Chapitre 9

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- Skyrah, tu vas bien ? demanda Æthnis inquiète de voir son amie perdue dans ses pensées.

- Pardon ?

- Encore un flashback ? continua la templier qui avait déjà vu ce regard vide.

La blanche acquiesça d’un mouvement de tête encore chancelante.

- C’était quoi cette fois-ci ?

- Une rencontre avec… une femme. Je ne l’aimais pas du tout, ça se sentait. Elle a parlé d’un groupe…

Skyrah tentait de démêler les informations les plus nettes en son esprit pour comprendre ce qui s’était passé. Ce ne fut qu’après quelques secondes qu’une révélation des plus importantes la traversa. Les yeux grands ouverts, elle fit face à Æthnis qui était encore dans l’incompréhension.

- Mon groupe. La femme a dit qu’il avait été créé par les elfes ! fit-elle heureuse d’avoir enfin fait un grand pas en avant. Il était censé rester secret, d’après elle.

Avec cette information, elle était sûre de pouvoir obtenir des réponses à toutes ses questions. Peut-être même qu’elle aurait l’occasion d’aller dans la capitale qui abritait les créateurs de ce crew ?

- Donc les elfes auraient créé un genre d’armée secrète ? réfléchît Zéphyr.

- Tu penses que tes souvenirs reviendront si on s’y rend ? continua la templier.

- Je ne sais pas, mais j’ai grand espoir que ce soit le cas. J’ai dû rester un moment là-bas alors… peut-être ?

- Ça peut toujours se tenter, renchérît le berserker. Il doit sûrement y avoir quelques missions dans les forêts alentours ? On en prend une et le tour est joué.

- Tu crois vraiment que c’est aussi simple ? intervint Æthnis en se tournant vers lui non convaincue de sa proposition. Si on va à Belforis ce n’est pas pour faire une balade de santé dans ses magnifiques forêts (elle fit la comédie pour illustrer ses propos).

- Tu veux rendre visite à la reine ?

- D’après ce que dit Skyrah, les elfes ont créé son groupe. Le mieux c’est d’aller voir la personne la plus apte de faire cela. Et donc la reine Shura.

- Ils ne nous laisserons jamais passer, argua Zéphyr dont le visage s’était durcit.

- À cause des tensions ? demanda la blanche qui perdait peu à peu espoir.

- Les seuls humains qui peuvent franchir les portes de Belforis sont les Édiles. Et encore, il arrive très souvent que ce soit un représentant de la reine qui se déplace dans nos capitale. Jamais l’inverse, finit par expliquer le guerrier.

- Elle ne vient donc jamais ?

- Pas que je sache, souffla la rousse. En tout cas, je ne l’ai jamais vu. 

Pourquoi son cœur se serrait à mesure qu’elle voyait le mur s’ériger devant ses yeux ? Son espoir se noyait derrière comme un oiseau en cage. Elle avait tant espéré que les réponses étaient proches. Mais évidemment, ça n’avait rien de facile. Ce détail lui avait donc échappé. Les elfes et les humains ne s’entendaient pas.

- Si elle a créé mon uniforme, elle reconnaîtra peut-être, fit-elle tout de même. Dans ce cas, en me voyant, elle pourrait nous laisser passer. C’est ce qu’il me paraît le plus logique d’après ce que vous me dites.

Tentait-elle de convaincre ses compagnons d’une possible réussite ? Ou essayait-elle plutôt de se garder un minimum d’espoir avant de se laisser couler dans l’abîme de sa torpeur naissante.

- Donc notre prochaine étape c’est la ville de Belforis ? demanda le guerrier en croisant les bras.

- Dans ce cas, nous retournerons voir les Édiles demain. Croisons les doigts pour qu’il y ait quelque chose près des forêts de Belforis

Le lendemain, Skyrah ne devait que patienter quelques heures avant qu’ils ne reviennent avec des réponses. Mais l’attente n’en fut pas facile. Elle se torturait l’esprit en imaginant chaque scénario possible, jusqu’à l’inimaginable. Malgré les nombreux qui avait une fin sans souvenir ni passé, certains demeuraient la solution. Elle se voyait arriver à Belforis, le cœur battant et les membres tremblant. Elle se voyait approcher de la reine - un visage qu’elle ne put imaginer - et celle-ci l’accueillant avec un grand sourire. Mais la vérité en était autrement. La jeune femme attendait seulement près de la fontaine de Erswin dans un silence pesant. Elle fixait chaque passant, chaque bâtisse. Mais tout finissait sans cesse par un souffle de sa part.

