Partie 7

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Dans son bureau, Tiberius Ogden grimace en essayant de comprendre ce que je lui avance.

- Comment ça vous prenez sa défense ?! Voyons Potter, vous délirez ! Vous n'êtes même pas du Département de la Justice Magique !

Alors que je serre les poings à m'en faire mal, Hermione en retrait jusque là, vole à mon secours.

- Harry demande simplement à être en charge de la récolte des souvenirs de l'accusé, dans un second temps, je me chargerai de défendre le dossier si des preuves sont effectivement trouvées.

Ogden menace d'exploser.

- A quoi bon ?!

Hermione garde son sang froid, pendant que je perds patience.

- Il y a droit ! » je crache. Hermione pose une main sur mon bras.

- Ce que veut dire Harry, c'est qu'effectivement Drago Malefoy a pertinemment mis en avant l'article 7.18 du Code de la Justice Magique, et que ses souvenirs peuvent constituer une preuve. S'il a été, comme il le prétend, un espion de Dumbledore, ça change beaucoup de choses...

Le président-sorcier se rassoit lourdement dans son fauteuil et se masse le tempes.

- D'accord, je ne vois pas comment éviter ce gâchis. Je vous accorde une Pensine à condition que ça ne prenne pas des jours. Ce procès ne doit pas traîner en longueur plus que nécessaire. Si vous ne revenez pas devant le Magenmagot avec une preuve d'ici demain soir, je prononcerai la condamnation pour Azkaban.

***

J'essaie de calmer mes tremblements de mains quand je pose la Pensine sur le bureau d'Hermione. « Tu veux que je reste ? », elle me demande. Je secoue la tête. Je dois faire ça seul.

Elle quitte les lieux avec un regard encourageant et je verrouille la porte de son bureau avant de m'approcher de la bassine en pierre.

Je débouche avec précaution les fioles de souvenirs que Drago nous a fournies et je les verse avec une infinie précaution. Mon cœur tambourine, j'ai la tête qui tourne mais je m'accroche au bord du bureau. Il est temps de faire face à la réalité, sa réalité et connaître à quel point j'ai gâché sa vie.

Je remue le liquide nacré du bout de ma baguette et le tourbillon s'amplifie. Combien d'années de souvenirs suis-je en train de contempler ? Six mois, un an, cinq ans ? Plusieurs dizaines de fioles ont été nécessaires pour récolter les souvenirs qu'il a volontiers cédés. J'ai conscience que le temps presse et que je ne pourrai pas y passer des jours, il va falloir choisir, sélectionner, zapper pour trouver les preuves qui innocenteront en partie Drago.

Je me penche au-dessus de la Pensine et vois déjà tourbillonner autour de moi de longues traînes d'images floues. Instinctivement je me concentre et choisis l'un des plus anciens souvenirs. Je bascule en avant avec un haut-le-cœur, la chute est interminable avant d'atteindre lourdement le sol.

Retour à Poudlard. La cloche vient de sonner et le couloir résonne des cris et des conversations des élèves. La sensation est étrange, je ne suis pas retourné dans l'enceinte de l'école depuis la Grande Bataille, et sous mes yeux l'insouciance coule encore à flots.

Je cherche des yeux Malefoy, je suis dans son souvenir après tout, il ne doit pas être loin. Les élèves commencent à s'éparpiller dans les couloirs et soudain je l'aperçois. Il sort avec nonchalance de la salle de cours, il discute rapidement avec des serpentards puis leurs chemins se séparent. Arrivé à ses côtés, je retiens ma respiration et me mords l'intérieur de la joue. J'avais oublié son allure et sa prestance indécente. Il remonte la bretelle de son sac en bandoulière et passe une main dans ses cheveux. Ses traits sont fins et son port de tête princier. Il remonte le couloir désert en prenant son temps puis s'arrête devant une porte fermée. Il rajuste sa chemise, repasse une main dans ses cheveux avant de s'engouffrer dans la salle. Je m'y glisse aussi vite que possible en même temps que lui.

Dans la salle vide de Flitwick, je sursaute en remarquant que mon moi est déjà là, assis sur un bureau les jambes ballant dans le vide. Sa tête se relève quand Drago rentre, et un sourire illumine son visage.

