Chapitre 27

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Durant le trajet, personne ne prit la parole. Seuls les pas des sylfs s'enfonçant dans la neige résonnaient à leurs tympans. De temps en temps Skyrah entendait Æthnis et Zéphyr se chamailler comme des enfants - peut-être tentaient-ils de faire passer le temps ? À cause de son accident dans ces montagnes, la blanche avait vu sa monture perdre la vie. Elle accompagnait donc la templier, sa tête posée sur le dos de la rousse qui tenait les rennes. Elle fixait le paysage sans rien dire.

Azkiel avait raison. Elle était fatiguée et peinait presque à garder les yeux ouverts. Mais il était hors de question qu'elle perde du temps dans ce voyage. Plus les jours passaient et plus son envie d'en découvrir davantage grandissait. Xadis était en danger. Ses souvenirs pouvaient les sauver. Il lui semblait plus qu'important de continuer leur voyage au plus vite - elle se reposerait une fois les réponses en têtes.

Elle observa toujours les décors quand une grande montagne se découpa dans l'horizon. Ce n'était pas seulement de la pierre et de la végétation. Non. Parce qu'au dessus se tenait quelques points. Ses yeux concentrés, elle finit par comprendre que son imagination ne lui jouait pas des tours.

- Tout va bien ? demanda Æthnis sortant la blanche de sa transe.

Skyrah releva la tête pour fixer Æthnis - son visage de profil afin de la voir.

- Oui, je ne m'attendais juste pas à ça.

Elles regardèrent toutes les deux les ruines de Lafand au loin. Même d'ici, elles pouvaient nettement y voir les habitations détruites et le palais en morceaux. Ça lui donnait froid dans le dos.

- Je sais qu'il y a eu la grande guerre, mais je ne pensais pas que tout serait détruit.

- Et nous sommes encore loin. Certains racontent que le château aurait explosé, les décombres se seraient écrasés sur la ville et ses habitants. Je n'étais pas sur place mais c'était destructeur. Comme une onde de choc ultra violente venant du palais. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. La seule chose que j'en retiens c'est que beaucoup de personne en sont mortes, soldats comme villageois. Et depuis, Xadis souffre du déséquilibre. Les animaux mutent, la végétation péri, les saisons se mélangent...

Skyrah l'avait attentivement écouté, laissant ses yeux se perdre sur Lafand. Plus ils avançaient, plus la capitale semblait l'appeler. Elle en était sûre maintenant, ses souvenirs possédaient la réponse. Avec sa visite à Belforis, la reine lui avait avoué qu'elle travaillait auparavant au palais de Lafand. Peut-être était-elle présente durant cette Grande Guerre ? Récupérer son passé allait lui permettre de mettre au clair certains détails de toute cette histoire. Des détails qui avaient échappé au monde. Et elle savait que ça allait être dur. Dur de tout retrouver.

Ses sentiments n'avaient pas changé. La peur lui rongeait encore les os. Peur de découvrir qui elle était réellement. Peur de revivre chaque moment de son passé qui l'avait détruite. Elle prit une grande inspiration, baissant les yeux vers le sol. Ça n'allait pas l'arrêter. Elle en avait finit avec la Skyrah effrayée par tout. Elle comptait bien assumer ses souvenirs et sauver Xadis. Elle avait seulement peur du prix que ça coûterait.

Cinq jours s'étaient écoulés depuis qu'ils avaient quitté le village Cori. Les pauses étaient régulières et il arrivait à Skyrah de changer de partenaire de voyage. Les sylfs devaient eux aussi se reposer. Étant donné que ses affaires étaient éparpillés sur les trois montures et qu'elle rajoutait du poids en accompagnant l'un d'eux, elle tournait entre eux pour qu'aucun ne soit trop chargé. Ça limitait la fatigue et aidait à garder la vitesse de leur groupe.

Ils étaient maintenant en bas de la colline où résidait les décombres de Lafand. Pendant ces quelques jours, ils n'avaient fait que parler de tout et de rien. Skyrah en revanche fut plus silencieuse qu'à l'accoutumée. Elle était tout de même heureuse de voir que les guerriers de la Ligue s'était légèrement rapproché de leur guide elfique. Ils travaillaient sur eux pour l'accepter malgré leur différent. Tout comme Azkiel le faisait pour eux - même s'il semblait plus concentré sur sa tâche principale.

