Il se reprit soudain et chassa de son esprit embrumé cette pensée, le feu aux joues.

Il avait mieux à faire, comme sortir de ce bain la fille-bête ! Se rappela-t-il en fronçant les sourcils, déterminé.

Il prit ensuite fermement en main la serviette avant de la déplier.

L'enfant dressa aussitôt ses oreilles, de l'interrogation dans les prunelles.

- Oh, ça ? Fit le prince en s'exécutant maladroitement à la tâche. Je ne vais que te sécher, ne t'en fais pas.. Essaya-t-il de la rassurer en riant doucement.

Mais sa voix était bien trop rauque et son rire sonnait faux.

La fille-bête s'en rendit bien compte et fronça à son tour les sourcils.

Mais il fallait dire que la raison de son geste n'était pas seulement le comportement maladroit du prince.
En effet, elle avait aussi à cœur le fait qu'aucun fil de laine ne protégeait son maigre corps.. ce qui était tout simplement inacceptable pour elle. .

- Allez, poursuivit le prince le plus doucement possible ce qui n'était pourtant pas dans ses cordes, s'il te plaît, sors de ce bain. Je dois te sécher. Se répéta-t-il alors qu'il commençait petit à petit à perdre patience ; on ne se refait pas. Pensa-t-il aussitôt.

Plutôt mourir que me montrer nue à quelqu'un..! C'est ce que se dit la jeune enfant en fronçant les sourcils de plus belle, sa queue remuant à vive allure et ses prunelles se dilatant.

- Faut-il que je me fâche ? Commença à s'irriter le bougre.

À cet instant, la peur noua le ventre de la fille-bête et elle dut faire des efforts incommensurablement grands pour ne pas attaquer le fou qui provoquait sans même le savoir une bête qui pouvait s'enrager.

La créature secoua frénétiquement la tête de gauche à droite sans relever les yeux vers son " hôte ".

Le prince, quant à lui, piétinait sur place.

Qu'y avait-il de si spectaculaire et si difficile à sortir d'un bain ? S'énervait-il intérieurement, du mépris plein le cœur. Il suffisait de mettre un pied l'un devant l'autre et puis c'était tout ! Se dit-il en devenant presque rouge de colère.

Toutefois, il devait bien admettre que la gêne qu'elle ressentait était compréhensible.

Lui-même rougissait à l'idée de devoir l'observer sans aucun artifice..

D'ailleurs, le voilà qui s'empourpre et ce n'est ni à cause de la chaleur écrasante de la salle, ni à cause de sa colère précédente, pour sûr !

Allez, reprends-toi mon petit..! Essaya-t-il de se ressaisir après avoir fait quelques pas en arrière. Dis-toi..dis-toi que c'est un animal..! Et c'est ce qu'elle est d'ailleurs ! Se souvint-il soudain. Oui ! Mais c'est une femme aussi ! S'enquit une autre voix dans sa tête, le faisant rougir de plus belle. Ce n'est pas une femme, c'est une enfant, un chaton, rien de plus ! Répondit une autre voix encore, implacable. Et puis de toute façon, repartit la sienne de voix, c'est bien toi qui soignait et t'occupait des lionceaux de King ! Son cœur se serra à l'évocation de son ami. Il a bien fallu regarder s'ils étaient des mâles ou des femelles et tu l'as fait ! Alors tu en es capable ! Se dit-il. Dis-toi que c'est pareil !

Le prince hocha de la tête en se rapprochant de sa " protégée ".

C'est pareil, c'est pareil, c'est pareil.. Se répétait-il en boucle pour s'encourager tandis qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres de la bête.

Celle-ci plongea un regard anxieux dans les prunelles du prince. Des larmes au coin de ses yeux semblaient prêtes à couler.. Le cœur du presque roi se serra encore plus de douleur.

Pour une raison inconnue, il n'aimait pas la voir comme cela. . Se prit-il à penser, alors qu'il s'agenouillait face à elle pour être un peu plus à sa hauteur.

L'enfant ouvrit grand les yeux de surprise, son inquiétude visiblement oubliée. Remarqua-t-il avec un sourire bienveillant et une pointe d'amusement dans les yeux ; son cœur semblait lui aussi déjà se recoller.

- Tu n'as plus peur, à ce que je vois.. Chuchota le presque roi en observant presque amoureusement la créature ; celle-ci le dévorait des yeux avec curiosité, sa queue remuant plus vite que la normale et les oreilles dressées par l'intrigue. Bien.. Termina-t-il avant de se relever lentement pour ne pas l'effrayer, puis déplier de nouveau sa serviette.

Cette fois, c'était la bonne, il le savait. Pensa-t-il en intimant de la tête l'enfant à se lever.

Quoique timidement et doucement, la concernée s'exécuta non sans baisser les yeux de honte.

Cependant, la voix du presque roi était si rassurante qu'elle se détendit et se laissa entourer par cet étrange linge qui était censée la sécher.

Pendant que l'étrange homme - car il apparaissait comme cela à ses yeux d'enfant - s'occupait avec le plus d'attention mais maladroitement de son corps, la fille-bête ne détachait ses prunelles animales de ce dernier..

De plus près, il avait l'air beaucoup moins effrayant et imposant que de loin. . Elle pouvait aussi discerner plus distinctement la jeunesse de ses traits ainsi, et être plus rassurée que tout-à-l'heure, alors qu'elle pensait qu'il ressemblait à la plus âgée et à la plus dangereuse de ses connaissances.

De l'autre côté, le prince était dans tous ses états..

En effet, il n'avait jamais vraiment travaillé de sa vie avec ses mains. Alors s'atteler à la faire sécher lui paraissait être une épreuve du combattant.

Ce n'est qu'un chaton, ce n'est qu'un chaton..! Se répétait-il pour ne pas perdre patience ni se mettre à rougir.

Malgré tous ses efforts, il ne put s'empêcher de s'exclamer :

- Que c'est pénible..!

Eh oui, c'est ce qui échappa aux lèvres du presque roi, qui n'en pouvait déjà plus alors qu'il venait tout juste de commencer.

À cet instant précis, il n'était plus question d'être gêné ou pas par la nudité de cette enfant mais plutôt d'avoir terminé ou pas de sécher ce corps qui lui paraissait si grand alors que la pauvre n'était guère plus haute que la normale, loin de là !

L'enfant, qui se rendit soudain compte de la besogne qu'elle imposait à ce si gentil hébergeur, fut gênée et voulut s'exprimer.

Seulement, la panique était telle qu'elle n'arrivait à faire sortir aucun son de sa bouche. Elle s'agita pour y remédier mais le prince, déjà excédé, s'exclama en l'attirant fermement à lui :

- Ah non, tu restes là !

Les yeux de l'enfant s'arrondirent de peur, ses oreilles s'abaissèrent et sa queue remua nerveusement.

Allait-il encore la battre comme tout-à-l'heure ? C'est ce qui traversa l'esprit de la fille-bête, et encore une fois, comme si c'était un mauvais présage, elle ne pensa pas à voix haute. Elle n'avait pas fait tout ce voyage pour mourir ainsi ! Pensa-t-elle aussitôt en sentant les larmes lui monter aux yeux.

❣ Coucou tout le monde ! :) Je tenais à m'excuser de ma grande absence >∆< J'étais débordée par mes cours et j'en suis désolée..! En tout cas, j'espère que ce poème-ci vous aura plu tout-de-même et, sachez qu'un prochain chapitre arrivera très rapidement pour sûr :) Merci de m'avoir lue et bonne journée à vous ❣