« Approche », il murmure. Et Drago ne fait rien pour lui désobéir. Au contraire, il s'avance, lui prend la main. J'entends leur conversation mais je reste à distance au niveau de la porte. Quand Drago réduit l'espace qu'il restait pour embrasser l'autre Harry, je me sens de trop. Quand l'autre moi descend de son bureau pour se coller contre Drago, je me sens mal à l'aise. Je redécouvre la tendresse de Draco, il prend son temps. Le temps de passer ses doigts dans les cheveux en bataille d'Harry. Il ferme les yeux. Prend le temps de passer son pouce sur ses lèvres humides. De caresser sa joue et l'arête de sa mâchoire. De faire courir sa main sur sa nuque. Il colle son front contre le sien et leurs nez se frôlent avant de reprendre leur baiser.

J'ai une boule de la taille d'un souaffle dans la gorge et j'ai du mal à retenir mes larmes. Leur bonheur me fait mal. Réaliser sur quoi j'ai tiré un trait me comprime la poitrine. Comment j'ai pu avoir honte et vouloir oublier ça ?

Je sais que le souvenir peut continuer encore longtemps, je me souviens de notre discussion, mais à part me torturer avec des regrets cette scène-là ne m'aidera pas à prouver l'innocence de Drago. J'essaie de m'extraire du souvenir et retombe dans le tourbillon. Puis je plonge la tête la première dans un autre tout proche.

Je reprends mon équilibre dans le bureau de Dumbledore. Voir l'ancien directeur bien vivant, en chair et en os me bouleverse plus que je l'imaginais.

- Et je continue de penser que c'est une très mauvaise idée...

Je sursaute au son de la voix de Rogue dans mon dos, debout contre la paroi du bureau circulaire, les bras croisés et le regard furieux.

- Vous ne pouvez pas accepter ça. C'est le jeter dans la gueule du loup, vous en avez conscience ?

- C'est son choix Severus, et il semble avoir conscience du danger.

- Ce n'est qu'un gamin ! Comment pourrait-il saisir tous les enjeux de cette décision ?

- Il connaît l'importance qu'aura cette mission dans l'évolution de cette guerre. Et il sait que son rôle sera capital.

- Vous le condamnez vous-même à mort ! Il ne sait pas dans quoi il s'engage.

- En tout cas, « il » aimerait bien que vous arrêtiez de parler de lui comme si « il » n'était pas la même pièce...

Je me retourne vers Drago, assis dans un des fauteuils, les mains jointes devant lui.

Rogue est furieux.

- Je ne vous comprends pas Drago ! Il y a quelques jours, vous vouliez fuir la guerre sans demander votre reste, et aujourd'hui vous vous jetez à corps perdu dans quelque chose qui vous dépasse...

- Ma décision est prise Professeur.

La colère de Rogue a laissé place à de l'inquiétude.

- Vous n'êtes pas taillé pour ça Drago. Vous n'imaginez pas à quel point c'est dangereux et difficile.

Drago relève le menton et plante son regard dans les yeux de Dumbledore.

- Pourtant certains pensent que j'en ai la carrure.

Rogue explose.

- Parce que ce qui lui importe, c'est gagner cette foutue guerre et préserver Potter coûte que coûte ! Il ne se soucie pas de vous comme moi !

Mon cœur se comprime quand je comprends que Dumbledore ne faisait finalement qu'ajuster des pions sur son échiquier géant.

- Ça me va. C'est mon choix et je l'assumerai jusqu'au bout.

Rogue se laisse tomber dans un fauteuil et secoue la tête.

- Dites-moi que vous ne faites pas ça pour Potter...

J'observe Drago et une bouffée de chaleur me monte jusqu'aux oreilles. Alors c'était vrai ? Je déglutis difficilement et analyse rapidement le souvenir. Ont-ils clairement mentionné le mot « espion », « mission » ? Il faut que l'intention de Drago soit claire pour qu'elle soit recevable.

- Chacun a ses raisons propres quand l'heure des choix importants approche Severus. Si je me souviens bien, tu avais les tiennes quand tu es venu me trouver, il y a des années.

Rogue marmonne quelque chose que je ne saisis pas, puis Dumbledore se tourne vers Drago.

- Il y a quand même une chose que je ne saisis pas...

