34. La manipulation nécromantique

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Aujourd'hui c'est l'anniversaire de ma meilleure amie, ça vaut bien un chapitre !

Pour l'instant, entre les cours et la vie active, je reste coincée à un chapitre par mois. Je ne désespère pas d'avancer pendant mes périodes de vacances, j'ai trop envie de raconter cette histoire en entier pour rester à ce rythme éternellement !

Mais tant que je ne peux pas faire mieux, je préfère rester à ce rythme que remettre la publication en pause. L'idée c'est d'aller vers 2 chapitres par mois, puis 3... jusqu'à revenir à un par semaine.
En attendant, j'espère que ce chapitre vous plaira ! ce sont aussi vos commentaires qui m'aident à trouver l'énergie d'écrire quand je suis crevée et suis tentée de rien faire pour juste me reposer, alors continuez à mettre vos réactions <3

***

Nous sommes devant un pavillon très différent de celui des conteurs. Il est fait de bois clair et n'a pas d'étage. Son toit d'ardoises, bleu-vert, est sommaire, sans les fioritures usuelles pour les bâtiments du palais. L'ensemble a d'ailleurs un quelque chose de rustique, comme si nous étions à la campagne.

J'ai l'impression que nous sommes les deux seules personnes présentes, à patienter ici bien sagement.

Si c'était un souvenir du lieu, je devrais voir le présent superposé au passé, mais il a totalement disparu. Je ne suis pas non plus en train de revivre le passé de Hiulsuya, car je sens bien que je suis moi et non elle. J'aurais plutôt l'impression d'avoir fait un bond dans le temps, mais je sais bien que c'est impossible.

Je n'ai aucune idée de combien de minutes je dispose avec Koshayaran, or il faut absolument que je l'interroge. Sur les manipulateurs, sur ce qui est arrivé à Hiulsuya, sur le renard de jade... je ne sais pas par où commencer. Mais la priorité pour Kianshei est son père, alors je me tourne vers le prince et lance dans un seul souffle de voix :

- Quand quelqu'un est possédé par des spectres, des spectres non pensants, comment est-ce qu'on peut le libérer ?

Mes mots, enchaînés avec panique, surprennent le jeune prince qui me contemple comme si c'était inhabituel qu'on trouble ainsi sa tranquillité.

- Vous devrez m'excuser, répond-il d'une voix songeuse, la manipulation nécromantique n'est pas mon fort, je ne peux pas vous répondre... c'est mon frère qui est le spécialiste en la matière.

Tiens, tiens... le Jireshaxin, donc.

 - ... je vous conseille de consulter les écrits de maître Lisharumon, poursuit-il, c'est sa matière de prédilection. Cependant, ce n'est vraiment pas à la portée de tout le monde, ainsi ne vous inquiétez pas, maître Merhukeshin ne nous interrogera jamais là-dessus !

Il conclut sa phrase d'un coup de tête confiant. Je devine donc que maître Merhukeshin n'enseigne pas la Culture du Langage, comme je l'ai cru au départ, mais la manipulation d'énergie... et si j'ai bien compris, c'est lui que nous attendons. Tant mieux ! Mes questions paraîtront moins suspectes !

J'enchaîne donc aussitôt avec la suivante :

- D'accord, merci... Et un sortilège lié à un tatouage qui tue progressivement celui qui le porte, ça vous dit quelque chose ?

Le rire de Koshayaran éclate soudain, en mille petits échos cristallins, pareil à celui d'un enfant face à la chose la plus amusante du monde.

- Rassurez-vous ! parvint-il à souffler après s'être essuyé les yeux. L'examen d'aujourd'hui ne portera jamais sur quelque chose de ce genre ! Maître Merhukeshin n'est pas aussi terrible, tout de même !

Évidemment, il ne comprend pas pourquoi je demande tout ça, et je ne peux pas vraiment lui expliquer...

- J'aimerais quand même savoir ! j'insiste. Ça ne vous dit rien ?

