1 - Une rencontre et des idées

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Le jeune garçon aux cheveux blancs tirant sur le gris s'assit dans la rue, affamé. Il ne lui restait plus qu'à faire la manche pour avoir un morceau de pain. Sa main se tendait faiblement vers les pauvres passants qui eux-mêmes avaient bien du mal à vivre.

C'était fini pour lui, il le savait. Même s'il trouvait à manger, il devrait partager avec sa famille et il ne trouverait jamais assez de nourriture pour eux quatre.

Un homme aux beaux vêtements finit par s'arrêter devant lui. L'albinos leva les yeux vers lui, une faible lueur d'espoir dans le regard. Il s'agenouilla devant l'enfant.

« Je t'aiderai si tu acceptes de te joindre à moi. Je te donnerai des habits et de quoi manger ainsi qu'un toit et une éducation, promit l'homme. »

D'un hochement de tête, il accepta sans même savoir ce qu'il l'attendait, du moment qu'il avait à manger. Sa survie était la priorité pour le moment. Le sauveur se redressa et le gamin en fit de même à l'aide du mur contre lequel il s'était assis. Ses jambes commençaient à peiner à le porter et il le sait, quelqu'un qui ne marche pas est mort. Le brun proposa de l'aider mais il déclina l'offre d'un mouvement de main. Il devait pouvoir se débrouiller seul et ne pas être dépend des autres. C'est ce qu'on lui avait toujours appris.

Les deux se rendirent chez l'homme, une maison plutôt grande et verte aux bords de ville. L'albinos était épuisé et ses maigres jambes tremblaient sous son poids mais il refusait obstinément l'aide de l'adulte. Une lueur de détermination brillait dans ses yeux et il réussit à se porter jusqu'à ce qu'on l'invite à s'asseoir. Haletant, il s'effondra littéralement sur sa chaise, épuisé certes, mais victorieux. Le brun lui lança un regard amusé, presque moqueur mais ne fit aucun commentaire. Il s'affaira plutôt à fouiller dans ses tiroirs pour sortir un morceau de pain et du beurre. Il posa le tout devant l'albinos qui mangea sans demander son reste. Puis, avant que l'autre n'eut le temps de dire un mot, il s'endormit sur la table. L'homme n'eut d'autre choix que de porter la frêle silhouette du garçon dans la deuxième chambre de la maison.

Il habitait ici seul depuis quelques années déjà. Il avait largement la place d'accueillir quelqu'un, ils avaient déjà vécu à quatre alors à deux... il y a de l'espace.

***

Le lendemain matin, le jeune garçon se réveilla avec le soleil et s'étira copieusement. Il n'avait jamais aussi bien dormi ! Il poussa à contrecœur la couverture qui lui avait tenu chaud et sortit du lit. Il jeta un coup d'œil au temps par la fenêtre avant d'entrouvrir la porte de la pièce. Il passa la tête dans le couloir et regarda à droite et à gauche... personne. Aucun bruit ne lui parvenait. Est-ce que l'homme s'était absenté ? Il sortit prudemment de sa chambre et de sa démarche silencieuse, longea le couloir pour déboucher sur la pièce principale : celle où il avait mangé. Toujours personne. Sur la table, il y avait un nouveau morceau de pain, avec une carafe d'eau et un verre. L'albinos supposa que c'était pour lui et se servit, écoutant attentivement les petits bruits qui étaient peu nombreux.

Il pouvait entendre les oiseaux chanter dehors, rien d'étonnant hormis le fait qu'ils chantaient joyeusement. D'habitude, leur mélodie est triste à mourir. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Il ne savait pas... et peu importe. Si les oiseaux chantent bien, c'est que tout va bien, peu importe la raison.

Une fois son petit déjeuner fini, il se leva et tenta d'ouvrir la porte qui menait dans le jardin... fermée. Il était enfermé ! Il devait bien y avoir une autre issue ! Il retourna dans le couloir et commença à ouvrir silencieusement les portes une à une. Il repéra la salle de bain, la chambre vide de l'homme, les toilettes, le garde-manger et un bureau plutôt bordélique mais pas d'autre issue. La panique commençait à l'envahir, il était piégé ici ! Qu'est-ce que l'homme voulait faire de lui ? Soudain, il se souvint qu'il y avait une fenêtre dans sa chambre. Peut-être pouvait-il sortir par là ? Il longea le couloir jusqu'à la pièce mais avant même qu'il ait pu poser la main sur la poignet, un bruit de porte qui s'ouvre lui parvint. Affolé, il se tourna vers la pièce d'entrée. Le brun apparut et s'approcha.

« Bonjour, comment vas-tu ? »

Il n'était plus qu'à un mètre et l'albinos recula d'un pas, fixant l'homme d'un air méfiant. Celui-ci haussa d'un sourcil, ne comprenant pas la réaction du garçon. Hier, il n'avait pas eu ce reflex alors pourquoi là, il se méfiait ?