Il pioche un bonbon au citron dans un panier posé sur son bureau, défait lentement l'emballage avant de le poser sur sa langue.

- Pourquoi ne veux-tu rien dire à Harry ?

Je tressaille.

- Je ne veux pas qu'il croit que je le fais pour lui. Il trouvera mille raisons pour que j'abandonne cette idée, mille raisons pour me retenir et me garder près de lui.

Il se racle la gorge pour se redonner une contenance.

- Et il y arrivera sûrement. Mais il n'y a que comme ça que je peux l'aider. De l'intérieur. Dans quelques jours, il me haïra d'avoir rejoint les rangs de Vous-Savez-Qui. Mais il sera vivant. C'est tout ce qui compte.

Le vieux directeur pose son menton sur ses mains jointes.

- Tu sous-estimes sa capacité à aimer. S'il comprend ton geste, ton amour le sauvera et le portera pendant la guerre. S'il te hait, s'il ne comprend pas, il ne sera que rancœur et colère, et ça risque de le détruire à petit feu. Harry est un idéaliste, ne l'oublie pas.

J'ai les yeux humides quand je quitte ce souvenir et me replonge dans le suivant.

La chambre de Préfet de Drago est plongé dans la pénombre, je reconnais sa silhouette dans son lit qui tourne et se retourne dans ses draps, il n'arrive pas à dormir.

Au moment où je vais pour changer de souvenir, la porte de la chambre s'ouvre doucement. Mon ancien moi hésite sur le pas de la porte. Il a les cheveux en bataille et ses yeux sont rougis. Drago se redresse et l'autre Harry grimpe lentement sur le lit.

- Harry...

- Shh... Tais-toi...

L'autre Harry pose un doigt sur ses lèvres et secoue la tête. Bientôt son doigt est remplacé par sa bouche, brusque et désespérée.

A nouveau je baisse les yeux, je suis de trop dans leur intimité même s'il s'agit de moi. Je me prends en pleine face tout ce que j'ai perdu en reniant mes souvenirs, et j'entraperçois ce que j'aurais pu avoir. Et la vérité me fait mal.

- Harry, on devrait parler...

Mais la bouche de l'autre Harry continue méticuleusement à s'aventurer dans son cou pour y déposer lentement des baisers.

- J'ai envie de toi...

Je rougis. J'avais oublié mon audace de l'époque. Les interdits que je bravais sans me poser mille questions. Ça me fait mal de réaliser à quel point j'ai changé. Je me surprends à jalouser violemment mon ancien moi, puis ma jalousie se mêle à la colère. Quel crétin d'avoir enfoui ces moments !

Mais Drago l'éloigne doucement et prend ses poignets.

- Il faut que je te parle...

Je bats des paupières pour chasser mes larmes. Le souvenir me revient plus vite qu'il ne défile devant mes yeux. La sensation de culpabilité explose dans mon ventre. C'est la nuit où il m'annonce qu'il va devenir mangemort et qu'il m'aidera de l'intérieur, c'est la nuit où il m'abandonne, c'est la nuit que j'ai refoulé si loin que je ne veux pas la revivre.

Je m'extraie d'un coup de pied, et reprends ma respiration.
Je ne peux décemment pas montrer notre nuit d'ébats comme preuve au Magenmagot, il en est hors de question. Je prends une inspiration et poursuis l'exploration à la recherche d'autres preuves moins compromettantes.

La pelouse du parc de l'école me réceptionne, la nuit noire m'enveloppe.
Soudain, Drago me dépasse en courant, le visage transformé par une grimace. Il s'arrête une seconde et se retourne, je fais de même.
Au dessus de la Tour d'Astronomie, la marque des mangemorts plane. Mon sang se glace, là en bas on pourrait apercevoir le corps de Dumbledore étrangement désarticulé. Plus loin, la cabane d'Hagrid est en feu et on entend des cris de terreur et de colère qui s'élèvent du brouhaha du château.

Le professeur Rogue rejoint Drago en courant tout en lançant des sorts à une silhouette qui le poursuit.

- Courez Malefoy, courez !

