Chapitre 13 - Petites histoires

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Dans le chapitre précédent :

J'avais déclenché son passé en elle. Je lui avais fait du mal et cela me rendait encore plus triste que ma colère. J'étais stupide. J'étais un monstre.

Deux âmes sœurs ne devaient pas se faire du mal et c'était exactement ce que je lui avais fait subir. Même si elle était une traîtresse, même si elle avait agressé un de mes hommes, même si elle avait fait évadé la prisonnière, mon lien avec elle était plus fort. Même si elle avait été un monstre sanguinaire, je l'aurais sûrement aimé.

Lucy tomba dans les pommes tandis que des larmes silencieuses coulèrent sur mes joues. Cela faisait longtemps. Mes derniers pleurs remontaient à l'époque où Alex avait fait sa première crise. Une similaire à Lucy. Une que j'avais déclenchée aussi. Je devais être maudit pour provoquer ces horreurs. Moi qui pensais ne plus jamais refaire cette erreur, voilà que ça recommençait...

***

Paniqué, j'appelai mon frère. Il émergea quelques minutes après, essoufflé, alors que Lucy était toujours dans mes bras. Il me regarda les sourcils froncés. Je me rendis compte que je tremblais. Beaucoup.

« Elle n'a rien de grave, ne t'en fais pas, dit-il en la déposant sur le lit.

– C'est de ma faute, je l'ai poussé à bout, soufflai-je d'un air exaspéré.

– J'ai appris qu'elle avait frappé Ed... Tu sais, j'ai confiance en Lucy. Elle l'a fait pour une bonne raison, dit Alex.

– Elle aurait pu m'en parler !

– Et tu aurais accepté son plan ? Laisser la prisonnière s'échapper et lui mettre un traceur pour savoir où est-ce qu'elle se dirige ? »

Je restai muet avant de secouer la tête, ne comprenant pas. Lucy avait donc bel et bien laissé la prisonnière s'en aller, mais elle avait monté tout un plan. Donc elle n'était pas une traîtresse... Je laissai un soupir de soulagement.

« Elle aurait pu me parler de son plan. Nous sommes âme-sœurs. Je suis là pour elle, pour l'écouter, plaidai-je avec tristesse.

– Elle a encore du mal à te faire confiance, mais ça viendra avec le temps, dit Alex en tapotant mon épaule. Et toi aussi, arrête de douter d'elle. Ça ne fera qu'envenimer votre relation. »

J'hochai la tête puis mon frère partit. Épuisé, je pris une douche et me couchai près d'elle. Mon âme-sœur. Lucy était finalement pleine de ressources. Elle était une parfaite Alpha femelle pour la meute, c'était certain. Doucement, je passai un bras autour de sa taille et je la laissai venir se coller à moi. Satisfait, je soupirai de plaisir puis m'endormis.

Je me réveillai quand je la sentis bouger. Sa respiration n'était plus la même, plus rapide. Je relevai son débardeur pour caresser son ventre. La soulager de ses craintes. Bien sûr, elle se figea, mais je savais qu'elle s'apaiserait. Lucy se rendormit tout comme moi.

Soudain, je sentis un tiraillement. C'était la panique de mon âme-sœur. Étonné, j'enlevai le bras qui lui emprisonnait la taille et m'écartai d'elle en espérant qu'elle se calme. Elle restait dos à moi, ce qui me blessa, mais après la discussion d'Alex, je m'étais dit qu'il serait mieux qu'on se connaisse pour que la confiance s'installe. Je devais me livrer.

« Il y a de cela quelques années, un petit garçon qui était le fils d'un Alpha très puissant voulait devenir aussi grand et fort que son père. Mais ce qu'il ne savait pas à ce moment-là, c'était que pour devenir un Alpha, on devait se battre dans un combat à mort contre l'Alpha précédent. Son frère aîné était logiquement celui qui devait prendre la place de l'Alpha. Mais il avait renoncé à cette place respectable. Le garçon grandit dans l'ignorance jusqu'à devenir un bon leader pour la meute. Puis, un jour, son père avait conclu qu'il était temps. Il défia son fils dans un duel comme l'exige la tradition, » commençai-je à raconter avec une voix dure.

Cette tradition existait d'aussi longtemps que les loups-garous vivaient. Elle était appliquée seulement s'il y avait plusieurs enfants mâles susceptibles de devenir un Alpha. Ce combat prouvait aux membres de la meute la force du nouvel Alpha.

J'étais dans mes pensées quand Lucy roula sur le dos pour me faire face ensuite. Fixant le plafond, je déglutis tout en tentant de garder mon calme. Les souvenirs revenaient petit à petit. Des souvenirs que j'avais pris soin d'enfouir loin dans ma mémoire.

Je tournai la tête vers mon âme-sœur. Elle releva ses yeux vers les miens et nous restâmes ainsi pendant quelques secondes avant que je réussisse enfin à détacher mes yeux gris de son visage. Lucy ramena ses jambes vers le haut de son corps et replia ses bras vers sa poitrine, dans une position fœtale.

« Qu'est-ce que le garçon a fait ? Il est devenu un Alpha ? demanda-t-elle, curieuse.

