Chapitre 6 : Les liens qui se détendent

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Et comme je l'attendais, la nouvelle ne laissait pas de marbre.

J'ai attendu que tout le groupe arrive en classe dans cette nouvelle matinée, avant que tous nos camarades arrivent à leur tour, pour leur annoncer. Nous étions tous les cinq dans la grande salle, où le seul bruit provenait des couloirs.

Je ne me sentais pas bien. J'avais une boule au ventre comme si je devais passer au tableau pour présenter un exposé. J'étais tellement pas bien que ma joie naturelle laissait place à des yeux en direction du sol.

Et évidemment, la réaction de Shoku n'arrangeait pas les choses.

"Quoi ?! Tu déménages ?! Mais... Mais pourquoi ?! Tu ne peux pas rester ?! T-tu n'es pas bien, ici ?!"

Shoku posait ses questions les unes après les autres sous un regard grand et une voix paniquée. Si bien que Feiya fut obligée d'intervenir :

"Calmes-toi. Ce n'est pas elle qui décide. Mizu, ton père a vraiment prit cette décision ?"

-Oui, soupirais-je avant de relever ma tête pour la regarder, ma mère a tenté de le dissuader mais il a fini par la convaincre. Il aurait déjà signer le papier pour l'entreprise et a déjà trouvé une maison. On part Samedi prochain.

-Mais tu lui as dit à ton père que tu ne voulais pas ? Me demanda Kazeshi en fronçant des sourcils.

-Oui, je lui ai dit ! Mon frère aussi lui a dit qu'il ne voulait pas ! Mais... Il dit que c'est pour nous rapprocher de nos grands-parents et pour découvrir la capitale...

-Dire que hier on s'est promis de rester unis, soupira tristement Rei en se frottant le bras gauche, et voilà que tu nous quittes...

Je sentais dans leurs voix qu'ils étaient tristes. Surtout Shoku qui avait presque les larmes aux yeux. Je baissais à nouveau mon regard alors que je frottais entre mes clavicules, sentant le pendentif sous mon tee-shirt.

Mais je pris soudainement une expression à visage dur en relevant la tête, acclamant ouvertement :

"Hé ho ! Je ne vais pas mourir, hein ! C'est pas parce que je déménage que je vais disparaître pour toujours !"

Sur mes mots, les quatre têtes en ma direction tout en laissant place à des visages étonnés.

"Vous resterez mes meilleurs amis, quoi qu'il arrive ! Et on restera en contact ! Internet existe, après tout !" ajoutais-je.

-Oui, mais...

Shoku ne semblait définitivement pas rassurée. Elle tortillait le tissus de sa robe blanche avec ses mains tout en fuyant mon regard.

"Je ne crois pas que nos parents nous laisseraient utiliser internet... Et si on perdrait contact...? Ou... Si tu te faisais de nouveaux amis ?"

-Shoku, tu es ma meilleure amie depuis l'école maternelle ! Même si je me fais des nouveaux amis, vous restez les meilleurs. Rappelles-toi de cette promesse... Amis pour la vie, et notre secret restera entre nous ! Je reviendrais un jour... C'est une promesse en plus que je te fais !

Pour conclure mon dialogue, je plongeais ma main dans mon tee-shirt pour sortir le pendentif. Ceux à quoi Shoku l'observait un court instant, avant d'attraper le sien qui était visible.

"Oui... Tu as raison !" me dit-elle avant de se retourner vers les autres pour montrer sa pierre verte.

Kazeshi, Rei et Feiya recevaient le message. Ils souriaient tout les trois avant de montrer leurs propres pendentifs.

Je leur avait fait la promesse... de revenir à Okinawa.

Mais même avec cette promesse, je n'étais pas sûre de moi. Je ne savais ni quand, ni comment revenir. J'imaginais que l'entreprise de mon père ne marcherait pas, mais cela nous refera pas déménager à nouveau.

Une multitude de questions et d'anxiété étaient dans mon esprit pendant les jours qui ont suivit.

On faisait les cartons de nos affaires, un agent immobilier faisait visiter la maison... Je n'étais pas au courant de tout ce qui ce passé, coté préparatif. Et Papa avait beau nous montrer des photos de notre future maison, je n'étais pas emballée pour autant.

Et quand fut ce Samedi 23 Mai, nous étions prêts à quitter la maison où j'avais grandi.

Mais ayant fait mes adieux à la classe la veille, je ne m'attendais pas à ce que Rei, Shoku, Feiya et Kazeshi se pointaient tous les quatre pour les derniers adieux.

Ha ha, ce n'était pas les amis de mon frère qui faisaient ça.

J'ai eu droit aux pleurs de Shoku, des enlacements par tout les cotés à en étouffer, des taquineries de Kazeshi et finalement, les aurevoirs :

"Vous allez me manquer..." disais-je d'une voix brouillée par l'émotion.

