Chapitre 3

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Et sans contrôler quoi que ce soit, je ne me vois plus dans le lieu, j'y suis.

— Kamala ?! Mais bon sang où es-tu ? m'appelle-t-il, semblant être très loin, comme en écho, comme si nous n'étions plus au même endroit.

— Je suis là ! m'exclamé-je paniquée en arrivant plus à voir la réalité.

Je ne sais même pas si c'est la réalité... Ce que je vois est vraiment définitivement trop bizarre, ce n'est même pas une pièce, c'est vraiment quatre murs, un toit et un sol, tout en béton, avec aucune fenêtre, aucune porte et comme unique lumière une pauvre ampoule pendant au plafond.

Je ne veux pas être là. Je ne peux pas être là. Je suis dans le parc de Kingston. Je délire totalement. Je ne sais définitivement pas ce qu'il m'arrive et ça me panique. Je veux juste sortir. Soudain, je suis de nouveau dans le parc, à la même place que tout à l'heure. Et de nouveau, je me vois. Mais plus loin, sur un banc, au côté de Pâris à rire. Loin de ma panique actuelle, me pensant de plus en plus totalement démente. Je ne peux pas être là et là-bas. Pâris ne peut pas être en double non plus puisque je l'entends et le vois paniqué à ma recherche. Pourtant je suis juste là. Juste là. Sous ses yeux ou presque. Mais son regard passe sur moi sans me voir, tout en continuant de m'appeler.

À nouveau, une autre réalité s'impose à moi, je me vois ligoter à l'arrière d'un camion. J'essaye de m'accrocher à la vision de Pâris et moi, mais je n'y arrive pas. Cette réalité m'échappe et je me retrouve propulsé à l'intérieur du véhicule, face à une paroi blanche, le dos appuyé sur une surface froide, les fesses assises sur du bois et les poings et pieds liés, incapable de bouger.

Je n'ai même pas le temps de me débattre que la scène à de nouveau changer. Cette fois, je suis dans un cadre beaucoup plus lumineux, même si je ne peux pas le qualifier d'accueillant puisque je suis dans un box d'hôpital au côté d'un infirmier. Mais au moment où je sens le moelleux du matelas sous moi, l'infirmier a disparu et je suis totalement seule. Je ne comprends définitivement pas ce qu'il m'arrive. J'ai l'impression d'être bonne à internet. Quoi qu'il en soit, même si je n'ai aucune once d'équilibre mentale, je n'ai pas envie d'être ici, je refuse.

Je ne me suis même pas encore lever, je revois tour à tour la petite pièce sombre et l'arrière du fourgon. Mais par je ne sais trop quel moyen, j'arrive à m'accrocher aux décors dans lequel j'étais, celui de l'hôpital. Je ne sais pas s'il est réel. Pas plus que les deux autres, mais il n'est pas effrayant, ce qui dans mon cas est déjà énorme. Malgré quelques images qui s'impose à moi, j'arrive tout de même à sortir du box dans lequel je suis, prête à fuir par tous les moyens. Je n'en suis pas certaine, mais je pense être dans l'hôpital de Kingston. Si j'ai raison, je connais donc plutôt bien les lieux. Tentant le tout pour le tout, je me dirige vers l'endroit où je soupçonne être la porte de sortie, toujours aussi décider en repoussant furieusement les flashs qui s'imposent à moi.

Et pendant que je marche vers la sortie discrètement, mon téléphone sonne. Par peur d'être entendu, avant même d'essayer de décrocher, je le mets en mode silence, ne voulant surtout pas être repérée. Pourtant personne ne semble être alerté, ce dont je me réjouis plus que je ne m'en inquiète. Mais l'instant d'après, quand je valide l'appel, je me décompose, Pâris tente de m'appeler, mais je n'arrive pas à décrocher, c'est comme si le tactile de mon téléphone ne fonctionnait plus alors que je m'en suis servie juste d'avant. Mon portable sonne de nouveau plusieurs fois pendant que je marche, mais à aucun moment je n'arrive à résoudre le problème, au point que j'abandonne.

Quand j'attends enfin l'accueil, je vois Pâris parler avec l'infirmière, mais il semble très mécontent, angoissé et apeuré

— J'étais avec elle il y a dix minutes, elle s'est blessée et je ne la retrouve plus, explique-t-il à moitié en pleur.

— Désolée monsieur, mais il n'y a personne qui est venu, affirme l'infirmière d'un ton plutôt poser, alors que j'entends bien son inquiétude dans sa voix.

Personne... Un seul mot : personne. Pourquoi lui donne-t-elle cette réponse, je suis là, je ne suis pas personne. Je suis là. J'existe. Je ne suis pas folle. Je ne délire pas. Pourtant, quand je m'avance encore et que je me mets bien en vue, ni l'un ni l'autre ne semble me voir, comme si je n'existais pas. J'ai peur.

— La personne que vous recherchez était gravement blessée ? ajoute l'infirmière alors que j'ai envie de hurler à Pâris que je suis là.

