3 : R A P H A Ë L

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Chapitre 3

15 juillet

  
   Le réveil de Raphaël a sonné à 8h40 ; le garçon l'éteint et sort de son lit dans les deux minutes. Il se doute qu'aucun de ses amis ne risque d'être réveillé aussi tôt, ce qui l'arrange parce qu'il adore passer du temps seul. C'est d'ailleurs ce qu'il chérit le plus lorsqu'il part en vacances avec d'autres personnes pendant plusieurs jours d'affilée. Il descend les escaliers le plus silencieusement possible et ferme la porte de la cuisine derrière lui pour se faire un café. La machine émet un bruit pas possible, mais le grand blond a besoin de son café pour bien commencer la journée. Durant une petite demi-heure, il se retrouve seul dans le divan du salon et en profite pour scroller sur ses réseaux sociaux tout en écoutant les nouvelles. Vers 9h30, il entend des pas venant des escaliers et ne devine pas tout de suite de qui il s'agit.

   —Roh, putain !

   Ce sont les premiers mots que Raphaël entend de la bouche du nouvel arrivant et reconnait la voix de sa sœur en train de se plaindre après l'avoir aperçu. Il ne prend pas la peine de lui répondre et la laisse dans la préparation de son petit déjeuner. La jeune fille débarque à son tour dans le salon quelques minutes plus tard et s'assied autour de la grande table pour manger sans porter attention à son jumeau.

   —Tu manges quoi ?

   —Des céréales.

   Pendant cinq bonnes minutes, ils ne s'échangent aucun autre mot, mais Raphaël trouve la situation ridicule. Il est d'accord qu'on n'est pas obligé de toujours avoir de grandes discussions avec ses frères et sœurs, mais ils ne sont pas partis en vacances avec leurs amis en commun pour les leur gâcher.

   —T'es encore fâchée ?

   Raphaël alimente la plupart des disputes avec Isabelle, mais pour le coup, il cherche à enterrer la hache de guerre le plus vite possible. Par contre, si sa sœur n'y met pas du sien, les choses ne risquent pas d'avancer. Alors qu'il pense à cela, il remarque Zab' hausser les yeux au ciel avant de boire le lait au fond de son bol.

   —T'as vu comment tu as pété un câble juste pour faire demi-tour alors que toi, t'es bien la dernière personne capable de passer une heure sans ton téléphone.

   Raphaël s'apprête à défendre son parti jusqu'à ce qu'il remarque Axel dans l'entrebâillure de la porte. Ce dernier a descendu deux volées d'escaliers dans un silence de plomb ; les jumeaux Matthys n'ont perçu aucun bruit du salon et ont tous les deux sursauté en remarquant la silhouette de leur ami.

   —Vous êtes encore sur cette histoire ? Passez à autre chose, hein.

   Tout en disant ces mots, Axel s'approche de chacun de ses amis et les serre dans ses bras. Ils lui rendent son étreinte tout en trouvant son intervention inutile. Enfin, Raph' est assez d'accord avec lui tandis qu'Isabelle a davantage l'impression qu'il cherche à empirer la situation que de la régler. Heureusement, elle connaît Axel et sait que ce n'est pas son but. Il adore juste provoquer et charrier ses proches.

   —J'espère que vous avez bien dormi.

   Les jumeaux confirment d'un hochement de tête et Raphaël ajoute qu'il n'a peut-être pas choisi le lit le plus confortable, mais que pour un lit superposé, ça se défend bien. Ensuite, il retourne la question à Axel :

   —Franchement, je suis persuadé qu'on a hérité de la meilleure piaule de cette baraque, mais par contre, quel ours, ce gros Sacha. Il ronfle comme pas possible et prend toute la place.

   —Tu peux pas faire genre tu savais pas, réplique Raphaël ; tu passes ta vie avec lui et vous dormez ensemble au moins deux fois par semaine.

    —Oui, mais son problème, c'est que c'est un dormeur random ; des nuits, il ne ronfle pas une seule seconde et d'autres, il ne s'arrête pas. Des fois, il dort au milieu du pieu et d'autres, il reste sur les dix mêmes centimètres. Mais cette nuit, c'était le combo gagnant.

   Cette explication parvient à enfin décrocher un sourire à Isabelle. Elle participe de loin à la conversation, mais n'en perd pas une miette. Quand elle comprend que le sujet principal n'est plus sa dispute actuelle avec son frère, elle décide de s'approcher des deux garçons et prend place sur le divan à côté d'Axel.

