Chapitre 18

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Après s’être changé de leurs habits secs, ils sortirent tous deux de la maison. Les enfants étaient encore cachés derrière leur mère. Ce matin là, elle avait apprit leur prénom en mangeant. La plus jeune était Anys et le petit garçon, Hardo. Ils étaient calmes et n’avaient jamais rien dit en sa présence. Peut-être parce qu’ils doutaient eux aussi des humains ? Non. Skyrah était persuadée que Hollis leur avait parlé d’une amitié possible avec les humains. Alors, elle opta plutôt pour sa différence. C’était peut-être la première fois qu’il voyait quelqu’un dont les cheveux étaient aussi blancs et les yeux d’un turquoise irréel.

- Merci encore pour votre accueil, fit Skyrah en souriant à Hollis.

- Ne vous inquiétez pas, ça m’a vraiment fait plaisir de vous aider. Bon voyage vers Belforis, en espérant que vous puisiez entrer sans encombre.

Durant le repas, elle lui avait parlé de la raison de son arrivée ici. Ce n’était après tout pas courant de voir un humain dans cette immense forêt. La blanche lui fit signe tout en quittant le village. Azkiel ne disait rien, ses yeux fixés au loin devant lui. Elle fit donc de même. Ils passèrent bien trois quart d’heures dans le silence. Possiblement les plus longues minutes de sa vie. Elle espérait au fond qu’il la guidait vers la capitale. Car après tout, il n’avait rien dit sur sa présence. La laissant derrière lui.

Ce ne fut qu’après quelques minutes de marche que Skyrah arriva enfin à y voir son but. Quelques maisons se laissaient apercevoir à travers le bois. Mais surtout, cet imposant château montant jusqu’au ciel de ces tours. Plus qu’une centaine de mètre avant d’arriver à Belforis. Le palais se mélangeait en parfaite harmonie avec la nature environnante. Æthnis avait raison, son architecture n’avait en rien à voir avec les capitales humaines.

Elle y était ! Elle allait pouvoir transmettre les messages des édiles. Elle allait prouver qu’elle était digne de confiance. Elle allait être utile et aider. Sans faire attention au brun qui l’accompagnait, elle fixait les alentours. À cette partie de la forêt, tout paraissait encore moins réel. Des particules lumineuses semblaient voler dans l’air. Le vert de l’herbe luisait sous les quelques rayons de soleil qui traversaient les arbres. Certains végétaux possédaient des plantes aux fleurs semblables à des étoiles. Elle se croyait dans un rêve. Comment avait-elle pu oublier tout cela ? Et pire encore, comment faisait-elle pour ne pas s’en rappeler ? Pourquoi ?

Elles étaient de retour. Ces idées noires. Sa joie s’étouffa alors qu’elle fixait encore plus le paysage. Pourquoi n’avait-elle aucun flashback ? Elle était venue ici, n’est-ce pas ? Skyrah ramena ses bras autours d’elle. Elle souffla un instant essayant d’écarter ses pensées sombres.

Alors qu’elle baladait encore ses yeux, ne se lassant pas de la verdure chatouillante, un détail attira d’autant plus son attention. Cela paraissait être un diamant sorti de terre. Qu’était-ce ? Elle se sentait attirée. Elle en oublia complètement Azkiel qui ne remarqua que peu après son absence.

Skyrah s’était avancée vers l’étrange plante aux pétales brillants. Face à lui, elle pouvait y voir une petite fleur. Une fleur magnifique, dont l’intérieur doré se dégradait en argenté. À son cœur, résidait des particules lumineuses, des minuscules étoiles entourant son pistil. Un spectacle qu’elle ne tenait pas à rater. Elle s’accroupit à ses côtés voulant l’observer de plus près.

Cette fleur même dégageait plus d’énergie qu’elle n’en avait jamais senti auparavant. De loin, elle entendit les pas rapides d’Azkiel qui s’approchait d’elle. Avant même de faire attention à ce que l’elfe allait dire, elle se surpris à effleurer de doigts délicats les pétales. Le résultat la surprit d’autant plus que sa beauté.

La fleur parut au départ réagir à ce toucher. Elle semblait danser en milliers de petites lumières, se décomposant sous son regard étonné. Les particules vinrent s’incruster dans la peau de son poignet gauche. Sous le choc, elle recula et tomba sur les fesses.

