Chapitre 1

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Le London Bash était un petit club réputé du quartier de Kensington. Cliente régulière, j'y trouvais un grand plaisir dans l'adonnation de mon activité favorite : l'observation des autres membres. La plupart étaient de riches hommes d'affaires, ou encore des politiciens. D'autres encore étaient de grands joueurs de jeux de cartes en tout genre venus pour livrer une guerre sans merci à leurs tous nouveaux adversaires.

Je ne faisais point partie de ce genre de personnes.

En premier lieu, j'étais une femme, chose peu commune dans un club. Mais, de par mon statut social et mon travail, je jouissais de certains privilèges.

Je ne venais au club que pour une seule véritable raison : rêvasser.

Je passais la plus claire partie de mon temps assise dans l'un des fauteuils de cuir, à tourner mollement les pages d'un journal acheté pour à peine trois shillings à un gamin des rues.

Mais aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, je n'étais pas là pour laisser mon esprit vagabonder. Aujourd'hui, j'étais là pour travailler.

« Un thé, mademoiselle Longire ? »

Je refusai poliment la proposition de l'élégant domestique qui me faisait face, un grand sourire aux lèvres. La vingtaine, des cheveux ondulés châtains qui cachaient son front large et ses yeux noirs, une bouche vermeille telle celle d'une femme, il avait un véritable profil de gravure de mode masculine.

« Non, merci, monsieur. »

Il cligna des yeux, ses paupières cachant ses iris sombres.

« Comment vous appelez-vous ? lui demandai-je sans me départir de mon sourire.

— Georges, mademoiselle.

— Un magnifique prénom !

— Je vous en remercie, mademoiselle. », déclara-t-il d'un ton doucereux.

Sans même prendre la peine de me lever, je saisis le jeune homme par les épaules et approchai son visage du mien. Il perdit aussitôt toute trace de la timidité qu'il affichait tout à l'heure.

« M. Garris, revoyez votre déguisement, à l'avenir. En attendant, ayez l'amabilité de me conduire à votre patron. ».

Ethan Garris secoua ses boucles brunes en un geste irrité.

« Et donnez-moi donc ce petit couteau que vous cachez dans votre chaussure. », rajoutai-je.

Il roula des yeux, soupira, retira le canif de sa botte et me le tendit.

« Vous l'aviez vu ? me demanda-t-il, sa voix s'étant faite bien plus rauque.

— Non, déduis. »

Ma réponse le fit soupirer d'autant plus fort. Il m'incita à me lever, et je le suivis dans les couloirs du London Bash. Le club faisait partie de ces lieux aux mille et un visages. La pièce principale, grande et lumineuse, était luxueusement meublée. Les petites tables sur lesquelles jouaient les joueurs d'échecs et de cartes étaient en bois de merisier laqué. Les larges fauteuils, faits d'un cuir brun véritable. Tout semblait avoir été fait pour prouver la richesse du club, et de son propriétaire, Gregory Fitzgerald, un milliardaire qui devait sa fortune à sa grande entreprise de cigarettes, en apothéose dix ans plus tôt, en 1897.

Lorsque nous dépassâmes les nombreuses salles destinées à la clientèle, et que nous arrivâmes dans le couloir de celles privées, un changement radical eut aussitôt lieu. Le papier peint décollé pendait lamentablement au mur, et avait pris, avec le temps, une teinte grisâtre. De vieux tableaux à la peinture écaillée couvraient le désastre qu'étaient les murs. Ethan me plaqua soudain contre l'un d'eux et m'embrassa fougueusement sur la bouche.

« Avez-vous perdu la tête ? m'exclamai-je, indignée.

— Pas le moins du monde, Sally. J'ai toujours eu envie de... te connaître un peu mieux. »

Ses mains se baladèrent le long de mon corps. Il commença lentement à remonter les extrémités de ma robe verte. Son comportement obscène me révulsait. Je sortis alors de mon chignon une épingle épaisse. Mes cheveux tombèrent sur mes épaules. Garris passa une main à l'intérieur de ma chevelure brune.

« Tu as raison, Sally, murmura-t-il entre deux embrassades. Ça te va bien mieux comme ça.

— Je vous interdis formellement de me tutoyer.

— Croyez-vous sincèrement que j'en ai quelque chose à faire ? déclara-t-il avec un rire hystérique. Je peux tout me permettre. »

Je plaçai le petit couteau sous sa gorge. Ethan recula, ses lèvres rougies par les innombrables baisers qu'il m'avait donné.

« Que je vous explique, lui lançai-je. Soit vous me laissez marcher jusqu'au bout de ce couloir sans une seule nouvelle tentative de ce genre, soit je vous enfonce cette épingle dans la carotide. Vous m'avez comprise ? »

J'accompagnai ma réplique du déplacement de l'épingle, que je fis glisser sur sa pomme d'Adam. Ethan hocha lentement la tête, mais son sourire s'élargit d'autant plus. Il lâcha les pans de ma robe, et je lissai ma jupe d'une main.

