VI

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Segin et Azël avaient de nouveau emprunté l'escalier caché à l'arrière du tableau pour rejoindre le palais. La princesse souffla sur sa lampe, ce qui l'éteint, et poussa délicatement sur le bord du cadre. Dans une assez forte pénombre, les deux femmes avaient commencé à avancer pour retourner, dans la plus grande discrétion possible, dans leurs chambres respectives, lorsque la blonde trébucha sur une masse assez importante.

«- Ah ! Vous voilà enfin ! »

Azël avait sans mal reconnu la voix emprunte de colère, celle d'Ariane, sa domestique.

«- Savez-vous seulement combien je me suis inquiétée ?! Non, ça vous n'en avez pas la moindre idée ! Je pense que je ne me trompe pas si je dis que vous n'en avez rien à faire ! Que je me fasse renvoyer, que je perde mon emploi, ma source de revenue, mon logement, toutes les relations que j'ai pu tisser en vingt-quatre ans, ça, ce n'est pas votre problème, n'est ce pas ?! Vous savez Azël, ça ne sert à rien de vous cacher avec un masque de pitié pour toutes les petites âme égarées, si vous n'êtes pas capable d'avoir ne serait-ce qu'une once de respect envers ceux qui vous ont élevée et qui continuent de s'occuper de vous, de vous chérir au quotidien ! C'est inutile de faire l'autruche ainsi. Et sachez que je ne m'excuserais pas de vous avoir parlé sur ce ton, vous le méritez sincèrement. Il est grand temps de faire face à la réalité Azël. Vous n'êtes plus une enfant, dit-elle en séparant chacun de ses mot, avant de remarquer Segin. Et vous ! Vous je pensais que vous ne seriez pas assez bête pour non seulement la laisser faire, mais en plus la suivre ! Je ne mentionnerais pas votre comportement à Son Altesse, estimez-vous heureuse de ce simple fait. Nous allons dire qu'Azël était seule. Je ne sais pas pourquoi j'essaie encore de vous couvrir...En tous cas Azël, attendez-vous à être convoquée chez vos parents dès l'aube. »

La princesse ne s'attendait pas à recevoir autant de reproche, surtout de la part de sa chère domestique. Elle avait d'abord baissé les yeux, comme si elle avait eu une soudaine prise de conscience, qu'elle s'en voulait de partir en douce aussi souvent. Mais elle avait rapidement secoué la tête, comme pour chasser ses pensées et avait supplié sa domestique de ne rien dire, en promettant que c'était la dernière fois qu'elle partait.

«- Ça doit être au moins la vingtième dernière fois Azël ! »

La princesse prit un air de chien battu et planta son regard dans celui d'Ariane.

«- Bon, c'est d'accord. Mais c'est vraiment la toute dernière fois, soupira la domestique. »

Azël la remercia d'un sourire, à peine perceptible dans l'obscurité. Elle se rendit, l'air joyeux, dans sa chambre, laissant son amie et sa domestique seules.

«- Je n'aurais pas cru que vous étiez stupide, soupira Ariane en replaçant correctement le col de sa robe beige.

- Je ne pense pas l'être.

- Il faut pourtant manquer de jugeote pour déjà désobéir aux ordres des régents. Vous n'êtes ici que depuis...elle s'arrêta quelques secondes et compta sur ses doigts. Vous n'êtes ici que depuis deux jours ! Sa majesté a dit qu'il vous mettrai dehors sans hésitation à la moindre erreur et s'en est une. Estimez-vous heureuse que je ne fasse pas remonter cette information !

- Je ne comprends pas en quoi le simple fait d'être sortie du château serait une erreur. Je ne suis pas séquestrée, que je sache, répondit Segin, sur un ton assez sec qui la surprit elle-même.

Elle fut très étonnée d'entendre son interlocutrice lâcher un petit gloussement. Ariane conseilla à la jeune femme d'aller se coucher, car si non, la journée risquait d'être bien dur le lendemain. Elle la conduisit jusqu'à sa chambre.