- Qu’est-ce que ?!…Que s'est-il passé ? fit-elle un petit brin de panique dans la voix.

- C’était…

Azkiel semblait tout aussi choqué qu’elle. Il prit place à ses côtés. Skyrah tentait encore de comprendre pourquoi cette magnifique fleur s’était évaporée comme une illusion.

- C’était quoi ? reprit-elle en fixant Azkiel qui la regardait intensément.

Il semblait sérieux. Au départ, elle cru y lire de l’admiration ne serait-ce qu’une fraction de seconde. L’homme croisa les bras, son expression insensible venant imprégner ses joues.

- Donc elle t’a choisi… avait-il prononcé pour lui-même plus fort que prévu.

- C’était quoi ? demanda Skyrah de nouveau.

- C’était la Prière.

- La Prière ? C’est-à-dire ?

- Une fleur plus que rare. On raconte qu’elle possède sa propre conscience. C’est un peu comme un fantôme.

- Azkiel sois plus précis je t’en prie, je ne comprends absolument rien à ton charabia.

- Cette fleur se nomme la Prière, elle est rare et change d’endroit à chaque fois. Presque personne n’a la chance de la voir et encore moins de la toucher. Elle reste inconnue pour certains, comme un mythe. On dit qu’elle ne se montre qu’aux personnes dignes d’elle. Si tu es choisi, elle marque ton poignet comme un symbole de sa protection. C’est exceptionnel Skyrah.

Il la regardait droit dans les yeux. Elle la voyait enfin. Cette lumière dans les pupilles foncées de l’homme. Réfléchissant par la suite à ce qu’il avait dit, elle retira son gant. Il avait raison, une petite marque doré et argenté s’y était incrustée. Trois losanges, un plus petit dont la pointe du haut était la même que le second. La marque semblait gravée sur sa peau. Pourtant, elle avait cette impression de fragilité. Ses traits fin et doux. Comme si la moindre goutte d’eau allait la faire s’évaporer.

- Exceptionnel, se répéta-elle dans un murmure en fixant son poignet.

Elle ne pouvait y retirer son regard. Elle qui comptait en apprendre plus sur ce monde. Jamais elle n’aurait pensé une seconde qu’elle aurait à faire à un événement « exceptionnel ». Elle avait été choisi. Qu’est-ce que cela voulait dire au juste ? Au fond d’elle, Skyrah se sentait toujours aussi faible, inutile, fragile… différente.

Un petit couinement la sortit de sa rêverie. Face à elle, se tenait un… qu’était-ce ? Un gros chamallow aux reflet roses et bleus. Cette « boule » possédait deux yeux noir et une mèche au dessus de sa tête. C’était… mignon. Gardant son regard sur le nouvel arrivant - dont la taille ne dépassait pas sa paume - elle tourna légèrement la tête vers l’elfe.

- Azkiel ? fit-elle en voyant le chamallow rosé s’approcher d’elle à en toucher son genoux, ses petites pattes agrippées à elle.

Elle entendit pour la première fois l’homme rire. Un frisson parcouru son échine à cette entente mélodieuse. Elle n’y pensa plus.

- Ne t’inquiètes pas, ils ne te feront rien.

- Comment ça « feront » ? Ils sont plusieurs ?

Elle chercha des yeux les autres petits chamallows. L’homme se remit à rire, créant une autre sensation dans son ventre qu’elle ne comprit pas. Pourquoi lui faisait-il tant d’effet ? Pour la énième fois, elle rejeta ce sentiment afin de se contrer sur les invités surprises. Il avait raison, tout autour d’elle se tenait des dizaines de petites guimauves blanches - chacun possédait une mèche différente.

- Ce sont les esprits de cette forêt, expliqua l’homme qui la fixait maintenant avec un petit sourire chaleureux.

- Eh bien ! Elle regorge de mystère cette forêt…

- Oui. Je suis fière d’habiter ici. Elle est magnifique et possède tellement de choses qui dépassent l’idée humaine. Comme un rêve éveillé. Et eux, ce sont des esprits. Ils ne sont pas dangereux. Tu les as visiblement intrigué avec la Prière.

