeune femme redressa ses yeux vers la brune qui lui faisait signe de la main. Elle la rejoignit en pressant le pas – cela faisait déjà plusieurs jours qu'elles ne s'étaient pas vue. Un pincement au cœur dérangea Zénith qui prit son amie dans ses bras.

Maintenant que le lycée était terminé, elles se devaient toutes les deux de se créer une vie. Abigaïl avait prévue de partir au Canada pour ses études. Zénith, elle, restait en France. Même si elle ne pouvait pas être plus heureuse à l'idée que son amie avait réussi à intégrer l'école de ses rêves, elle n'arrivait pas à se sortir de la tête qu'elles allaient être séparées. Et ce, pour plusieurs années.

- Eh bah ! Tu as fait la grasse matinée ! lui sourit Abigaïl en s'avançant vers un banc.

- Oui, j'avais besoin de repos, se mit à rire Zénith qui s'assit à son tour.

Son amie s'étira à s'en déchirer les muscles et laissa son visage élevé vers le ciel.

- Alors, tu as choisi quelle fac tu allais intégrer ? Tu devrais faire ton choix, ils n'auront plus de place si tu traines trop. J'espère que ce n'est d'ailleurs pas trop tard...

- Oui, j'y réfléchis, argua-t-elle en s'appuyant sur le dossier du banc.

- Oh ! se releva son amie en se tournant vers elle. J'ai eu mon permis !

- C'est vrai ? Félicitations ! se réjouit-elle.

- Et de ton côté ?

- Haha... souffla Zénith en fixant le sol.

- Encore raté ?

Elle ne répondit rien. Pourquoi fallait-il qu'elles soient l'opposée l'une de l'autre ? Abigaïl était la meilleure de sa classe, elle était toujours enthousiaste et se sentait bien que lorsqu'elle était entourée. Au contraire, Zénith peinait à avoir la moyenne, elle semblait plus mélancolique et réservée, le surplus de monde l'étouffait. Pour ce qui était du permis de conduire, Abigaïl l'avait passé haut la main avec seulement un point en moins. Alors qu'elle, l'avait loupé une seconde fois.

- C'est pas grave, tu sais, une étude a montré que les gens plus intelligents avaient plus de mal à l'avoir. Tu y arriveras, j'en suis sûre.

Elle décrocha un sourire à Zénith qui hocha la tête – autant pour se convaincre elle que son amie. Puis elles passèrent la matinée à parler de tout et de rien comme à leur habitude. Zénith apprit que le copain d'Abigaïl l'accompagnait au Canada. Elle apprit que les parents de celle-ci allaient déménager vers la campagne. Que sa mère allait fêter son anniversaire et qu'elle n'avait toujours pas trouvé de cadeau...

Rapidement, il fut l'heure pour elles de se séparer.

- De toute façon on se revoit ? C'est les grandes vacances, on a le temps. Il faut qu'on se prévoie une semaine ou quelque chose comme ça.

- Ça me va, je vois ce que mon père a prévue et je te tiens au courant.

- Tu lui diras bonjour de ma part ?

- Bien sûr.

- Vraiment, j'adore ton père ! Il est incroyable. Tu as de la chance de l'avoir.

- Je sais.

- Allez, j'y vais ! Je vais être en retard. A plus Zénith ! On se revoit ! Envoie-moi des messages ! finit-elle par crier alors qu'elle quittait son amie avec de grands signes de mains.

La jeune femme replaça ses écouteurs dans ses oreilles et laissa ses yeux dévier vers le paysage. Le sol recouvert d'herbes fraiches et vertes, les alentours parsemés d'arbres ci et là, les chemins de terre qui zigzaguaient de part et d'autre, les gens qui se baladaient et profitaient de l'été. Puis... ce chat. Les poils longs, ses pattes marchaient silencieusement sur la terre alors qu'il fixait face à lui. Il vint vers elle et grimpa sur le banc pour s'y allonger en boule. Zénith glissa son regard vers lui. Elle aurait sûrement été tentée de le caresser et laisser ses doigts frôler sa fourrure surement très douce. Mais elle ne le fit pas.

Il aurait été étrange de la voir palper le vide.

Elle détourna les yeux.

Depuis des années... depuis sa naissance en réalité, elle avait la faculté de percevoir les défunts. Seulement ceux qui restaient encore sur terre. Il y avait plusieurs explications à leur présence : la famille qui n'acceptait pas la mort, l'esprit qui attendait quelque chose ou même ceux qui ne souhaitaient pas monter. Zénith pouvait leur parler. Elle pouvait les toucher. Mais elle était bien la seule à pouvoir le faire. Si elle caressait ce chat sans vie, les autres ne verraient qu'une main se balader dans le vide de façon étrange. Il lui était même déjà arrivée d'être victime de moqueries plus jeune. Zénith avait donc finit par faire profil bas de son don, mieux valait que personne ne soit au courant.

