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Azël avait marché en portant Segin pendant une bonne heure, cette dernière s'était même endormie. La princesse l'avait posée au sol et l'avait réveillée. Elles étaient sur une petite colline d'une soixantaine de mètres.

«- On va se rendre chez mes amis, ils vivent là, dit la princesse en indiquant la petite ville construite sur le flanc de la colline. C'est un vieux couple originaire du royaume d'à côté, le royaume de Lux. Ils sont très avancés technologiquement par rapport à nous et nous n'avons fait une alliance avec eux qu'il y a vingt-neuf ans. Cette alliance s'est faite à l'occasion du mariage de mes parents. D'ailleurs, ma mère vient de Lux et...Ce n'est pas le sujet, excusez moi. Mes amis se nomment Edalise et Solal. »

Segin hochait la tête et souriait, même si au fond d'elle, elle pensait qu'Azël parlait parfois trop. Elle ne voulait pas reprocher cette attitude à la princesse. En fait, elle trouvait ça mignon, bien qu'un peu enfantin. Le fait de penser en ces termes lui rappela Anthime, l'amie d'Azël, qui reprochait à la princesse son comportement juvénile. Elle demanda à son amie depuis combien de temps elle connaissait le jeune homme.

«- Depuis la petite enfance, dit Azël. Il est le fils d'une grande comtesse, une femme très influente dans le royaume et qui, par conséquent, rend souvent des visites au palais. Il était tout le temps avec sa mère et donc, on jouait ensemble.

- Je vois...Au fait, quel âge avez vous ?

- J'aurais bientôt vingt-quatre ans. Selon la loi, un individu doit être marié avant l'âge de vingt-cinq ans, sinon il aura l'obligation de se marier avec le plus influent de ses prétendants. Autant vous dire qu'étant donné mon rang, j'en ai beaucoup des prétendants...D'ailleurs, savez vous quel âge vous... »

La princesse n'avait pas fini sa phrase, elle venait de s'apercevoir que Segin était partie, rapidement, en direction d'un petit bois, dans la direction opposée au village. Azël avait couru derrière elle, afin de la rattraper. Elle n'eut pas à courir longtemps.

En effet, Segin s'était vite arrêtée près d'une grande pierre, plus haute qu'elle d'au moins deux têtes, et s'était laissée tomber au sol. Elle semblait en état de choc. Elle peinait à respirer, était au bord des larmes, avait le cœur serré.

Elle avait une impression de déjà-vu. Une horrible impression de déjà-vu. La sensation d'être entourée d'une trentaine de personnes et d'avoir infiniment peur. La sensation que le froid l'entourait, que de la neige l'entourait jusqu'à mi-mollet, pourtant c'était l'été. Elle s'entendait répéter quelques mots : "Tout ira bien" et "à bientôt", pourtant aucun son ne quittait sa bouche. Elle avait, durant moins d'une fraction de seconde, eu l'impression de voir quelqu'un et de le reconnaître, mais cette vision s'était effacée aussitôt et elle ne se souvenait de rien de plus.

Elle avait murmuré qu'il était là, sans comprendre pourquoi elle disait ça. Azël était confuse. Qui était là ? Segin ne savait pas, n'arrivait plus à savoir, ne pouvait pas se souvenir, mais elle était sûre que ce lieu avait une grande place dans son histoire, dans sa vie.

La princesse ne savait pas ce qu'elle pouvait faire pour calmer son amie. Elle s'était agenouillée à côté d'elle et l'avait prise dans ses bras de manière rassurante. Ensuite, elle avait parlé. Elle avait expliqué à Segin que même si elle avait oublié son passé, celui-ci reviendrait un jour, certains souvenirs au moins. Que si elle avait oublié une personne, cette personne ne l'avais pas forcément oubliée et la cherchait peut-être. Elle lui avait expliqué que le passé, qu'il soit bon ou mauvais, pouvait parfois nous rattraper, mais que le seul instant qui existait était le présent et que, par conséquent, malgré tous les regrets, tous les remords, toutes les angoisses, c'était sur l'instant présent qu'il fallait se concentrer.

Segin n'avait pas répondu. Elle avait laissé ses larmes couler en se disant que son amie n'avait pas tort. Il était vrai qu'il était meilleur de vivre dans le présent, mais il lui semblait que ce qu'elle avait oublié était trop important pour être mis de côté. Malgré ça, elle décida pour son propre bien de ne pas cogiter à ce sujet, de laisser ce dont elle ne se souvenait pas en arrière-plan, de sécher ses larmes. Parallèlement à cette volonté ci, elle s'était promis de revenir régulièrement près de cette grande roche. Elle avait pris une grande inspiration avant de se lever et d'épousseter sa robe.