-Tu vas nous manquer aussi, sourit Feiya malgré tout.

L'appel de ma mère depuis la voiture mit fin à nos adieux. C'est à contrecœur que je m'approchais du véhicule, ouvrit la porte et m'installait dans le véhicule avant que celui-ci ne démarre alors que le ciel devenait orange au vent frais.

Je voyais mes amis me saluer tout les quatre, et montrer une dernière fois leurs pendentifs qu'ils avaient gardés avant que la voiture se déplace pour s'éloigner.

Je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner vers la vitre et de les voir petit à petit disparaitre de mon champ de vision avant que Papa, qui conduisait sa voiture, tournait dans une autre rue.

C'était pire qu'un vulgaire cœur brisé.

C'était des liens qui commençaient à se détendre à force de tirer dessus.

...

Mon père, ma mère, mon arrière grand-mère, mon frère et moi... Nous quittions l'île d'Okinawa pour aller vivre à la capitale.

Capitale animée du Japon, Tokyo associe les styles ultramodernes et traditionnels, dans un mélange de gratte-ciel aux néons lumineux et de temples anciens.

Bien que j'avais un énorme mal de pays au tout début par le changement d'environnement et d'école... Je finissais pas m'y faire.

Je ne m'étais pas vraiment fait d'amis lors de l'école primaire, mais c'est à mon arrivée au collège que je me rendais compte que ce n'était pas si mal.

Pour commencer, le collège où j'étais possédait un club qui m'avait tout de suite intéressée. Un club de football. Adorant le foot, j'avais directement demandé à y entrer. Et par chance, il leur manquait quelqu'un pour faire une équipe complète.

C'est à partir de là que je m'habituais à ma nouvelle vie... mais c'était aussi à partir de là que mon amitié avec mes amis d'Okinawa commencer à se briser.

Lors de ma première année à Tokyo, j'ai tout fait pour garder contact avec eux. J'appelais souvent le numéro de téléphone de la mère de Rei ou le père de Shoku, qui avaient acceptés de me les céder, pour prendre des nouvelles. A chaque fois que j'entendais la voix de mes amis, j'étais soulagée et moins angoissée par ma nouvelle vie.

Puis au fil du temps, c'était devenu compliqué. Entre les parents qui répondaient de moins en moins au téléphone ou encore mon frère qui limitait mon temps sur son ordinateur, le contact a fini par se casser.

La première année, je les appelais une fois par semaine. La seconde année, une fois par mois. Et la troisième année, même avec mon propre portable et internet... plus rien.

Il est vrai que je n'y pensais presque plus, au fil du temps. Je m'étais fait de nouveaux amis dans le club et notre compétition régionale était le centre de mon attention. Mais quand j'y pensais, c'était vague. Au delà de mes treize ans, j'ai voulu chercher mes amis sur les réseaux sociaux. Mais aucun des quatre n'étaient trouvable.

J'ai alors fini par lâcher l'affaire.

L'entreprise de mon père marchait bien, ma mère a fini par elle aussi trouver du travail dans une pâtisserie locale, mon frère a continué ses études jusqu'à entrer en fac de commerce... Et moi, je continuais mes études.

Tout était posé, dans notre vie. Mon équipe de foot a remporté le premier prix à la compétition régionale des collèges de la préfecture de Tokyo, malgré les gros changements au fil des années. Quand j'entrais au lycée, je suis restée en contact avec mes nouveaux amis. Surtout trois d'en eux, étant donné que nous entrions dans le même lycée. Les autres allaient ou dans un autre établissement, ou étaient encore au collège dû à leurs âges inférieurs.

Sakutaro Arai, Yahnaa Devapala et Jordan Reece étaient mes nouveaux amis et coéquipiers de notre ancienne équipe de football.

Sakutaro était un des attaquants de l'équipe, comme moi qui avait le même rôle. C'est un garçon très urbain, né et a vécue toute sa vie dans la capitale. Il était un peu excentrique avec ses cheveux faussement blonds et gros dragueur envers chaque jolies filles qu'il croise. Mais il savait être sérieux quand il le faut.

Yahnaa était un des défenseurs de l'équipe. On était pas beaucoup de filles alors on s'est vite rapprochées, toutes les deux. Elle est d'origine du Népal, mais elle connaissait la capitale bien mieux que moi. C'était une vrai pitre, qui savait nous faire rire.

Et Jordan, lui, était le gardien des buts. Un pur british d'origine de l'Angleterre, avec les manières, l'apparence plus occidentale et l'accent qui va avec. Je sais qu'il vient d'une famille pas mal riche, mais sa passion pour le sport était bien plus intéressante pour lui... et les études.

C'était mes trois piliers de Tokyo. Ils avaient un peu remplacés mes anciens amis.

Et pourtant, un incident a décidé le destin de me ramener à mes racines de l'île.

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