Segin, après avoir retiré ses chaussures pleines de terre et qui lui faisaient mal au pieds, gravit les marches en pierre. Elle sentait la paume de son pied se rafraîchir au contact su sol. Une fois en haut, elle se déshabilla presque immédiatement. Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'alors, mais elle avait atrocement chaud. Elle s'était mise en quête d'un vêtement plus léger, mais n'en avais pas trouvé.

Elle se laissa tomber au sol, adossée au grand lit, et s'aperçut à quel point elle était épuisée. Elle savait qu'il aurait été plus intelligent de remonter sur le matelas, de se glisser sous les couettes, mais elle trouvait au tapis qui recouvrait le parquet, un confort et une douceur incroyables. Elle tomba ainsi dans un profond sommeil, nue, sans aucune couvertures, à même le sol.

«- ...Ra ? Nora ? Où êtes-vous ? »

Ses yeux de glace s'ouvraient péniblement, et elle avait froid. Il faisait sombre. L'espace où elle se trouvait était exigu, elle ne pouvait pas se lever, ni même s'asseoir. En revanche, elle pouvait apercevoir de la lumière, et donc une sortie, très près d'elle. Elle décida de rouler, car c'était l'un des seuls moyens qu'elle avait pour bouger, jusqu'à cette lumière. Elle s'aperçut bien vite qu'elle était en fait sous son lit, dans la poussière et les toiles d'araignées. En s'asseyant au sol, sa tête dépassant à peine du lit, elle se rendit compte qu'au niveau de la porte de la chambre se trouvait Anthime.

Ce n'est que lorsque leur regards se croisèrent que Segin prit conscience de sa propre nudité. Elle tenta désespérément de se cacher, sans penser que le grand lit s'en chargeait déjà. Anthime n'eut pas de mal à comprendre d'où venait la gêne de la jeune femme en voyant la robe rouge, au sol. Il se rendit dans la salle de bain et revint avec un tissu blanc.

«- Mettez-ça, dit-il en le lui jetant presque dessus. Je dois vous parler, j'attendrai sur les marches.

Segin enfila, comme elle le pouvait, le tissu blanc.

«- Je suis pas sûre qu'on puisse parler d'un vêtement...soupira-t-elle »

Il s'agissait en fait d'un simple pan de tissu -qu'elle identifia comme étant le rideau de sa salle de bain- dans lequel elle s'était enroulée avant de le nouer à sa taille à l'aide de la ceinture de sa robe de la veille. Pourquoi ne l'avait-elle pas remise, d'ailleurs ? Elle ne savais pas, n'y avais pas réfléchi. On lui avait dit de porter ce ridicule tissu blanc, donc elle l'avait porté.

«-Ah...Mais pourquoi est ce que je fais simplement ce qu'on me dit...Je ne pourrais pas réfléchir un peu, non ?! Pensa-t-elle en passant une main dans ses cheveux noirs. »

Elle alla chercher le bout de tissu au sol, devant l'escalier. Anthime était là, assis sur la marche la plus haute, il la regardait du coin de l'œil.

«- Qu'est ce que vous faîtes avec ça ? dit-il en désignant la robe rouge.

- J'essaie de m'habiller décemment, répondit sèchement Segin.

- Pour simplement discuter, je pense qu'un rideau fera l'affaire. De toutes façons, je suis prêt à parier que vous ne faîtes partie que de l'une des classes sociales les plus basses, alors un rideau doit pouvoir vous convenir.

- Je vous demande pardon ?! Qu'est ce qui vous fait penser ça ?!

- On vous a retrouvée amnésique et au bord de la mort en plein milieu d'une forêt. Sois vous n'aviez pas les moyens de vivre autrement, sois on s'est débarrassé de vous parce que vous coûtiez trop cher et que votre famille n'avait plus les moyens de prendre soin de vous. C'est une évidence, alors pourquoi prétendez vous mériter cette vie royale ?