Seul son père semblait accepter sa différence, quoi qu'elle ne savait s'il y croyait vraiment ou pas. Son paternel, Ben Duval, était une personne adorable et remplie de gentillesse. Mais biologiquement parlant : il n'était pas son père. Ça ne l'avait pourtant pas empêcher d'agir comme tel et de l'élever comme si elle possédait son sang.

Bébé, Zénith avait été abandonnée sur le porche d'un orphelinat avec seulement son prénom et un collier décoré d'une petite clé argentée. Ben avait été marié durant plusieurs années avec une femme, Rosalie. Leur rêve de famille s'était écroulé lorsqu'ils avaient appris qu'il ne pouvait avoir d'enfant. Ils décidèrent d'adopter. Tout était prêt pour le nouvel arrivant, ne manquait plus que les signatures des deux parents. Le destin fut tragique. Il enleva Rosalie victime d'un cancer généralisé. Après quelques semaines seulement, il finit par signer en souvenir de sa défunte. Zénith arriva dans la famille Duval. Et il l'aima plus que tout.

La jeune adulte se leva, jeta un regard au chat qui n'avait pas bougé et parti. Il était dur de faire comme si elle ne les voyait pas. Trop de silhouettes aux tons bleutées arpentaient les rues. Il y avait des enfants, des femmes, des hommes, des animaux... Elle entendait leurs pleures, leurs souffrances... Et pour certains cas, elle pouvait même voir la raison de leur décès. Son don du ciel était parfois une malédiction.

La première fois qu'elle l'avait remarqué, c'était à ses quatre ans. Ce jour-là, son père et elle étaient parti rendre visite à Rosalie. L'enfant parlait déjà très bien – même s'il arrivait au père de ne pas tout comprendre. Cet après-midi, c'était l'anniversaire de sa « mère ». Sans la connaître, Zénith l'aimait beaucoup. Ben ne cessait de parler d'elle. Rosalie l'avait choisi. Elle était son premier choix parmi tous les enfants de l'orphelinat.

La petite famille était donc venue se recueillir sur sa tombe, un bouquet de Lys à la main. Il posa l'enfant au sol et lâcha les fleurs en fixant la photo de sa bien-aimée. La petite fut pourtant attirée par tout autre chose : une femme se tenait debout devant eux. Ses beaux cheveux ondulés tombaient sur ses épaules. Elle portait une fine robe à bretelles. Mais ce qui surprit l'enfant, ce fut cette allure bleutée translucide. Zénith leva son doigt pour pointer la photo de Rosalie.

- Papa, c'est maman ?

- Oui ma chérie, c'est maman.

- Et ça, c'est maman aussi ? demanda-t-elle en levant son petit doigt vers l'esprit qui les fixait avec un doux sourire.

- Il n'y a personne, répondit-il.

- Si, maman est là.

C'était effrayant. Et pourtant, Ben n'eut aucun frisson. Il se mit à sourire.

- Zénith, tu vois maman ?

- Oui. Elle est là.

- Tu peux lui faire coucou de ma part ?

Elle acquiesça de la tête en agitant sa main avec un petit sourire. Rosalie lui répondit avec un mouvement de poignet délicat.

- Bonjour ma petite Zénith, fit l'esprit d'une voix veloutée.

- Bonjour maman !

Ben avait des doutes. Il savait que les enfants pouvaient imaginer toutes sortes de choses que les adultes avaient abandonné en grandissant. Malgré tout, il continua de fixer son enfant. Qu'aurait-il donné pour qu'elles se rencontrent ? Sa femme était une personne extraordinaire. Alors, comme pour se réconforter lui-même, il rentra dans le jeu de Zénith, imaginant à son tour qu'elle voyait sa défunte femme.

Rosalie s'accroupit.

- Mon enfant, prends soin de papa, d'accord ? Donne lui plein d'amour ! Il le mérite.

- Oui maman !

- Bien, on y va ? reprit le père en se levant.

Zénith prit la main que lui tendait son paternel et se tourna une dernière fois vers l'esprit qui n'avait pas bougé.

- Au revoir maman ! On reviendra vite !

Ben regarda le vide un air mélancolique sur le visage.

- Au revoir. Nous t'aimons.

A sa grande surprise, Zénith vit l'esprit de sa mère se décomposer en milliers de petites paillettes avant de disparaître.

- Maman est partie, fit la petite en regardant son père.

L'adulte sourit avant de quitter le cimetière. Si c'était vrai, il était heureux qu'elle ait pu lui parler au moins une fois. Les semaines passèrent, les mois... Et à chaque visite, Zénith se retrouvait face à une tombe sans présence.

Rosalie n'était plus. Elle avait rejoint les étoiles. 

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