Chapitre 2

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Les rues de Londres étaient magnifiques, d'autant plus lors de la période de Noël. De grandes guirlandes lumineuses étaient suspendues aux façades des immeubles, représentant, pour la plupart, des flocons de neige. Les trottoirs se couvraient d'un épais manteau d'un blanc éclatant, sur lequel de nombreuses femmes glissaient en des gestes et des bruits hilarants.

Je resserrai ma cape autour de mes épaules et réajustai ma chapka de fourrure autour de mon crâne en frissonnant.

Les sabots des chevaux qui tiraient le fiacre claquaient sur les pavés réguliers. Je gigotai sur la banquette inconfortable. Mon voisin, un gros homme à triple menton, ronflait bruyamment, tel une vieille locomotive. Sa fenêtre, qu'il avait oublié de fermer, était restée grande ouverte. Je soupirai. Lady Lik n'allait pas être contente d'apprendre que Fitzon n'avait même pas daigné écouter ce que je voulais lui dire, et m'avais congédiée, sans autre forme de procès.

« On est arrivés, mam'zelle. Kensington. »

Je descendis du fiacre et remerciai le cocher, un jeune garçon maigrichon d'à peine quinze ans. Ma rue ne dérogeait pas à la règle. Le joyeux brouhaha des habitants en pleins achats de Noël me fit sourire. Mais ma risette s'éteignit dès lors que je me rendis compte que, cette année encore, je n'avais personne à qui offrir de cadeau. Pour de nombreuses personnes, les fêtes de fin d'année étaient l'occasion de rendre visite à ses proches ou de se réunir en famille le temps d'une soirée.

Mais je n'avais pas de proches, et encore moins de famille.

Tout ce que je savais sur elle se résumait en les informations, dignes d'un roman, il faut le dire, que l'on m'avait données à ma sortie du pensionnat Widgewell, lorsque Léna Lik et deux autres membres de l'Agence étaient venus me chercher. Ma mère était la fille de l'une des courtisanes de la Cour de la reine Victoria, tandis que mon père était un marchand d'art new-yorkais. Il était parti le jour où il avait appris ma naissance, du moins, à ce que je sache. Durant les sept premières années de ma vie, j'avais été élevée à  « l'américaine ». Quant à ma mère, Lik m'avait aussi expliqué qu'elle était tombée de cheval et s'était brisée la nuque. J'aurais trouvé cet événement rocambolesque, si la personne concernée n'était pas ma génitrice. J'avais passé un an chez ma tante, à qui l'on m'avait retirée lorsque l'on apprit ses penchants pour l'alcool. J'étais alors envoyée dans l'un des plus prestigieux pensionnat de l'Angleterre, en plein cœur de Londres, pour y apprendre les règles de bienséance. Mon séjour, certes court, à Widgewell avait été un enfer. Je n'avais jamais pu m'habituer à leurs règles stupides, sur la façon de laquelle s'asseoir, sur la manière de tenir un éventail ou même sur les phrases à prononcer lorsque quelqu'un nous parlait.

L'Agence m'avait offert la liberté dont je rêvais. Je me forgeai moi-même une éducation, apprenant mes propres règles, découvrant le monde seule, décidant des choix que j'avais voulu faire.

Je montai les marches des escaliers de mon immeuble. Le septième palier était celui où je vivais. La seule chose dont je pouvais me plaindre, c'était le nombre incalculable de marches que je devais monter pour y arriver.

Comme à l'accoutumée, j'arrivais devant ma porte les joues rougies par l'effort et le souffle court. Porter un corset n'était pas facile tous les jours, et encore moins lors de l'ascension d'un escalier.

Je tournai la clé dans la porte, qui s'ouvrît en un déclic. Pour une fois, elle ne m'avait pas fait défaut.

La première chose qui passa dans mon esprit au moment où je pénétrais dans la pièce fut le silence qui y régnait. Je n'aimais pas ça. Je retirai le petit revolver doré du sac à main où je l'avais rangé et avançai prudemment dans les pièces de mon appartement. Je remarquai alors qu'il n'avait jamais été si bien rangé. Je n'avais jamais été soigneuse, mais cette fois-ci, rien ne semblait dérangé. Mes chemises de lin étaient pliées, mes manteaux et chapeaux accrochés aux patères du mur.

