Partie 6

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Bonjour chères lectrices et lecteurs,

Vous êtes de plus en plus nombreuses à me lire et à voter et poster des commentaires et je vous en remercie du fond du cœur.

J'attends avec impatience vos avis sur ce chapitre : je l'aime beaucoup, j'ai beaucoup aimé l'écrire, c'est toujours aussi compliqué pour Harry mais c'est aussi un peu un chapitre pivot.

Vous verrez, alors que vous me détestiez au chapitre précédent, on avance tranquillement vers du positif (je vous aime aussi !)

Bonne lecture,

***


La nuit, le Grand Hall du Ministère se pare d'un silence seulement troublé par le bruit des fontaines.
Devant la porte, un nouveau sorcier monte la garde, je montre la dérogation de Shacklebot qui vaut de laisser-passer. Personne ne semble trouver étrange qu'Harry Potter parcourt les couloirs du ministère en plein milieu de la nuit.
Je sais pour y avoir déjà assisté que certains départements du ministère continuent de fonctionner toute la nuit, certains services de la justice magique ou de gestion des troubles à l'ordre du public requièrent une présence H24, rien d'anormal de voir déambuler des sorciers à des horaires nocturnes.

Dans la cellule capitonnée, la lumière est moins vive, comme tamisée. Drago est allongé en chien de fusil sur la banquette, les genoux recroquevillés sous sa poitrine. Sa chemise remontée laisse paraître sa peau blanche et sa maigreur alarmante.

S'il m'a entendu entrer, il ne laisse rien paraître.

Je m'avance doucement, vérifie que le bouclier est désactivé comme je l'ai demandé et m'agenouille au niveau de la banquette.

- Drago, je chuchote.

Je ne sais pas si c'est l'usage de son prénom dans un souffle qui l'anime doucement, mais il fait un effort qui semble démesuré pour se relever sur un bras, hésite, avant de poser ses jambes au sol et de me faire face.

Ses yeux sont éteints, son teint tire sur le gris et ses cheveux sont collés de sueur. Il a le regard vide, le dos voûté, les mains crispées sur le bord de la banquette.

C'est comme s'il avait déjà subi le Baiser du Détraqueur et pendant une seconde un haut-le-cœur me surprend, est-ce qu'il serait déjà trop tard ?

Je tends ma main vers la poche de ma cape pour en sortir une tablette de chocolat noir emballé dans du papier aluminium. Je m'aperçois que j'ai les mains qui tremblent quand je n'arrive pas à défaire ce foutu morceau de chocolat. Quand j'y arrive enfin, je lui tends, mais sa main reste immobile.

J'approche le carré de chocolat de ses lèvres gercées et abîmées, et le force à les entrouvrir.

- Fais un effort Malefoy et croque là dedans.

Doucement sa bouche s'ouvre et il happe le carré de chocolat. Il le laisse fondre sur sa langue. Je vois qu'il déglutit difficilement, et une étincelle de vie retrouve doucement sa place dans ses yeux, son regard se fait plus net et vient se planter dans le mien.

J'y vois du progrès, et casse un autre morceau de chocolat, les mains toujours tremblantes. Cette fois, il me le prend des mains délicatement et le croque.

Le chocolat semble faire de l'effet, il se redresse légèrement et prend des inspirations qui ont l'air douloureuses. Je vois des choses se bousculer dans ses yeux, mais il évite rapidement mon regard, les épaules toujours affaissées, penché au-dessus de moi.

- Je suis fatigué Harry, si fatigué.

Sa voix est un croassement. Il a les yeux rivés au sol, les mains serrées sur le rebord de la banquette comme pour ne pas tomber.

- Je ne veux pas finir à Azkaban. Loin de toi. S'il te plaît Harry. Achève-moi maintenant. Deux mots de ta part et tu me libères. S'il te plaît.

Imaginer son désespoir au point de me demander d'abréger ses souffrances est au-dessus de mes forces. Je baisse les yeux et je défais le papier récalcitrant autour du chocolat en essayant de retenir mes larmes. J'en casse un morceau et lui tends.

- Tiens le coup Drago, s'il te plaît.

Il garde le carré de chocolat entre ses doigts.

- Pourquoi tu fais ça Harry ? Pourquoi tu entretiens mes espoirs ?

Là, agenouillé face à lui, j'ai envie de plonger dans les souvenirs cotonneux de ce qu'on a vécu. De retrouver la facilité avec laquelle je me hissais entre ses bras dans son lit de Préfet, cette insouciance avec laquelle je le tirais à moi au détour d'un couloir pour lui voler un baiser. Tout semblait si simple à l'époque.

Sans que je le sente, il se penche et pose son front contre le mien. Je sens son souffle rauque si près.