Alors que Drago reprend sa course, je reconnais mon ancien moi le visage déformé par la colère qui tente d'arrêter Rogue. Je me souviens de ma douleur quand un des sorts m'atteint, mais je me reprends vite et poursuis Malefoy dans son souvenir. Il a atteint la grille extérieure de Poudlard, il a les mains sur les genoux, à bout de souffle, le visage noirci par la suie. Quand Rogue le rejoint enfin, il tend le bras et transplane avec lui, laissant Poudlard derrière eux.

Je reprends ma respiration que j'ignorais retenir. Ici s'arrêtent les souvenirs de Poudlard, ici commence l'inconnu. Je sors du souvenir d'un coup de talon et je replonge directement dans un souvenir tout proche la boule au ventre.

Je me retrouve dans une longue allée en pleine nuit. Un haut portail dans mon dos et un immense manoir au bout du chemin. Je presse le pas pour rattraper les deux silhouettes qui remontent rapidement l'allée. Je me faufile par la grande porte d'entrée quand Drago et Rogue pénètrent dans le manoir des Malefoy.

- Allez vous rafraîchir et changez-vous, puis rejoignez-moi dans le vestibule ! Le Seigneur nous attend.

Drago est courbé en deux, les mains sur les genoux, les vêtements tachés de boue et le visage plein de suie. Je le suis quand il monte quatre à quatre les marches qui mènent à sa chambre, puis directement à sa salle de bain.
Il ouvre en grand le robinet, s'asperge d'eau avant de lever la tête et de s'observer dans le miroir.
Depuis le pas de la porte, je vois les traits de son visage se déformer et hésiter entre la panique et le dégoût, je le vois retenir ses larmes et se mordre la lèvre pour éviter de hurler.
Puis il se précipite dans la douche tout habillé, il frappe le mur de ses poings et laisse libre court à des sanglots de rage.
Dans le coin de la salle de bain où je me suis reculé pour retenir mes larmes, je reste les bras ballants, impuissant. J'ai l'impression de violer son intimité, de voler une partie de ses souvenirs. J'ai peur de découvrir la suite. Mais je me rappelle que c'est lui qui m'y a donné à accès, à tout, comme s'il me les livrait sur un plateau d'argent, et je ne suis plus si sûr que ce soit une bonne idée que ce soit à moi de les trier.

Juste après, je le suis dans le vestibule, les larmes séchés, son uniforme tiré à quatre épingle, ses cheveux plaqués en arrière, le menton haut.
A côté Rogue lui murmure N'oubliez pas de fermer votre esprit, mais pas complètement. Souvenez-vous des leçons.
Concentré sur Drago, je ne remarque pas tout de suite l'assemblée de mangemorts quand ils s'avancent dans le Grand Salon. J'ai le réflexe stupide de sortir ma baguette, ce qui ne servirait absolument à rien en situation réelle !
Au coin de la cheminée allumée malgré la douceur de juin, Voldemort est assis dans un grand fauteuil orné des armoiries de la famille Malefoy. A ses pieds, Nagini. Autour de lui, une dizaine de fidèles lui tiennent compagnie. Les murmures vont bon train quand Drago et Rogue entrent dans la pièce et se coupent soudainement quand le Maître des lieux claque des doigts.

- Raconte-moi Severus...

- Nous avons pu infiltré Poudlard et Dumbledore est mort. La mission est un succès.

Les murmures et les exclamations reprennent dans les rangs avant que Voldemort prenne la parole d'une voix basse et sifflante.

- Parfait Severus, vraiment parfait. Mais dis-moi, est-ce que le jeune Malefoy a mené à bien sa mission ?

Je vois les épaules de Drago se crisper et ses mains se serrer dans son dos.

- C'est grâce à Drago et uniquement grâce à lui que les mangemorts ont pu pénétrer l'école. Sans son brillant stratagème, rien n'aurait été possible...

- Certes. Mais j'ai cru percevoir que c'était toi, Severus, qui avait tué ce vieux fou de Dumbledore...

- Uniquement pour gagner un temps précieux, Maître, mais le résultat n'est-il pas le même ?

Voldemort s'est levé et aucun mangemort ne daigne respirer plus fort que nécessaire.

- Pas tout à fait Severus, pas tout à fait. Tu m'en vois navré et même si je t'apprécie à ta juste valeur Severus, je dois donner l'exemple.

Je pousse un cri de surprise quand un éclair touche le professeur Rogue et que celui-ci tombe à terre se recroquevillant de douleur. Un endoloris silencieux.

Puis Voldemort se tourne vers Drago qui serre si fort ses poings derrière son dos que je vois ses jointures devenir blanches. S'il est terrifié, il n'en laisse rien paraître et garde le menton haut. Le Seigneur l'observe scrupuleusement et le sonde certainement à l'aide d'un sort de Legimens. Je retiens mon souffle, Drago aussi.
Quand Voldemort semble satisfait, il lui fait signe d'approcher, prend son avant-bras et pose sa baguette. La marque des mangemorts apparaît dans la chair de Drago comme une brûlure au fer rouge. « Félicitations Drago, tu fais partie des nôtres à présent. »J'ai envie de quitter ce souvenir tout de suite, mais je m'accroche encore par curiosité morbide. L'assemblée applaudit et félicite bruyamment Drago.
En un clignement d'œil, je le retrouve aux toilettes, penché au dessus de la cuvette en train de vomir et pleurer sans retenue. Quand il se débarbouille enfin au dessus du miroir, il se recompose un masque froid et déterminé, celui qu'il arborait dans les couloirs de Poudlard, et je frissonne.

Dans le prochain souvenir que j'explore, j'ai l'impression d'avoir avancé plus loin. Drago est assis avec d'autres mangemorts autour d'une longue table, Voldemort préside.
Il donne des ordres, assigne certains à des missions, demande des compte-rendus. Soudain, il s'adresse à Drago.

- Drago, j'ai besoin que tu uses de ton nom pour rallier des sympathisants à notre cause, la fortune de Lucius ne sera hélas pas éternelle et nous avons besoin d'apports pour continuer notre politique. Avery te donnera plus de détails sur ta mission.

Un peu plus tard, dans un des salons du manoir, Drago est assis face à un homme sinistre et écoute religieusement ses objectifs.

- Ta mission est simple Drago : convaincre les grandes familles de sang pur de financer notre cause. Certaines ne veulent pas être liées au nom de notre Seigneur, mais bientôt elles n'auront plus à se cacher. Pour l'instant, elles ont juste à prouver leur soutien en accordant une partie de leur fortune en gage de fidélité, tu comprends ? Les plus fidèles seront évidemment récompensées quand nous aurons la main mise complète sur le pays, et le Seigneur se souviendra personnellement de chaque soutien. Je t'ai préparé la liste de nos sympathisants. D'abord celles de Londres, puis celles de la campagne britannique, enfin en France et en Italie. Tu n'as qu'à leur rendre visite, être charmant et ramener des gallions. C'est compris ?

Drago est resté silencieux et concentré. Il acquiesce.

- C'est tout ?

- C'est tout. Ne t'avise pas de voler le Seigneur, il le saurait, évidemment. Je te fournis les adresses, tu as toute la marge que tu veux pour convaincre ses grandes fortunes. Reviens à la seconde où Il te convoque. Reviens régulièrement avec des Gallions et le Maître te pardonnera ta faiblesse.

Je lutte contre l'envie de rester plus longtemps dans chaque souvenir, de le suivre, de voir comment il vivait son quotidien au Manoir, entre les allées et venues des mangemorts. Mais je ne sais pas combien de temps j'ai déjà passé dans ses souvenirs et combien de temps il me reste vis-à-vis du Mangenmagot.

Je saute d'un souvenir à l'autre, toujours de façon chronologique et j'enchaîne les souvenirs où Drago évolue dans de grandes maisons aristocratiques, autour de dîners mondains et de galas fastes et pompeux, au cœur de discussions délicates et diplomatiques. Loin, très loin de ce que j'avais imaginé. Je ne peux m'empêcher de l'observer dans chacun des ses souvenirs mais son masque froid et distant ne le quitte jamais. Je ne trouve aucun souvenir où il est isolé, où il se laisserait aller à être lui.
Je me surprends à lui en vouloir. On ne peut pas vraiment dire qu'il était sur le front, en danger, il a même l'air en sécurité et bien entouré, et j'hésite entre le soulagement et la colère de m'être senti coupable pour lui. Il semble s'intégrer à son nouveau monde et je désespère de trouver une preuve de son innocence.