Skyrah, elle, se sentait de plus en plus attiré par la ville fantôme. Une étrange sensation semblant à une voix qui lui chuchotait de venir plus près. À contrario, sa peur grandissait à chacun de ses pas. Skyrah avait réapprit à vivre, elle s'était créée de nouveaux souvenirs et se devait maintenant de faire face à son passé. Elle espérait seulement ne pas être la cause de tous les problèmes de Xadis.

Le groupe finit d'installer leur campement. Zéphyr et Æthnis s'occupaient du feu. L'elfe était parti chercher du bois - leur camp près de la lisière de la forêt. La nuit caressait l'horizon dans un ciel flamboyant. Bientôt, ils allaient être plongé dans le noir total. Bientôt, ils allaient être entouré de bruits étranges. Peut-être même allaient-ils faire face à une attaque ? Comment en étaient-ils arrivé à un point où l'extérieur représentait un tel danger ?

Skyrah semblait hypnotisée par Lafand, ses yeux ne lâchant pas la capitale d'une seconde. Mais l'obscurité cacha bien vite sa vue. Le soleil disparu, Lafand se noya dans un ciel noir de jais. Ses souvenirs s'y trouvaient. Elle n'avait d'autre explication à un tel intérêt. Elle se détourna de la capitale pour fixer le feu qui crépitait au milieu du groupe. Æthnis s'était assise à sa droite et Zéphyr en face d'elle - de l'autre côté du feu - aiguisait la lame de son arme.

Azkiel revint après quelques minutes, il déposa les quelques branches qu'il avait récupéré avant de s'asseoir. Il semblait gêné, comme s'il comptait demander quelque chose qu'il ne voulait pas. Il se gratta l'arrière de la tête avant de se redresser.

- Que se passe-t-il exactement aux capitales humaines ? prononça-t-il vers Zéphyr puis Æthnis.

Ils s'arrêtèrent tous deux pour se concentrer sur lui. Ils semblaient surpris par la question. Le berserker se redressa, ses sourcils froncés.

- Quelqu'un ou quelque chose à percé les murs, commença-t-il en posant son arme au sol.

- Détruire serait le mot exact, renchérît la templier l'air dur.

- Je croyais que vos murs étaient pratiquement indestructibles ?

- Nous le croyions aussi.

- Il y a eu beaucoup de victime ?

- Nous sommes à une soixantaine de blessés et vingt et un morts, argua Zéphyr.

- Je comprends mieux pourquoi les Édiles ont demandé l'aide de la reine.

Malgré les apparences, le nombre l'avait fait frissonner. Entre les attaques à Stivalls et Erswin, et l'intrus à Belforis, il y avait de quoi s'inquiéter. Chaque barrière dites indestructible ou impénétrable avait été brisé. Comment ? Pourquoi ?

- Belforis est protégée par la forêt n'est-ce pas ? demanda Zéphyr.

Même s'il avait beaucoup de mal à supporter les elfes depuis la Grande Guerre, il espérait profondément que la capitale ne subisse rien de grave. Augmenter le nombre de mort le détruirait encore plus. Il était devenue guerrier de la Ligue afin de protéger toutes ces personnes qui ne pouvaient le faire seules. Voir toutes ces familles pleurer leur défunt n'avait fait que renforcer ce sentiment. Il était hors de question qu'il laisse cet inconnu courir les rues librement. Il attendait seulement que l'ennemi soit à découvert.

- En espérant que la forêt tienne jusqu'à ce qu'on élucide tout ça, souffla Skyrah en s'allongeant sur l'herbe.

Ils n'ajoutèrent rien à cela et finirent par faire de même. Le décors fut prit d'un calme pesant. Le feu crépitait encore, mais pas le moindre chant d'oiseaux. Le déséquilibre avait assombrit ce monde, le condamnant au silence et aux dangers. Skyrah était plus qu'effrayée à l'idée de retrouver son passé. Mais son envie de sauver Xadis était bien plus grande.

Le lendemain, ils s'étaient rapidement mis en route. Skyrah fixait le vide alors qu'ils grimpaient la dernière pente. Elle se rapprochait de plus en plus de son passé oublié. La boule présente en son estomac se fit plus lourde, plus conséquente. Était-elle réellement prête ? Avait-elle seulement le choix ?

- Tu doutes ? demanda Æthnis face à elle.

Skyrah se redressa pour la regarder. Elle ne l'avait pas entendu, trop perdu dans sa torpeur.

- Est-ce que tu as peur de retrouver tes souvenirs ?

Elle laissa le silence s'installer entre elles. Mais finit tout de même par répondre.

