Chapitre 7

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

La femme à l’arme bleue tournait sur elle-même cherchant l’ennemi dans cet endroit aride, de pierres brunes et de sable. Elle était visiblement ennuyée et seule. Enfin, c’était sans compter sur cette personne qui la suivait depuis une heure déjà. Elle ne pensait pas qu’on la sous estimerait autant. Elle le prit presque mal.

- Allez, sors de ta cachette qu’on en finisse, fit-elle en posant la pointe de son arme au sol (elle la tenait encore par le manche bleuté).

- Eh bien, tu m’as vite remarqué.

- Que crois-tu assassin ? Je ne me fais pas avoir par ce genre de passe passe ridicule.

Les assassins étaient des classes nommés interdites depuis des années, mais il y avait toujours des pratiquants. L’une de leur technique était de se fondre dans le décors à en devenir presque invisible. Un don toujours utilisé à mauvais escient.

- Ridicule ? râla l’homme. Ma pauvre, c’est toi qui es « ridicule ». Non mais tu t’es vue.

La femme ne ressentait aucune menace venant de lui. Elle esquissa un sourire d’amusement.

- Ne me cherches pas assassin. Tu risquerais de le regretter. Et je ne veux pas perdre mon temps avec toi, finit-elle en fixant les alentours vide face à elle.

- Ahah ! Tu me fais rire. Tu n’as aucune chance face à moi.

- Ça c’est ce que tu crois.

L’homme s’élança vers elle à toute vitesse.

- J’ai une mauvaise nouvelle pour toi, j’ai une envie de me défouler qui me ronge les doigts, fit-il.

Il ne lui avait fallut qu’une fraction de seconde pour esquiver le coup. Il ne baissa pas les bras et continua, enchaînant les attaques sans le moindre succès. Elle était beaucoup trop rapide, des mouvements qu’il ne percevait presque pas.

- Comment ? râla l’homme entre deux souffles.

- Je te l’ai dit, tu n’as aucune chance face à moi. J’en suis désolée. Mais tu vas devoir l’admettre : nous ne sommes pas au même niveau.

Il était statique face à cette phrase. Il ne comprenait guère comment elle faisait. Tandis qu’elle, se lassait de lui à mesure que les secondes passaient.

- Bien, tu t’es calmé.

Elle n’avait même pas encore utilisé son arme qu’il était déjà à bout de force. Elle n’avait même pas bougé - ou alors ce n’était que de quelques centimètres. La femme à l’arme bleue se plaça face à lui le regard dur.

- Qui t’envoies ?

- Je ne te le dirais pas. Jamais.

- Comme tu veux.

Sans qu’il ne puisse s’y préparer, elle le frappa au genou à l’aide du manche de son arme. La douleur était telle qu’il tituba sous le choc et finit à terre se retenant de gémir. Il redressa pourtant la tête, son visage caché par le masque qu’il portait.

- Je suis un assassin. Je ne me laisserais pas avoir. Même sous les coups.

Elle roula les yeux avant de s’avancer vers lui afin de plonger ses yeux bruns dans ceux de l’homme.

- Donne moi au moins ton prénom, assassin.

- Je suis No…

Skyrah ouvrit ses yeux douloureusement. Elle était assise au sol, le dos appuyé contre un arbre. Sa tête lui lançait et ses oreilles sifflaient - avant que ça ne s’arrête pour son plus grand plaisir.

- Tu vas bien ? Tu t’es effondrée d’un coup, demanda Æthnis qui s’était agenouillée face à elle inquiète.

- Oui, souffla la blanche en se redressant. C’était un autre flashback, je crois.

- Je suis soulagée… répondît la templier.

- Où est-il ?

Elle avait beau fixer les alentours, il ne restait visiblement plus une trace de lui.

- Il en a profité pour filer lorsque tu as perdu connaissance.

- Il avait raison, je le connaissais. C’était un assassin, Nobimaru.

- Un assassin ? C’est une classe interdite…

- Oui, je le sais. Enfin, je le savais.