– Le jeune homme s'est battu contre son père devant toute la meute et il l'avait presque achevé. Face à son père à terre, le garçon tremblait de tout son corps et voulut même pleurer. Avant de donner le coup fatal, sa mère cria et se précipita vers son mari. Elle pleurait et le tenait dans ses bras puis elle se retourna vers son fils avec un regard haineux. Le fils ne savait plus quoi faire, sa mère était quelqu'un qui aimait tout le monde, il n'aurait jamais pensé qu'un jour, elle se comporterait ainsi à son égard. Elle avait grogné contre son propre fils, avouai-je d'un air coupable.

– Pendant que mon père se rétablissait, j'étais devenu l'Alpha. Ma mère était restée à son chevet pendant toute l'étape de guérison. Et moi, trop occupé par mon nouveau poste, je ne suis pas allé le voir une fois. »

Ma culpabilité était ravageante. Après toutes ces années, je m'en voulais toujours pour ce que j'avais fait subir à mon père. Les rumeurs infondées avaient émergé ; j'étais sois disant quelqu'un qui souhaitait absolument devenir Alpha, mais c'était faux. Je l'étais, mais avec déshonneur.

« Ton père est toujours en vie..., stipula-t-elle en tentant de rompre le malaise ambiant.

– Oui, après quelques jours, ma mère s'est excusée et je me suis aussi excusé. Tout est bien qui finit bien. Je suis officiellement l'Alpha de cette meute, mais je demande quelque fois des conseils à mon père sur certaines affaires. C'est un peu comme dans le monde des humains, je suppose qu'on peut dire qu'il est à la retraite. »

J'éclatai de rire et elle me sourit à son tour. Un autre silence s'installa, mais celui-ci était confortable.

« Il n'est que 10 heures tu peux encore dormir si tu veux, lui dis-je.

– Tu as oublié ? Je n'ai pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil pour être en pleine forme.

– À propos de ça, faudrait que tu me dises un jour ton secret pour dormir si peu, » m'exclamai-je en riant.

Je la vis fermer des yeux un instant avant qu'elle ne prenne la parole. J'allai lui dire que je plaisantais, qu'elle pouvait me révéler ce qu'elle souhaitait quand elle le voulait, mais elle avait déjà commencé son histoire. Surpris, je restai muet en écoutant sa voix.

« Il y a de cela quelques années, une petite fille jouait dans la forêt avec sa mère, commença-t-elle à raconter. Au bout de quelques heures, sa mère lui dit qu'il était temps de rentrer, mais sa fille, toujours d'humeur à s'amuser, commença à courir plus loin dans la forêt en pensant que sa mère la poursuivrait. Mais sa mère, fatiguée, la laissa courir un peu alors qu'elle discutait par télépathie avec son mari. Soudain, elle ne sentit plus l'odeur de sa fille et partit à sa recherche en espérant qu'elle n'était pas trop éloignée. La petite fille de son côté courrait à travers les arbres en rigolant. Elle se retourna, mais ne vit personne, elle appela sa mère, mais personne ne vint. Seuls des craquements et des grognements lui répondirent. Des loups solitaires se trouvaient devant elle et elle ne savait pas quoi faire. Ils montraient leurs crocs et bondirent sur la petite fille paralysée sur place. »

Elle s'arrêta quelques instants, ce qui me fit tourner mon corps vers elle. Je voulais la protéger. Avec lenteur, ma main replaça une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille. Puis je lui caressai le visage avec un sourire encourageant.

Une trace de chagrin passa dans mon regard quand elle enleva ma main. Mais à mon étonnement, elle la ramena ensuite devant sa poitrine en l'enserrant doucement de ses deux petites mains. J'appréciai ce moment de contact sans broncher. Ce n'était pas souvent qu'elle osait me toucher ou s'approcher de moi, alors je me contentais de ce qu'elle m'offrait. Le son de ses battements de cœur et de sa voix, ainsi que la douceur de sa peau.

« La fillette criait et hurlait, elle avait l'impression qu'on lui scarifiait sa peau jusqu'à ce que quelqu'un l'entende enfin. Cette personne d'un blanc éclatant tua les loups et puis s'approcha de la victime en sang. Cet être lui fit boire une substance chaude portant un goût métallique. Au début, elle ne savait pas ce que c'était, mais avant de sombrer, elle vit cet être merveilleux avec des immenses ailes d'une blancheur éblouissante.

La petite fille se réveilla quelque temps plus tard dans l'hôpital de sa meute. Elle entendit sa mère pleurer près d'elle. Les jours passèrent et la fillette vit des choses que personne d'autre ne semblait percevoir. Des couleurs se dessinaient autour des personnes. Elles brillaient comme les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle avait aussi compris que le liquide métallique était du sang. Un être surnaturel lui avait donné de son sang pour la sauver de la mort.

La jeune fille devint une adolescente et en parla à ses amis, mais ils ne la croyaient pas. Bien vite, toute la meute était au courant. Personne ne la croyait, même ses propres parents étaient sceptiques et disaient que c'était sûrement une hallucination. Après quelque temps, elle n'en parla plus. Elle n'avoua pas qu'elle dormait très peu la nuit et que ses blessures se refermaient plus vite que les autres loups-garous, ni que sa salive refermait les coupures. Elle resta dans le silence de peur qu'on la traite encore de menteuse et qu'elle perde à nouveau ses amis.

– C'est une belle histoire, cette petite fille aurait été sauvée par un ange ? » demandai-je, curieux.

Elle hocha la tête en regardant droit dans les yeux.

« Et cette fille serait toi... continuai-je tandis qu'elle se mordit la lèvre inférieure.

– Oui. »

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