Pour la première fois depuis nos entrevues dans cette cellule étouffante, l'envie prend légèrement le dessus sur la peur, et je ne fuis pas.

Je reste accroupi là, les larmes poussant sous mes paupières, mais ce sont les souvenirs qui remontent : le vrai Drago que j'ai découvert dans la grotte, nos nuits silencieuses en haut de la Tour d'Astronomie, notre premier baiser sous ma cape d'Invisibilité dans la salle des Trophées, nos premières découvertes sexuelles sur la plage cachée du lac, nos regards lourds de sens pendant les cours de Potions, les nuits passées contre lui les jambes entrelacées juste avant le début de la Guerre... L'excitation et la terreur de l'inconnu nous animaient, le désir charnel, cette attraction interdite nous faisaient nous sentir vivants quand tout le reste nous préparait au pire. Et cette envie lancinante et redoutable qui me donnait envie de passer le plus de temps possible avec lui, de pouvoir enfin me sentir normal, aimé avec toutes mes failles et mes faiblesses... Comment j'ai pu méthodiquement enfouir tout ça ? Comment j'ai pu effacer d'un revers de manche ces instants si précieux ? Le sentiment de honte et d'abandon était-il si puissant pour que je raye ces bribes de bonheur de ma mémoire ? Semblaient-ils tous si irréels pour que je n'y puisse pas m'y accrocher ?

Et tous remontent les uns après les autres accrochés à mes larmes. Que se serait-il passé si j'avais eu la force d'y croire pour nous deux ? Je réalise douloureusement que je n'ai été qu'un lâche et que c'est lui qui a eu la foi pour nous. Je refoule mes larmes et je chuchote.

- Parce que je n'ai pas oublié. Parce que je n'ai jamais retrouvé ce que je ressentais avec toi.

Il lève doucement la tête pour me regarder. Ses yeux essaient d'exprimer un sourire mais il semble exténué. Je fais un signe de la tête vers le chocolat qu'il tient dans son poing, et il le laisse à nouveau fondre sur la langue.

- Je me souviens Drago, de tout, mais tu ne peux pas étaler au grand jour tes souvenirs.

Il lèche ses doigts tâchés de chocolat d'une façon qui pourrait être suggestive s'il n'était pas à deux doigts de flancher. Pendant une demie-seconde, un éclair de l'ancien Malefoy passe dans ses yeux.

- Tu as des choses à te reprocher ?

Je sens le rouge me monter aux joues en repensant à la façon dont je partais à l'exploration de son corps sur la petite plage du lac. Je deviens écarlate en repensant aux effets de sa langue sur des parties si intimes de mon anatomie.

Je me force à respirer et je détourne mon regard coupable.

- Si je te dis que je n'ai jamais aimé personne comme je t'ai aimé, tu reviens sur ta décision ?

Il se redresse et hausse les épaules.

- Ce n'est plus ma décision Potter, il faut que tu vois avec le juge en charge du dossier.

Il soupire et me détaille du regard.

- Ne les laisse pas m'envoyer à Azkaban. Si tu m'as un jour aimé, promets-moi que tu m'achèveras de ta main au lieu de les laisser m'y envoyer...

Je secoue la tête comme un enfant.
Et d'une façon tout à fait irréfléchie et butée, j'annonce sans savoir d'où me vient cette certitude :

- Je vais me constituer partie défense Drago, je vais témoigner en ta faveur, il faut juste que tu t'accroches encore un peu...

Il a dans les yeux une lueur lancinante qui hurle qu'il n'y croit plus et que la fatigue a gagné le combat. Il se rallonge en chien de fusil et met ainsi fin à notre échange.

Est-ce que tu me pardonneras un jour d'avoir douté de nous ?

***

Le jardin d'Hermione et Ron est loin de l'agitation de Londres, il ressemble à celui du Terrier, simple et accueillant. J'ai longtemps rêvé d'avoir un jardin où regarder grandir des enfants, s'occuper des plantes qui pousseraient n'importe comment, s'offrir une parenthèse reposante dans un quotidien fait de rendez-vous, d'interviews, de galas et d'apparences. Ça ne coûte rien de rêver. Assis sur leur perron, une chope de Bièraubeurre à la main, le silence et le calme qui règnent chez eux est irréel, et bienvenu.

Ron est à quatre pattes, à essayer de dézinguer un gnome de jardin en le traitant de tous les noms d'oiseaux qu'il connaît.
Heureusement pour lui, les oreilles d'Hermione sont dans la cuisine, et hors de portée.

Quand il réussit enfin à l'extirper de terre, il le fait tournoyer la tête en bas avant de l'envoyer par dessus la clôture. C'est l'air satisfait du travail bien fait, qu'il revient prendre sa Bièraubeurre et s'installe à côté de moi.

- Ron, je peux te parler ?