Elle ne savait même plus quoi dire et était perdue entre le passé et présent. Æthnis l’aida à se relever et elles retournèrent sur la plage pour quitter l’île. La fraîcheur de l’eau fit un bien fou à Skyrah qui reprenait petit à petit ses esprits. Bientôt, le mal de tête ne devint qu’un mauvais souvenir. Elles retrouvèrent Zéphyr qui venait de les rejoindre.

- Vous avez trouvé la source ? demanda-t-il.

- Oui, mais elle est visiblement partie, argua Skyrah qui se sentait presque coupable.

C’était de sa faute si Æthnis n’avait pas pu l’arrêter. Après tout, sans son souvenir, elle n’aurait pas perdu connaissance et la templier aurait pu s’en occuper sans ce poids.

- Comment ? demanda Zéphyr suivit d’Æthnis - ce qui surpris Skyrah.

- C’était dans son sac, il était venu pour ça.

- Un sac ? Il avait un sac ? s’étonna-t-elle.

La templier s’était tellement concentrée sur la présence même de cet intrus qu’elle en avait oublié les détails. Mais maintenant que Skyrah lui avait fait remarquer, il dégageait une bien grande énergie pour un seul être.

- Vous l'avez perdue, argua Zéphyr.

- On a rencontré un assassin nommé Nobimaru, expliqua la blanche.

- Il connaissait visiblement Skyrah, continua Æthnis en croisant les bras.

- Donc vous êtes entrain de me dire qu’il a réussi à voler une source d’énergie très puissante que les Édiles nous ont demandé de rapporter ou détruire ? Vous savez que ça sent pas bon pour nous, hein ?

Elles acquiescèrent de la tête, dépitée. Skyrah ne savait pas ce qu’il allait lui arrivé maintenant qu’elle allait décevoir une nouvelle fois les Édiles. Astrens n’allait sûrement pas lui faire de cadeau.

- Ça va être dur de leur dire… souffla Æthnis. 

Ils affichèrent tous des mines d’enterrement en quittant la plage pour retourner vers Erswin. Ils en avaient perdu l’appétit et décidèrent de faire face aux Édiles directement. Étrangement, le chemin du retour paraissait bien trop rapide à leur goût. Ils étaient déjà devant la bâtisse et durent se décider à entrer. Malgré leur envie pressente de partir en courant, ils gravirent tout de même ces escaliers imposants. Leurs pas résonnaient à leur oreilles augmentant la pression du groupe. Une fois en haut, ils furent accueilli par trois personnes vêtus de capes orangées accompagnées de dorures sur les bordures des capuches et du bas du tissus.

Ils découvrirent leur visage laissant Skyrah mettre une tête sur chaque prénom que Æthnis lui avait donné avant d’arriver. Elle trouvait plus approprié de lui décrire rapidement qui était les Édiles de Erswin avant cette entrevue qui s’annonçait compliqué. À gauche, se tenait sûrement Azel - plus petit que les autres - aux joues légèrement rebondit parsemé de tache de rousseau. Ses cheveux orangés en pagailles, il les regardait avec un petit sourire timide de ses yeux bleus. À droite, Hyzra, au visage strict entouré par des cheveux courts blonds qui les fixait de ses pupilles brunes. Et le dernier, Roth. C’est celui qui les avait accueilli et qui allait prendre la parole.

- Bienvenue, commença l’homme au cheveux noir profond avant de dévier son regard gris vers Skyrah. Les édiles de Stivalls nous ont fait part de cette nouvelle présence, Skyrah.

Lorsqu’il prononça son prénom, elle eut un frisson dans le dos. Il n’était pas aussi froid et distant que Astrens. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle était dans leur ligne de mire. La jeune ne répondit rien restant à sa place.

- Commençons, finit-il en se tournant pour pénétrer dans une salle.

Au milieu trônait une table de bois rectangulaire longeant toute la pièce. Derrière celle-ci s’étendait une large fenêtre donnant la vue sur la capitale entière. Les murs quant à eux étaient brun et possédaient des chandeliers d’or afin d’éclairer la salle lorsque le soleil n’y était point. Les édiles prirent place sur les chaises les plus proches de la fenêtre et regardèrent les guerriers de la Ligue.