   —En vrai, j'ai pas trop mal dormi, mais s'il continue comme ça, je vais squatter le divan les prochaines nuits, moi, je vous le dis.

   Isabelle rigole une nouvelle fois tandis que Raphaël l'observe du coin de l'œil ; elle a toujours rigolé si facilement aux blagues de Sacha et Axel que Raph' n'a jamais su si sa sœur aime leurs blagues ou l'un d'eux directement. Il fabule probablement, mais la question ne quitte pas ses pensées.

   —Les gars, par contre, je veux pas paraître rabat-joie de reparler de ça, mais vous devriez vraiment vous expliquer pour éviter d'être en dispute pour rien.

    Ces paroles sont accueillies par le silence ; personne ne répond parce qu'ils ne le veulent pas et/ou ne savent pas comment répondre. Ils laissent donc le grand garçon aux cheveux noirs continuer sur sa lancée : il semble avoir des choses à dire.

   —Faites-vous un câlin et on passe à autre chose.

   —Ta gueule, répond Raphaël.

   —Ouais, ta gueule.

   —Au fond, vous restez les mêmes.

   Ce fut la conclusion d'Axel. Peu importe à quel point Raphaël et Isabelle se cherchent la misère, ils restent deux êtres qui ont évolué ensemble depuis le début de leur vie. C'est normal qu'ils ne s'entendent pas tous les jours, mais jamais ils ne pourront cacher leurs ressemblances. La manière dont ils viennent de trouver un terrain d'entente pour l'insulter le prouve bien et tasse un peu les choses, aime croire Axel. Ce dernier s'apprête à aborder à nouveau le froid entre ses deux amis, mais l'arrivée de Faustine et Sophie le stoppe. Elles apparaissent à leur tour et embrassent chacun de leurs amis présents au rez-de-chaussée. L'une d'elle a dû se réveiller et l'autre a probablement suivi le mouvement, pense Raphaël en se rappelant qu'elles partagent la chambre des grands-parents de Tristan.

   —Alors, le pieu royal, ça dit quoi ?, demande Axel en enlaçant Faustine qui s'est approchée de lui pour lui faire la bise.

   —Franchement ? Incroyable.

   Les cinq jeunes ont dû attendre 11 heures pour que tout le monde soit réveillé. Clarissa est la dernière arrivante et a été accueillie par des cris et sifflements de victoire de la part d'Axel et Sacha. Ce dernier a débarqué seulement vingt petites minutes plus tôt mais ça ne l'empêche pas de réagir comme s'il l'attendait depuis 8h40, comme Raphaël.

   —Vous êtes juste jaloux de ne pas être capables de dormir aussi longtemps que moi, réplique Clarissa tout en remplissant sa tasse de café noir.

   —Ouais, ouais, ça doit être ça, répond Sacha.

   Il lance en même temps un regard à son meilleur ami qui explose de rire. Sacha s'endort souvent en premier et ça ne l'empêche pas de quitter son lit en dernier. Autant dire qu'il n'a aucun problème à dormir de longues heures d'affilée. Les deux garçons rigolent de bon cœur surtout après avoir remarqué les sourcils froncés de leur interlocutrice ; elle ne parvient pas à comprendre le sous-texte de ces rires.

   —Au sinon, on fait quoi aujourd'hui ?, change-t-elle de sujet.

   Les sept jeunes tournent la tête en direction de Tristan et attendent qu'il leur présente le programme de la demi-journée à venir. Il a passé ses vacances dans ce bled plus d'une fois et doit bien avoir des adresses à partager. Durant un instant, le concerné rentre dans un certain mutisme mais finit par prendre la parole :

   —Je sais pas trop, comme vous voulez. Mais si vous voulez, on peut aller se promener en ville et ensuite aller au Mercadona pour faire les courses.

   —J'imagine que le Merca-bazar, c'est un supermarché ?

   —T'imagines bien, Axel.

   Le cité reçoit ces mots d'un hochement de tête et un sourire aux lèvres. Il n'a aucun problème avec le fait qu'on se foute de sa gueule ; tant que ça reste dans ses limites, tous les coups sont permis.

   —Ce programme me paraît honnête, déclare Faustine avec une volonté de commencer la journée.

   —Ouais mais avant de partir, on mange quoi ?

   Cette question très pragmatique vient de Raphaël ; il est debout depuis si longtemps qu'il aurait pu s'en inquiéter plus tôt, mais c'est comme s'il attendait l'arrivée de tout le monde pour envoyer ce genre de questions à son cerveau.

   —Il reste plein de pâtes d'hier et de quoi faire des sandwichs, déclare alors Isabelle sans même lever les yeux de son portable.

