Chapitre 25

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Son instinct agissait comme un chuchotement. Une petite voix douce et fragile, à peine audible, qui lui dictait quoi faire. Skyrah s’était laissée envahir par cet étrange sentiment. Elle s’était levée malgré la douleur. Et elle lui faisait dorénavant face. La jeune femme allait tenter quelque chose qui lui semblait impossible. Mais peut-être était-ce exactement ce qu’il fallait ? Tout comme avec le golem et sa vitesse ?

Elle tenait bien fermement son arme. Ses phalanges devaient sûrement être bleus à l’heure actuelle. Elle recula de quelques pas afin de le laisser s’approcher de nouveau. Il était temps pour elle d’être la guerrière qu’elle était autrefois.

Assez près, elle pointa l’épée vers l’abdomen du monstre, sans pour autant le toucher. La lame le frôlait dangereusement. Et peut-être parce que l’ancienne elle était toujours en vie - caché dans sa mémoire - un cercle magique apparu sous ses pieds. Elle l’avait invoqué. Skyrah ne savait pas comment, ni ce qu’il représentait ou même ce qu’elle allait faire exactement. Mais son corps, lui, le savait.

D’une force qu’elle ne se connaissait pas, une chaleur enveloppa sa chair tandis que le monstre s’était arrêté dans ses mouvements. Elle allait mieux. Sa jambe ne lui faisait plus mal. Sa tête ne la lançait plus. Son sang avait cessé de couler. La force affluait dans ses veines d’une lueur nouvelle.

Leurs blessures s’étaient échangées. Le museau du monstre saignait. Sa jambe tremblait. Ses bras perdait de leur force. Ses yeux vrillaient de douleur.

Et c’est à ce moment qu’elle porta le coup fatal. Le cercle disparu, elle planta - sans une once de peur - l’épée profondément dans le cœur du monstre. Dans un hurlement de douleur, il s’effondra au sol en pierre pour finir par s’évaporer en tas de poussière noire.

Skyrah dégluti. Ses blessures avaient disparu. Elle ne savait même pas cela possible. Mais la preuve en était là. Un don. Un sort venant peut-être de sa nouvelle classe. Le monstre avait été griffé au bras par son sylf. Blessure qu’elle possédait maintenant. Malgré tout, la douleur en était bien plus supportable que les anciennes.

Elle reprit son souffle en lâchant son arme au sol. L’écho brisa ses tympans. Ses sens semblaient en éveil. Bien trop à son goût. La lumière - faible pourtant - devenait trop intense pour ses yeux. Le froid brûlait comme des flammes. L’adrénaline quittait son corps. La fatigue était revenu la hanter.

Puis elle sombra.

Elle senti ses côtés s’élever au rythme de sa respiration. Chaque mouvement semblait difficile. Elle ouvrit les yeux. Un plafond de pierre et de bois était au dessus de sa tête, mais aucune trace de neige ni de glace. Il faisait bon. Elle sentait la couverture qui la réchauffait jusqu’à son cou. L’odeur du feu et son crépitement la rassurait. Skyrah tourna la tête à sa droite et fut surprise d’y voir Azkiel assoupi. Assit sur un fauteuil, il avait les bras croisés et les yeux fermés. Æthnis était là aussi. Elle souriait tout en s’approchant d’elle.

- Tu es enfin réveillée, chuchota-t-elle en posant sa main sur le front de la blanche. Comment te sens-tu ?

- Ça va. Un peu fatiguée. Et une petite douleur à la tête. Mais ça va.

- Tant mieux, fit-elle en s’asseyant sur le lit. On a eu tellement peur.

- Je me suis battue. Le monstre a tué mon sylf, argua Skyrah la gorge nouée tout en s’asseyant.