Azël et Segin étaient reparties vers le village. Elles avaient marché quinze minutes avant d'atteindre la maison d'Edalise et Solal. Durant ce quart d'heure, Segin avait pensé, elle voulait, malgré la promesse qu'elle s'était faite plus tôt, se remémorer sa vie. Elle avait la sincère impression de n'être personne sans son passé. Et, même si elle savait qu'il lui était impossible d'ignorer totalement ses instincts, elle avait espéré qu'avec un peu de détermination elle aurait pu les enfouir en elle.

Azël lui annonça qu'elles étaient arrivées devant la maison de ses amis. La brune secoua la tête afin de chasser le maximum de pensées et se concentra sur les actions de la princesse, en espérant que se concentrer sur elle la forcerait à moins cogiter.

Azël toqua à la porte. Un vieil homme au visage ridé, avec des yeux noisettes, une calvitie sur le dessus du crâne et des cheveux immaculés sur les côtés, vêtu de larges vêtements, un haut et un pantalon, cousus dans un fin tissu bleu ciel. Segin en avait déduis qu'il s'agissait de Solal. Le vieil homme avait invité les deux jeunes femmes à entrer, il les avait assises sur des chaises en bois et en paille et était allé réveiller son épouse. Le couple était revenu dans la pièce où étaient la princesse à la chevelure léonine et la maigre Segin, le salon.

«- Azël, Azël, Azël, avait répété la vieille femme, probablement Edalise, d'une voix douce, bien que de la lassitude y transparaissait. Mon ange, on t'aime beaucoup, mais si tu pouvais arrêter de venir en plein milieu de la nuit, on en serait fort heureux. Pourquoi es-tu venue cette fois ?

- C'est très simple. Je vous présente Nora, dit-elle en tournant la tête vers Segin. Mon père veut qu'elle quitte le palais le plus rapidement possible et je me disais que vous pourriez peut être l'héberger. Je voulais vous demander votre avis avant la visite officielle. Est-ce que vous voulez bien l'accueillir ? »

Le couple s'était empressé de donner son accord, les seules conditions étaient que la femme aux yeux bleus devait les aider quotidiennement dans les tâches ménagères et que, si le toit lui était fourni gratuitement, elle devrait payer pour avoir accès à la nourriture. Évidemment, Edalise et Solal n'étaient ni cruels, ni stupides. Ils se doutaient bien que celle qu'ils allaient héberger n'avaient ni argent, ni travail pour l'instant et qu'elle ne pourrait pas payer immédiatement.

Une fois qu'un accord fut conclu, les deux jeunes femmes prirent le chemin en sens inverse. Azël avait dû, de nouveau, porter Segin qui s'était endormie. Lorsque le palais fut à dizaine de minutes de marche, la brune se réveilla. Elle avait questionné la princesse sur l'origine de sa force, car celle-ci l'avait portée durant au moins trente minutes et était à peine essoufflée. Azël avait ri : Segin n'était pas très lourde.

Durant le reste du trajet, les deux femmes avaient parlé de tout et de rien, de sujets légers, elles avaient ri et Segin n'avait plus pensé à rien d'autre qu'à son interlocutrice.

«- Au fait, dit-elle alors qu'Azël parlait de ses responsabilité en tant que future reine. J'ai cru remarquer que vous tutoyiez vos amis et qu'ils vous tutoyaient en retour. Comment cela se fait-il ?

«- Dès mes premières évasion, il y à au moins dix ans...Dix ans déjà, ça ne me rajeunit pas ! s'exclama la princesse en riant, avant de se reprendre et de parler plus sérieusement. Donc, je disais. Il y à au moins dix ans, je suis partie de chez moi pour la première fois. C'est à ce moment là que j'ai pu rencontrer Solal et Edalise. Pour moi ils étaient comme des grands-parents, ils étaient même mieux que mes réels grand-parents. Je n'ai connu qu'un seul de mes vrais grands-parents, la mère de mon père, et autant vous dire que je ne garde pas de bons souvenirs de quand elle était en vie. Pour faire simple, c'est un lien plus familial qu'amical que j'ai avec eux.

- Mais vous ne tutoyez pas vos propres parents.