N'est-ce pas étrange de trouver plus important de parler avec Ron plutôt qu'avec Ginny ?

- Il y a des choses que je dois te dire...

- Tu vas bien ? C'est vrai que tu as l'air bizarre ces derniers jours...

J'essaie d'articuler mes pensées. Si l'empathie et la bienveillance d'Hermione ont facilité la confession, la peur que mon amitié avec Ron vole en éclats éclipse tout le reste.
Je ne sais pas comment commencer.

- Non, à vrai dire, non ça ne va pas très bien Ron, il y a des choses que je dois te dire, avant que tu les apprennes par quelqu'un d'autre.

Ron se frotte le nez et se penche vers moi, l'air sérieux, et c'est un masque qui ne lui va pas. Mon cœur s'emballe et j'ai envie de prendre les jambes à mon cou. J'essaie de le rassurer.

- Mais rien de grave, je t'assure...

Vraiment ?

- On en a traversé des galères ensemble, des trucs moches, des trucs pas évidents, mais on s'est toujours retrouvés, hein ?

- M'en parle pas, cette guerre nous a bien bousillé, et je suis le premier à avoir été qu'un con...

Je sais qu'il se souvient de sa fuite pendant notre recherche des Horcruxes, le fait qu'il en reparle de lui-même me prouve qu'il est prêt à parler de choses sérieuses.

- Harry, quoi que tu aies fait, je peux l'entendre, tu es comme mon frère, je suis là, quoiqu'il arrive.

Je m'accroche à ma chope des deux mains comme si elle pouvait m'empêcher de sombrer dans la panique qui menace de me submerger.

- Est-ce que tu as déjà refoulé si profondément des choses en toi au point de croire qu'elles n'ont jamais existé ? Est-ce que tu as déjà essayé d'effacer une part de ce que tu es pour plaire aux yeux des gens ?

Ron m'observe, mais il a le regard perdu.

- Non... je ne crois pas... mais Harry, ma vie est beaucoup moins compliquée que la tienne, de toute évidence... et si tu m'en parlais de façon beaucoup plus simple ? Comme si j'étais idiot !

Il rit, mais se ravise vite quand il voit que je n'ai pas le cœur à ça.

Assis sur les marches, chacun accroché à nos Bièraubeurres, j'essaie de me souvenir du discours que j'ai préparé avant de venir, mais rien ne vient. Blackout. Alors je me lance dans le vide.

- C'est à propos de Malefoy.

- Qu'est-ce que la fouine a encore fait du fond de sa cellule ?

Parfait.

- Ne parle pas de lui comme ça...

- Ok...

Ron remue sur la marche, un peu gêné, puis m'invite à continuer d'un signe de tête.

- Il y a des choses que j'avais oublié, que j'avais refoulé loin dans ma mémoire, et avec l'arrestation de Malefoy, ça revient... des choses que je ne t'ai jamais dites, à l'époque de Poudlard, pendant notre dernière année... tu te souviens que j'avais commencé à le surveiller pour l'empêcher de faire une connerie...

- Oui je me souviens de ton obsession, et puis au même moment il y avait eu votre accident dans la grotte...

- Exact.... Et à force de le suivre et de nous engueuler, on avait fini par se rapprocher... je veux dire qu'on s'est rapprochés plus que deux garçons devraient se rapprocher en temps normal... par Merlin que c'est difficile... et j'ai commencé à m'attacher à lui, à éprouver des choses pour lui, des sentiments forts que je n'avais jamais ressentis pour quelqu'un d'autre, et que j'avais pas du tout prévu... 

Je sens Ron qui s'accroche à sa chope de bière comme pour ne pas partir en courant. Il n'a jamais aimé parler sentiments, c'est un domaine qui lui est totalement inconnu, mais c'est mon meilleur ami et je ne peux pas ne pas lui dire.

- Harry, dis-moi si je suis à côté de la plaque, mais j'ai l'impression que tu essaies de me dire que tu as été... amoureux... de Malefoy ?

Je retiens ma respiration, en attendant que mon monde ne s'écroule

- Possible.

Lâche,
me susurre une petite voix.

- Non, Ron, en fait c'est tout à fait ce que je voulais dire.

Le silence s'éternise. Je jette un œil en biais vers Ron, ses joues deviennent aussi écarlates que les miennes, il détourne le regard, déglutit, lutte visiblement contre l'envie de tourner les talons pour éviter cette discussion.

- D'accord. D'accord...

Il reprend son air sérieux qui ne colle pas à son personnage, mais il est là, il grimace, se gratte le bout du nez, et pose sa chope à ses pieds avant de reprendre.