- Je sais. Quand on s’est rendu compte de ton absence, on t’a cherché partout. Pendant plusieurs heures. Azkiel est tombé dans un trou où il a trouvé une porte ouverte. Il a vu ton sylf. Tu étais inconsciente, morte de froid et blessé. Il t’a ramené. On a aussi prit le temps de récupérer tes affaires.

- Je t’avais dit qu’il n’était pas méchant, ria-t-elle gentiment.

- Tu ne penses qu’à ça, répondit la templier par un sourire. Tu me surprendras toujours. Tu penses constamment aux autres et cette querelle entre elfe et humain. Tu viens à peine de te réveiller et tu penses encore aux oreilles pointues.

- Où est Zéphyr ? le chercha-t-elle du regard.

- Avec la propriétaire de la maison. Ça fait quelques jours que nous sommes là.

- Quelques jours ? s’étonna-t-elle plus fort qu’elle ne le pensait - car Azkiel ouvrit lentement les yeux dans un petit grognement.

Il bougea son cou, faisant des cercles avec sa tête - sûrement pour éloigner les douleurs dues à sa position. Puis il la regarda sans rien dire. Son visage transmettait toujours autant la neutralité. Mais elle arrivait à lire dans ses yeux qu’il était tout de même soulagé de la voir.

- Combien de temps ?

- Quatre jours environ, répondit la templier.

- Si longtemps ?…

Elle qui voulait arriver au plus vite à Lafand. C’était mal parti. Son corps avait probablement usé trop d’énergie dans une seule journée. Entre le flashback, la perte de son groupe, la cachette dans la neige, la mort de son sylf, le combat et l’utilisation d’un sort... Ça ne l’étonnait plus autant après avoir énuméré les quelques heures qu’elle avait eu.

- Comment tu te sens ? demanda l’elfe sans bouger, ses bras étaient toujours croisé sur son torse.

Elle comptait répondre. Mais repenser à ce qu’elle avait vécu avait éveillé un détail qu’elle ne se sentait pas de garder seule encore longtemps. Fragile, elle se leva tout de même en cherchant le sac qu’elle portait. Lorsqu’elle le trouva - avec le reste de ses affaires - elle le prit et retourna près de Æthnis. Elle les déplia pour les étaler sur les draps. Elle aurait préféré à un mauvais rêve concernant ses trouvailles. Mais le dessin de l’arme était encore bien encré sur ce papier.

Azkiel s’était levé et se tenait maintenant debout derrière elle. Ses yeux vers les feuilles jaunâtres. Æthnis aussi s’était mise débout, ses sourcils étaient froncés d’incompréhension.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda l’elfe.

Le souffle de l’homme vint chatouiller le cou de Skyrah. Elle frissonna. Mais éloigna vite ce sentiment pour se concentrer sur le vrai problème.

- C’était étalé sur une table, dans la grotte. C’est… effrayant.

- Qu’est-ce que… fit la templier en lisant la feuille sur Kléftis. Une arme voleuse d’énergie cristalline ? Je n’ai jamais vu cette dague. Elle n’existe pas dans les registres des Édiles.

- Moi si… se mordit Skyrah en regardant les traits composant le dessin.

- Ou ?

Æthnis avait reprit son sérieux. Il était rare même de la voir aussi grave. La blanche déglutit.

- C’est flou. Mais je crois l’avoir déjà aperçu dans mes flashbacks. La femme à la capuche. C’est elle qui la portait. En fait, plus j’y pense et plus je suis sûre de l’avoir déjà vu.

- Tu penses qu’elle est encore en sa possession ? Encore en vie ?

- L’endroit semblait abandonné. La broche était la clef, alors, si la reine l’a depuis la Grande Guerre et si cette personne est encore en vie, elle n’a pas pu y entrer depuis.

Æthnis se tue. Elle réfléchissait. Entre l’attaque des capitales et cette nouvelle, l’équilibre déjà fragilisé de Xadis semblait encore plus enclin à se briser. Et c’était une très mauvaise nouvelle. La personne qui avait attaqué les capitales était-elle la même que celle qui possédait cette arme ? Quand bien même, pourquoi vouloir détruire les villes ? Et pourquoi chercher à voler l’énergie cristalline ?