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

L'albinos ne bougea pas d'un pouce, mais deux oreilles pointues se dressèrent sur sa tête, ce qui n'étonna pas le brun. Les garous sont fréquents. Une longue queue blanche comme neige poussa et s'agita lentement dans l'air. Les pupilles du garçon s'allongèrent légèrement, sans lâcher l'autre du regard.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

Il s'approcha. L'animal resta immobile, suivant les gestes du brun tel un chasseur guette sa proie. Celui-ci n'appréciait pas vraiment cette sensation, mais garda son calme. Il savait très bien que s'il s'énervait maintenant, il perdrait à tout jamais la chance de gagner la confiance du petit. Il tendit doucement sa main vers le garou. Un éclair de peur traversa les yeux de celui-ci et tous ses muscles se contractèrent devant les doigts qui s'apprêtaient à entrer en contact avec ses cheveux. Il ferma les yeux, persuadé qu'on allait lui faire du mal. C'est à son grand étonnement qu'il sentait la main de l'inconnu, plus douce qu'il ne l'aurait cru, caresser sa tignasse crasseuse. Il ouvrit lentement les yeux et les leva lentement vers l'homme, trahissant sa surprise. Celui-ci lui sourit, amusé.

« Qu'est-ce que tu croyais ? »

Il n'allait donc rien lui faire ? Peu à peu, il se détendit et l'homme retira doucement sa main, ne voulant surtout pas le ré effrayer.

« Comment tu t'appelles ? »

Il n'obtint aucune réponse du jeune chat qu'il le fixait intensément, ne manifestant pas de réaction particulière à la question. Le brun était persuadé qu'il comprenait pourtant, sinon il ne l'aurait pas suivi.

« Tu es muet ? Ou sourd ? »

Encore une fois, l'enfant ne réagit pas. Peut-être qu'il ne comprenait vraiment pas ? Ou il ne voulait pas répondre ? Ou ne pouvait-il tout simplement pas ? Même si normalement à son âge, on sait un minimum parler. Enfin peu importe...

L'albinos comprenait parfaitement mais il préférait rester silencieux et observer pour le moment. De plus, on lui avait interdit de parler avec quiconque, et encore plus avec ceux qu'il ne connaissait pas.

« Tu veux prendre un bain ? »

Comme il n'eut aucune réaction une fois de plus, il tenta de prendre la manche avec douceur du petit mais ce dernier recula légèrement avec nervosité. Avait-il compris ? Ou bien avait-il juste peur ? S'il avait compris, refusait-il la proposition ?

Le garou détestait l'eau et puis, il ne comptait pas s'éterniser ici. On l'attendait chez lui... même si au fond, il ne dirait pas non à un peu de confort.

« Est-ce que tu comprends ce que je te dis ? »

Il se décida à répondre d'un petit hochement de tête.

Le brun lui désigna du doigt la salle de bain et lança un regard interrogateur à l'albinos. Les oreilles poilues du garçon firent un aller-retour sur son crâne, comme s'il était indécis. D'un geste brusque, l'homme lui saisit la manche. Le garou recula, surpris, et tenta de se libérer de l'étreinte désespérément. Ses faibles forces étaient bien insuffisante pour lutter contre l'adulte. Il eut beau se débattre, rien ne fit lâcher l'autre qui ne bougea pas d'un poil, le laissant faire. L'albinos s'épuisa vite, encore faible et s'arrêta haletant. Il lança un regard de détresse devant son impuissance à l'homme qui le tira doucement vers la salle d'eau. Le petit n'eût d'autre choix que de se laisser faire.

***

Une heure plus tard, l'albinos était propre et cela avait été un sacré combat pour le brun de le faire rentrer dans l'eau. Mais à présent, ses cheveux étaient blancs comme neige et c'était ce qui comptait.

Il sortit un paquet de riz et remplit un gamelle à demi d'eau pour le faire cuire. Les yeux rouges de chat suivait chacun de ses gestes. Simple méfiance ou intérêt ? Le brun hésitait entre les deux et mit son repas sur le feu. Il s'assit à table, en face de l'albinos qui laissa paraitre une certaine nervosité.

« Tu ne parles pas ? Jamais ? »

Le garçon tressaillit aux paroles du brun mais ne répondit pas. Il s'en voulait un peu de ne jamais lui répondre, mais les règles sont les règles.

L'autre n'insista pas, le dévisageant silencieusement. De longues minutes passèrent pendant qu'ils s'observaient. Soudain, le petit garou pointa l'homme de la main et pencha la tête avec un regard insistant.

« Moi ? »

Il hocha la tête positivement.

« Je suis Léo, et toi ? »

Le garou détourna légèrement le regard comme pour esquiver la question.

Le brun ne se découragea pas et enchaina.

« Tu as quel âge ? »

Le chat leva ses dix doigts.

« 10 ? Moi j'ai 31 si ça t'intéresse. »

Le garou esquissa un petit sourire d'amusement.

« Tu as de la famille ? »

Pour la première fois, il émit un son. Un grognement agressif sortit de sa gorge plus par reflex qu'autre chose. Déjà qu'il rentrerait en retard, mais en plus il en avait profité sans eux. Ils lui en voudraient sérieusement. Il n'avait aucune chance de ne pas se faire punir.

