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Chap. 9
13ème Jours Après L'Audience ~

- Pourquoi cette tête d'enterrement ? Murmure Lucas en baillant, se trouvant sur mon lit. 

D'ailleurs, il n'avait fait que dormir sur mon lit depuis un moment. 

Moi, je me trouve assise en tailleur, sur une chaise haute en bois sur laquelle j'avais mis un tas de coussins. Mes jambes pendaient dans le vide, et mon visage était sombre apparemment, vu la tête qu'il me faisait.

- Je viens d'apprendre que la date du procès a changé. confié-je.

- Et c'est pour ça que vous tirez cette tête ?! J'vous jure, on dirait un assassin !

Mais je ne ris pas à sa remarque.

- Je n'ai pas terminé, Lucas..

- Ah oui ? s'étonne le concerné.

- Oui. Le procès est demain. lâché-je.

Ses yeux s'agrandissent, sous le choc, il ouvre grand sa bouche..

- C'est une blague..?

Je grimace :

- Vous croyez réellement que je n'ai que ça à faire ?

Il devint pâle à ma réponse.

- Mais..mais.. Mais qu'est-ce qu'on va faire... ? Panique-t-il.
- Qu'est-ce que JE vais faire. M'enquis-je en me levant, décelant sa détresse. Vous, préoccupez-vous simplement de votre rôle à jouer, d'accord ? Le reste, c'est mon affaire. lui assuré-je avec un regard déterminé afin de le rassurer.
- Mais.. tente pourtant le brun.
- Teuh, teuh, teuh ! Il n'y a pas de " mais " qui tienne. l'interrompis-je en un faible sourire pour le mettre en confiance. Allez, dépêchez-vous de vous préparer : aujourd'hui est notre dernier jour à " Vous êtes ici chez vous " , alors donnons-nous à fond ! M'exclamai-je en tapant des mains pour le réveiller. Allez, oust ! Dans la salle de bain !

Il se laisse faire sans trop comprendre ce qui se passait autour de lui. Il termine dans la salle de bain, perdu, avant que je ne lui ferme la porte au nez. 

Après quelques minutes où je ne l'entends pas bouger, je demande tout-de-même, inquiète :

- Vous allez arriver à vous laver tout seul ?

Il semble alors piqué au vif puisqu'il me répond :

- Bien sûr que oui !! 

Je me retiens de rire, amusée, un petit sourire aux lèvres et réponds :

- C'est d'accord ! Vous avez 10 minutes !

Quand je reviens dans ma chambre, ce même sourire aux lèvres s'efface bien rapidement. 

Malgré mon calme apparent, plus rien n'allait comme je le voulais.. 

À commencer par le meurtre de l'une de mes sources tout juste hier..

Je prends doucement mon portable en mains.. 

Je dois appeler sa famille pour lui présenter mes condoléances..

Finalement, je compose le numéro distraitement.

Je dois me concentrer : je ne veux pas les alourdir de tristesse en fondant en larmes..surtout si j'ai sa mère au téléphone.. 

J'aurais tellement préférer les présenter en présentiel, et puis, je m'en veux qu'elle soit décédée au cours de sa mission pour mon compte.

Mes yeux sont embués de larmes quand j'entends un " Allô.. ? " emprunt de sanglots.

- Oui.. C'est Maître Estelle Delaine à l'appareil.. me présenté-je aussitôt, réalisant qu'il s'agit de la mère de la victime.
- Ah.. La collègue de ma fille.. ? souffle-t-elle faiblement. Elle ne parlait que de vous..elle..

Sa voix se brise..

- Je... commencé-je alors, émue moi aussi.

Les mots me manquent..

- Je vous présente toutes mes condoléances, Mme Mangelle, je suis terriblement désolée qu'une personne aussi douce et compétente que votre fille nous ait quittée.. déclaré-je en faisant au mieux pour que mes tremblements ne s'entendent pas trop. 
- Elle était si gentille..! Si.. Mais qui a bien pu la tuer..?! Se désole-t-elle d'une voix affligée.

Je déglutis, mal-à-l'aise..

- Je suis désolée de vous le dire de cette manière, mais, votre fille a été assassinée..

J'entends ses pleurs redoubler.

- Nous ne savons pas encore par qui ni pourquoi non plus. Mais les résultats de l'autopsie ne devraient pas tarder à arriver.. expliqué-je calmement.

J'entends la porte de ma chambre claquer.

Je me retourne lentement, appréhendante...

C'était Lucas qui venait de faire tomber des affaires sur son passage, choqué par la nouvelle, l'air ahuri, terrifié. 

Mince. Pourquoi a-t-il été aussi rapide ? Moi qui ne voulais pas l'inquiéter davantage en lui épargnant cette nouvelle, c'est raté... !