Il était lui même. Elle le voyait enfin, son vrai visage. Elle l’appréciait et se mit malgré elle à sourire. Elle savait qu'elle n'allait jamais oublier ce précieux moment. Assise, aux côtés d’Azkiel, accompagnée par d’adorables petits esprits après qu’elle ait reçu la bénédiction de la Prière. Pouvait-elle seulement faire mieux ? Elle voulait rester là durant des heures. Elle avait commencé à prendre l’un d’entre eux dans ses mains, le petit bonhomme friand de caresse.

La réalité la rattrapa bien vite. Elle avait fait une promesse aux Édiles. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps encore. Malgré elle, Skyrah déposa l’esprit au sol avant de se tourner vers Azkiel qui profitait du moment aussi. Première fois qu’elle voyait son visage aussi doux et lumineux.

- Je dois aller à la capitale, fit-elle attirant l’attention de l’homme.

Son sourire s’effaça, son masque réapparu bien trop rapidement à son goût. Semblait-il triste ? Elle ne saurait le dire.

- Je ne peux pas y entrer, je te l’ai dit.

- Je sais. Mais je dois impérativement y aller.

- Je t’aurais prévenu, argua Azkiel en se levant.

Elle eut mal en le voyant aussi froid. Mais elle se devait d’avancer. Alors elle le suivit sans rien dire, continuant leur chemin vers la capitale.

Une fois devant, un grand pont sculpté les séparait de la ville elfique. Deux cristaux de lumière étaient accrochés au début et deux autres à la fin de celui-ci. Un fleuve passait en dessous, glissant sur les rochers dans un son agréable tel une musique.

Elle déglutit. Il était enfin temps pour elle de faire face à la reine dont on lui avait tant parlé. Skyrah avait peur. Comment allait réagir Shura en la voyant ? Elle ne voulu pas y penser, offrant donc son premier pas vers la capitale. Elle voulait se tenir à la rambarde afin de garder son équilibre vacillant. Mais avait-elle seulement le droit d’y toucher ? Elle se contenta donc de marcher en se concentrant sur chacun de ses pas tremblants.

Vers la fin du pont, deux gardes les arrêtèrent avant même qu’ils ne puissent entrer. Tous deux possédaient un regard sévère avec lequel ils les fixaient.

- Azkiel ! se réjouit un homme de façon ironique derrière les deux soldats. Je croyais ne jamais te revoir. À croire que je me suis trompé.

Il avait belle allure, surtout dans cette grande armure brune typique elfe. Les détails sur chacune de ces parties surprenaient Skyrah qui se mit à les fixer. Elle ne savait dire de quel matériaux elle était faite. Du bronze peut-être ? Peu importait pour le moment. À travers les artifices, elle sentait le grade élevé de l’homme en comparaison des deux autres. Un général ? Elle fixa son visage en cherchant à savoir s’il allait reconnaître son uniforme. Elle venait pour cela après tout. Ses longs cheveux blonds étaient tressés à droite de son crâne et ses yeux verts mis en avant par sa peau claire.

- Zurin, ça fait longtemps, grogna Azkiel encore plus froidement qu’à l’accoutumée.

- Que fais-tu ici mon cher ?

- J’escorte cette jeune femme. Elle a été envoyé par les six Édiles, une urgence.

Le brun commença quelques pas et se rapprocha du dénommé Zurin.

- Donc, reprit-il en dépassant le garde blond. Je n’ai pas forcément le temps de blablater avec toi, mes excuses.

Alors qu’il comptait dépasser les deux autres, ceux-ci lui attrapèrent les bras pour le stopper dans son élan. Il laissa échapper un râle. Il savait ce qui allait s’en suivre et s’en voulait déjà d’être entré.

- Tu as été banni, cracha Zurin. Tu sais ce que ça veut dire au moins ? Pas le droit de poser un pied ici. Et si tu défis cette règle, alors tu sais ce qui t’attend.

Les deux gardes l’avaient retourné de sorte à ce qu’il fasse face au général elfique. Azkiel grogna, ses sourcils froncés créant un pli sur son front. Il était prêt à frapper à tout moment. Il haïssait cet homme plus encore que ces pourritures d’humains. S’il avait pu, il l’aurait volontiers envoyé six pieds sous terre. Mais il était bloqué par deux gardes. Il était dans l’infraction. Car malgré tout, Zurin avait raison. Azkiel ne pouvait plus franchir les limites de Belforis - ayant reçu l’interdiction formelle de revenir dans la capitale.