Une fois de plus, je n'ai pas l'occasion de le faire puisqu'une nouvelle vision s'impose à moi. Encore et toujours, je me vois comme si j'étais sortie de mon corps. Mais cette fois, je ne suis pas enfermée je suis dans le parc juste en face de l'hôpital, en train d'agoniser. Je ne sens pas la douleur, ce n'est pas ma douleur, c'est comme si je voyais la douleur d'un inconnu, sauf que cette inconnue, c'est moi. Mais je n'assiste pas à la suite de l'agonie, je suis de nouveau enfermé dans la fameuse salle sombre, comme si depuis le début, je ne l'avais toujours pas quitté, ce que je commence à penser de plus en plus sérieusement.

La pièce change, se modèle, se modifie régulièrement, comme si j'étais en train d'halluciner. L'ampoule est remplacée par des néons. Une porte apparaît. Des fenêtres changent. Le lit est modifié. Le sol et le plafond aussi. Les murs se transforment. La taille varie. Tout. Absolument tout change à un moment où un autre, de manière totalement aléatoire, sans aucune logique. Dès que je pose mes yeux sur un objet, il change l'instant d'après en un battement de cils. Et ça va de plus en plus vite, devenant presque psychédélique. Épuisant. J'en ai la tête qui tourne.

Je ne sais pas combien de temps ça reste ainsi. Longtemps. Trop longtemps. J'ai l'impression de perdre toute mon énergie vitale.

Quelques très rares fois, je quitte ce lieu quelques secondes et je me retrouve à l'extérieur et blessé plus ou moins fort, mais jamais au même endroit. Parfois dans une forêt, d'autre dans le parc à Kingston ou dans la marina de Margate. Mais le moment le plus marquant est inconditionnellement beaucoup plus tard, après que j'ai sombré depuis longtemps dans cette folie, je me vois, sous le ponton de la Marina, flottant à la surface de l'eau... morte... Sans avoir le moindre contrôle, j'ai pris cette place. Ça n'a duré qu'une seconde, mais ça m'a suffi pour sentir l'eau froide contre mes membres et dans mes poumons. L'instant d'après, je suis de nouveaux dans la pièce, comme si ça n'avait été qu'une illusion, mais les sensations étaient bien réelles, je me suis sentie morte.

Morte.

Je veux croire que c'est faux, mais ça semblait tellement vrai...

Comme tout depuis tout à l'heure, ça semblait inconditionnellement vrai. Mais comme tout, je refuse d'y croire. Je ne peux pas croire que ce soit réel. Tout ça est dans ma tête, c'est la seule explication valable. Malgré cette certitude, je n'arrive ni à le contrôler, ni à changer quoi que ce soit. Je suis juste, purement et simplement prisonnière de mon propre esprit.

Le pire, c'est que cette image de la mort est de plus en plus récurrente. Jamais au même endroit, comme pour tout. Jamais dans la même position. Mais surtout, jamais dans les mêmes circonstances. Noyée. Poignardée. Tabassée. Brûlée. Étouffée. Tout y passe, je me vois morte dans toutes les conditions. Dans tous les lieux. Le pire, ce n'est pas de se voir morte, mais plutôt de ressentir les quelques centièmes de secondes, la mort elle-même, la langue des flammes contre mon corps, le froid de l'eau, le sang que je perds, la douleur des coups sur mon corps.

Et ça ne s'arrête pas. Ça ne s'arrête plus. J'oscille en permanence entre être morte et être enfermé dans une pièce. Quelques fois, j'entre aperçois quelqu'un, mais dès que je prends la place que j'avais dans la vision, la personne disparaît. Je n'ai souvent même pas le temps de la voir, mais je distingue de temps à autre Pâris, mais jamais tel que je le connais, jamais avec le sourire, toujours avec une moue méprisante sur le visage.

Impossible de savoir si ça s'arrête ou si je finis par m'écrouler de fatigue, mais je finis par avoir un instant de répit. Mais à peine. En tout cas, je ne suis plus épuisée, mais c'est le seul point positif. Dès que les lieux s'enchaînent de nouveau, j'ai mon cerveau qui cogne encore contre mon crâne, à chaque fois un peu plus.

Je n'en peux plus, j'ai juste envie de me laisser aller, de laisser tomber, d'abandonner. Je ne sais pas ce que je veux abandonner. Mais je veux l'abandonner. C'est peut-être une dernière part de conscience ? Un espoir de s'en sortir ? L'impression d'être en vie ? Je n'en sais rien...

Et soudain, alors que je n'y crois même plus, je me vois dans un lieu connu et plus important encore, vivantz. Je suis chez moi, dans ma chambre, avec ses murs roses délavés par les années et son décor réconfortant, mon décor réconfortant, mes photos, mes posters, mes livres, mon ordinateur, mes carnets. Mon chez-moi. Je ne comprends pas pourquoi je suis en train de découper une photo de Hayley et moi, mais actuellement, ça n'a pas la moindre importance. Et quand je m'y retrouve enfin, je ne veux plus en partir, je refuse. Je veux y rester à jamais. Je pose le ciseau et l'image et je me concentre sur le décor qui m'entoure avec la ferme intention d'y rester, comme j'ai réussi à le faire à l'hôpital avec de la force de conviction avant de perdre les pédales. Il faut juste que je tienne le coup. J'en suis capable, je veux y croire.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro