Non-corrigé

Deux jours.

48 heures.

2 880 minutes.

172 800 secondes.

Pas une de plus.

Les pleurs avaient cessé en même temps que la nuit était tombée. Le calme engloutissant leurs deux corps entrelacés. Le temps les regardait faisant inlassablement résonner son insolent tic tac. 

Le vieux canapé, que le temps avait pris un malin plaisir a abimer, était le seul témoin de cette étreinte au pays des rêves. Yoongi avait finalement trouvé le sommeil bercé par la respiration de la jeune femme ainsi que de ses nombreuses caresses. Une étreinte presque maternel pour un enfant manquant cruellement d'attention. 

La tableau reflétait une nuit rêveuse et heureuse. Mais le temps les guettait sans jamais les lâcher. Chaque seconde de répit n'était qu'une futur minute de souffrance. Un cercle vicieux et infini les enfoncent toujours d'avantage vers cet avenir incertain. 

Elle dormait, blottit dans le creux des bras de l'homme qui faisait  inconsciemment accélérer les battements de son coeur. Son faciès détendu ne laissait qu'apercevoir le peu de joie qu'il lui restait. 

La nuit était à son apogée, plus sombre que jamais. Les étoiles venaient tendrement guider les quelques âmes égarées. La brise caressait timidement les quelques feuilles survivantes à cet effroyable hiver. C'était beau. C'était idyllique. C'était trop beau.

Un tremblement. Une grimace. Une plainte. 

Un mal de crâne vint l'assaillir venant perturber son sommeil, l'arrachant de force des bras de Morphée. S'efforçant de garder les yeux fermés en essayant de se convaincre que cela allait passer. Ce n'était rien. Un mal de crâne ni plus ni moins. 

Des tremblements firent surface venant secouer la jeune femme endormie. De fines gouttes de sueur commencèrent à perler le long de son front. Ses yeux se fermèrent d'avantage venant y laisser de petites rides aux coins de ceux ci. Le douleur s'intensifia en une fraction de seconde. Hyuna ne pu s'empêcher de réprimer un gémissement plaintif. Sa main venant rencontrer d'un geste violent sa tête.

Des larmes se formèrent aux coins de ses yeux. La douleur refusant de se calmer et venant assaillir son crâne. Elle avait l'impression que l'on le lui arrachait, étirait, écrasait, brulait, resserrait. 

Qu'on la tuait à petit feu.

Elle se réveilla en sursaut. S'efforça malgré ses membres tiraillés par la douleur de se redresser. La respiration anarchique. Le corps suant à grosses gouttes, les pleurs venant détruire ce visage angélique. La souffrance engouffrait son âme ne laissant qu'une épave de son être. 

L'ange coulait dans les abysses, noircissant ses ailes pures n'y laissant qu'une âme détruite digne des plus beaux anges déchus. 

"Non... N..Non..Non..."

Répétant inlassablement ces quelques mots, sans but précis. Technique vaine pour se rassurer elle même. Sa voix n'étant que soupirs entrecoupés. Son être n'était que tristesse, désarroi, colère, incompréhension? Que ce passait il? Il devait leur rester deux jours alors pourquoi? Allait elle finalement mourir aujourd'hui? Une fin aussi pitoyable pour une existence aussi déplorable? Et leur 48 heures dans tout cela? C'était la règle. Le temps était donné et devait être respecté. Mais... et si, comme dans chaque choix, chaque voeux, chaque règle, se trouvait une variable?

Sa vue fut assaillit d'images toutes plus anciennes les unes que les autres. Des passages de sa vie défilaient devant ses yeux. Lui offrant la vérité qui avait été trop longtemps refoulée. Elle s'efforçait de garder ses paupières close. Secouant la tête comme la pauvre folle qu'elle était, refusant d'en voir plus. Malgré la forteresse de ses paupières, les images rentrèrent dans sa tête tournant et tournant. L'étourdissant. Lui répétant les scènes en boucles, les paroles blessantes, les coups, les morts. Chaque souvenir venait s'encrer dans un coin de sa tête, la brulant, s'y encrant afin de s'y forger une place. 

