Chapitre 6

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Elles entrèrent dans le bâtiment de cristal, en dessous des trois tours flottantes. Après leur entrevue avec Calcim, Æthnis avait décidé qu’il était temps d’aller faire son compte rendu aux Édiles et donc d’entrer dans la construction centrale de Stivalls. Elles venaient de passer la première porte et furent accueilli par un grand escalier - semblant sortir tout droit d’un château - menant à un étage inférieur. Elles firent le tour de la rambarde de cristal afin de les atteindre et de descendre en empruntant les marches. Skyrah fut éblouie par un tel spectacle, la vie extérieur paraissait si terne comparée à ces escaliers luisants à la lumière. S’y laissaient entre voir du jaune, du bleu, du violet et même du vert ! C’était magnifique. Leurs pas claquaient doucement sur chaque marches en cristal.

En bas, une table ovale argentée d’un pied en son centre, trônait la pièce de toute sa grandeur. Elle était accompagnée de plusieurs chaises. La pièce était entourée de piliers blancs offrants quelques reflets bleus à la lumière. Entre certains d’entre eux, se tenaient des portes de bois brunes - contrastant avec le reste des couleurs.

Les battants de l’entrée face à elles s’ouvrirent laissant passer les trois Édiles de Stivalls - Skyrah les reconnu bien vite en voyant leur cape significative. Ils s’avancèrent vers les deux jeunes femmes. Æthnis fit face à la table centrale pour se placer devant les arrivants. Quant à la blanche, elle décida de rester en retrait, fixant chaque détail qui interpelait son regard. Ils enlevèrent les capuches laissant maintenant apercevoir leur visages - ce qui intrigua Skyrah.

À gauche, Amalia qui les fixait de ses beaux yeux bleu ciel. Son visage pâle était entouré de cheveux ondulés marrons foncés tenus par une belle fleur rose - s’accordant avec le teint de ses joues. Le second à retirer le tissu cachant son visage était celui de droite, Darim. Une peau foncée brune, des cheveux frisés d’un noir profond et des yeux de même couleur fixant Æthnis.

- Bonjour Æthnis, commença le denier d’entre eux qui n’était autre que Astrens.

Il avait un air bien plus sérieux que ses compagnons. Ses yeux noisettes étaient froids comme la glace. Même pas une mèche de ses cheveux blonds ne vint toucher son visage dur, ceux-ci coiffés en une queue de cheval posée sur son épaule. Il glissa ses pupilles sur Skyrah restée en retrait.

- Je vois que nous avons une invitée, renchérît-il.

- Skyrah était présente durant la mission de la Rozmerla, fit la templier.

- C’est donc vous, l’inconnue qui a mis feu à notre forêt, rétorqua-t-il donnant un frisson à l’intéressée.

Elle baissa légèrement les yeux tout en acquiesçant de la tête. Elle savait que ce rendez-vous improvisé avec les Édiles allait être tendu, mais ne pensait pas qu’il la haïrait au premier regard. Car oui, elle sentait toute la haine que nourrissait Astrens à son égard. Skyrah eut d’ailleurs honte de ce qu’elle avait fait - même si elle savait pertinemment que c’était la seule solution pour se débarrasser de cette plante.

- Ne sois pas trop dur avec elle, ajouta une voix douce et cristalline, elle a tout de même détruit la plante. Il aurait bien fallut le faire un jour ou l’autre.

C’était Amalia. La jeune femme avait un sourire collé sur le visage.

- J’avais déjà entendu parlé d’une telle technique, continua-t-elle. Mais jamais je n’en avais vu les effets. (Astrens appuya son regard énervé sur Amalia qui l’ignora de toute sa splendeur). Nous vous remercions tout de même de nous avoir débarrassé de cette plante. Même s’il ne veut pas l’admettre, il aurait bien fallu faire quelque chose.

- Bien, reprit l’édile aux cheveux blonds en se raclant la gorge. Æthnis as-tu la lettre ?