« Merci bien. »

Nous continuâmes de marcher. Je jetai de petits coups d'œil par-dessus mon épaule, pour vérifier le comportement de Garris. Il avait apparemment compris.

Après une dizaine de minutes de marche dans l'interminable couloir délabré, nous parvînmes enfin devant la porte du bureau de Fitzon. La porte, ouvragée et en ébène, ne semblait pas à sa place à côté des murs décrépis.

« Après vous, mademoiselle Longire... »

La réplique suintante de gentillesse d'Ethan me fit grimacer. Après avoir ouvert, je fus presque aussitôt saisie à la gorge par une odeur âcre d'encens. Albert Fitzon se leva de son fauteuil en m'apercevant. C'était un homme à la taille et à la carrure imposante. Ses sourcils épais et broussailleux rendaient ses yeux noirs similaires à deux minuscules fentes. Son avant-bras droit était parcouru de brûlures s'étendant du bout de ses doigts jusqu'à son coude, laissé apparent par ses manches relevées.

J'esquissai une révérence et, usant de toute l'hypocrisie dont je pouvais faire preuve, déclarai :

« C'est un véritable honneur de vous rencontrer, monsieur.

— Ce sentiment n'est pas partagé, lâcha-t-il d'un ton désagréable. Sachez-le. »

Je m'assis et accusai le coup en répliquant :

« Je le comprends parfaitement.

— Où est Lik ?

— Lady Lik n'a pas eu le loisir de se déplacer.

— Dites plutôt que cette chienne n'a aucune envie de me voir ! »

Je pouvais supporter de nombreuses choses : me faire insulter ; me prendre des coups ; les tentatives indéfinissables de jeunes hommes. Mais jamais, au grand jamais, je n'avais su garder mon calme quand quelqu'un osait insulter ma supérieure.

Je me levai d'un seul coup, repoussant au passage ma chaise qui tomba derrière moi.

« Lady Lik mérite votre respect ! m'énervai-je. Vous n'avez en aucun cas le droit d'insulter sa noble personne. »

Fitzon éclata de rire.

« Vous pensez que vos remarques me font peur ? Si tel est le cas, j'aimerais vous apprendre que c'est le contraire. »

Il fit un signe de la main à Ethan. Aussitôt, ce dernier plaça un pistolet, sorti de je ne sais où, sur ma colonne.

« Mademoiselle ! Je vous prie de me dire tout de suite la raison de votre visite. Si vous déclarez quelque chose qui ne me plaît pas, mon garçon appuiera sur la détente. »

Albert jeta un coup d'œil à son fils adoptif, qui lui répondit par un hochement de tête, bien obéissant.

« Alors ? me demanda-t-il en s'asseyant. Pourquoi Lik vous a-t-elle faite déplacer ? »

Les mains dans le dos, je me préparai à subir une attaque de la part de Garris. Je retirai de mon corset un petit revolver doré.

« Lady Lik aimerait que vous arrêtiez de mettre le nez et vos sales pattes dans ses affaires !

— Mademoiselle, ne me parlez pas comme ça ! Ethan !

— Il ne le fera pas ! m'écriai-je. J'ai toute l'Agence devant le club, il serait stupide de me tuer pour vous faire tuer ensuite. »

Le visage d'Albert se crispa, avant de soudain se mettre à sourire horriblement.

« Vous mentez. »

Évidemment, il avait raison. J'étais venue seule, sans aucune protection, bien trop sûre de moi. Je payais pour mon arrogance.

« Achève-la, Ethan. »

Mais j'y avais pensé. Le contact froid, glacé même, du petit revolver dans ma main me rassura, et son déclic me fit aussitôt plaisir. Je sentis le canon froid du pistolet de Garris pointé sur ma colonne se déplacer le long de ma nuque. Sans même avoir pu le voir, je devinais l'expression de Ethan lorsque mon revolver se plaça dans un endroit peu opportun.

« Tentez ce que vous voulez, mais je vous... »

Avant que j'ai eu le temps de finir ma phrase, il leva les bras et lâcha son arme. Une véritable femmelette.

« Mais que fais-tu, pauvre imbécile ! », s'irrita Fitzon en se levant.

Ethan désigna d'un geste maladroit son entrejambe.

« Je suis désolé, Père.

— Oh, il va falloir plus que des excuses pour se faire pardonner par papa. », le raillai-je.

Il avait pris un air de chien battu. La lueur qui étincelait plus tôt au fond des ses yeux sombres avaient disparu.

« Mademoiselle Longire. »

Je clignais des yeux. Il avait daigné m'appeler par mon nom de famille.

« ... je vais me montrer magnanime, finit-il. Vous pouvez partir.. »

Je le remerciai d'un mouvement de la tête.

Alors que je me dirigeai vers la porte, Albert se dirigea à une vitesse surhumaine devant la porte.

« Mais ne comptez pas sur moi pour écouter votre conseil. Je mets mes sales pattes où je le souhaite. »

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