Le regard studieux, il effleure sa joue de son doigt fin, avant de me répondre :

- Un sortilège avec un tatouage ? Non. On utilise peu le tatouage dans le sud, c'est plutôt une spécialité de chez vous, dans le nord.

- Et les malédictions mortelles, quelque chose avec le même effet que ce tatouage, ça existe ?

 - Ah oui ! Évidemment ! Même si c'est très rare. Je suis étonné que vous ne le sachiez pas déjà...

Il cligne des paupières et j'ai presque le sentiment qu'au même moment le sol se dérobe.

- Euh... je suis débutante et, euh, je ne me suis jamais vraiment intéressé à la manipulation d'énergie avant...

- Hum. Si vous êtes débutante, vous n'êtes pas au bon endroit.

- Je venais juste pour en apprendre un peu plus, je suis curieuse ! Comment on peut annuler une malédiction de ce genre ?

- Alors ça ! Cela dépend de chaque malédiction, chacune a ses conditions ! Donc le mieux est de trouver comment elle a pu être lancée. L'énergie d'un manipulateur seule ne suffit pas à tuer quelqu'un, un être humain est bien trop équilibré énergétiquement pour ça ! Pour qu'une malédiction soit efficace, il faut un déséquilibre quelque part, une faille qui l'a rendue possible. Si vous pouvez rééquilibrer les choses, ou combler la faille, il y a des chances pour que vous puissiez lever une malédiction. Ou alors il faut tuer le manipulateur qui en est responsable, c'est une autre possibilité...

- Et si ce manipulateur est déjà mort ?

- La malédiction s'est forcément arrêtée d'elle-même à sa mort.

- Non, je veux dire, s'il est déjà mort quand il lance la malédiction.

- Que voulez-vous dire ?

- Si c'est un spectre de manipulateur qui a lancé la malédiction ?

Il me dévisage comme si je venais de dire quelque chose d'incompréhensible. Au même moment, j'ai l'impression que le paysage autour de nous vacille.

- Mais voyons ! Un spectre est un spectre, qu'il soit de manipulateur ou d'autre chose ! s'écrie-t-il. Un manipulateur ne peut plus faire de manipulation d'énergie une fois mort ! Ça n'a pas de sens !

- Et pourtant, je vous jure qu'il y a des spectres de manipulateurs qui lancent des sorts !

- Certainement pas ! affirme-t-il en secouant la tête, ses cheveux s'agitant en suivant le mouvement. À moins qu'ils ne soient la marionnette d'un manipulateur vivant, là, effectivement, ils peuvent agir grâce à l'énergie du manipulateur vivant. Encore une fois, il s'agit de manipulation nécromantique... il faudrait vraiment que mon frère nous rejoigne, qu'il puisse vous en parler... hélas, aujourd'hui, il est occupé.

- Donc un manipulateur puissant de son vivant ne peut pas devenir un fantôme dangereux une fois mort ? Même avec l'éther ?

Parce que si c'est le cas, alors je suis de plus en plus persuadée que le spectre aux yeux rouges et le Jireshaxin ne font qu'un.

- Avec quoi ? répète le prince, interloqué.

Une nouvelle fois, les lieux se troublent brièvement.

- Euh...

Mais oui ! On ne connait pas encore l'éther à son époque ! Voilà qui peut changer beaucoup de choses à ses connaissances sur ce dont les fantômes sont capables.

- Je ne crois pas vous avoir vue avec nous en classe hier... vous faites bien partie de la délégation de la petite-princesse ? me demande-t-il soudain, légèrement confus.

- Euh... Oui, je...

Le pavillon devant nous paraît s'éloigner sans pour autant bouger, et il n'y a que moi qui semble m'en apercevoir. 

Je crois comprendre que je suis, je ne sais comment, dans l'esprit de Koshayaran. Dans une réalité qui ne tient que grâce à lui, à ce dont il se souvient, à ce qu'il croit être réel... Si je commence à introduire du doute dans sa réalité, je risque de tout faire disparaître.