   Dans l'heure et demie qui a suivi, ils ont décidé de chacun manger ce qu'ils souhaitent et d'être prêt pour 14h30 maximum. Faustine ne peut s'empêcher de penser que leur première journée en Espagne commence bien tard et Raphaël acquiesce quand elle lui passe discrètement le mot à l'oreille. Dès 14h20, toute la petite troupe est prête et attend dans le divan Sacha qui a déjà perdu sa carte d'identité dans ses affaires. Raphaël saute sur l'occasion et venge toutes les fois où l'autre garçon a fait référence à la fois où il a oublié ses papiers avant de prendre l'avion :

   —Tu te moques de moi, mais t'es encore pire, commence Raph'. T'as réussi à perdre ta carte d'identité en même pas 24 heures sur un espace de 15 m² à tout péter.

   —Un point pour le grand blond à ma droite, s'exclame Axel d'une voix assez forte pour que son meilleur ami l'entende depuis le haut de la première volée d'escaliers.

   —Attends, Raph', quand j'aurais remis ma main dessus, tu vas voir !, menace Sacha en riant malgré la situation.

   Les trois garçons commencent alors à se vanner tandis que Faustine et Isabelle attendent de quitter la grande maison. Elles le savaient que tout le monde ne respecterait pas l'heure de départ annoncée en fin de matinée et savent aussi que les retards seront au centre des débats pendant les deux semaines à venir. Raphaël aurait pu deviner que les deux jeunes filles pensent à cela à leur manière de se tenir les bras croisés et à l'air exaspéré au milieu de leur visage, mais il n'y prête pas attention. Il se contente plutôt d'attendre fermement Sacha en bas des escaliers avec Axel pour lui mettre une raclée une fois en face d'eux. Il a débarqué dans les deux minutes et une petite bagarre a vu le jour entre les trois garçons. Isabelle a fortement soupiré dans le dos de son frère, ce qui l'a arrêté dans sa lancée. Il comprend alors que sa sœur va recevoir la monnaie de sa pièce si elle veut jouer à ce jeu.

   —Bon, les gars, vous êtes pas chauds remettre cette bagarre à plus tard et qu'on y aille maintenant ?

   Cette demande vient de Sophie, ce qui surprend tout le monde car elle adore s'ajouter à ce genre d'activités la plupart du temps, mais ce point la rend plus crédible encore. Sacha et Axel mettent fin à leur parade dans la seconde et déclarent être prêts à partir.

   —Ok, allons-y, alors !

   —Sois pas fâchée, Fau'.

   Sacha attrape Faustine par les épaules en s'excusant indirectement. La petite brune se laisse faire, mais ne réplique rien. Elle ne peut pas cacher son exaspération malgré tout l'effort du monde ; c'est la fille la plus transparente du monde, pense Raph'.

   —Je suis pas fâchée, mais ça me fout la flemme de commencer mes journées à 15 heures, honnêtement.

   Le grand type aux larges épaules se contente de poser un baiser rapide sur le haut du front de Faustine, comme pour se faire pardonner. Lui et Axel ne sont pas meilleurs amis pour rien ; ils sont d'une tactilité sans nom. Sacha a continué à avancer en tenant son amie contre lui quand le groupe s'est mis en marche. Ils se sont dirigés vers la bouche de métro la plus proche et sont arrivés dans le centre-ville une petite demi-heure plus tard ; Faustine avait raison quand elle disait qu'ils commenceraient leur journée à 15 heures.

   —Emmène-nous à tous les meilleurs endroits de la ville, demande Isabelle à Tristan.

   Ce dernier acquiesce et commence sa visite par la grand-place de la ville. Une fontaine décorée d'une statue énorme d'un homme style dieu grec se trouve au centre et immédiatement, trois d'entre eux s'en approchent. Isabelle ne peut cacher son extase face à une statue aussi belle. Raphaël remarque et devine la joie enfantine de sa sœur sur son visage et s'empresse de cacher son sourire. Ça le rend heureux de voir sa sœur heureuse, mais ce n'est pas le moment de le montrer ; Isa semble encore trop remontée contre lui. Si elle le surprend à sourire bêtement en l'observant, elle risque de penser qu'il se moque d'elle et ça empirera les choses. Le grand blond ravale son sourire et suit le groupe qui se dirige vers le centre de la place.

   —Prends-nous en photo, demande Axel en tendant son portable à Raphaël.