Elle ne répondit rien, posant uniquement la missive sur la table avant de la faire glisser vers eux. Il la prit sans y toucher plus. Le moment était visiblement venue de faire son rapport sur cette mission. Elle commença donc à raconter en détail ce qu’elle avait vu, senti, fait…

Durant ce temps, Skyrah s’était reculée et appuyée sur l’un des piliers près des escaliers de cristal. Elle ne voulait pas non plus trop s’imposer face aux édiles. Elle avait donc décidé de se mettre en retrait pour laisser son amie faire ce qu’elle avait à faire. En réalité, si elle avait pu partir de suite, elle l’aurait sûrement fait. Mais le fait était qu’elle avait peur de manquer plus de respect aux édiles - ils étaient déjà, l’un d’entre eux en tout cas, assez remonté contre elle. Alors qu’elle écoutait attentivement ce que disait la templier. Elle senti un étrange regard sur elle.

Skyrah vit le dénommé Darim la fixer avec insistance. Cherchait-il quelque chose ?

Il attendit tout de même que le chevalier de la Ligue ait terminé avant de prendre à son tour la parole. Il arbora un sourire sur le coin de ses lèvres.

- Tu t’appelles Skyrah, c’est bien cela ?

- Oui, répondit-elle sans savoir où il voulait en venir.

- « Tomber du ciel », quel étrange prénom. Mais surtout… (il ne finit pas sa phrase et se leva pour la rejoindre) Cette couleur de cheveux. D’où viens-tu ?

Elle n’avait pas peur non. Il n’y avait rien de méchant dans les yeux de cet homme. Mais plutôt… un air plus qu’intrigué par elle, ou du moins, par les mystères qui l’entouraient.

- Pour être honnête avec vous, fit-elle en levant la tête pour cacher la gêne de devoir exhiber encore sa pitoyable existence sans passé ni histoire. Je n’en sais rien. Je me suis réveillée sans souvenir il y a de cela quelques mois. Le village de Mahi m’a recueilli et les villageois m’ont appelé Skyrah. D’après leur dire, je serais apparue de nulle par près de leur village.

- Intéressant… chuchota Darim en fixant chaque parcelle de ce qui la composait. Les villageois t’ont retrouvé sans explication ?

- Je sais juste que j’étais blessée ce jour là. Des plaies qui leur ont parues étranges… anormales.

- De plus en plus intéressante, renchérît-il les yeux brillants d’en savoir plus.

- Darim, laisse la voyons, intervint Amalia en se levant. Tu l’étouffes avec toutes tes questions. Si ce qu’elle dit est vrai elle doit être perdue. Tu n’arranges en revanche guère les choses.

- Revenons-en au plus important, ajouta Astrens qui venait le lire la fameuse missive. Erswin vient de nous informer un problème au niveau d’une de ses plages. Un fort ressenti magique inquiétant. Æthnis, pourrais-tu y aller ? Ils ont déjà mis un guerrier de la Ligue sur cette affaire, il t’attend là-bas. Quant à vous, Skyrah…

- Je peux les accompagner ? le coupa-t-elle sans même réfléchir. Je pourrais aider, comme avec la forêt…

- Vous l’avez réduite en poussière. Comment pouvons nous être sur que vous ne ferez pas de même avec cette plage ?

Skyrah n’avait guère prit le temps de mesurer ses paroles avant de répondre. Elle savait déjà que ce n’était pas du tout une solution qui aiderait à se faire accepter. Et avec cela, elle pourrait même être la cible de cet homme. Mais la jeune avait opté pour la vérité même.

- Aucun. Il n’y a aucun moyen pour moi de vous prouver cela. Je ne me connais pas moi-même. Mais j’agis comme je le pense bon. (Son visage s’était redressé et son assurance avait grandit.) Je sais aussi que je n’ai pas de mauvaises intentions.

- Vous insinuez donc que nous ne pouvons vous faire confiance.

- Je dis simplement que, lorsque je serais là-bas, je ferais tout pour aider. Je ne sais pas qui j’étais ni ce que j’ai pu faire ou ne pas faire pendant le passé… mais je sais au moins qui je suis aujourd’hui, même si je me cherche encore.