- Vous étiez sur l’étrange énergie de la plage, n’est-ce pas ? demanda Roth en liant ses mains au dessus de la table.

- C’est exact, répondit Zéphyr.

- Avez-vous trouvé la cause ?

- Pas vraiment, intervint Æthnis dont la boule au ventre s’était agrandît.

Les sourcils de l’homme venaient de se froncer. Était-il furieux ? Déçu ? Skyrah n’arrivait à lire en lui et se contenta de regarder attentivement ses réactions.

- Précisez.

- Nous avons fait face à quelqu’un sur cette île, continua la templier. Il nous a devancé.

- Qui était-ce ?

- Un assassin du prénom de Nobimaru, argua Skyrah qui était peut-être la mieux placé pour parler de lui. Il est venu sur l’île pour récupérer la cause de cette étrange énergie.

- Pourquoi ne pas l’avoir arrêté dans ce cas ? fit remarquer Hyzra les bras croisés.

Était-ce le moment d’expliquer que c’était de sa faute ? Qu’elle avait perdu connaissance et que Æthnis avait jugé bon de s’occuper d’elle plutôt que lui ? Qu’allait-elle encourir après cela ? Elle s’avança tout de même tentant de garder son calme même si son cœur n’était pas du même avis.

- Si les Édiles de Stivalls vous ont parlé de moi, ils ont dû vous faire part de mon amnésie. J’ai découvert, il y a peu, que certains événements réveillent des souvenirs en mois, des flashbacks. J’ai perdu connaissance au moment où nous avons fait face à Nobimaru. Æthnis s’est occupée de moi, et il a filé.

- Je n’allais pas la laisser inerte au sol, expliqua la templier en voyant le regard de l’Edile sur elle.

- Très bien. Alors dites nous, Skyrah, que racontait ce précieux souvenir. Peut-être sera-t-il plus important que cette énergie inconnue qui a été volée sous votre nez, continua l’homme ironiquement ne cachant pas si bien que cela sa colère.

- Vous ne me faites pas du tout confiance, sourit-elle surtout prise de déception et de tristesse à la fois.

Elle se savait étrange à leur yeux. Elle savait aussi qu’ils ne connaissaient son existence que depuis deux jours à peine. Mais elle fut tout de même surprise de voir à quel point ils se méfiaient d’elle. À leur place, se serait-elle fait confiance ? Leur but était de protéger les capitales et Xadis tout entier. Voir une femme inconnue arriver, proposer son aide et faire échouer chaque mission… elle les comprenait dans un sens. Même si elle leur en voulait d’être autant sur leur garde à son égard.

- Peut-être l’aviez-vous déjà détruite ? argua Roth. Après tout, n’était-ce pas avec vos résultat que l’Edile Astrens devait se faire une idée ? Si vous voulez mon avis, je crois que c’est raté.

La colère montait. C’était injuste.

- Elle ne contrôle pas ses flash, expliqua Æthnis vite coupé par la blanche.

- Écoutez, je sais qu’on ne fait pas confiance aux premiers venu comme cela, tenta-t-elle de s’exprimer malgré sa gorge serrée. Mais croyez moi, dans mon souvenir Nobimaru ne faisait guère le poids. Je ne sais pas à quelle classe j’appartiens ni ce que j’étais auparavant. Mais je vous assure qu’avec ou sans souvenirs je veux tout faire pour aider et l’arrêter. Laissez moi espérer avoir été dans le bon camp. Mon but n’est pas de détruire Xadis.

Il resta silencieux un moment. Ce fut à Hyzra de reprendre la parole.

- Qu’en pensent nos guerriers de la Ligue ?

- C’est étrange, mais je lui fais confiance, expliqua Æthnis qui paraissait elle-même surprise de cela étant donné le peu de temps qu’elles avaient passé ensemble.

L’Edile laissa glisser son regard sur Zéphyr qui s’avança à son tour pour se mettre au niveau de Skyrah. Il afficha un petit sourire et posa sa main gauche sur l’épaule de la blanche.