- Emmenez les aux cachots, reprit le blond d’un air sérieux. Qu’ils n’en sortent pas. (Il se pencha vers Azkiel) Tu verras, tu vas t’y plaire là-bas.

Il n’eut besoin de faire qu’un signe de main pour que tous les deux soient emportés. Azkiel devant, Skyrah ne comprenait pas encore ce qu’il se passait. Elle fixa donc le second garde - qui avait lâché le brun pour la tenir.

- J’ai été envoyé des Édiles, argua-t-elle en essayant de dégager son bras. Lâchez moi ! Les capitales sont en dangers.

Elle avait l’impression que chacune de ses paroles se perdait au vent comme un souffle. Il n’écoutait pas. Il se fichait pas mal de ce qu’elle pouvait dire. Il ne faisait que suivre les ordres et détestait sûrement les humains autant qu’Azkiel. Elle lâcha donc l’affaire et continua sa route dans le silence.

Il l’avait prévenu. Il lui avait dit qu’ils ne pourraient pas entrer. Pourquoi n’avait-elle pas simplement écouté ? Elle s’était précipitée sans réfléchir et en payait le prix. Pourtant, ce qui la blessa le plus ne fut pas cet échec mais le fait que personne n’avait reconnu son uniforme. N’était-elle donc qu’un rêve ? Une illusion ? Un groupe secret… inexistant plutôt. Elle se retint d’hurler descendant les marches de pierre vers les prisons.

Une fois là-bas, les deux gardes les jetèrent dans une geôle humide - après bien sûr avoir récupéré toutes leurs affaires, dont sa sacoche. Elle en voulait aussi à Azkiel… mais ça n’était que de sa propre faute qu’ils en étaient là. Raaah ! Tout était si trouble en son esprit !

- Qu’as-tu fait pour être banni jusqu’à ce qu’on t’enferme avec plaisir ? fut la seule chose qu’elle prononça malgré elle dans le coin de la pièce.

L’homme lui tourna le dos pour s’accouder aux barreaux et regarder le vide à travers. Skyrah cogna son dos contre le mur de pierre, les bras croisés. Elle s’en voulait d’être aussi injuste avec lui.

- Je n’ai rien fait. On m’accuse à tort… j’en suis sûr, avait-il terminé la voix plus faible.

- Comment ça tu en es sûr ? Je ne comprends rien.

Il souffla, posant sa tête contre l’un des barreaux froid et humide. Il lui était difficile de se remémorer cet instant tellement il avait été trouble pour lui. Malgré tout, il accepta enfin de lui parler.

- Il y a plusieurs mois, je faisais parti de la garde elfique. J’étais haut placé ! fit-il avec un rire mélancolique et amer.

Zurin. Cet idiot avait pris son poste. Bien sûr, il en prenait toute la gloire en rejetant la faute sur lui.

- Mais il y a eu cette Grande Guerre à Lafand. Tout a changé. Mon équipe a été appelée en renfort avec la reine, elle nous accompagnait en tant que chef de l’armée. Je me battais au mieux, je défendais mon peuple.

Il s’arrêta et marqua une pause. Reprenait-il son souffle ? Ou digérait-il la réalité qui lui claquait au visage ? Skyrah s’était détendue. Elle écoutait attentivement ce qu’il comptait.

- Mais je l’ai vu. Une femme je crois. Je ne sais plus. Elle avait le visage caché et une cape bleu foncé. Elle semblait poursuivre une autre personne, je ne l’ai pas vu nettement. Mais celle-ci portait un tissus noir. Je me rappelle avoir trouvé ça vraiment étrange, alors j’ai décidé de les suivre. C’est bizarre, rigola-t-il comme s’il se moquait de lui-même. J’étais, et je suis encore, persuadé que la vrai guerre ne se trouvait pas sur le champ de bataille. Mais bel et bien avec ces deux personnes. Il se passait quelque chose, dont personne ne semblait être au courant.