Avant de ne plus pouvoir lui parler, j'ai envie de lui demander comment il a pu abandonner Hiulsuya, mais je ne pense pas que nous soyons après son assassinat par le Jireshaxin. La vie n'a pas pu reprendre son cours normalement après un tel massacre et l'incendie ! Non ? Dans le doute, je demande tout de même :

- Est-ce que le pavillon est toujours intact ?

- Le pavillon ?

- Pardon, le Palais de l'Harmonie. Le palais qui héberge notre délégation. On m'a dit qu'il avait brûlé.

J'insiste sur le "notre délégation" histoire qu'il ne doute plus que j'ai bien ma place ici.

- Pourquoi est-ce qu'il aurait brûlé ? articule-t-il en écarquillant les yeux. Si on vous a raconté ça, je pense qu'on vous a fait une mauvaise plaisanterie ! 

C'est bien ce que je pensais. Bon, je ne peux donc pas en savoir plus sur ses motivations... mais quelque chose me pousse pourtant à insister :

- Si votre frère vous le demandait, vous abandonneriez Hiulsuya ?

- Comment est-ce que vous..., commence-t-il l'air surpris avant de se reprendre. Vous vous faites des idées, rougit-il ensuite. La petite princesse et moi sommes juste bons amis.

Il toussote avant de triturer nerveusement ses manches. Je suis en train de chercher une autre question quand, vexé, il ajoute à voix basse :

- Je ne sais pas ce qu'on vous a raconté, ni qui... mais si c'est la petite princesse qui s'inquiète de quoi que ce soit et qui vous a parlé de... de quelque chose, dites-lui que je suis un prince et un homme d'honneur. Quand je donne ma parole, jamais je ne la reprends.

Il paraît bien décidé pour quelqu'un qui au final va changer d'avis. Peu convaincue, je grommelle :

- D'accord, merci.

Au loin, derrière les arbres, une voix résonne soudain :

- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?!

La lumière m'éblouit alors brutalement les yeux. Je découvre que le ciel n'est plus là où il devrait être : il me fait face au lieu d'être au-dessus de ma tête...

- Absolument rien ! Pour qui me prenez vous ? rétorque Semjinkin avec colère.

- Je vous préviens, si vous...

Je comprends seulement que je suis allongée, à moitié au sol, l'autre moitié dans les bras de Semjinkin. Frottant mes paupières et m'habituant enfin à la lumière, j'articule :

- Grande sœur... ?

- Suirei, ça va ?!

Au-dessus de moi se penchent immédiatement Leireng, Semjinkin, et mon professeur de lecture que je peux enfin saluer avec un maigre sourire :

- Ah ! Bonjour, Rhanxei...

- Suirei, vous allez bien ?! me répond-il, pâle.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? exige Leireng, son ton aussi tranchant que les multiples dagues qu'elle porte sur elle.

Alors ça, j'aimerais bien le savoir ! Apparemment, j'étais inconsciente sans le savoir. Est-ce que j'ai rêvé, comme la fois où j'étais avec Dayarun dans le jardin et que Hiulsuya est venue me demander mon aide ? À présent que je suis éveillée, je trouve que les deux événements ont quelque chose de très similaire.

- Euh...

Semjinkin répond pour moi :

- Elle a soudain perdu connaissance. Je l'ai rattrapée avant qu'elle ne tombe et j'ai essayé de la réveiller, mais je ne voulais pas non plus la brusquer.

- Oh ! Elle va mieux ?! s'écrie gaiement Jaikuni en accourant vers nous avec un verre d'eau.

Lorsqu'elle veut me le tendre, Leireng repousse son geste. Je vois bien à son expression que la capitaine les soupçonne tous d'être responsables de mon état. Semjinkin fulmine sous ses regards accusateurs, aussi peu décidé à se laisser accuser à tort que Leireng ne semble prête à le croire.