Les souvenirs dans les galas s'enchaînent et j'ai peur de manquer de temps. Tandis que je les zappe rapidement, un visage familier dans l'un d'eux m'interpelle et me fait revenir en arrière.

C'est la fin de journée dans un grand parc arboré. Non loin, dans la grande demeure, de la musique classique et des conversations animées sortent par les grandes baies vitrées ouvertes.
Drago tient une flûte de champagne à la main et marche dans le jardin vers un grand bassin. Là, Severus Rogue est plongé dans l'observation des cygnes qui s'y trouvent, les mains dans le dos, sa robe noire resserrée à son habitude jusque sous son cou.

- Que faites-vous là ?

- Comme vous, je suis invité aux célébrations. Rien de tel que de fêter notre avancée pour motiver nos soutiens.

Rogue jette un discret coup d'œil aux environs pour s'assurer qu'ils sont seuls.

- Comment allez-vous ?
- Bien.

La voix de Drago est froide et méconnaissable, le regard fixé sur l'oiseau dans le bassin.

- Vous supportez les châtiments à titre d'exemple ? La brûlure régulière de la marque ?
- Tout va bien, j'y survivrai » répond sèchement Drago.

Il est agacé, ses sourcils froncés. Il lève les yeux vers la demeure et les jardins, les plateaux de mets circulent dans les différents salons, certains ont commencé à danser sur la piste dédiée à cet effet. Peu de personnes profitent encore de l'extérieur.

- Comment je peux aider Professeur ? Dites-moi ce que je peux faire, j'ai l'impression d'être mis de côté depuis des mois.
- Continuez votre mission d'ambassadeur, et il ne vous arrivera rien.
- Vous savez ce que je veux dire. Comment je peux aider... l'Ordre alors que je suis dans l'ombre de l'action ?

Rogue secoue la tête.

- Vous éloigner de Londres était la seule façon de vous garder en sécurité.

Drago tique et relève la tête brusquement.

- Vous voulez dire que c'est de  votre faute si je suis mis de côté ?

- N'allez pas croire que j'ai ce genre de pouvoir auprès du Seigneur, j'ai soumis l'idée que votre nom de famille pourrait nous ouvrir quelques portes, puis l'idée a fait son chemin. Plus vous resterez en retrait des combats et des missions de terrain, plus vous aurez de chances de survie.

Je vois que Drago a envie d'exploser ou d'empoigner Rogue pour passer sa colère. Mais il se contient et répond entre ses dents.

- Je ne suis pas un lâche !

Les épaules de Rogue s'affaissent et son regard froid trahit une attention paternaliste pour Drago.

- Je le sais Drago, et vous n'avez pas à vous sacrifier pour le prouver, il y a des façons moins frontales d'apporter votre aide. Je suis certain que vous trouverez une faille, un moyen qui ne mette pas votre vie en danger...

Drago ferme les yeux et respire profondément.
Il détourne les yeux de Rogue.

- Est-ce que... vous avez des nouvelles d'Harry ?

Je frémis.

- Non. On dit qu'il a fui. Certains pensent qu'il a déserté, d'autres qu'il prépare quelque chose, mais aucune idée d'où il est, ni de son état.

Mille expressions passent sur le visage de Drago.

- Je suis certain qu'il a un plan. Qu'il est en train d'élaborer une contre-attaque. J'ai foi en lui.

Rogue regarde étrangement Drago, entre sévérité et compassion.

- Vous pensez encore à lui ?

Drago lève les yeux vers le professeur, un air de défi dans le regard.

- Toujours.

J'étouffe un sanglot dans mon poing, même si personne ne m'entendrait hurler dans ce souvenir. Il faut que je trouve ces foutues preuves !!

***

La plupart des souvenirs évoqués à Poudlard sont directement issus de mes histoires Huis Clos et Rien qu'un point sur une carte ?, si vous êtes arrivés jusqu'ici sans les lire, ça peut vous éclairer pas mal de choses !
Je ne pensais pas que la plongée dans les souvenirs de Drago serait si longue mais en fait c'est indispensable d'avoir aussi une partie de son point de vue. Je pourrais presque écrire un arc entier dédié à ce qui lui est arrivé, mais je vais essayer de synthétiser dans la suite !
A bientôt !

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