Une femme entra dans la pièce, les mains portant un plateau de quatre bols. Elle les posa sur la table - près du siège où avait dormi Azkiel. Celle-ci était accompagné de Zéphyr.

- Skyrah ! se réjouit-il avec un grand sourire.

- Tu es réveillée ! s’écria l’inconnue en sautant dans les bras de la blanche qui ne s’y attendait pas. Ça fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vu !

- Comment ? fut le seul mot qui s’échappa de la gorge de Skyrah.

- Elle dit te connaître, expliqua la templier en s’approchant des bols pour les disposer sur la table.

- On se connaît ?

- Tu ne te rappelles pas ?

Un silence prit la pièce. Ça faisait un petit moment qu’elle n’avait pas vécu cela. La partie de l’histoire où elle devait raconter avoir perdu chaque souvenir. Quoi que c’était différent cette fois-ci. Car elle en avait retrouvé quelques-uns et qu’elle entreprenait un voyage afin de les retrouver entièrement.

- C’est vrai que tu sembles différente, reprit la femme qui s’était écarté d’elle. Tu avais des yeux et cheveux marrons autre fois. Mais je suis certaine que c’est toi. J’en suis même convaincue.

- Je… je suis amnésique. 

L’inconnue eut un sursaut. Ses yeux s’étaient grands ouverts alors qu’elle fixait encore le visage de la blanche. Et pourtant, son sourire restait encré sur son visage.

- Tu es venue avec ton groupe, commença-t-elle en l’invitant à s’asseoir afin de manger - pour ne pas que ce ne soit froid. Vous étiez sept ce jour là. Je me souviens bien, quatre hommes et deux femmes t’accompagnaient. Il y avait une petite tempête ce jour là. Vous veniez pour un abris. Vous aviez été séparés pour que chacun ait une chambre. Tu es venue chez moi. Tu avais l’air perdu et désorientée, triste.

Skyrah l’écoutait attentivement, oubliant le goût de son repas. Elle cessa même de penser à la présence des trois compagnons à ses côtés.

- Ce jour là, tu ne disais rien, perdue dans tes pensées. Tu entendais à peine ce qu’on disait (elle rit légèrement). Lors du repas, tu as parlé pour la première fois devant moi. (Son visage s’assombrit, même si son sourire demeurait toujours.) tu venais de perdre ta plus chère amie. Tu cherchais un endroit que tu ne connaissais pas. Tu disais qu’il aurait pu être la clef de tout. Mais tu n’as rien trouvé.

- Vous savez quel genre d’endroit c’était ?

- Si mes souvenirs sont bons, c’était un QG ? Je crois.

Elle arrêta tout mouvement. Elle réalisait enfin. Il avait donc fallu des mois et une perte de souvenir pour le trouver ?

- Un souterrain impossible à voir dans une tempête… On l’a trouvé.

Elle se frotta les yeux et reprit.

- C’est bien plus grave que prévu.

- Que veux-tu dire ? demanda l’inconnue.

- J’ai trouvé des dizaines de feuilles là-bas. Toutes inquiétantes. Certaines parlaient d’améliorer des épées, haches, lances… dont une montrant l’existence d’une arme. Elle absorbe l’énergie de sa cible pour la transmettre à son porteur. Et dire que je cherchais ça dans le passé…

Un silence s’installa dans la pièce. Plus personne ne parlait alors que Skyrah imaginait nombre de scénarios où elle avait trouvé le QG avant la perte de ses souvenirs. Peut-être n’aurait-elle jamais été amnésique ? Peut-être que son groupe aurait été avec elle ? Mais, elle n’aurait jamais rencontré Æthnis, ni Zéphyr. Et Azkiel ? Si elle travaillait pour la reine, peut-être l’avait-elle déjà croisé ? L’homme avait pourtant dit ne jamais l’avoir vu. Dans ce cas, elle n’aurait peut-être jamais fait sa connaissance non plus. L’un comme l’autre était douloureux. L’un comme l’autre lui faisait perdre des personnes chères à ses yeux.