Elle se résolu donc à se lever afin de placer ses idées farfelues dans un coin de sa tête. Elle était amnésique et espérait pouvoir retrouver ses souvenirs, mais rien ne l’empêchait de découvrir d’elle-même le monde. Skyrah se laissa donc guider par les rues, les habitations - qu’elle détaillait du regard - et la population qui se densifiait par moment. Toutes ces personnes étaient différentes, leur carnation, leur couleur de peau, leur cheveux… mais aucun ne lui ressemblait. Aucun n’avait ses yeux turquoises, ni sa tignasse blanc nacré. Malgré la quantité de monde autour d’elle, elle se sentait seule et vide. Skyrah avait beau essayer de tout son être de laisser cela de côté, sa différence venait trop souvent brouiller sa vue. Personne ne paraissait la connaître, personne n’en avait entendu parlé, ni juste aperçu. C’était comme si elle demeurait un fantôme. Présent comme passé, Skyrah n’était visiblement qu’une illusion.

Elle déglutit à cette idée.

Elle ne le montrait pas, mais ça l’effrayait plus que tout. Sans ses souvenirs - ridicules flashbacks qu’elle avait eu - elle n’aurait sûrement pas cette sensation de vide qui emplissait son cœur, ou du moins pas aussi grand. Elle aurait peut-être pu se créer une nouvelle vie, mais plus maintenant. La flamme de son espoir était bien trop encré en elle. Skyrah voulait à tout prit savoir qui elle était. Pourtant, une partie de son être redoutait ce moment. Qu’allait-elle découvrir ? Une personne sans la moindre importance ? Ou bien la pire de toute ?

Tandis qu’elle pensait à tout ça, elle longea le mur de Erswin - barrière protégeant de l’extérieur. Ses doigts vinrent frôler la surface agréablement lisse du mur orange clair. Mais avant même qu’elle ne puisse finir sa marche, une discussion attira son attention. Ses pensées disparurent pour se concentrer sur les deux gardes qui parlaient entre eux. Ils ne l’avaient visiblement pas encore vu.

- Donc tu es entrain de me dire que quelqu’un est encore aller dans cette maudite forêt ? s’étouffa l’un d’eux.

- D’après ce que j’ai entendu, argua le second dont la voix était moins grave. Il semblerait que oui. Encore une personne qui veut rendre visite à ce vieux fou.

- Certains sont suicidaires, moi je te le dis, grogna le premier.

Elle s’était arrêtée, les oreilles à l’écoutent. Mais ils n’avaient pas continué leur conversation la laissant sur sa faim. Elle ne put s’empêcher d’en vouloir plus. Alors qu’elle avait fait un pas - dans le but de sortir de l’ombre - elle ne fit rien. Se faire remarquer n’était peut-être pas la meilleure de ses idées, surtout qu’elle possédait maintenant la légère confiance des Édiles. En se faisant torture, elle fit demi tour. C’était étrange comme tout ce qui se disait pouvait l’intéresser. Ça mettait sa curiosité en ébullition. Qui était l’homme dont ils parlaient ? De quelle forêt avaient-ils fait allusion ? Et pourquoi voulait-elle tant le savoir !

Ça l’énervait presque. Pourtant, une intuition lui chuchotait avec délicatesse d’en apprendre plus. Skyrah s’était donc convaincue d’en parler à ses amis une fois revenus. Peut-être que cette histoire pourrait réveiller un autre souvenir ? Ou peut-être seulement lui en apprendre plus sur les mystères de Xadis.

