Chapitre 2

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La jeune femme marchait depuis plusieurs minutes sans réel but. Elle se prit à manger et termina sa route à son arrêt. Elle prit place sous l'abribus et fixa comme à son habitude le paysage. Seule, elle avait tendance à beaucoup observer. Elle regardait les gens marcher, les écoutait parler. Elle suivait les voitures et autres véhicules. Elle finissait parfois par observer les feuilles des arbres. Ce jour-ci, une brise légère avait fait valser une plume noire sur la route. Puis ses yeux furent attirés par un mouvement plus loin.

Un homme. Il marchait de l'autre côté de la rue. Il semblait avoir la vingtaine ? Alors que Zénith se perdait peu à peu en le détaillant, l'inconnu se tourna vers elle. Leurs yeux se croisèrent. Comme une décharge, elle ne put s'empêcher de briser ce contact pour faire défiler les musiques sur son téléphone. Ce n'était pas qu'une simple sensation. Non. C'était tout son corps qui était victime de ce frisson aussi désagréable qu'étrange.

Du coin de l'œil, elle le vit traverser la route. Il se plaça à ses côtés sans dire le moindre mot. Elle lui lança quelques regards furtifs. Elle ne savait s'il l'avait remarqué ou non – quoi qu'elle espérait que ce ne fut pas le cas – mais arrêta rapidement lorsque son bus arriva et qu'elle dut lui faire signe. Zénith grimpa dans le véhicule, lui à ses talons. Elle prit place et fut soulagée de le voir s'asseoir aux sièges du fond.

Comme à ses habitudes, elle finit par laisser ses pensées vagabonder. L'inconnu apparu dans sa tête. Il ne lui avait suffi qu'une fraction de seconde pour remarquer les yeux interrogateurs bleu ciel aux reflets grisâtres – d'une beauté incroyable - qu'il lui avait lancé. Elle était à la fois intriguée et effrayée. C'était normal que quelqu'un puisse prendre le même bus qu'elle... Mais ce regard, ces frissons qu'elle avait ressentis ? Peut-être était-ce parce qu'elle l'avait trouvé beau ? Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules attachées à l'arrière en une demi-queue – empêchant surement de les avoir dans les yeux.

Elle cligna des paupières plusieurs fois comme pour se ramener à la réalité. Elle écarta au mieux ces pensées et se concentra à nouveau sur le paysage qui défilait devant ses yeux.

Plusieurs minutes s'étaient écoulées, elle descendit à son arrêt. L'inconnu l'avait suivi. Cette fois-ci, elle avait peur. Zénith tenta tant bien que mal de se calmer : elle se disait qu'il habitait lui aussi dans les parages. Peut-être venait-il d'emménager ? Elle accéléra le pas. Ce ne fut pas suffisant car il la rattrapa. L'inconnu avait même finit par se retrouver à côté d'elle.

- Excuse-moi ? commença-t-il offrant par la même occasion un sursaut à Zénith.

- Oui ? répondît-elle hésitante en croisant son regard.

- Je crois que tu as fait tomber ça, argua le jeune en lui tendant une carte de bus – il était inscrit Zénith Duval avec sa photo.

Elle fixa l'objet. Avec la panique, elle avait dû la faire tomber sans s'en rendre compte. Elle se trouva idiote et prit la carte en tentant de cacher ses tremblements. Ce fut un échec total car il le vit et se mit à sourire de gène. Zénith s'en voulait – légèrement – de l'avoir pris pour un psychopathe dégénéré qui avait pour but de la torturer. Car oui, malgré tous ses efforts pour ne pas y penser, elle n'avait pu s'empêcher d'imaginer nombre de scénario aussi farfelues que flippants.

- Je t'ai fait peur, pardon. J'ai hésité à t'appeler de loin. Mais je pensais que ce serait juste pire venu d'un inconnu, expliqua-t-il en lui offrant un large sourire décoré de belles dents blanches.

- Je panique peut-être un peu vite aussi, rigola-t-elle en fixant sa carte avant de la ranger. Merci de me l'avoir rapporté.