- Je ne la connais pas encore suffisamment pour donner un avis concret. Mais si Æ a confiance en elle, alors moi aussi.

Roth semblait réfléchir, gardant le silence et ses yeux braqués sur Skyrah. La boule au ventre, elle tenta de garder son équilibre alors que les secondes paraissaient devenir des heures. Puis l’homme se leva dans un grincement de chaise.

- Je vais vous faire passer un test. Je vous attendrais ici à quatorze heure précise. Soyez à la hauteur et la confiance des Édiles sera à vous.

- Elle ne sait peut-être plus se battre, argua Æthnis qui paraissait plutôt contre cette idée de test.

Savait-elle ce qui l’attendait ? Sûrement. Pourtant Skyrah ne baissa pas les bras.

- C’est d’accord. 

Sa réponse avait presque résonné dans la salle silencieuse. Zéphyr et Æthnis la regardaient surpris d’avoir accepté sans même savoir ce qu’était réellement ce test. Roth, de son côté, avait levé un sourcil visiblement intéressé.

- Je serais à la hauteur de vos attentes, continua-t-elle. Et qui sait, peut-être même que j’arriverais à les surpasser ? Je vous prouverais ma valeur.

- J’attends de voir cela.

Il avait sourit. Peut-être la première fois depuis qu’ils étaient arrivés. Skyrah croyait en elle. Elle espérait seulement ne pas avoir commis une autre erreur. Après cette entrevue plus que pesante, ils étaient sorti du bâtiment pour se réfugier près de la fontaine d’Erswin. Là-bas, Æthnis s’était assise nonchalamment à son rebord comme si le poids qu’elle portait venait de lui échapper.

- Rassure moi Skyrah, tu sais ce que tu fais ? intervient-elle.

Savait-elle ?

Peut-être ?…

Non. En fait elle n’en savait rien du tout. Un brin de confiance lui avait brûlé les veines et permis de parler de la sorte aux Édiles. Mais en réalité, elle était morte de trouille. Elle avait regretté à l'instant ses paroles irréfléchies et avait finit par se demander quant est-ce que sa mort allait arriver.

- J’ai pas du tout assuré… avait-elle répondu en passant une main sur son visage avant de s’écrouler à côté d’Æthnis.

- Bon, ce qui est fait est fait, argua la templier.

- Ne t’inquiètes pas, intervint Zéphyr, je suis sûr que ça va aller. Mais il faut peut-être te trouver une arme adéquate à ta classe. Elle sera plus efficace.

- C’est vrai, allons voir le forgeron, se leva la rousse suivit par Skyrah qui trainait des pieds bien trop ensevelie par ses pensées.

Ils quittèrent la fontaine pour pénétrer la ville orangée. Erswin aussi possédait un grand mur venant protéger ses habitants, tout comme Stivalls. La blanche n’y comprenait qu’à moitié son utilité. Certes il protégeait la ville des animaux modifiés par le déséquilibre, mais il était présent depuis bien longtemps déjà. À quoi servait-il auparavant ? Ils avaient été érigés il y avait maintenant des années et ils tenaient encore debout sans aucune égratignure. Rien ne pouvait les détruire apparemment et ils gardaient en sécurité les habitants vivants à l’intérieur.

Ils ne leur avaient fallut que de quelques minutes avant d’arriver face à l’échoppe du fameux forgeron. Une fois entrée, ils furent accueilli par nombre d’armes disposées sur des meubles voire certaines accrochées aux murs de bois. Un homme apparu derrière le comptoir, un sourire aux lèvres cachées par une moustache bien coiffée.

- Bonjour combattants ! Que puis-je pour vous ?

Il avait croisé les bras sur sa bedaine, laissant entrevoir son tablier brun où certains outils sortaient de ses poches.

- Bonjour, nous venons regarder vos stocks ne faites pas attention à nous, argua Zéphyr en lui rendant son sourire tandis qu’Æthnis avait déjà entraîné Skyrah vers un rayon.

L’homme avait acquiescé de la tête avant de retourner à ses occupations. Skyrah fixait toutes les armes accrochées au mur sans savoir où regarder exactement. Elles étaient toutes différentes, certaines grandes et massives, d’autres fines et pratique… elle se demandait bien laquelle d’entre toutes elle allait bien pouvoir utiliser.