Ses cris résonnèrent dans la pièce témoignant de sa souffrance. Chaque hurlement était tel que même la mort paressait moins forte à côté. Ses mains cherchaient sans cesse à arracher le moindre de ses cheveux, cherchant à s'arracher chaque souvenir. Elle n'en voulait pas. Elle n'en voulait plus. Se tapant la tête, criant à s'en casser la voix. Ses ongles se plantèrent à maintes reprises dans la fine peau de son bras venant gratter, arracher sa peau. 

Remplacer la douleur par la douleur. 

La souffrance engloutissait toute son âme n'y laissant qu'un simple regard vitreux appelant silencieusement à l'aide. Perdue dans les méandres de la douleur elle ne voyait plus. Ne sentait plus. Se contentant de se faire ronger seconde par seconde par ce qui avait été autrefois sa vie. 

La pire souffrance d'un homme n'est autre que sa propre vie.

 Chaque douleur n'est que le reflet de regrets. 

Lui seul n'est qu'a blâmer.

Hyuna ne remarquait même plus les cris de Yoongi. Il l'appelait, la touchait cherchant par tout les moyens comment la retrouver. Elle le repoussait inlassablement, il représentait une menace. Tout ce qui l'entourait était une menace. 

Il regardait le spectacle impuissant. Un spectateur fasse au théâtre.

 Le sang commençait à couler rejoignant les larmes. Ses poignets saignaient, sa peau était abimé, son visage dévastée. Il était terrifié. Le corps de Yoongi refusait de bouger, il était paralysé. Une scène d'horreur. Que devait il faire? Chaque geste qu'il osait entreprendre ne faisait que l'effrayer d'avantage. Elle ne le voyait même plus.

Mais après tout qui était il pour la réconforter?

Le temps autrefois trop rapide était cette fois ci comme figé. Trop long. Beaucoup trop long. 

Puis plus rien.

Les cris avaient cessé. Les pleurs s'étaient éteint. Les tremblements diminuèrent. Seul son regard vitreux demeura. Elle fixait le vide sans une once de sentiment. Vidé de l'intérieur.

Une âme envolée.

Yoongi osa porter une main à son épaule effleurant de peu sa peau. Comparé à toutes les autres fois, la réaction fut instantanée. Un recul. Une esquive. D'un geste brusque, elle avait retiré la main de Yoongi. Ses yeux redevenu normaux s'étaient accrochés aux siens. 

De la haine.

"Ne... me touche pas."

Le souffle de Yoongi se coupa. Sa main suspendu dans les airs il n'osait plus bouger. Hyuna l'avait repoussé. Il put presque entendre le bruit de son coeur se briser résonnant dans sa cage thoracique. Au fond il l'avait deviné. Il l'avait su dès l'instant où il avait été réveillé par ce vacarme infernal. Yoongi avait su, que dès l'instant ou elle reprendrait ses esprits il n'aurait plus le droit de lui parler. 

Il était un monstre.

Il l'avait toujours su.

Sa gourmandise l'avait poussé à aimer le fruit interdit. Tel Eve et Adam. Mais le jour fatidique arriva, il reçu sa punition. Se faisant bannir à son tour. Cette fois ci, non pas d'une terre mais d'un coeur. 

Le silence se brisa lorsque son corps encore faible quitta le canapé. A la vue de cette place autrefois chaude le coeur de Yoongi ne pu que se refroidir d'avantage. 

S'efforçant de ne pas flancher, son mince corps se balançait de droite à gauche dans le long couloir. Ses pas étaient tremblant et hésitant. Ses jambes pouvant flancher à tout moment. Son esprit la guidait tel un robot rouillé suivant mécaniquement son créateur. 

Une fois la porte verrouillée derrière elle, elle se fit face. Dans le grand miroir de la chambre se dessinait son reflet. Seule face à soit même. Seule face à tous. Face à la vérité. Face à ses démons.