« Sally ! »

Je sursautai et pointai aussitôt mon arme sur la personne qui venait de dire mon nom. Sans même prendre le temps de regarder son visage, je lui mis un grand coup de poing dans le nez.

L'homme blond grogna.

« Ah, Chally. Che n'était bas la peine de me mettre un tel coup.

— Oh, Vic ! Je suis désolée. »

Je courais chercher un mouchoir à mon ancien associé, Victor Track. Il le plaça sur son nez sanguinolent.

« Que fais-tu ici ?

— Lik... m'a demandé de t'informer d'une affaire sur laquelle elle comptait te mettre, dit-il après un moment.

— Et laquelle est-elle ? »

Victor me tendit une enveloppe blanche.

« Confidentiel, me répondit-il. Je n'ai pas eu le droit de savoir. »

Je retirai mon manteau, et changeai rapidement de tenue pour un pantalon en cuir et une chemise en lin. Mon ami, en me voyant sortir de la salle de bain avec un tel accoutrement, me regarda d'un mauvais œil. Je saisis l'un des ouvre lettres sur mon bureau et ouvris la petite enveloppe.

Sally,

Au vue du formidable travail que vous avez toujours fourni, je vous confie en ce jour une mission que je vous estime capable de remplir.

Vous avez probablement entendu parler des formidables découvertes, qui plus est récentes, en égyptologie. L'équipe du professeur Clifton, scientifique renommé, a trouvé, en 1895, dans le fond de la célèbre Vallée des Rois, la tombe de l'un des nombreux pharaons encore inconnus à ce jour.

Vous interviendrez au moment suivant : lundi dernier, Antoine De Larivière, égyptologue français, a disparu de la circulation.

J'aimerais que vous vous rendiez à la soirée organisée en l'honneur des dix ans de la découverte, demain soir.

J'espère par ailleurs que vous avez réussi à convaincre Fitzon. Passez me voir à l'Agence dès que cette lettre vous sera parvenue.

Je vous en joins, Sally, mes plus humbles salutations.

Lady Léna Lik.

« Le Lady Léna Lik fait un peu pompeux... », déclara Victor par-dessus mon épaule.

Je repliai la lettre et lui jetai un regard noir.

« Tu l'as lu ? demandai-je.

— Évidemment, je ne pouvais pas manquer la nouvelle affaire de l'excellente Sally Longire ! »

Il éclata de rire, avant de se rembrunir.

« Et puis, rajouta-t-il, je voulais entrapercevoir ce que fait l'Agence depuis que je suis parti du service criminel. »

Je serrai son bras dans un geste amical. Vic avait été licencié de ce service après une affaire qui avait mal tourné. Une fusillade, des morts. Il avait eu moins de chance que moi, car j'y avais aussi participé. Nous fermâmes les yeux un instant pour nous remémorer ces moments douloureux. C'était lors de cette période que Victor et moi appelions la Belle Époque. Tout nous réussissait. Nous avions été promu véritables agents, nous avions dix-neuf ans, et tout se passait pour le mieux. Nous étions placés sur les mêmes affaires, si bien que nous étions devenus de véritables associés, même plus. Il y avait eu ce baiser sous le London Bridge, et celui juste sous le nez de Lik. Et enfin, la fusillade. Une affaire de vol qui avait finalement dégénéré en une fusillade meurtrière. Ç'avait été ma première erreur. Mais surtout, ma seule. Lik ne m'avait pas licenciée, ne pouvant pas se passer de mes services. Il n'en avait pas était de même pour mon complice. Il avait finalement était relégué à des tâches inférieures, comme livrer le courrier au bon destinataire.

« Je me répète depuis quatre ans, mais... je suis désolée. Si je n'avais pas été là, peut-être que...

— Arrête, me coupa-t-il. Tout était de ma faute sur ce coup-là. »

Je passai ma langue sur mes lèvres.

« Mais peu importe, déclara Vic en se levant. Je vais te laisser. Tu dois aller voir Lik. »

Il se dirigea vers la porte. Je serrai les dents pour m'empêcher de lui bloquer le chemin. La seule chose que je trouvai à faire à ce moment-là, ce fut de lui dire :

« Comment... comment as-tu pu entrer ? Je veux dire, tout à l'heure, quand je n'étais pas encore arrivée. »

Victor me sourit.

« Un membre de l'Agence ne livre jamais ses secrets. »

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