- Commençons par les armes lourdes… ou peut-être une épée fine et légère ? paraissait-elle réfléchir alors que Skyrah cherchait désespérément cette épée au manche bleu parmi les rayons.

Rien. Elle ne trouvait guère la lame de ses souvenirs.

- L’une d’elle te paraît familière ? demanda Zéphyr qui avait attrapé une belle dague au manche doré formant une fleur en son haut incrusté d’une pierre verte.

Elle avait fait au moins trois fois le tour du magasin dans l’espoir de voir cette arme. Mais en vain. Aucune ne correspondait - ne serait-ce qu’un peu - à ce qu’elle avait vu. Elle laissa échapper un soupir malgré elle avant de se tourner vers ses deux compagnons. En un regard Æthnis avait compris, ainsi que le berserker. La templier se dirigea donc vers le comptoir et interpella l’homme à la moustache.

- Que puis-je pour toi Æthnis ? demanda-t-il en reposant l’épée qu’il astiquait - avec un torchon qu’il ragea dans sa poche.

- Aurais-tu une arme qui n’est pas en vente ?

La guerrière venait souvent ici afin d’acheter son matériel. Avec ses différentes missions, il arrivait quelle brise une de ses petites haches ou même son bouclier - accroché à son bras gauche. Elle connaissait donc bien le vendeur avec qui elle pouvait se permettre de demander une telle faveur. L’homme se mit à réfléchir, il ne comprenait pas exactement ce qu’elle voulait.

- Une qui n’est pas en rayon ? continua-t-elle alors qu’il cherchait dans sa mémoire pour lui répondre.

- Non, non je ne vois pas, fit-il l’air désolé.

- Bien, finit par souffler la rousse. On va prendre une des épées…

- Non, ne t’inquiètes pas, celle que j’ai est déjà amplement suffisante, argua Skyrah qui s’était avancée vers elle.

- Tu es sûre ? Elle n’est pas très…

- Oui, certaine.

- Très bien. Eh bien, se tourna-t-elle vers le vendeur. Nous allons y aller.

- Merci de votre visite, finit l’homme avec un grand sourire qu’Æthnis lui rendit rapidement.

Ils avaient fait quelques pas avant que la blanche ne s’arrête.

- J’aimerais savoir, commença-t-elle. Qu’est-ce qui m’attend ?

Æthnis et Zéphyr s’étaient tournés vers elle surpris. Puis la templier haussa les épaules avant de répondre.

- Honnêtement, je n’en sais rien.

- On en a simplement entendu parler, renchérît le berserker. Chaque test est différent. Ce qu’on sait, c’est que toutes les personnes qui les ont passé n’en sont pas réellement revenu indemnes.

- Comment ça ? s’inquiéta d’autant plus Skyrah.

- Ils ne sont pas morts, argua la rousse en s’approchant d’elle pour la rassurer. Mais certains étaient tout de même bien amoché. Quand les Édiles ont peur, ils n’y vont pas de mains mortes.

- Peur ?

- Tu représentes tout de même une possible menace qu’ils aimeraient éloigner.

- Rassurant, murmura la blanche en laissant son regard divaguer vers le large.

Ils s’étaient promenés un peu dans la ville parlant de tout et de rien et laissant les heures défiler. Mais Skyrah n’arrivait pas à se sortir de la tête ce fameux test. Intérieurement, quelque chose lui disait qu’elle allait s’en sortir - elle l’espérait profondément - mais sa conscience regrettait amèrement d’avoir était si stupide et impulsive. L’ayant remarqué, ils décidèrent - après avoir vu la déclinaison du soleil - de l’emmener manger un bout afin de passer une bonne nuit avant l’heure fatidique. Devant la bâtisse de bois, ils entrèrent avec le sourire et l’appétit aux lèvres. Une femme les accueillit. Bien en chair, elle était d’une beauté à couper le souffle. Ses cheveux noirs de jais - presque bleu même - étaient noués en une tresse qu’elle avait laissé sur le côté. Elle se rapprocha d’eux, sa robe rose foncée faisant ressortir ses yeux brun clair.