L’homme ne fut pas convaincu, elle le vit dans ses yeux et entre ses sourcils qui formaient un pli. Son regard était devenu encore plus glacial qu’avant. Un frisson parcouru son dos. Pourtant elle ne se laissa pas faire, une force en elle lui hurlait de ne pas se faire marcher dessus, de se battre pour ce qu’elle pensait juste.

- Edile Astrens, je ne vous demande pas de me faire confiance mais de croire en mes paroles. Je ne connais rien de ce monde et j’ai encore beaucoup à apprendre. Pourtant une chose est sûre, (elle fit quelques pas pour se rapprocher de lui) quelque chose au fond de moi me dit de protéger ce monde au péril de ma vie. Ce ne sont pas que de belles paroles… croyez-moi. Je suis plus qu’effrayée. Mais je ne peux m’empêcher d’agir.

L’homme ne répondit toujours rien, gardant le silence mais les yeux fermement fixés sur ceux de la blanche.

- Le passé ne défini pas qui nous sommes. Ce sont les actes qui font qui on est. Ce que j’ai fait ou ce que j’étais n’a aucune important. Je veux aider.

Amalia et Darim regardaient maintenant le blond en attente de sa réponse, eux paraissaient convaincu. Mais ça ne suffisait pas. Les yeux de glace ne se laissaient guère adoucir. Elle fit donc un denier effort en espérant que cela fonctionne.

- Faisons un marché, déclara-t-elle en croisant les bras. Je vais avec eux à Erswin. Si mes actes ne vous plaise pas lorsque nous serons revenu de cette mission. Alors vous aurez le droit de décider quoi faire de moi.

Les deux Édiles étaient plus que surpris de ce qu’ils venaient d’entendre. Ils s’étaient tous deux tournés vers Astrens pour épier sa réaction. Son visage restait de marbre, mais Skyrah avait réussi à attirer son attention, elle l’avait senti. Après quelques minutes de réflexion laissant le silence s’emparer de la pièce, il donna sa réponse.

- Très bien.

- Vous ne le regretterez pas Astrens, intervint Æthnis en s’approchant de Skyrah. Nous allons vous laisser.

Les deux femmes quittèrent le bâtiment sans se parler. Une fois dehors, la templier souffla comme si elle avait supporté un poids énorme pendant cette entrevue avec les Édiles.

- Ils ne m’aiment pas du tout, craqua Skyrah en passant ses mains sur son visage.

Qu’avait-elle fait ? Pour qui elle s’était prise de parler de cette manière aux Édiles ? Elle se détestait d’avoir écouté la petite voix dans sa tête. Il lui fallait maintenant faire attention à tous ses faits et gestes pour ne pas finir en prison voire pire ! Quelle était la sentence des édiles ? Elle n’en savait rien. Et c’était peut-être l’une des pires choses. Car elle imaginait tout, de la plus petite punition à la mort elle-même.

- J’ai l’impression que seulement Astrens se méfie, argua Æthnis, Amalia et Darim s’intéressent à toi. C’est un bon début, si je puis dire.

- Oui… Ils ont parlé d’un membre de la Ligue, une idée que qui ça pourrait être ?

- Pas la moindre. On verra une fois là-bas.

Avant de partir pour la seconde capitale, elles se dirigèrent vers un marchant afin de s’acheter à manger avant de partir. Une fois leur repas finit, elles prirent la route vers l’arrière d’un bâtiment de cristal. Il y avait une pierre bleue en forme de diamant coupé en deux, cette face plate accueillait une carte gravée. C’était Xadis. Skyrah vit l’entièreté du monde qu’elle avait oublié dessus. Il y avait quatre points, deux qui brillaient et les derniers qui paraissaient éteint. Le bloc de pierre flottait dans l’air et était soutenu - en dessous - par une architecture s’accordant parfaitement à la ville. À côté, était assis une petite personne, ressemblant plus à un gnome qu’à un humain. Sa peau était bleu foncée et celui-ci portait une simplement tunique blanche. Skyrah ne savait dire ce qu’il était jusqu’à ce qu’Æthnis lui révèle le nom de son espèce.