Ses tremblements cessèrent doucement. En le regardant bien, il avait beaucoup de charme. Il était plus beau qu'effrayant – avec du recul. Une peau lisse, de beaux cheveux bruns, des yeux pétillants et un sourire à tomber... Elle se reprit rapidement en détournant le regard de l'homme. Zénith espérait ne pas avoir l'air stupide avec son sourire incontrôlable.

- Je suis Brad Sandoval, et toi ? fit-il comme s'il avait remarqué son embarras.

- Tu dois le savoir... Zénith Duval. Enchanté.

- C'est pas courant comme prénom « Zénith ».

- C'est vrai. Je trouve même que c'est plutôt bizarre, avoua-t-elle de plus en plus à l'aise.

- Bizarre ? Tu veux dire atypique. Je trouve ça beau. Ça se mélange bien à la couleur de tes cheveux : châtains, ondulés...

Son cœur loupa un battement tant cette phrase l'avait touché. Elle ne s'était jamais regardée de cette façon. Étant orpheline – sans compter l'adoption – elle n'avait jamais réellement apprécié son prénom qui n'avait aucun sens à ses yeux. Mais lui, il y voyait du beau. La jeune déboussolée, ne savait plus quoi dire. Alors elle laissa la première phrase qui lui traversa l'esprit franchir ses lèvres.

- Je peux en dire autant de tes yeux. Je n'avais jamais vu un tel bleu.

Zénith détourna le regard pour reprendre sa marche en fixant les maisons alentours. Ses joues chauffaient – et elle savait que ce n'était pas le soleil qui lui offrait cette sensation.

- Dans ce cas, si on parlait de tes yeux turquoise ? continua-t-il en la suivant.

- Trop coloré.

- Atypique.

- Différents.

- La différence te dérange-t-elle ?

- Non. Je trouve qu'être différent ça fait de nous ce que l'on est.

- Mais ?

- Je suis trop différente à mon goût.

Il afficha un air dubitatif et ne comprenait sûrement pas ce qu'elle sous entendait. Seule la jeune adulte savait qu'elle ne parlait pas que de son physique. Mais bien de son don. Elle ne pouvait lui dire. Zénith resta dans le silence quelques minutes tout en constatant que sa présence n'était pas si dérangeante. Il était juste étrange qu'il lui pose tant de question.

- Certains ont des yeux bridés, commença-t-elle afin de retirer le regard interrogateur de l'homme sur elle. Mais c'est une population entière. D'autres ont la peau foncée, et encore une fois c'est tout un groupe de personne. Je ne suis pas sûre qu'on soit beaucoup à posséder la couleur de mes yeux.

- Peut-être que tu te renfermes trop sur toi-même pour les voir, fit-il avec un sourire en coin tout en la fixant de ses yeux bleu gris.

- J'y crois moyen, désolé.

- Moi j'y crois.

Comme si le destin avait annoncé la fin de leur conversation, Zénith vit sa maison au loin. Elle s'arrêta pour regarder Brad qui fit de même.

- Je te laisse ici. J'espère ne pas avoir trop dévié ta trajectoire. Je t'ai pris du temps.

Il se mit à rire. Un rire simple et doux qui lui offrit une énième décharge qu'elle ne pouvait s'expliquer. Il était étonnant de voir avec qu'elle simplicité il arrivait à la déstabiliser.

- J'ai encore du temps devant moi mademoiselle et il ne faut pas s'inquiéter, je n'ai pas trop dévié de ma trajectoire.

Elle lui offrit un petit sourire et rentra dans son jeu.

- Vous m'en voyez ravis monsieur. Sur ce, je vous souhaite une agréable soirée.

- Bon week-end Zénith, fut la dernière phrase qu'il prononça avant de se tourner et de la quitter.

A son grand étonnement, elle se sentait bien avec lui. Alors qu'elle le fixait de dos, elle senti presque un vide marquer sa poitrine. Peut-être n'avait-elle juste pas l'habitude d'avoir de la compagnie ? Elle se mit à sourire avant de rentrer chez elle comme prévu. Ce n'était qu'un inconnu. Elle ne le reverrait sûrement jamais.