« C'était juste une question, hein, pas la peine de t'emporter... »

Le jeune garçon reprit une expression neutre. De son côté, Léo comprit que ce n'était pas un sujet à aborder et préféra stopper la discussion là.

Une fois le riz cuit, il le fit s'égoutter et les servit tout les deux. Il ne donna qu'une petite portion à l'albinos étant donné qu'il n'avait sûrement pas l'habitude de manger beaucoup. S'il lui en mettait trop, il serait malade. L'enfant ne fit aucune remarque et commença à manger avec les mains, comme il avait l'habitude de le faire. Léo lui fit la remarque. Il observa les outils que lui désignait Léo d'un air interrogateur. Le chat ne savait pas comment s'en servir et encore moins l'intérêt de s'en servir.

« Tu peux porter plein de maladie sur tes mains, c'est plus propre et plus sain de manger avec les couverts. »

Le petit garçon prit les deux objets avec un air contrarié. Ce n'est pas ces trucs qui l'empêcheront d'être malade. Il fit cependant un effort pour bien les prendre et imita Léo maladroitement au début, mais saisit vite la technique. L'assiette terminée, il bailla silencieusement. Le brun n'eut pas le temps de lui demander de mettre sa main devant sa bouche que le garçon s'était transformé en chat et s'était endormi en boule sur sa chaise.

***

Le matou se réveilla en fin de soirée et il se retrouva une fois de plus seul. Il en profita pour explorer les recoins de la maison : dessous de meuble, placard, etc. Il nota dans un coin de tête les meilleures cachettes. Ça pouvait toujours servir.

Léo finit par rentrer et le petit mammifère, qui était dans la chambre de l'homme au même moment, sortit silencieusement, laissant la porte entrouverte pour ne pas faire de bruit. D'une démarche souple, il se rendit vers la pièce d'entrée et s'arrêta en voyant le brun. Une odeur de sang lui parvenait, l'homme était-il blessé ? Ou c'était celui de quelqu'un d'autre ?

Un grondement sourd venant du matou au pelage immaculé attira l'attention de Léo qui regarda l'enfant.

« C'est rien, t'inquiète pas. »

Le chat pencha la tête sur le côté, sans pour étant cesser de grogner.

« Je suis assassin au service du roi. »

Le félin se tut, en train de calculer sa situation. Léo en profita pour aller se changer parce qu'on pouvait dire que son "travail" était très salissant. Il espérait que l'enfant accepte le fait qu'il tue des gens juste parce qu'il en avait l'ordre.

Lorsqu'il revint dans la salle principale, le garçon avait reprit sa demi forme : celle d'humain avec la queue et les oreilles. Il était assis et regardait dans le vide. En entendant le brun, il se tourna vers lui silencieusement.

« Tu veux partir ? »

Il n'obtint aucune réaction, mais il était certain que l'albinos l'avait entendu.

« Tu sais, je ne t'en voudrais pas. »

Les oreilles du garçon se tournèrent vers le brun, droites comme des i.

« Tu veux partir ou rester ? Réponds ! »

Le chat frémit devant l'impatience du brun et se leva silencieusement. Il s'approcha d'une démarche féline pendant un temps qui parut infiniment long à Léo. Il s'arrêta à quelques dizaines de centimètres de l'homme et plongea ses yeux rouges dans ceux de celui-ci. Les lèvres de l'albinos s'agitèrent sans un bruit mais le brun n'eût aucun mal à déchiffrer.

« Oui, c'est ce qui était sous-entendu. Si tu ne veux pas... tu peux t'en aller. »

L'albinos resta quelques secondes immobile, calculant une nouvelle fois sa situation. Cet assassin qui l'avait recueilli et s'était occupé de lui, et ce, pour le former à devenir lui aussi assassin. C'était bien ce qu'il avait voulu dire par "te joindre à moi". Il est vrai que s'il lui avait dit les choses directement à leur rencontre, il aurait refusé. Lui ? Un tueur ? Il aurait bien rit hier encore à cette idée, mais maintenant... maintenant qu'il avait un vrai tueur en série devant lui, il ne savait pas trop quoi en penser. Serait-il vraiment capable de tuer des gens comme ça sans les connaitre ? Cela ferait-il de lui quelqu'un d'injuste et d'ignoble dépourvu d'humanité ? Pourtant, si on ne lui avait pas dit, aurait-il deviné que celui qui était debout devant lui était de ces personnes ?

L'homme devant lui était gentil. Sans lui, il serait peut-être mort. Le minimum qu'il puisse faire pour le remercier, c'est de lui faire confiance. S'il l'avait choisi lui, ce qu'il devait avoir ses raisons et qu'il pouvait le faire.

Il entoura le brun de ses bras et le serra contre lui. Surpris, l'homme regarda avec étonnement le garçon puis sourit, attendri par son geste. Il posa sa main dans la tignasse du chat qui était douce comme de la soie à présent. C'est ainsi que se conclue le pacte maître / apprenti.

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