 Avant que ça n'empire, je me redresse donc en expliquant aussitôt :

- Je n'ai rien bu de la journée. À force d'attendre debout sous le soleil, j'ai perdu connaissance. Je n'ai pas été très prudente, je suis désolée, grande sœur.

Je me remets debout, aidée de Semjinkin, pendant que Leireng me scrute, à l'affût de la vérité.

- C'est vraiment ce qui s'est passé ? insiste-t-elle.

- Oui, vraiment.

Me voyant sincère, elle se détend un peu. J'accepte alors enfin le verre de Jaikuni, en la remerciant. Ce n'est qu'en le buvant que je réalise combien j'avais soif.

- Comment avez-vous pu insinuer..., commence Semjinkin avant que Vilkura ne l'interrompe en posant la main sur son épaule.

Ils échangent un regard, Semjinkin soupire finalement :

- Nous n'aurions pas eu à attendre debout sous cette chaleur, cet incident ne serait pas arrivé. Ce n'est pourtant pas comme si je n'avais pas informé les organisateurs de mon intention d'assister à ce spectacle...

- Il y a dû y avoir une erreur, grogne Leireng en détournant le regard.

- Une erreur, répète Semjinkin avec beaucoup d'ironie.

- De toute manière, le problème ce n'est pas que vous et les vôtres ayez eu à attendre ! C'est que vous n'avez pas été capables de prendre soin de ma cousine, contre-attaque Leireng.

À nouveau j'interviens :

- C'est de ma faute ! J'allais vraiment très bien jusqu'à il y a un instant, je ne me suis moi-même aperçue de rien ! J'aurais dû manger et boire un peu plus, je n'ai pas été raisonnable.

- Viens, allons te chercher quelque chose, décide Leireng en saisissant mon bras.

- Je peux vous accompagner également, me propose aussitôt Semjinkin. Après tout, je me suis engagé à être votre partenaire pour la journée.

- Nous n'avons pas besoin d'être deux, vous en avez assez fait ! peste sèchement Leireng.

Loin de se laisser faire, Semjinkin riposte :

- En effet, pas besoin d'être deux, et à ce propos, est-ce bien judicieux pour vous d'abandonner momentanément vos fonctions ? Ce n'est pas sur votre cousine que vous devez le plus veiller, mais sur la foule. Alors que moi, je suis parfaitement libre de m'occuper d'elle.

- Pourquoi est-ce que vous tenez tant que ça à rester avec elle ? souffle Leireng, étrécissant le regard.

- Capitaine Murcan, par les ancêtres ! Ayez la pire opinion de moi si cela vous chante, mais n'en perdez pas votre raison ! Que croyez-vous que je pourrais faire à votre cousine, ici, devant tout le monde ? Et dans quel but ?!

- Je n'ai rien insinué. Je suis simplement curieuse de savoir pourquoi vous désirez sa compagnie...

D'abord consterné, Semjinkin désigne ensuite la foule autour de nous d'un air dépité, répondant :

- Mais peut-être tout simplement parce que elle, elle m'accepte et m'apprécie. Ce qui est une chose relativement rare ici, vous en conviendrez !

Prise en défaut, Leireng grimace avant de me dévisager, perplexe.

- Tu l'apprécies ? répète-t-elle, sceptique.

Je les connais assez, elle et Xemtei, pour prudemment tempérer :

- Je... je ne passe pas un mauvais moment.

Soudain très sérieux, Semjinkin ajoute en baissant d'un ton, le regard rivé sur Leireng :

- Aujourd'hui, il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas des habituées du palais. Certaines parmi elles pourraient gêner le bon déroulement de la fête. Pensez que j'en fais partie si vous le souhaitez et faites-moi surveiller. Mais... il y a quelque chose que je dois vous dire, à vous seule. Quelque chose d'important. M'y autorisez-vous ?