- Je suis rentrée papa ! fit-elle en passant le pas de la porte.

- Comment s'est passé ta journée ? demanda l'homme en ne montrant que sa tête derrière le mur de la cuisine.

Zénith le rejoignit dans la pièce où elle le vit habillé d'un magnifique tablier et de deux maniques. Entre ses mains se tenait un plat qui sentait bon à en languir les papilles. Elle prit place à table après l'avoir aidé à disposer les assiettes. Zénith trouvait cela toujours étrange de le voir de la sorte, lui qui travaillait dans la sécurité et qui possédait une carrure à faire trembler. Mais, aussi fort et costaud était-il, il arrivait à lui offrir un endroit chaleureux qu'elle appréciait plus que tout.

Au menu étaient servi lasagne et salade. Et comme à leur habitude, le repas ne fut pas silencieux : ils avaient toujours des choses à se raconter. Son père était son meilleur ami, et de loin. Il avait tout sacrifié pour elle. Il faisait constamment de son mieux, même si certains détails échappaient à son contrôle. Ensemble, ils étaient inséparables. Ils étaient prêts à tout l'un pour l'autre.

Et elle espérait que cela ne change pas.

***

Zénith sortit de la petite boutique où elle avait acheté des œufs comme demandé par son père. Elle marcha lentement vers chez elle, les écouteurs aux oreilles. Elle tourna la tête à gauche et à droite pour fixer le décor. La jeune femme fut surprise d'y voir Brad de l'autre côté de la rue.

- Brad ! fit-elle en se tournant vers lui.

Mais il ne semblait pas l'avoir vu car il continuait sa route. Une vieille dame s'approcha d'elle.

- Mademoiselle, tout va bien ?

- Heu... Oui, pardon. J'appelais seulement quelqu'un.

- Mais qui donc ?

Zénith fut surprise par cette question. La grand-mère avait un air inquiet sur le visage.

- L'homme là-bas, répondit-elle en montrant Brad de la main.

La petite vieille passa la ruelle du regard et replongea ses yeux bruns dans ceux de la jeune.

- Vous êtes sûre que tout va bien ?

- Oui, pourquoi ? ria-t-elle gênée et dans l'incompréhension totale.

- Parce qu'il n'y a personne mademoiselle.

Elle se figea sur place. Personne ? Mais... C'était impossible. Elle tourna à nouveau la tête vers Brad qui s'éloignait de plus en plus. Il était là. Mais si la vieille dame ne le voyait pas... Elle croyait devenir folle.

- Tout va bien ? Vous avez besoin de quelque chose peut-être ? demanda la grand-mère pleine de compassion.

- Non, non, c'est bon. C'est peut-être la fatigue, j'étais persuadée d'avoir vu quelqu'un.

- Ahah, pensez à vous reposer mademoiselle. Cette rue est vide. Prenez soin de vous, termina-t-elle en tapotant gentiment sur la main de Zénith avant de la quitter.

- Vide, répéta Zénith en fixant le dos de Brad qui disparut dans une ruelle.

Elle tenta d'oublier cette étrange scène sur le chemin du retour. Peut-être que la vieille avait des problèmes de vue ? Brad n'était pas un fantôme. Des personnes l'avaient vu lorsqu'il était monté dans le bus. Zénith secoua la tête et rentra chez elle en mettant de côté cette étrange expérience. A la maison, elle retrouva son père endormi dans le canapé devant la télévision allumée. Elle plaça une couverture sur l'homme et rejoignit en silence la cuisine. Zénith mangea tranquillement et partie dans sa chambre.

Elle s'allongea et fixa le plafond sombre de la pièce. Dans le calme, elle n'arrivait plus à penser à autre chose que Brad. Ce garçon était trop étrange. Elle était sûre de ne pas avoir rêvé. Alors quoi ? Il n'était pas une âme – il ne possédait pas ce corps bleuté typique de celles-ci. Et puis toutes ses questions qu'il lui avait posées... Elle souffla.

Zénith s'endormit non sans peine. 

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