- Hey ! Mes deux guerriers préférés ! fit-elle les bras ouverts vers eux comme pour les accueillir.

- Salut Rida ! fit Zéphyr en lui faisant un petit signe de main vite suivit par un salut plus joyeux de la templier.

Celle-ci la prit dans ses bras avant de s’écarter. La femme à la peau noire remarqua par la suite Skyrah. Au départ elle parut surprise - la blanche ne savait si c’était son physique étrange ou sa présente qui avait éveillé cette réaction - mais elle la salua tout de même avec un grand sourire.

- Une nouvelle ? demanda-t-elle.

- Elle n’est pas de la Ligue, argua Æthnis en croisant les bras. Mais qui sait, peut-être qu’un jour ce sera le cas.

- Skyrah, enchanté.

- Bienvenue à toi ! fit Rida en lui serrant amicalement la main. Je suppose que vous voulez la table sur la terrasse à l’étage ?

- Tu nous connais trop bien, déclara le guerrier en lui offrant un petit clin d’œil et un coup sur le bras.

Elle se mit à rire avant de grimper les escaliers présents au fond de la taverne. Rempli de table à chaque étage, ils arrivèrent rapidement sur une terrasse ne possédant que quelques places. Peut-être pour les particuliers ou habitués de l’endroit ? Elle les plaça sur la plus reculée, même s’il n’y avait personne aux alentours.

- Asseyez-vous, fit Rida en posant élégamment ses mains sur ses hanches. Je vous prends quoi à boire ? Comme d’habitude ?

- Et un verre en plus pour Skyrah, sourit Æthnis.

- Je reviens vite, finit la femme noire en leur adressant un clin d’œil.

Elle les quitta donc rapidement pour aller chercher leur commande. La blanche l’avait regardé partir tout en laissant par la suite ses yeux fixer les alentours et la capitale vu de haut. La nuit tombait et celle-ci lui offrait une autre facette d’Erswin. Certaines lumières étaient accrochées aux murs des bâtiments pour éclairer les rues toujours aussi animées. De loin, elle arrivait à y apercevoir la fontaine au centre de la capitale, suivit par le grand bâtiment des Édiles. Tout la ramenait à eux. Elle y pensait encore et encore. Skyrah dévia donc son regard pour le replacer sur ses compagnons qui riaient.

- Vous venez souvent ici ?

- Quand on revient de mission oui, répondit Æthnis. Pour décompresser. Les Édiles ne sont pas aussi méchants qu’il n’y parait. Mais il faut avouer qu’ils peuvent être très durs.

- Certes, intervint Zéphyr. Mais c’est grâce à eux que tout va bien depuis le déséquilibre. Je n’imagine pas le poids qui doit peser sur leurs épaules. Être dirigeant des capitales humaines ne doit pas être une tâche facile.

Elle s’en doutait. Peut-être était-ce pour cela qu’une partie d’elle ne leur en voulait pas de cette méfiance ? Rida revint avec un plateau circulaire possédant trois verres. Lorsqu’elle les posa sur la table de bois - une bougie en son centre pour les éclairer - Skyrah pu y voir son étrange couleur. Un bleu dégradé en rose foncé, tout cela accompagné de glaçons flottant dans le liquide légèrement translucide. En y regardant de plus près, elle percevait même de petites particules orangées vers le fond.

- Ce n’est pas de l’alcool, intervint la serveuse en voyant le regard interrogateur de la blanche quant à ce qu’elle avait servi.

Elle prit son verre et en bu donc une gorge en imitant ses compagnons qui avaient déjà attaqué. D’un goût sucré, le liquide coula doucement dans sa gorge mélangeant des saveurs dont elle ne connaissait l’existence. Elle fut étrangement surprise. Elle aimait ça.

- C’est quoi ? demanda-t-elle après une énième gorgée sucrée.

- Ma recette secrète que je ne dévoilerais pas, affirma Rida avec un clin d’œil.