Comme prévue, après ces plusieurs heures à patienter en se triturant les pensées, Skyrah se dirigea vers la taverne de Rida. En entrant, la femme lui offrit une place - la même que la dernière fois. Il ne lui resta donc plus que quelques minutes encore à attendre l’arrivée des deux compagnons. Qu’allaient-ils dire ? Elle posa ses mains sur la table et se tritura les doigts tout en les fixant. L’attente ne fut pas si longue, ou peut-être n’avait-elle juste pas fait attention aux minutes qui s’étaient écoulées ? Ils étaient enfin là, assit face à elle.

Leurs visages n’étaient pas décorés de sourire.

- Vu vos têtes, je suppose que les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes, commença-t-elle en se redressant pour les regarder.

- Tout juste. Aucune mission dans les alentours de Belforis malheureusement, s’affaissa Æthnis sur sa chaise en bois sculptée.

Même si elle s’était préparée à cela, Skyrah en était quand même déçue. Ses scénarios s’envolaient dans le vent comme une feuille. Pourtant, elle ne montra rien.

- J’ai une question, continua la blanche attirant l’attention des deux guerriers. J’ai entendu parler de quelqu’un qui se serait introduit dans une mystérieuse forêt pour rendre visite à « un vieux fou », fit-elle presque amusée par ses paroles qui ne semblaient rien vouloir dire. De quoi s'agit-il ?

- Tu dois sûrement parler de Licor, répondit l’homme en posant les coudes sur la table. Il a perdu sa femme et sa fille en même temps d’après ce qu’on raconte. Il aurait donc décidé de s’éloigner de la civilisation. Il vit dans la forêt perdue.

- La forêt perdue ? répéta Skyrah dans l’incompréhension.

- Oui, une des nombreuses partie du monde qui a entièrement changé depuis le déséquilibre, expliqua la templier. Certains disent qu’elle est peuplée d’esprits et de monstres aussi terrifiants les uns que les autres. Chaque arbre y a perdu sa verdure et les nuages trônant au dessus empêchent les rayons du soleil d’y pénétrer.

- J’ai entendu dire que quelqu’un comptait s’y rendre.

- C’est du suicide, prononça seulement Æthnis avant de boire une gorgée de sa boisson.

- C’est ce que j’ai cru comprendre.

- Chaque personne qui entre dans cette forêt ne revient pas. Les seuls survivants perdent la boule, déclara le guerrier avec un petit sourire amer. Et encore, c’est une façon de dire bien douce. Si tu voyais l’état dans lequel ils sont…

Elle sentait par le poids de l’air que cette forêt n’avait rien de drôle. Celle-ci paraissait presque pire que le bois qui abritait la Rozmerla. Mais quel était donc ce petit pic en elle ? Celui qui lui chuchotait lentement de faire un tour là-bas. Qu’il y avait peut-être une réponse ? Son esprit se souvenait probablement y être déjà allé sans pouvoir y mettre d’image claire ? Elle aimait se dire qu’il restait toujours quelque chose de son passé. Mais c’était enfoui en elle, caché sous les nombreux nuages. Elle inspira un petit coup avant de prononcer cette phrase qui surpris ses deux camarades.

- Vous allez me prendre pour une folle, si ce n’est déjà le cas, mais j’ai le pressentiment qu’il faut que j’y aille.

- Tu penses retrouver tes souvenirs là-bas ? avait dit la templier.

Æthnis avait vite réussi à comprendre Skyrah. Peut-être qu’elle le lisait dans ses yeux comme dans un livre ouvert ? Elle avait vu juste, sans même que la blanche n’ait eu à l’expliquer.

À cette réponse, Skyrah acquiesça en pleine réflexion. Ça lui brûlait les jambes comme si elle marchait en plein brasier. Elle ne savait pas où se trouvait cette forêt qu’elle se sentait déjà attirée par elle. Encore un sentiment qu’elle découvrait.

- Bien, fit la rousse en se redressant à son tour. Tu as dit qu’une personne voulait s’y introduire, n’est-ce pas ? Alors allons-y.

Skyrah fut aussi surprise que Zéphyr à cette réponse. Elle n’avait guère mis longtemps avant de prendre sa décision. Et la peur ne se lisait pas dans son regard. En voyant les yeux de ses amis, elle continua.