Au départ, les passeurs étaient des gnomes usé comme mesure de sécurité pour les transporteurs. Ils étaient divisés en quatre, un dans la ville détruite - dont elle n’avait pas prononcé le nom -, un à Belforis - transporteur vite interdit d’accès aux humains et inversement -, puis un à Erswin et à Stivalls. Au fil du temps, c’était devenu normal. Ces créatures avaient comme une connexion étrange avec les composants même des téléporteurs. Il ne leur suffisait donc que d’un mouvement pour faire voyager une personne entre les différentes capitales de Xadis. L’espérance de vie des passeurs était pour le moins fascinante, aucun d’entre eux n’était encore décédé. Ils avaient vu le monde changer et les capitales grandir au fil des années. Skyrah avait presque espéré être reconnu. Mais il ne lui apporta aucune importance alors que la templier s’avança vers lui.

- Bonjour, on aimerait aller à Erswin, fit Æthnis avec un petit sourire.

- Prenez place, répondit-il de sa voix rocailleuse tout en se levant pour se redresser.

C’était la première fois que Skyrah voyait un gnome. Des oreilles tombantes, un grand nez, des petits yeux qui devaient sûrement avoir vu beaucoup de choses… il n’était pas grand, pas plus d’un mètre vingt. Elle essaya de ne pas le dévisager même si celui-ci ne prêtait guère attention à elle.

Æthnis tira Skyrah de sa rêverie en grimpant la marche vers le transporteur. Elle y plaça sa main vers le cristal dont une carte était gravée et prit la main de la blanche.

- Bon voyage, finit-il en claquant des doigts dont des étincelles en étaient sorties.

Puis une lumière éblouissante et chaude se mit à les entourer de toutes parts. Skyrah avait fermé les yeux, elle ne savait si c’était parce qu’elle redoutait la suite ou pour protéger ses pupilles de la forte luminescence. Elle se sentait légèrement, comme si toute pesanteur avait disparue ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Puis une main se plaça sur son épaule.

- Tu peux ouvrir les yeux.

Elle s’exécuta.

Skyrah ne su pas où regarder en premier tellement qu’elle était intéressée par tout. Les habitants étaient différents, une sorte de nouvelle aura cristalline qu’elle ne connaissait pas. La ville elle était bercée par le orangé et le jaune. À leur droite, une fontaine se tenait debout, laissant s’écouler l’eau dans un ruissellement agréable. Par la suite des maisons et magasins de toues sortes dont certaines fondations étaient faites de bois. À sa gauche, un énorme bâtiment de pierres orangées s’étendait sur les côtés - sûrement celui des Édiles. Stivalls ressentait le calme et la magie que pouvait abriter Xadis. Erswin en revanche, respirait la droiture et la connaissance.

- Bien ! s’exclama la templier en faisant quelques pas vers la capitale - sortant par la même occasion Skyrah de sa contemplation. Allons voir cette fameuse plage.

La blanche n’avait fait que la suivre durant leur trajet. Elle laissait parfois ses yeux divaguer sur les marchandises et autres babioles que pouvaient vendre Erswin. Elle était tout de même vite rappelée à l’ordre par Æthnis qui avait fini par lui attraper la main pour passer dans la foule de personne qui s’agglutinait afin d’acheter de délicieux mets ou alors pour entrer dans les tavernes…

Une fois sorti de la capitale, un homme en rouge les y attendait. Des cheveux châtains en pagailles, il était de dos - une énorme épée y était accrochée. La templier s’arrêta près de lui en croisant les bras, ce n’était d’ailleurs qu’à ce moment que Skyrah comprit que c’était lui la fameuse personne de la Ligue.

- Salut Zéphyr, fit-elle alors que l’homme se tourna vers les deux jeunes femmes. Alors c’est toi qui nous accompagne.

Il avait un énorme sourire sur les lèvres. La blanche fut surtout attirée par son regard vairon - l’œil droit bleu (accompagné d’un petit grain de beauté dessous) et le gauche marron.