Il marqua une pause cherchant dans ses souvenirs pour retrouver chaque détail. Après avoir reprit son souffle, il reprit son discours qui intéressait de plus en plus Skyrah. Elle avait peut-être eu raison ? La Grande Guerre semblait étrange. Peut-être qu’effectivement, un détail manquait à l’appel ? Ce détail :

- Quand je suis arrivé en haut, la femme à la cape bleu tenait une arme au manche bleu aussi. Elle pointait sa lame sur l’autre personne. Lorsqu’elle a remarqué ma présence, elle s’est tournée. Je n’ai pas réussi à voir son visage. Elle m’a hurlé de redescendre et me mettre à l’abri. Comme… (il réfléchissait) je n’ai pas bougé, elle a comme envoyé à une vitesse fulgurante son arme vers moi. D’une telle force, que le vent m’a propulsé à plusieurs mètres derrière, tout ça sans me blesser. La personne en noir en a profité pour partir dans le château. Une explosion a eu lieu en même temps sur le champ de bataille. Je me rappelle l’avoir regardé un moment, elle m’a tourné le dos avant de la suivre. J’ai rejoint mon groupe après ça. Je suis allé aussi vite que je pouvais. Mais quand je suis arrivé, la reine Shura me fixait froidement. La plupart des hommes étaient au sol, blessés. Je n’oublierais jamais ce regard qu’elle m’a lancé.

Qu’est-ce que cela voulait-il dire ? Deux femmes l’une contre l’autre ? Étaient-elles la vrai cause de la Grande Guerre ?

- Donc, tenta-t-elle de comprendre en démêlant tout cela. Tu as suivi des femmes en pensant aider et arrêter cette guerre. Mais la reine t’a vu arriver après les explosions. Comme un combattant qui aurait fuit le combat. Et, je suppose, qu’elle en a déduit que tu avais déserté.

Il acquiesça d’un mouvement de tête sans lui accorder le moindre regard.

- Tu as été banni comme déserteur, en conclu-t-elle en murmurant.

- Sauf que ce n’est pas le cas ! se tourna-t-il vers elle essayant de se défendre.

Il plongea son regard dans les yeux turquoises de Skyrah qui fit de même. Un petit silence prit la pièce, tous deux se fixaient sans rien dire. Il était étrange comme elle pouvait rester comme cela des heures durant. Mais, peut-être la trouverait-il folle si elle ne lâchait pas le regard ? Si elle continuait de se plonger dans ces pupilles entouré de bleu, foncé comme un ciel étoilé. Elle cligna plusieurs fois des yeux, coupant le fil invisible qui s’était créé entre eux.

- Accusé à tort, sans preuve pour te défendre…

Avait-elle réfléchit à ses paroles ? Possiblement pas. Elle avait conclu à voix haute. Peut-être était-elle trop troublé par ce regard ?

L’homme, comme seule réponse, se plaça dans un coin de la geôle et s’assit violemment au sol. Son coude gauche était soutenu par son genoux.

- Nous allons sortir d’ici, argua-t-elle. Je dois parler à la reine.

Il ricana amer.

- Impossible. Il faut une clef. Et de ce que je vois, nous sommes prisonniers.

- Certes, souffla-t-elle en se tournant vers les barreaux.

Elle s’approcha de la porte. Skyrah laissa glisser ses doigts sur la serrure pour en détailler la construction étonnante. Elle ne ressemblait en aucun cas à celles des humains. Bien moins simple, ce qui était à son plus grand malheur. Pourtant elle aimait croire qu’un verrou restait un verrou. Elle avait scruté chaque détail de la porte en barreaux. Puis laissa glisser son regard sur les recoins de la geôle. Elle fit le tour de la petite prison sous le regard - qu’elle ne sût traduire - d’Azkiel. Skyrah cherchait un objet pointu qui pourrait entrer dans la serrure. Avait-elle déjà crocheté ? Jamais. Du moins, elle ne s’en souvenait guère.

Rien dans cette foutu prison ne pouvait l’aider. La seule « chose » qu’elle avait trouvé se résumait à un petit caillou qu’elle prit tout de même. À court d’idée, elle se mit à frapper de toutes ses forces. Son dernier coup fit voler la pierre en éclat, certains frôlant son visage. Elle cru y voir une réaction de l’elfe. Avait-il eu peur qu’elle ne se fasse mal ? Non. Elle n’y croyait pas.