Avec dégoût, Leireng fronce le nez, mais finit par hocher la tête et s'avancer. Je ne sais pas ce que Semjinkin lui murmure longuement à l'oreille, mais les traits de Leireng se durcissent. Elle recule finalement, songeuse.

- Gardez l'œil ouvert, ça ne coûte rien, conclut Semjinkin.

Sans lui répondre, elle pivote vers moi pour soupirer :

- Ça va aller si je te laisse avec eux ?

J'aimerais lui demander discrètement, à l'oreille moi aussi, si je peux voir Kianshei. Je voudrais lui parler de ce qui vient de se passer. Mais je crains qu'elle refuse, je sais bien qu'il est occupé, et puis ce n'est pas urgent, alors je me contente de répondre d'un air rassurant :

- Bien sûr.

- Bon. Ne fais pas... ne fais pas n'importe quoi. 

- Oui, grande sœur.

Elle lève les yeux au ciel en grommelant, comme si elle n'avait pas du tout confiance, mais n'avait pas d'autre choix que de me laisser.

- Vous devriez vous dépêcher, commente Semjinkin.

Après lui avoir jeté un regard qui me donne la chair de poule, Leireng s'éloigne à contre cœur.

- Vous me raconterez comment c'était ? lance Semjinkin à l'adresse de ses compagnons. Je pense qu'il est plus sage avec Suirei que nous restions au calme, le temps qu'elle se remette. Venez ! me fait-il ensuite.

- Mais je suis remise ! je m'écrie. Je peux voir le spectacle !

- Suirei, ne faites pas l'enfant..., me gronde-t-il gentiment. Vous venez de vous évanouir, ce n'est pas prudent pour vous d'aller vous enfermer dans une salle bondée. Il vaut mieux aller vous restaurer, puis rester au calme.

Avant que je ne puisse répondre, tout le monde acquiesce à ces sages paroles. Je vois bien que Rhanxei est aussi inquiet pour moi que mal à l'aise, mais son père lui tapote l'épaule pour lui chuchoter quelque chose qui l'incite à rester avec les autres. Je n'ai pas envie d'insister au risque de passer pour une adolescente capricieuse, alors je capitule :

- Oui, d'accord...

Vilkura tout naturellement nous rejoint en annonçant de sa voix si paisible :

- Je viens avec vous.

Alarmée, je m'écrie :

- Je suis désolée, je vous fais rater le spectacle à tous les deux !

- Ça n'a aucune importance, m'affirme Semjinkin. Nous en verrons tous un autre demain, voilà tout !

Tous ?

- Vous et vos compagnons, je le corrige, moi je serai à l'école.

- Qu'est-ce que vous racontez ? Il est évident que vous viendrez avec nous, il faut absolument que vous assistiez à un spectacle de Rinmei.

- Mais j'ai cours...

- Allons, Suirei ! C'est une fête importante ! Comme au nouvel an, à la fête des morts, et pour l'anniversaire de l'empereur, vous pouvez manquer quelques cours sans que l'école ne vous en blâme ! Tant qu'un membre de votre famille, ou un adulte qui a sa confiance, s'engage à vous prendre sous sa tutelle on ne vous reprochera rien.

L'anniversaire de l'empereur... je me rends compte que je ne sais même pas quand ça tombe ! Légèrement sceptique, je fais remarquer :

- Je ne crois pas que vous ayez la confiance de ma famille.

- Peut-être pas, mais dans la mesure du possible les Murcan tiennent à ne pas trop envenimer la situation entre ma famille et la couronne, aussi je ne pense pas qu'ils refuseront. Encore moins si vous leur dites que ça vous tient à cœur ! Mais bien sûr, si vous préférez aller à l'école, je retire mon invitation.

- Non ! Je... Hum... S'ils sont d'accord, oui, j'aimerais bien vous accompagner.

- À la bonne heure, sourit-il.