- Ne me dis pas que tu es déçue tout de même ! plaisanta-il avant de fixer la jeune inconnue interrogateur. On a une invitée ?

- Heu… fit-elle avant d’avancer à son tour. Bonjour, je suis Skyrah, je vous accompagne pour cette mission.

Il fronça les sourcils en la regardant. Il venait sûrement de remarquer à quel point elle était étrange… en tout cas, c’est ce qu’elle se disait.

- Tu es de quelle classe ? demanda-t-il une main sur le menton.

- Ma classe ?

- Æthnis est un templier, je suis un berserker. Et toi, tu es quoi ?

Skyrah ne sût répondre. Et si Æthnis ne s’était pas avancée elle aurait sûrement préféré s’enterrer six pieds sous terre.

- Doucement Rirat, le coupa-t-elle. Elle a perdue ses souvenirs. Donc elle n’a aucune idée de quelle classe elle appartient. Je te prierais de ne pas l’agresser de question stupide.

Rirat était le petit surnom qu’elle lui avait donné, celui-ci ne l’appréciait guère. Mais avec le temps il s’y était habitué.

- Stupides ? râla-t-il bougon. Elles ne sont pas stupides.

- Mais oui…

Ils avaient presque complètement oublié le sujet commençant leur route vers la fameuse plage. Ce ne fut pas pour déplaire Skyrah qui se sentait déjà mieux. En les regardant de plus près, elle pouvait y voir une grande amitié entre ces deux là. Un peu en retrait, elle se retrouva à ressentir une jalousie naissante. Rien de bien méchant. Elle les enviait tout simplement. Avait-elle un ami aussi proche ? Une peut-être ? Si c’était le cas, comment allait-il ? Où était-il ? Se souviendrait-il d’elle ? Même le passeur n’avait pas l’air de la connaître. Elle s’était même surprise à se demander si elle avait bien exister avant. Mais le souvenir qu’elle avait eu en était la preuve. Skyrah avait bien fait ses premiers pas à Xadis. Elle avait eu une famille, des compagnons… mais elle n’en savait plus rien. Elle voulu s’arrêter et pleurer à chaudes larmes. Pourtant elle resta forte et s’avança plus encore vers eux afin de se mêler à leur conversation et de ne plus y penser.

L’endroit était plus aride que vers Stivalls. Plus ils avançaient, moins la végétation était présente. Après quelques heures de marches - possiblement deux, si ce n’était un peu plus - ils arrivèrent enfin. Le sable glissait sous leurs chaussures et l’océan se faisait entendre. Celui-ci s’étendait à perte de vue face à eux dans un somptueux paysage. Il y avait deux petites îles boisées.

- Bien, intervint Zéphyr. D’après ce que j’ai entendu, l’énergie dont parle les Édiles viendrait de l’une de ces îles. A voir laquelle et où.

- On y va et on trouve la source, conclut la templier.

- Un jeu d’enfant n’est-ce pas ? ajouta-t-il (Skyrah ne savait dire si c’était de l’ironie ou non).

- J’y vais avec elle, nous allons sur la plus grande, continua Æthnis.

Il acquiesça puis parti. La templier fit de même commençant à y tremper ses pieds métalliques rouge et noir dans l’eau. Skyrah resta sur la plage se préparant à parler avant d’être rapidement coupé.

- Ne t’inquiètes pas, l’eau ne monte pas plus que les genoux. On peut marcher tranquillement.

Elle n’avait donc rien dit et s’avança à son tour dans le liquide translucide qui transperça rapidement ses chaussures. Elle était légèrement froide mais elle s’y habitua. Un petit sourire vint traverser ses lèvres durant ce trajet. C’était la première fois qu’elle voyait la plage, qu’elle touchait cette eau naturellement salée et d’un turquoise magnifique. La première fois qu’elle y voyait de petits poissons aux couleurs vives se mouvoir à toutes vitesse. Elle s’était même autorisée à y plonger sa main gauche - enlevant son gant. Pourtant elle le savait, qu’elle avait déjà vu tout celà. Mais elle profita du moment sans s’en soucier.

