Chapitre 1 - Colocataire

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Épuisée, je déposai mon sac sur le canapé avant de me diriger vers la chambre. J'aperçus une tignasse blonde dépasser des couvertures. Lina avait ses doigts accrochés à son portable et pianotait avec concentration.

Je soupirai et me laissai tomber en travers du lit, vers ses pieds. Elle grogna en bougeant ses jambes, mais au moins j'avais son attention.

– J'ai rencontré quelqu'un aujourd'hui, lançai-je à mon amie, toujours blottie dans mon manteau.

– Moi aussi, envoya-t-elle, le plus sérieusement du monde. C'était la voisine.

– Non, je veux dire un homme, expliquai-je.

– Je sais qu'il y a plus de femmes que d'hommes à l'hôpital, mais quand même..., souffla-t-elle comme si j'étais stupide.

– Non ! Je veux dire un homme que j'aime bien et avec qui je pourrais sortir.

– Oh mon dieu ! cria-t-elle en se relevant pour me chevaucher. Est-ce que tu l'as percuté et tu es tombée sur les fesses ?!

– Euh non..., dis-je en fronçant des sourcils à son visage au-dessus du mien.

Ses yeux bleus pétillaient d'une lueur rêveuse alors qu'elle avait joint ses mains en une sorte de prière silencieuse.

– Alors tu l'as percuté et il t'a rattrapée en passant un bras autour de ta taille fine !

– Non plus...

– Tu l'as rencontré comment alors ? demanda-t-elle, déçue. Mariage arrangé ?

– Quoi ? Non ! C'est l'ami d'un ami. On a fait connaissance au restau. Le courant est bien passé et voilà !

La jeune femme de vingt-deux ans lâcha un soupir.

– Il est beau au moins ? recommença-t-elle.

– Il est normal ! dis-je, exaspérée.

– Attends laisse-moi deviner, c'est un tatoueur, un milliardaire, un chef de mafia ou un biker ?!

– Mais ! Aucun d'entre eux !

– Il a des tablettes de chocolat au moins ?

– Mais j'en sais rien ! On a fait que parler dans le restaurant !

– Ton histoire va jamais tenir, annonça-t-elle avec sérieux.

– Pardon ? Bouge un peu, t'es lourde, dis-je en poussant ses hanches de mon corps.

– Je suis désolée, mais fais-toi à l'idée.

Je restai bouche bée tandis qu'elle s'engouffra dans la salle de bain. Elle se fit un chignon et partit dans la cuisine, me laissant sur le lit.

– Pomme de terre !

Je soupirai en entendant son cri. C'était son cri de ralliement et sûrement une façon de m'appeler aussi. Je n'avais jamais su.

Lina et moi étions colocataires depuis maintenant un mois. Un long mois où j'avais dû apprendre à la connaître. Elle était un personnage assez particulier. Très fantaisiste tout en étant sérieuse. Elle était surprenante et amusante et c'était ce dont j'avais besoin.

Au début, j'avais cru que j'avais en face une fille cinglée échappée d'un asile psychiatrique, mais après quelques jours avec elle, j'avais vu qu'elle était une bonne amie. Le genre de personne sur lequel on pouvait compter en tout temps.

– Patate ! Ne m'oblige pas à dire frites, Léa !

Je ris à sa menace et me dépêchai d'enlever mon manteau et mes chaussures pour me diriger vers la cuisine.

– On mange quoi ? demandai-je en me lavant les mains.

– Pizza, j'ai passé commande. Dis, j'ai faim, soupira-t-elle en restant assise sur la chaise en face de la table.

– Moi aussi. Tu as fait quoi de ta journée, à part voir la voisine ?

– J'ai dansé, j'ai chanté, j'ai joué sur mon portable, et j'ai appris qu'on avait un nouveau voisin.

– Vraiment ? dis-je, étonnée.

– Oui, j'aime bien danser et chanter, tu devrais le savoir depuis le temps.

– Oui ça je le sais, j'étais surprise par rapport à notre nouveau voisin. Il est dans quel appartement ?

– 218.

– Juste à côté de chez nous alors ! Il est célibataire ? demandai-je avec nonchalance.

– Qu'est-ce que j'en sais ? Je ne l'ai même pas vu.

J'arrêtai de parler de cet homme. J'avais plutôt espéré qu'elle s'y intéresse justement parce qu'il aurait pu être célibataire et qu'ils auraient fini en couple, mais je rêvais. Tant qu'il n'était pas musclé, un boxer ou un autre truc du genre et qu'elle ne tombait pas littéralement dans ses bras, cet homme ne l'intéresserait pas.

– Je sors les poubelles !

Je clignai des yeux, me réveillant de mes pensées. Mais avant que je souffle mon accord, j'entendis un cri. Je me précipitai devant la porte d'entrée pour rester choquée devant la scène.

– Tout va bien ? sortit de la voix d'un homme musclé qui tenait d'un bras ma colocataire et de l'autre deux cartons de pizzas.

Sans le vouloir, j'éclatai de rire et m'excusai en même temps.

– Merci pour les pizzas, dis-je en les prenant de sa main.

– En fait, le livreur s'est trompé de porte, il avait l'air pressé donc j'ai pas cherché plus loin.

– Oh c'est gentil.

Je pris en même temps le bras de Lina qui semblait être en transe. Celle-ci lâcha notre voisin qui leva un sourcil.

– Elle est un peu sonnée, ça va lui passer, expliquai-je. À bientôt !

Je refermai la porte et soupirai en fermant les yeux.

– Lina ? questionnai-je en la voyant fixer la porte grise fermée.

– Patate... Je suis amoureuse.


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