Attrapant prudemment chaque coins du miroir, Hyuna se rapprocha. Effleurant le verre du bout des doigts comme s'il était prêt à céder. Caressant ses courbes à travers son reflet. Oui c'était elle. C'était elles. Une larme solitaire trouva finalement son chemin venant former un petit point d'eau dégoulinant le long de l'objet. C'était donc ainsi que tout allait se finir.

Ses souvenirs lui étaient revenus. Comment avait elle pu ne serait ce qu'une seconde oublier Jimin et Yoongi? Mais la vraie question subsistait. Comment avait elle pu aimer Yoongi? Cet homme qui avait pourri sa vie pour ne pas avoir de problème.

Là est la bêtise humaine. On se base sur nos principes sans chercher celui des autres.  La face voilée nous avançons sans nous retourner passant à côté de notre vérité. 

"Jiyeon..."

Ses pensées se bousculèrent. Plus rien n'avait de sens. Seul la trahison persistait venant obstruer la souffrance de son coeur déchiré.

Là, dans le silence glacial elle l'uppercut. Dans son miroir elle la voyait, sa personnalité. Son esprit la matérialisait comme pour lui permettre de s'expliquer, de s'excuser. Tendant sa main vers le verre froid du miroir, rencontrant son deuxième elle. 

Alors depuis tout ce temps cette personnalité à la fois si provocante et protectrice n'était rien d'autre que le reflet de sa soeur. 

Le reflet de sa personne se reflète dans le reflet du miroir. Une ironie mal tournée.

De l'extérieur, on ne voyait qu'une seule et même personne. Une folle se parlant à sois même. Posant les questions et y répondant elle même. Mais pour Hyuna, c'était son point de départ. Une réconciliation avec elle même. L'envolée de ses démons et l'ouverture à son futur.

"Pourquoi...?

-Je suppose que mon heure est finalement venue pas vrai? Je suis heureuse... je crois. Tu le savais toi que je pouvais avoir des émotions? C'est ridicule pas vrai? Je ne suis rien après tout. Tu dois surement me détester. Pendant tout ce temps je t'ai volé ce qu'un humain à de plus précieux. Je ne mérite même pas d'obtenir ton pardon."

Jiyeon baissa sa tête. La honte prenait le dessus. Et si ce qu'elle avait fait n'était pas le bon choix? Peut être que Hyuna aurait du vivre avec ses souvenirs depuis le début. Peut être l'avait elle trop sous-estimé? Sans doute aurait elle pu accepter la réalité et vivre avec? Maintenant que le moment était finalement venue, elle n'était plus sur de rien.

"Pendant tout ce temps, j'ai vécu sans savoir la vérité. Oui je t'ai détesté. Je me suis détesté pour ne pas avoir été normale, pour être devenue un monstre aux yeux de la société. Une folle comme les gens aimaient m'appeler. Mais aujourd'hui je comprend finalement le sens de tout cela. La personne que je pensais détester n'a fait que me protéger au prix de ses propres sentiments. Tu m'as aimé malgré que je te vouait une haine innée. C'est à moi de m'excuser. Je t'en pris ne me laisse pas je ne pourrai pas vivre sans toi. Jusqu'à maintenant tu as toujours été là, tu es devenue une partie de moi. Mon repère dans ce monde perdu de sens. Ne pars pas, ne m'abandonne pas. Reste avec moi pour toujours. Je t'ai perdue une fois je ne te perdrai pas une deuxième fois.

- Je ne suis pas réelle Hyuna. 

-Alors explique moi comment je peux te voir! Te parler! Le temps que tu resteras ici, avec moi, dans moi alors tu existera. Je m'en fiche de ce que les gens pensent. Je suis folle? Et bien soit!

-Je ne suis qu'une forme crée par ton esprit. J'ai finit mon devoir. Je te rend ta liberté. Ne fait pas l'égoïste et laisse moi partir. Je ne t'abandonne pas, jamais je n'oserai abandonner ma soeur. Je continuerai de te protéger mais de la haut. De ma véritable place.