Ce n’était qu’une fois de l’autre côté que les choses sérieuses commencèrent. Elles s’étaient séparées afin de couvrir plus de périmètre sur l’île. Skyrah fouilla dans les buissons, sur les branches d’arbres, sous de petits rochers… mais rien ne dégageait une grande force d’énergie. Elle ne savait même pas quoi chercher. C’est alors qu’elle retournait sur ses pas - elle voyait Æthnis au loin faire de même - qu’elle senti une étrange sensation lui parcourir le corps. Elle avait l'impression d'être observé. Mais lorsque Skyrah regardait les alentours, elle ne vit que végétation et rocher. Elle rejoignit rapidement Æthnis voulant surtout éviter ce sentiment bizarre.

- Je crois que quelqu’un est avec nous sur cette île, chuchota-t-elle à la templier qui fixait les alentours.

- Tu as raison, il y a une étrange présence.

Elle posa la main sur son arme - une petite hache à deux faces accrochée à sa ceinture - et fit quelques pas tout en longeant le paysage des yeux. Elle prit une pierre et se mit à fixer un buisson en particulier. L’avait-elle trouvé ? La réponse arriva bien vite lorsqu’elle le lança et qu’un gémissement retentit. Æthnis n’avait eu besoin que de quelques secondes pour s’armer et se préparer à attaquer.

- Sors d’ici ! fit-elle imposante tout en pointant son arme vers l’inconnu.

- Eh bien eh bien, je ne pensais pas que vous me remarqueriez aussi tôt, fit un homme qui sorti du buisson.

Il s’avança vers elle, lui-même armée. Il possédait deux dagues aiguisées entre les mains. Le visage couvert par un casque, elles ne virent que ses yeux pincés d’amusement. Skyrah y remarqua un sac avec lui, qui n’était visiblement pas vide. Elle l’avait trouvé, cette étrange puissante. Ou du moins, lui l’avait trouvé.

- Qui es-tu ? lança la templier en pointant d’autant plus sa hache vers lui.

- Pourquoi te répondrais-je templier ? Nous ne sommes guère alliés, et je ne tiens pas à l’être d’ailleurs.

Il laissa glisser ses yeux sur la blanche qui le fixait en retour les sourcils froncés. Il lui disait quelque chose. Mais pourquoi ? Qui était-il exactement ? Elle cherchait et cherchait encore sans la moindre réponse. Mais c’était bien la première fois qu’une personne lui paraissait si familière.

- Tu aurais donc perdu la mémoire ? en conclut-il la voyant dans l’inaction totale. C’est intéressant ! J’aime celà… avoir enfin un coup d’avance sur toi. Quel plaisir. Mais, étant donné que tu me fais de la peine - quoi que non au final - je vais te donner un petit quelque chose. (Il avait laissé sa tête se pencher d’un côté et d’un autre avant de se redresser.) Et dire que tu étais une grande guerrière, redoutable même. Qui aurait cru que tu finirais ainsi. Aussi inutile qu’un déchet, finit-il avec un sourire qu’elle ne voyait que trop bien même caché derrière son masque.

- Comment… ?! s’énerva Æthnis prête à lui déchirer les bras à tout moment.

Mais Skyrah l’avait arrêté. Même elle ne savait exactement la raison de ce geste. Puis elle regarda de nouveau l’homme.

- Donc tu me connais ? fit-elle la voit presque tremblante.

- C’est le cas effectivement. Je ne sais ce qu’il s’est passé exactement durant cet accident pour que tu en arrives à ce point, mais j’en suis plutôt content !

- Un accident ?

- Ma pauvre, continua-t-il en prenant ses armes dans une seule main afin de placer l’autre au niveau de son visage (comme pour imiter une fausse désolation envers elle). Tu es devenue si… pitoyable ? Un conseil, ne te mêles plus de nos affaires. Évites de mourir sous ses mains. Car elle n’hésitera pas à te tuer, sache le. Ce serait dommage de perdre la tête. Et la vie avec.

Il n’était plus amusé. Non. Car ses dernières phrases sonnaient comme un avertissement, presque même une menace.

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