- Bien ! la coupa l’inconnue pour son plus grand plaisir. Si tu ne te souviens pas de moi, je vais me présenter. Je suis Oshu Livla, habitante du village de Cori, enchanté.

La blanche sourit. Cette femme pleine d’énergie lui donnait du baume au cœur. Ça devait être dur pour elle. Voir une personne qu’elle aimait mais être la seule à s’en souvenir.

- Enchanté de même, je suis Skyrah. 

Ils continuèrent donc de manger. Oshu semblait bien cacher son mal par rapport aux souvenirs de Skyrah. Elle racontait tout ce qui lui était arrivé après son départ. Comme si elles ne s’étaient jamais quitté. Comme si elle n’avait jamais perdu son passé. Comme si tout était comme avant. La femme enthousiaste illustrait chacun de ses propos avec de grands gestes de mains tandis qu’ils finissaient leurs plats. Elle était d’une joie à en couper le souffle. Et un grand bol d’air frais pour le cœur de Skyrah qui en oublia vite ses maux. Mais malgré tout cela, un pic restait coincé.

Elle allait se souvenir. Elle l’espérait au plus profond de son cœur. Mais dans combien de temps ? Et si son arme n’y était pas ? Qu’allait-elle faire ?

Skyrah était partie à la recherche d’une arme à Lafand, capable de lui redonner chacun de ses souvenirs d’autan. Elle était donc resté sur cette idée, qu’au bout de ce voyage, elle allait enfin savoir qui elle était réellement. Mais elle n’avait pas imaginé l’histoire autrement. Et les « si » s’entremêlaient dans sa tête comme une tempête gelée.

Si ce voyage était vain ? Si son arme n’y était pas ? Comment réagirait-elle ? Elle resterait Skyrah, la femme tombée du ciel sans aucun passé. Sauf qu’à la différence, certains étaient déjà revenu. Vivre en sachant qu’elle était quelqu’un mais sans avoir jamais la réponse. C’était douloureux rien de d’y penser.

Elle se leva et aida ses compagnons à débarrasser la petite table. Dans la cuisine, une étrange odeur de brûlé frappa leurs nez. Ils se regardèrent perplexe. Ce n’était pas la cuisine d’Oshu qui brûlait. Le cœur de Skyrah frappa plus fort dans sa poitrine alors qu’ils sortaient de la maison pour regarder dehors. L’une des habitations de bois brûlait. Les flammes rongeait les murs à s’en élever à plusieurs mètres de haut. Le paysage auparavant blanc neige, s’était teint de rouge et de cendre. Le ciel était assombrit par la fumée noire et étouffante. Ses amies ne prirent pas longtemps avant de s’élancer vers l’habitation afin d’aider les victimes. Skyrah voulu en faire de même. Mais ses jambes semblaient bloquées. Pourquoi ? Elle avait déjà fait face au feu, avec la Rozmerla. Alors pourquoi n’arrivait-elle pas à avancer ? Pourquoi ses membres ne répondaient plus ? Pourquoi avait-elle si peur cette fois-ci ?

Sa gorge s’était serrée. Même de loin, elle sentait la chaleur pénétrer sa peau jusqu’à la brûlure. Même de loin, elle semblait être prisonnière des flammes. Elle était pétrifié. Les yeux écarquillés sur l’incendie, elle paraissait elle-même victime des flammes - mais n’était entouré que par la neige et le froid.

Elle avait peur. Non, plus. Elle était prise d’une terreur sans nom. Et pire encore, elle ne savait se l’expliquer.

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