Nous nous arrêtons pour nous asseoir à même l'herbe, à l'ombre d'un grand érable. Tous ceux qui étaient déjà là se lèvent pour quitter les lieux. Semjinkin fait comme s'il ne voyait rien. Il s'assure mille fois que je suis bien installée, et Vilkura nous demande ce que nous voudrions boire et grignoter, avant de partir faire la queue à un stand non loin. Évidemment, tout le monde lui jette des regards noirs. J'ai de la peine pour eux...

Je réalise une fois assise que j'avais effectivement besoin de me reposer un peu. Comme si mon étrange rêve m'avait fatigué le corps.

Je n'ai pas appris grand chose auprès de Koshayaran, mais j'espère que Kianshei sera disponible ce soir pour que nous en discutions, et qu'il ne devra pas passer une grande partie de la soirée avec des nobles, ou avec sa partenaire du jour...

Histoire de penser à autre chose, je lève la tête vers Semjinkin en demandant:

- Qu'est-ce que vous avez dit à ma cousine pour qu'elle change d'avis et s'en aille ?

Ma question le fait murmurer avec malice :

- Une information manifestement à destination uniquement des oreilles de la capitaine de la garde impériale.

Je fronce les sourcils, insistant :

- C'est parce que vous avez vu quelque chose de louche dans la foule tout à l'heure ?

Plutôt que de me répondre directement, il souffle d'un air énigmatique :

- Rassurez-vous. Même si j'ai vu quelque chose, les menaces qu'on parvient à voir sont rarement celles dont il faut le plus s'inquiéter.

Malgré moi, je ne peux m'empêcher de commenter :

- Oui, c'est pour ça que tout le monde se méfie autant de vous.

- Comment ça ? semble-t-il s'étonner.

Est-ce qu'il ne voit vraiment pas de quoi je parle ?

- Vous savez bien ! On vous soupçonne de tas de choses... mais on ne peut jamais faire de lien  direct avec vous. Et ça contribue à augmenter la méfiance des gens à votre égard.

- Ah ! s'exclame-t-il avant de soupirer d'un air déçu. Vous parlez à nouveau des rumeurs... Oui, en effet. Et vous vous incluez également dans ces gens ?

Je hausse les épaules, avouant honnêtement :

- Forcément un peu. Je ne vous connais qu'à peine, et puis...

Je clos les lèvres sans oser finir ma phrase.

- Et puis ? répète-t-il en me fixant, à la fois soucieux et craintif.

- Eh bien, vous avez dit tout à l'heure que vous regrettiez qu'il y ait autant de rumeurs sur vous, vous avez nié pour les assassins et l'affaire Meyari... mais vous n'avez jamais concrètement dit non plus que tout ce qu'on raconte sur vous était faux.

À ma grande surprise, il acquiesce et répond aussi simplement que sûrement :

- En effet, c'est juste. Tout dépend de chaque rumeur, je ne peux répondre pour toutes.

Je m'écrie aussitôt :

- Donc c'est qu'il y en a des vraies !

Amusé, et étonnamment détendu comme si ma remarque n'impliquait rien de grave, il fait glisser ses doigts entre les herbes en me répondant :

- Je crois sincèrement que les rumeurs sont toujours trop déformées pour être vraies, même quand elles ont une part de vérité. Et toutes celles que j'ai entendues à mon sujet sont fausses. Peut-être qu'il y en a des vraies cependant ! Mais si c'est le cas, je ne les connais pas.

- Ah.

Il m'observe avec une grimace d'excuse, expliquant :

- J'évite autant que faire se peut d'écouter ce qu'on raconte sur moi, ce serait trop mauvais pour mon moral ! Je dois avouer que je connais bien mieux les rumeurs qui tournent autour des autres nobles importants de l'empire, ou autour de l'empereur lui-même.

- Comme celles dont vous m'avez parlé, fais-je en hochant la tête.

- Par exemple. Ou comme celle sur sa prétendue maladie...

- Ah oui, j'en ai entendu parler.

Il cueille nonchalamment une fleur en continuant :

- ... ou celle sur sa femme.

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