Le cœur du jeune homme avait fait un bon en voyait les morceaux s’éparpiller dans les airs. Il eut un soulagement en constatant qu’elle n’avait rien et cacha bien vite son sursaut. Qu’elle idiote, avait-il pensé. Après un souffle, bien indiscret - qu’elle traduisit comme de la lassitude - il reprit la parole.

- Les constructions de ces prisons sont faites pour être indestructibles. Elle résistent aux éléments de vos sorciers, à la force de vos guerriers et bien d’autres. Tu n’y arriveras pas avec un simple caillou. Seule une clef peut nous aider. Malheureusement, les clefs de chaque prison sont uniques. Ce qui veut dire que celle de devant ne pourrait pas ouvrir la notre. Ni les autres d’ailleurs. Nous sommes coincés ici.

- Il y a forcément une solution, se contenta-t-elle d’émettre en refusant d’abandonner si vite.

- J’ai bien peur que non.

- Si… il le faut.

Elle perdait espoir trop vite. À chaque fois elle se voyait ralentir par la peur de ce qu’elle pouvait affronter. Pour une fois qu’elle espérait plus qu’à l’accoutumée. C’était quelqu’un d’autre qui l’écrasait encore plus.

Elle s’était assise, fixant le sol dans un silence glaçant. Elle savait que la moindre idée leur laissait une infime chance de sortir d’ici. Skyrah voulait tenir sa promesse. Aider les Édiles et sauver les capitales. Pourquoi le monde était-il donc contre elle ? Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Elle serra ses bras contre ses jambes, recroquevillée sur elle-même. Tout ce qui était autour disparu dans le néant. Ne restait plus que ses pensées déchirantes.

Combien de temps s’était-il écoulé depuis ? Ils étaient coincés dans l’obscurité de la pièce. Elle demeurait toujours sans indice. Aucune idée n’avait germé en son esprit, la laissant vide. Elle s’était même surprise à supplier en silence que quelque chose lui parvienne. Tellement, que peu lui importait ce que c’était.

Perdu dans sa torpeur, elle ne senti que peu après son poignet qui lui brûlait au niveau des veines. Sa peau du bras gauche qui chauffait anormalement. Ce n’était pas comme un feu ardent où elle s’en serait déchirée la peau. Non, c’était doux et agréable. Comme un petit soleil logé sur son poignet gauche. Perplexe, elle lâcha ses jambes pour retirer son gant et trouver la raison de cet étrange changement. Elle écarquilla les yeux en voyant sa marque briller légèrement. Réagissait-elle à sa détresse ? Était-elle si pitoyable à voir ? Azkiel avait lui aussi bougé en remarquant ses mouvements. Il était intrigué, surtout face à ces yeux turquoises grands ouverts.

Il ne fallut que quelques minutes pour que la lueur ne s’arrête. Elle disparu comme une illusion. Avait-elle rêvé ? Impossible. Skyrah et Azkiel se regardaient interrogateurs. Aucun n’avait comprit ce phénomène. Puis des son familiers - comme des couinements - vinrent résonner à leurs oreilles. Quatre esprits avaient fait leur apparition de l’autre côté des barreaux. La marque de la Prière les avait visiblement attiré jusqu’ici.
Skyrah fronça les sourcils en les voyant, ne faisant pas le lien de suite. L’elfe, de son côté, s’était approché d’elle pour les fixer à son tour. Quatre autres arrivèrent, dont un qui tenait une clef - celles-ci traînait au sol dans un petit grincement métallique. Ensemble, ils se firent la courte échelle permettant au dernier d’accéder à la serrure de leur geôle. Ce ne fut qu’après quelques secondes quelle reconnu sa petite mèche. C’était lui. Celui qu’elle avait vu plus tôt, à qui elle avait offert des petites caresses sur sa tête. Il tourna la clef avec ses bras courts et ils se laissèrent tomber au sol laissant le passage libre aux deux jeunes gens.

Ils étaient tous deux aussi surpris l’un que l’autre. Skyrah mit moins de temps à réagir. Elle se leva - quelques douleurs dans les jambes, étant restée assise longtemps - et quitta la cellule.

- Allons-y, fit-elle en se tournant vers Azkiel debout à son tour.

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