- Elle ne nous l’a jamais dit non plus, argua Zéphyr. Elle tient à ce que ça reste unique.

La femme s’assît à une chaise pour les accompagner. Elle avait rit face à la réaction du guerrier qui lui avait demandé à mainte reprise sans jamais avoir de réponse.

- Ça fait longtemps que vous n’êtes pas venu ici, continua la femme qui avait posé ses mains sur la table.

- Oui, les missions s’enchaînent sans pause malheureusement, expliqua la templier.

- Ce doit être d’autant compliqué avec ce qu’il se passe. Mais vous avez toujours bonne mine et c’est le plus important ! se mit-elle à rire avant de tourner ses yeux noisettes vers Skyrah.

- Comment vous-êtes vous rencontrés ?

- Je me suis prise Æthnis lors de mon arrivée à Stivalls…

- Je l’avais pas vu pour information, fit l’intéressé à l’intention de Rida qui la regardait avec un sourcil levé.

- Je suis restée avec elle après cela. Et c’est en faisant une mission aujourd’hui que j’ai rencontré Zéphyr.

- Que fais-tu dans la vie Skyrah ? demanda Rida avant de voir le sourire de la blanche s’évaporer furtivement.

- J’ai perdu mes souvenirs, ça fonctionne si je réponds que je les cherche en aidant ?

- Oh, je vois. Qu’on dit les Édiles à propos de cela ?

- Je dois passer un de leur test demain.

- Demain ? s’étonna-t-elle avant de souffler imaginant elle aussi ce que la jaune allait affronter.

Leur test était connu à Erswin. Chaque guerrier revenant laissait les rumeurs s’évaporer dans la capitale. Avec le temps, le test était devenu connu et dit redoutable. Mais étrangement, personne ne savait ce qu’il s’y passait réellement.

- Tu as du courage, continua la femme.

- Je sais, et je vais y arriver.

Qui tentait-elle de convaincre ainsi ? Elle ? Ou Rida ? Sa phrase sonnait faux à ses oreilles, mais ça avait visiblement fonctionné sur la brune car elle lui répondit d’un sourire.

- J’aime ton envie de gagner face à eux, je te soutiens, serra-t-elle les points.

Skyrah lui offrit un petit sourire en guise de remerciement. Pendant plusieurs heures ils continuèrent de rigoler tous ensemble, même leur repas fut animé de discussion et énergie. Skyrah avait-elle déjà eu un dîner aussi agréable ? À Mahi elle mangeait de temps en temps avec Barnatt ou bien Cadmus. Mais cette fois-ci était différente. Elle se sentait entourée d’amis. Elle se fichait bien de savoir si c’était réciproque ou non, car pour une fois, elle ne se sentait ni à l’écart ni trop différente. Non. Elle était juste là, accompagnée de rires.

- J’ai même perdu au duel ! râla Æthnis en s’affaissant sur sa chaise.

- Oui, mais Æ, ton arme était d’une qualité abominable ! se moqua le berserker les larmes aux yeux. Pas étonnant que je gagne à chaque fois.

- Tu as vu ton épée face à la mienne ?

- C’est pas comparable, tu utilises des armes légères pour une main tandis que moi, j’aime les grandes et lourdes épées.

- Pff… un jour je te battrais haut la main ! lança-t-elle le point sur la table prise d’un regain d’énergie.

- Ahah ! C’est ce qu’on verra ! répondît le blond châtain.

Skyrah n’arrivait pas à s’arrêter de rire tellement la situation était drôle et agréable à ses yeux. Elle se sentait tellement libre qu’elle en avait oublié le test des Édiles. Elle avait juste profité au mieux de cette soirée.

Le lendemain, elle avait beau recevoir les réconforts des deux guerriers de la Ligue, rien n’y faisait. Elle avait peur. Peur de ne pas être à la hauteur. Mais il le fallait. Il lui fallait réussir, elle n’avait guère le choix. Si elle voulait être acceptée, Skyrah se devait de réussir ce foutu test. Ce fut donc à quatorze heure précise qu’elle se retrouva devant le bâtiment orangé des Édiles, son épée en main.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro