Émeraude

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Ève

Je sursautais lorsqu'une main se posa sur mon épaule. Le garçon la retira aussitôt et se contenta de me regarder, l'air embarrassé. Je compris tout de suite qu'il fallait que je parte et me leva en époussetant mes vêtements. J'étais toujours étonnée qu'il n'ait pas dit un mot pendant tout ce temps.

- Je suis désolée de t'avoir imposé ma présence, je ne sais pas trop ce qu'il me passe par la tête parfois, ris-je doucement.

Il hocha la tête en souriant légèrement.

- Je m'appelle Ève, j'habite pas très loin.

Ma déclaration s'accompagna de ma main tendue dans le vide. Le garçon la fixait, immobile. Il finit par froncer les sourcils en reculant. Ma main finit par reprendre sa place le long de ma cuisse, mes joues rouges d'humiliation.

- Je vois... Soufflé-je.
- Il est muet, intervint une voix féminine dans mon dos.

Mon interlocuteur silencieux se tendit alors que je me retournais pour faire face à une fille d'une quinzaine d'année. Elle patina jusqu'à moi et s'accouda contre un mur chargé d'outils, fièrement perchée sur ses rollers.

- Oh, je ne savais pas, désolée si j'ai été insultante, m'empressais-je de bafouiller au garçon.

Ce dernier garda les mâchoires contractées, les yeux rivés vers le sol.

- Ravie de te rencontrer Ève. Si mon frère ne semble pas l'être, moi je le suis, ricana-t-elle. Je suis Vega et lui c'est Arès.
- Arès, répétais-je à mi-voix tout en le regardant.

Le jeune homme fusilla la jeune Vega du regard avant de jeter un drap sur sa toile et de disparaître en claquant une porte.

- C'est rare qu'on arrive à le mettre dans cet état dis-donc. Un vrai mur ce gars, siffla la brunette.
- Je suis désolée, repris-je.
- Oh t'en fais pas, il s'en remettra le frangin. Bon, moi je file avant que Maman m'attrape dehors à cette heure-ci, encore heureux que l'autre dadet ne parle plus, il se serait fait un plaisir de me balancer ! À plus Éva !
- C'est Ève, lui rappelais-je alors qu'elle roulait jusqu'à la porte.

Mais elle s'était déjà engouffrée dans la maison, me plantant dans l'allée de leur garage.

Arès, avait-elle dit.
Il s'appelait Arès et il était muet.

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