-Qu'elle place?

-Je suis morte Hyuna. 

-N..non. Tu n'es pas morte! Cette nuit là... c'était, c'était juste un...

-Tu le sais très bien! Ouvre les yeux!"

Oui elle le savait. Jiyeon était morte et ceux depuis de nombreuses années. Son envie égoïste de la retenir dans son esprit la dégoutait. Mais c'était plus fort qu'elle. Que deviendra t'elle sans cette présence? Elle était devenue une part d'elle. Comment pourrait elle être sur de ses choix désormais.

"Hyuna je t'aime. Alors si toi aussi tu m'aimes réellement laisse moi m'en aller. Ne rend pas tout mes sacrifices vain."

Les dents serrées, les lèvres collées aucun son n'arrivait à s'échapper. Les larmes s'étaient transformées en torrent dévastant chaque parcelle de sa peau de poupée. 

1 seconde

1 minute

5 minutes

Dans un élan de courage, ses yeux rencontrèrent de nouveau le miroir. Elle avait fait son choix. Mais inconsciemment elle savait qu'il avait été fait depuis bien longtemps. Cependant, aujourd'hui serait le premier jour de sa promesse personnelle.

"Merci pour tout."

Un mince sourire illumina son visage. Ses pommettes remontant venant cacher ses petits yeux rougies par les larmes. Et pour la première fois les deux personnalités étaient en total accord.

Leur main se sellèrent. Leurs yeux parlaient pour elles. 

"Prend soin de toi Hyuna. Et promet moi de vivre pour nous deux. Sois heureuse et pardonne toi."

La main contre le miroir, caressant le verre froid. Hyuna ferma les yeux essayant de reprendre son souffle. Un faible murmure s'extirpa de ses fines lèvres abimées. Trois petits mots avaient été soufflés comme un secret. Comme ci ils risquaient de se briser à tout moment.

Lorsque ses paupières s'ouvrirent à nouveau, seul son reflet lui fit face. 

Elle était partie. 

Pour toujours.

"Au revoir... Grande soeur."

La porte s'ouvrit lentement. Yoongi se tenait dans l'encadrement de celle-ci le regard rivé vers le corps douloureux de Hyuna. Son coeur ne pu s'empêcher de se comprimer à la vue si douloureuse qui s'offrait à lui. Un ramassis de sentiments plus insupportables les uns que les autres. 

Tristesse.

Douleur.

Peur.

Là devant lui, Hyuna se tenait de dos. Fixant sans un mot son reflet déformait par ses larmes séchées. 

D'un pas hésitant, il s'approcha. Son corps juste derrière le sien. Se fixant tout deux par le biais de leurs reflets. Comme protégés de la réalité. C'était devenu inévitable. Ils savaient tout deux que le verdict aurait bientôt lieu. 

De sa main couleur opaline, il vint effleurer l'épaule de Hyuna. 

"Ne me touches pas."

Encore. 

Elle l'avait rejeté. Et il le méritait. Mais lui aussi avait le droit de s'expliquer. Lui aussi avait le droit d'être aimé, de reprendre tout à zéro. 

Alors sans son autorisation, il enlaça la jeune femme du plus fort qu'il le pu. Essayant tant que bien de lui faire ressentir toute sa peine, son pardon et tout son amour. Essayant de ne devenir qu'un seul et même cour abimé l'espace d'un court instant.

 Coeur contre coeur.

 Ame contre âme.  

Etres détruits.

Malgré les faibles coups qu'elle lui donnait, Yoongi ne lâcha rien. 

Il ne la lâcherai plus jamais. 

"Je ne pourrais jamais me le pardonner. Et pourtant je t'aime à en crever."

Quelque part la haut, une jeune femme souriait.

 Observant deux amants entrelacés. 

Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser.

 Aux trois mots qui lui avaient été murmurés. 

Je te rejoindrai.