- Dans la "haute société" l'usage du vouvoiement est malheureusement une sorte d'obligation. C'est un signe de droiture, de bonne conduite, de respect. Dans la cour royale je me permet de tutoyer Anthime parce que je le connais depuis toujours et que je pense qu'il comprend toute l'estime que j'ai pour lui, même si je le tutoie, et je ne vouvoie pas Ariane car elle s'est toujours occupée de moi, bien plus que ma mère ne l'a jamais fait, alors je pense qu'elle mérite le tutoiement. »

La princesse avait beau sourire, ses yeux émeraudes regardaient le sol, ses épaules étaient basses et elle traînait des pieds. Elle semblait très seule. Segin, pour lui changer les idées, décida de changer de sujet. Elle parla du jardin du palais et d'à quel point elle le trouvait beau. Azël n'avait pu qu'être d'accord. Elle avait de nouveau sourit, un vrai sourire cette fois-ci. Toutefois, la brune ne pouvait pas en être sûre, elle se rendait compte à quel point cacher ses émotions, ses sentiments, devait être simple pour la princesse ; elle se rendait compte que la blonde se sentait peut-être toujours horriblement seule, et Segin savait, sans trop savoir comment elle l'avait su, que la solitude était nocive pour l'être humain, un être habitué à vivre en troupeau, entouré d'autres êtres similaires à lui.

«- S'il vous plaît, répondez moi sincèrement, dit Segin en plantant ses yeux dans ceux d'Azël. Est-ce que tout va bien ?

- Je me porte bien, ne vous inquiétez pas.

- Je vous ai demandé de me répondre sincèrement.

- Ça ne vous concerne pas. Je sais que j'ai tendance à exposer ma vie aux gens, et que ces gens pensent me connaître au bout d'à peine quelque jours, mais c'est faux. Segin, je vous prierais de garder à l'esprit que si j'avais voulu vous dire quoi que ce soit, je l'aurais fait. Or, je ne l'ai pas fait. Je ne vous connaît pas assez pour vous exposer cette partie de ma vie.

- Mais quelque chose me dit que si je demandais à votre ami, Anthime, ce qui fait que vous allez mal, il ne comprendrait pas et me dirais que je raconte des idioties.

- Et bien le quelque chose qui vous l'a dit s'est bien trompé. Anthime sait tout de moi.

- Bien. Donc je lui demanderais en face à face.

- Non ! s'était exclamée la princesse avant de se mordre la lèvre. En fait, c'est la seule chose qu'il ne sait pas...

- C'est une raison supplémentaire pour lui en parler. »

Azël avait de nouveau exprimé son désaccord. Elle avait pressé le pas et n'avait plus répondu Segin qui n'arrivait pas à savoir si elle bouillait de colère ou si elle était au bord des larmes. Peut-être était elle même soulagée que quelqu'un ai compris sa douleur. Toujours était-il que la brune s'était heurtée à un mur. Elle en savait trop peu sur la blonde pour faire quoi que ce soit. Elle se demandait d'ailleurs si l'amitié qu'elle ressentait envers la princesse n'était pas simplement liée au fait qu'elle s'était prise d'affection pour sa sauveuse, qui était en plus de cela très attachante.

Au final et après y avoir pensé quelques petites minutes, elle avait décidé que ça importait peu. Segin voulait aider son amie, et elle était presque sûre de pouvoir utiliser ce terme. Elle avait décider, cette fois-ci, d'écouter ses instincts. Il lui disaient qu'elle saurait connaître la princesse, que seul un peu de temps manquait pour prétendre réellement la comprendre, mais que ce temps serait vite passé. Elle se promit de parler à Anthime qui, lui, pourrait et saurait réagir.

Elles avaient marché en silence jusqu'au palais. Segin ne pouvait s'empêcher de penser que tout s'était passé plus ou moins rapidement.

Deux nuits plus tôt elle était arrivée dans ce même palais. Elle ne connaissait donc la princesse que depuis deux jours et sur ces deux journées, un sentiment d'amitié était né et deux disputes avaient déjà éclaté. Elle repensait à l'ami d'Azël qui, dans l'après-midi, lui reprochait son comportement juvénile et elle était d'accord avec lui.

Les attitudes de la princesse ressemblaient à celles d'un jeune bambin qui faisait de nombreuses crises et de nombreux caprices pour obtenir l'attention de ses parents. Ce fait allait dans le sens de la "théorie" de la jeune femme. Ça illustrait malheureusement parfaitement la solitude de la princesse. 

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