   Ce dernier accepte et attend qu'Axel et Sacha soient placés correctement pour prendre leur photo de couple traditionnelle. Dès qu'ils en ont l'occasion, les deux garçons se photographient comme un jeune couple parce que ça les amuse et en plus, ils adorent voir la gêne dans le regard des personnes autour. Cette fois, ils optent pour un portée acrobatique avec Sacha, le plus gros des deux à la base. Raphaël appuie sur le bouton rouge de l'appareil en riant de bon cœur.

   Tristan explique en deux-trois mots l'historique de la statue et de la place. Il a trouvé les informations la veille sur Wikipédia avant d'aller dormir ; il prend son rôle de guide touristique très à cœur et sait que Nadine et JP seraient très fiers de lui. Avec le temps, ils ont développé une passion pour l'Espagne et adoreraient voir leur petit-fils la partager avec ses amis proches. Ses amis l'écoutent attentivement sans le couper. Ce respect surprend Tristan et il en profite pour partager ses quelques connaissances sur le sujet. Ensuite, il leur a proposé de continuer à se promener dans la ville. Tout le monde le suit jusqu'à ce qu'ils s'approchent d'un marchand de glaces. En même temps, Raphaël et Axel cessent de marcher et déclarent en chœur qu'ils veulent une glace.

   —Déjà ?, demande Faustine.

  Axel hoche à plusieurs reprises de la tête et rentre dans le petit commerce sans prendre la peine d'attendre l'avis de ses amis. S'il le pouvait, il mangerait six glaces par jour et l'été est la période parfaite pour cela. Raphaël, qui en a tout autant envie, suit son ami dans le magasin et opte directement pour un cornet straciatella/cookies. Très vite, Clarissa, Faustine et Sacha sont apparus à leur tour dans la boutique et ont chacun leur tour commandé une petite glace. Isabelle n'a rien pris mais dès qu'elle a vu son frère jumeau débarquer avec ses goûts préférés, elle n'a pas pu s'empêcher de quémander :

   —J'peux goûter, Raph' ?

   —Tu connais les goûts, Zab', ce sont toujours les mêmes.

   —Allez s'il te plaît !

   Dès que sa sœur se met à le supplier, Raphaël accepte et lui tend son cornet de glace.

   —Pourquoi t'as rien pris et maintenant bouffes toute ma glace ?

   Isabelle ne répond pas et de toute façon, il s'agit plus d'une question rhétorique qu'autre chose. Elle lui rend son dû après en avoir mangé un bon quart et accoure pour rejoindre Clarissa. Raphaël, quant à lui, s'est retrouvé entre Faustine et Tristan. Les trois autres marchent côte à côte quelques mètres devant.

   —C'est cool que tu nous partages les petits endroits que tu connais, Tristan, déclare Raphaël en continuant à lécher sa glace.

   —Et les petits fun facts historiques, surtout.

   Tristan accueille ses mots avec reconnaissance et explose de rire à l'entente de ce que Faustine vient de dire.

   —Pour être honnête, tout ce que je vous raconte, je suis allé le voir sur Wiki hier soir. Je connaissais qu'un quart de tout ça avant mes recherches.

   —J'en étais sûr !, s'exclame Raphaël en riant de bon cœur à son tour.

   Au moment de cette conclusion, le petit groupe d'amis est arrivé au niveau d'une autre place. Cette fois-ci, elle est beaucoup plus petite et moins impressionnante que la précédente, mais Tristan les invite à s'arrêter. Cette fois, il admet ne pas avoir grand chose à dire, mais raconte quand même une petite anecdote :

   —Il paraît que dans les années 60, beaucoup de prostituées se promenaient sur cette place le soir pour trouver des clients.

   Tout le monde explose de rire et certains ont l'impression que leur ami se paie leur tête. Tristan ne dit pas tout de suite s'il s'agit d'une vraie ou fausse information et continue sur sa lancée.

   —Tu te fous vraiment de notre gueule, c'est pas possible autrement.

   Ça amuse vraiment Raphaël ce genre d'histoires tirées par les cheveux, mais à un moment, il aimerait quand même savoir si on se moque de lui ou pas. Quand il remarque le sourire de Tristan s'agrandir, il comprend que tout est inventé.

   —T'es vraiment un fumier !

   Pour le coup, le mensonge a eu le pouvoir de décrocher un sourire à chaque membre du groupe et ils ont ensuite repris leur marche dans une atmosphère très détendue. Jusque 18h, ils ont découvert les alentours, trouvé une plage sympa où aller au moins une fois durant le séjour et beaucoup ri entre eux. En espérant que la soirée se passe aussi bien que cette fin d'après-midi.

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