- J'ai envie de les retrouver. Ne serait-ce que pour sauver ce monde. Je ne sais même pas comment, mais je suis persuadée d'avoir les réponses qu'il faut. Et à la fois... Æ, j'ai perdu tant de personnes qui m'étaient chères. Chaque fois que j'ai un flashback, le poids de leur perte grandit.

Elle prit un moment pour respirer. Sa gorge se serrait à mesure qu'elle parlait. Elle retenait les larmes qui tentaient désespérément de couler.

- Je veux sauver Xadis. Mais la douleur de certains souvenirs est tellement insupportable. Ça me fait tellement mal de me dire que j'ai tout oublié. Que ces personnes que je ne connais plus ont été très importantes. Mon frère, mon groupe, Justie... Ils sont étrangers à mes yeux. Mais je ne peux pas nier le fait que j'ai des souvenirs d'eux. Ces souvenirs me hantent. Ils me blessent comme personne. Parce que je les ai perdu, eux, et tous mes souvenirs. Il y a plusieurs mois, je m'étais préparée à me créer une nouvelle vie, j'avais accepté n'être personne. Mais au fond, je voulais découvrir qui j'étais. Et quand le moment se présente enfin...

Elle se tut. Quand le moment se présentait enfin, la seule chose à laquelle elle pensait, c'était de fuir aussi loin qu'elle le pouvait. Parce qu'elle avait une peur bleue. Une peur qui rongeait ses membres, qui brouillait sa vue, qui serrait sa gorge... Elle en avait assez d'avoir peur. Elle se détestait de ressentir cela.

La templier n'avait rien dit, écoutant attentivement le mal de Skyrah.

- Je doute, finit la blanche. Je ne sais pas ce qui m'attend là-bas. Et je ne sais pas combien la souffrance des pertes me sera lourde. Je ne sais même pas si je m'en sortirais avec. Mais n'est-ce pas un prix à payer et un poids à porter pour essayer de sauver ce monde ? Surtout si j'apprends que c'est moi qui l'ai détruit... Parce qu'au fond, je ne sais même pas dans quel camp je suis... j'étais. Peut-être que je vais apprendre que j'ai brisé l'équilibre ? Une part de moi est prête à réparer mes erreurs, quitte à en souffrir. L'autre part, espère rester dans l'ignorance.

Skyrah se tut. C'était étrange de dire tout ce qu'elle pensait. Et c'était aussi douloureux. Elle espérait que seule Æthnis ait entendu. Elle ne savait même pas pourquoi elle tentait de se cacher. L'ancienne elle le faisait ? L'ancienne gardait-elle tout sans rien dire ?

Elle déglutit.

- Je ne peux pas comprendre, répondit Æthnis en dirigeant son sylf vers la gauche afin d'éviter un arbre au milieu du chemin. J'en ai vu des malheurs. Je suis un chevalier de la Ligue. J'en ai vu des malfrats, des voleurs, des hors la lois. Il y a des adultes, des enfants. Certains le faisaient pour vivre, d'autres n'avaient pas le choix. Aucun ne se ressemble. Je ne fais pas de conclusion hâtive. Je vais même t'avouer que j'ai fait exprès de me rapprocher de toi. C'est mon rôle. Je doutais. Je te trouvais étrange. Je voulais me faire une opinion de toi avant de te présenter aux Édiles.

Elle s'arrêta pour respirer.

- Tu as le droit, et c'est même normal, que tu doutes de toi. Mais je te le dis, à l'instant même où nous avons commencé à parler, à l'instant même où j'ai vu ton regard, j'ai senti qu'il n'y avait rien de mauvais en toi. Ça ne m'était jamais arrivé. Mais j'avais confiance en ce sentiment étrange. J'ai vite eu confiance en toi Skyrah. Je suis persuadée que tu n'es pas quelqu'un de mauvais.

- Et si tu te trompais ?

La templier se tourna vers elle, déviant son regard du chemin pour le poser sur la blanche.

- Dans ce cas, la personne que tu es aujourd'hui n'est pas celle du passé. Parce que Skyrah, la femme tombée du ciel, n'est pas comme ça.

Alors qu'elle comptait rétorquer, Æthnis l'arrêta d'un mouvement de main. La rousse se tourna de nouveau vers la route.

- Le passé ne définit pas qui nous sommes. Ce sont nous actes qui font ce que l'ont est. Souviens-t'en.