- Tu ne le sais sûrement pas Harry, mais mon frère Charlie, il aime les hommes. Oh il aime aussi les femmes, il dit qu'il est bisexuel, il nous l'a annoncé comme ça un soir, entre le fromage et le dessert, tu sais comme il est... il se fiche des conventions et du qu'en dira-t-on, et un jour il nous a présenté Dorian et puis c'était emballé, pesé ! Bon, ça a pas duré entre eux, mais ça n'a rien a changé entre nous. On en parle pas vraiment, Maman a un peu pleuré au début, tu sais comme elle est, mais finalement tout le monde l'a accepté... tu ne t'en doutais pas hein ? parce que ce n'est pas un sujet Harry, ça ne le définit pas, c'est juste un trait de sa personnalité... et tu connais Charlie, il est pas du genre à se compliquer la vie, il est juste comme ça et il le vit bien... c'est le plus important pour nous...

Je vois qu'il essaie de ne pas s'éparpiller, et de rendre son discours cohérent.

- Tout ça Harry pour te dire que je m'en fiche que tu aimes les garçons... je te l'ai dit, tu es comme mon frère, alors ça ne change rien entre nous... je suis là si tu veux en discuter, et si tu ne veux pas, on en parlera pas et je t'accepterai comme tu es, parce que je t'aimerai toujours tel que tu es – te mets pas à pleurer hein !

Il me donne un coup de coude amical et j'ai en effet les yeux humides face à sa réaction.

- Pour tout te dire, je pourrais même être vexé que tu aies eu si peur de m'en parler, tu pensais vraiment que j'allais mal réagir ?

- J'en sais rien Ron, je suis le pire des idiots je crois...

Il reprend sa choppe et trinque avec la mienne. A tes amours.

- Par contre, entre nous, Malefoy ? Tu avais l'embarras du choix dans ta cour d'admirateurs, pourquoi Malefoy ?

Il rit, mais je comprends à sa grimace que certaines rancunes sont tenaces.

- Peut-être parce que c'était justement le seul à ne pas me mettre sur un piédestal à l'époque ?

Ron ne rit plus, et le silence devient inconfortable.

- Je t'ai souvent envié Harry tu sais, mais parfois, je suis heureux d'avoir une vie toute simple. Tu sais, tu n'es plus le pion de Dumbledore, et tu n'as plus à être la marionnette du Ministère Harry, tu ne leur dois rien...

Il baisse les yeux en rougissant, il ne veut pas parler sentiments, mais il sait que c'est important.

- Tu as parlé de Poudlard, mais maintenant ? Tu l'aimes toujours ? C'était réciproque à l'époque, ce crétin de serpentard tenait à toi ?

Je hausse les épaules.

- A l'époque c'était réciproque oui. Aujourd'hui, j'en sais rien Ron, son retour chamboule plein de choses et je ne voulais pas te mentir, il dit la vérité pour l'Ordre, il avait même fait ce choix à cause de moi, pour nous... il dit qu'il m'aime toujours aujourd'hui, alors qu'il ne sait même pas qui je suis devenu... et si j'ai voulu l'effacer de ma mémoire il y a trois ans, je ne peux plus me voiler la face aujourd'hui, j'ai besoin d'y réfléchir, d'avoir de la marge d'y penser... et je voulais que tu le saches avant que les journaux racontent n'importe quoi...

Il me regarde gravement et hoche la tête. Je comprends Harry... je comprends. Parfois j'ai l'impression de sous-estimer la qualité d'écoute de mon meilleur ami.

Il grimace en posant sa dernière question.

- Et Ginny dans tout ça ? Elle est au courant ?

J'ai une boule de la taille d'un souaffle dans la gorge. Ginny. Je n'ai pas envie de pleurer en pensant à elle, juste envie d'appuyer sur le bouton Pause pour avoir le temps de réfléchir.

- Pas encore... Je ne sais pas quoi lui dire pour l'instant... Je ne veux pas tout gâcher pour des sentiments d'adolescent...

- Harry, il est peut-être temps que tu penses d'abord à toi, non ? Évidemment c'est ma sœur et ça fait chier, mais sois juste honnête Harry... il vaut mieux arracher le pansement rapidement que de faire durer les non-dits si tu vois ce que je veux dire ?

Je ne savais pas mon meilleur ami philosophe, et c'est un poids dans la poitrine dont je n'avais même pas conscience qui disparaît quand on se serre maladroitement dans les bras.

***

Dans cette partie, Harry ouvre les yeux et commence à se poser les bonnes questions.
Avec la discussion entre Ron et Harry, je voulais montrer l'importance des amis dans ce genre de situation, Harry a l'impression d'être seul au monde face à ces questionnements, mais je voulais montrer que les coming-out peuvent parfois bien se passer quand on est bien entourés.
J'avais vraiment besoin d'apporter du soulagement et du soutien à Harry dans les tourments qu'il traverse.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.

A bientôt !

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