- On va empêcher quelqu’un de mourir. Et tu trouveras peut-être une réponse. Après tout, on fait partie de la Ligue.

Skyrah recula - de quelques millimètres seulement - ses épaules s’étaient affaissées.

- Mais pas moi… murmura-t-elle surtout pour elle-même.

- Certes, répondit Æthnis qui avait entendu. Mais tu as passé un test conçu par les Édiles. Tu as aussi d’ailleurs surpassé leurs espérances. Tu n’es donc plus quelqu’un d’invisible pour eux. Et même si tu ne veux pas l’admettre, je pense que tu as de loin de niveau pour appartenir à la Ligue. Il faut seulement le dévoiler au grand jour, finit-elle par un sourire.

Ce long discours avait réussi à toucher Skyrah qui s’était retenu de verser une larme. Etait-elle aussi forte que ce que Æthnis disait ? Elle n’arrivait pas à s’en convaincre totalement. Le combat était encore un sujet inconnu pour elle, mais elle avait été une guerrière autrefois. Alors peut-être que la templier n’avait pas tort. La blanche sourit à son tour. Elle allait y aller dans cette forêt. Grâce à eux.

- Bien, fit-elle une énergie nouvelle coulant dans ses veines. Qu’est-ce qu’il y a à savoir sur cette forêt ?

- Quelle est dangereuse, rétorqua Zéphyr en comptant sur ses mains les dangers qu’ils allaient rencontrer. Qu’il faut s’attendre à tout. Qu’on peut y rester. Peuplée de montres. Beaucoup ne reviennent pas… j’ai dit qu’elle était dangereuse ? Enfin, je crois avoir fait le tour.

- Bref ! fit Æthnis en écrasant la main de l'homme - où les dangers se suivaient au nombre de cinq - avant de reporter son regard sur la jeune. Nous avons Skyrah, cette fois on réussira.

- Cette fois ?

Y étaient-ils déjà allé ? Ils savaient donc exactement ce à quoi ils allaient être mangé ? Sa curiosité venait de s’accroître.

- Oui, on a déjà essayé d’entrer, argua Zéphyr qui se frottait sa main douloureuse avec une grimace destiné à la templier.

- Et ? Dites moi, mourra-t-elle d’impatience d’en apprendre plus.

- Notre armée a été décimée, répondit l’homme un brin de tristesse se sentant dans la voix tandis que son regard se perdait au loin.

- Certains de nos combattants sont entrés en premier, intervint Æthnis. Les cris se faisaient de plus en plus forts. On en voyait essayer de revenir. Mais… ils étaient comme tirés vers la forêt. Ils se faisaient tous tuer, voulant réussir leur mission. On avait beau leur dire de se replier, ils n’avaient pas pour but de baisser les bras.

- La templier mit un instant pour reprendre son souffle, ses yeux brillants. Skyrah eut un pic en plein cœur en entendant cette histoire.

- Je veux bien y aller Skyrah, mais s’il te plaît, promets nous que tu n’entreras pas sauf si tu es certaine d’en ressortir vivante.
 
Elle était là. Cette horrible tristesse qui envahissait la gorge de la templier. Ils avaient tant perdu en allant là-bas. Pourtant, ils acceptaient d’y retrouver pour elle. Elle se sentait mal de leur infliger cela. Mais, c’était plus fort qu’elle. Skyrah voulait à tout prix y aller et la voir de ses propres yeux. Ce sentiment. Cette petite voix qui lui chuchotait sans cesse que quelque chose l’attendait dans cette forêt.

- Je te le promets Æthnis, fit-elle en se promettant surtout à elle-même de ne pas succomber à l’envie d’entrer si elle n’était pas certaine d’en sortir indemne.

Après cela, l’ambiance était tendu et l’air lourd. Il lui était presque difficile de respirer. Mais elle se força tout de même à sourire pour donner de la force aux deux combattants - et pour elle aussi. Malgré tout, elle avait encore cette peur qui lui rongeait l’estomac jusqu’à la gorge. Qui avait-il donc là-bas pour qu'elle ait envie de défier la mort ?

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