Elle eut envie de pleurer, d'hurler. Mais elle se contînt. Même si Æthnis avait raison, elle ne put s'empêcher de penser encore et encore. Parce qu'au fond - si elle avait réellement causé le déséquilibre - tout resterait de sa faute. Elle souffla pour évacuer ses mauvaises ondes. Après tout ce voyage, il était hors de question d'abandonner. Qui qu'elle eut été, elle allait devoir y faire face.

Ils y étaient enfin.

Même détruite, Lafand semblait être une magnifique capitale. L'architecture était un mélange entre chaque espèce. Certaines constructions possédaient ce bois si particulier de Belforis à leur base, mais venait s'incruster les techniques de Stivalls et Erswin. Son cœur se serra. Les maisons devaient être vraiment belles, sans aucun doute. Mais tout était détruit.

Skyrah descendit du sylf de Æthnis pour se balader dans la ville en ruine. C'était étrange, elle reconnaissait les lieux. Comme si elle regardait une vieille photo ancrée dans son esprit. Elle n'était jamais venu - depuis sa perte de mémoire du moins - mais elle savait à quoi ressemblait Lafand avant la Grande Guerre. Elle savait que le poissonnier allait pêcher ses marchandises tôt le matin afin de les vendre frais. Elle savait que le marchand de fleur aimait surtout vendre des grands bouquets sur lesquels ils travaillait durant des heures. Elle reconnaissait la maison d'un ancien chevalier à qui elle aimait parler.

Skyrah était maintenant sûre d'une chose :

- C'est ici, murmura-t-elle la gorge serrée.

- Quoi donc ? l'avait rejoint Zéphyr en laissant son sylf à l'entrée de la capitale - avec celui des autres.

- Mes souvenirs sont là. Je les sens. Je me souviens de Lafand.

Æthnis sentait toute la mélancolie dans les phrases de Skyrah. Son regard turquoise ne pouvant s'arrêter sur un détail tellement les souvenirs étaient étranges à son goût. C'était la première fois qu'elle pouvait dire se « rappeler » de ci ou de ça.

- Un flashback ? demanda tout de même la templier.

- Non. C'est comme si, je le savais. Tout simplement. C'était beau ici. La foule était bien vivante et profitait de chaque matin pour sortir prendre l'air. Tous les magasins ouvraient et laissaient leurs marchandises aux yeux des passants. Et le château... c'est là-bas que je passais la plupart de mon temps.

Ils l'écoutaient attentivement sans interférer avec cette vague de souvenirs qui s'écrasaient contre elle. Elle avançait dans la ville abandonnée tout en scrutant chaque recoins. Plus elle marchait vers le palais, plus Skyrah se sentait attirée par lui. Elle grimpa les escaliers de l'ancienne entrée du château et fut accueillit par un énorme trou dans le sol - laissant entrevoir une salle. Certaines parties des étages demeuraient encore debout : les murs, le plafond (en morceaux), parfois des escaliers menant à du vide...

Mais de tout les endroits, Skyrah descendit dans cette pièce au sous sol. De là, la lumière s'incrustait dans les décombres par les trous présents au plafond. Un socle se trouvait au centre de celle-ci. Le sol était fissuré, la terre en dessus était visible. Certains piliers tenaient encore debout tandis que d'autres avaient été détruits.

Elle fronça les sourcils. Cette pièce était plus familière encore que la ville de Lafand. Elle avait l'impression de tout connaître sans avoir la réponse à ses questions. Cet endroit était important, mais pourquoi ? Elle balaya son regard sur les décombres au sol. Près d'un des murs, se trouvaient des débris enfoncés dans un trou. Quelque chose l'attirait vers cet endroit. Skyrah avait l'impression qu'une lumière s'en émanait, comme un songe ou une illusion. Sauf qu'elle la voyait bien clairement.

- Il y a une lumière en dessous, fit-elle était s'approchant des débris.

- Ou ça ? rétorqua Zéphyr qui lui ne voyait rien.

Seule elle pouvait l'apercevoir. Seule Skyrah voyait cet infime espoir entre les restes de la Grande Guerre. Elle s'approcha plus encore jusqu'à sauter dans le trou afin d'atteindre ces blocs décrochés du mur. Elle tenta de soulever l'énorme rocher qui formait une cage vers sa lumière. Une prison qu'elle se voulait d'ouvrir afin de se trouver elle-même. C'était la première fois qu'elle ressentait une sensation pareille. Son corps hurlait pour être libéré de ces débris. Elle n'avait qu'une chose en tête : libérer la lumière pour faire sortir son passé perdu.

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