- On me propose de l'aide, j'en ai besoin, j'accepte cette aide ! Je me doute bien que je ne mérite pas de vivre comme une princesse, mais voyez vous, c'est tout ce que j'ai ! Et peut-être qu'en réalité j'ai tellement d'importance qu'on aurait voulu se débarrasser de moi, qu'en pensez vous !?

- Si ça avait été le cas, on en aurait entendu parler. Or aucune figure importante n'a disparu chez nous ou chez nos alliés.

- Je...Et...Et je pourrais vous retourner la question, d'ailleurs ! N'auriez-vous pas votre propre palais ailleurs qu'ici monsieur le comte ?! Non, même pas le comte...Monsieur le duc ! Est-ce réellement moi qui prétend mener une vie qui n'est pas la mienne !

- L'un d'entre nous ne prétend pas posséder cette vie royale et coche simplement les cases pour l'atteindre, devinez lequel.

- Mais com-...dit-elle avant d'être coupée par son interlocuteur.

- Par le biais d'un mariage.

- Vous vous servez d'elle...Azël vous considère comme un ami, vous savez ! Et vous osez ne serait ce que penser à vous servir de son titre ?! Êtes-vous si intéressé par un titre dont vous n'avez même pas besoin ? Vous êtes déjà noble ! »

Anthime ne répondit pas immédiatement. Il commença à descendre les marches avant de s'arrêter au milieu de l'escalier et d'annoncer que jamais, même s'il le voulait, il ne pourrait considérer Azël comme une amie.

Il avait laissé sur la première marche une feuille pliée dans le sens de la longueur. Segin la saisit d'un geste sec dans lequel tout son énervement paraissait. Elle vit, en le dépliant, que l'homme aux cheveux platine lui avait écrit une lettre. Elle ne voulait pas la lire. Elle ne voulait pas continuer à se prendre les remarques de cet homme en pleine figure. Il l'insupportait au plus haut point !

Elle retira le rideau de son corps et remis la robe rouge, songeant que c'était tout de même bien plus confortable.

Devant le grand miroir de la salle de bain, armée d'une brosse, elle s'attaqua à ses cheveux sombres et ternes. Elle voulait en faire quelque chose et se rendre présentable. Elle à d'abord tenté une coiffure compliquée à base de nattes qui se croisent encore et encore, mais a rapidement abandonné cette idée. Elle a ensuite redressé sa tignasse en deux chignons sur le dessus de sa tête, elle les aurait voulus parfaits, mais ils ne l'étaient pas. Elle finit par faire une simple couette, bien haute sur son crâne. Étrangement, elle trouvait que ça lui allait particulièrement bien.

Elle sortait de la pièce, se dirigeant machinalement vers le grand lit, et repensant à ce dont elle s'était souvenue durant la nuit.

"Tout ira bien."

"Tout ira bien."

"Tout ira bien."

Plus elle se répétait cette phrase, et moins elle ne lui semblait vraie. Cependant, elle se souvenait avoir dit autre chose.

"A bientôt."

Cette affirmation lui semblait plus correcte. Elle savait qu'elle le reverrait bientôt. Mais elle ne savait pas qui il était. Elle sentait, jusqu'au fond d'elle, qu'il était la chose la plus importante à ses yeux, qu'elle l'aimait plus que tout au monde. Il lui restait juste à savoir de quelle manière elle l'aimait, pourquoi elle l'aimait et qui il était...

Frustrée de ne pas être capable de s'en rappeler alors que ça lui semblait si proche, Segin se laissa tomber sur le matelas et enfonça sa tête dans un oreiller.

«- Si je résume, pensa-t-elle, rien n'ira bien et je dois retrouver quelqu'un dont je ne me souviens pas...Simple comme bonjour ! »

Du bout des doigts, elle effleurait la lettre qu'Anthime lui avait laissée. Après avoir hésité durant quelques longues secondes, elle se décida à la lire. Après tout, même s'il lui était insupportable, il n'avait sans doute pas pris la peine de rédiger une lettre pour ne rien dire. Et qui sait, peut-être qu'à l'écrit il ferait preuve de plus de sympathie qu'à l'oral.

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