Ou c'est moi qui ai passé tant de temps à écouter la mère de ma collègue pleurer ? réalisé-je, étonnée.

À mon tour, je sens la peur nouer mon ventre..

Ces yeux... C'étaient les mêmes qu'il avait eu avant de s'enfuir pour la première fois de chez moi..

Je ne suis pas surprise de le voir partir en courant. Je le suis sans me poser de questions, me lançant dans une course effrénée... Lucas descend les escaliers à vive allure, arrive à l'entrée, ouvre la porte et... 

Ma tension monte en imaginant le risque immense qu'il prenait en sortant.

Et si quelqu'un le voyait ?!

- Alors, chérie, commence le voisin de mes parents en s'adressant à sa femme, est-ce que..

Le voisin s'arrête, confus.

Je viens de faire un placage à Lucas, le faisant tomber à terre, derrière la voiture qui nous cachait. Cependant, j'ai agi à une telle vitesse que des yeux non-entraînés penseraient qu'ils ont imaginé quelque chose.

- Que t'arrive-t-il ? S'enquit une voix féminine ; la voisine.

- À..à.. À l'instant.. Il y avait quelqu'un..!

- Quoi ? 

- Je t'assure, mon cœur..! C'était un homme..et..et..

- Je crois que tu as réellement besoin de vacances, mon cœur ! s'esclaffe sa femme, amusée. Bon, et si on rentrait ? Il fait froid ! 

- Oui, bonne idée... bredouille le voisin, confus.

Je soupire intérieurement de soulagement tandis que je tiens fermement Lucas, veillant à ce qu'il ne s'enfuie pas, et que je reprends en main mon téléphone, entendant distinctement la voix paniquée de Mme Mangelle : 

- Allô ?? Allô ??

Je diminue le son de mon téléphone en me relevant lentement de Lucas, le prenant par la main et lui chuchotant, à la fois révoltée et inquiète pour lui : 

- Mais qu'est-ce qui vous a pris ? Vous savez depuis combien de temps je n'ai pas fait de placages, moi ? Je ne fais plus de rugby, ok ? Alors on va se calmer avec les prises de combat !

- Mais..on fait pas de prises de combat au rugby..si..? Et... vous faisiez... du rugby ?

J'éclate de rire, amusée, dépassée ; je crois que moi aussi, j'ai besoin de vacances.

- C'est vraiment tout ce que cela vous fait ? Susurrai-je, dépassée.

Je remarque alors son regard sur mon genoux écorché.

Eh oui, j'étais encore en pyjama. 

- Oh, vous inquiétez pas, c'est qu'une égratignure. Assurai-je en rentrant à la maison en marchant normalement.
- Mais vous pissez le sang..! S'exclame-t-il en me suivant.

Je souris faiblement et ferme la porte derrière nous :

- Vous vous souvenez de la fois où j'ai été écrasée par le double de mon poids ?
- Ah, j'oubliais que vous étiez une Magicienne.

Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire.

Mais je me reprends quand la voix de Mme Mangelle me remets les pieds sur terre et d'un seul coup, alors que durant quelques instants, quelques secondes, quelques milli secondes, elle avait disparu, toute la pression du monde me retombe sur les épaules. 

À cet instant, j'ai tout, sauf envie de rire.

- Oui allô ? Mme Mangelle ? Excusez-moi pour tout cela, je rattrapais mon client. . .
- Votre client ?..

Il y eut un silence entre nous deux.

- C'est en enquêtant sur lui que ma fille est morte..! Tout est de sa faute ! Pourquoi ne pas le confier à un autre avocat s'il vous embête tant ?! Il ne mérite pas votre bonté, Maître, sûrement pas ! Lorsque l'on est soupçonné de plusieurs meurtres on est forcément pas innocent ! Je vous l'assure, Maître, c'est moi, mère en deuil, qui vous le dit ! Il va vous tuer ! 

Plus elle me parle, plus l'envie de m'énerver me prend.. 

De quel droit parlait-elle de lui ainsi, comme si elle savait tout de lui, et qu'il n'était rien d'autre qu'un vulgaire objet.. N Qui est-elle pour le dénigrer gratuitement ? Elle ne sait même pas qui il est ni ce qu'il a vécu !

J'essaie de me contrôler et de garder mon calme..

Je vais mettre cet accès de colère sur le deuil douloureux qu'elle vit.

- C'est noté, Mme Mangelle, je verrai ce que je peux faire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit d'autres, recontactez-moi. En attendant, je dois vous laisser. Au revoir. déclaré-je de manière presque mécanique.
- Mais...!

J'avais déjà raccroché ; ce qu'elle avait à dire ne m'atteint plus.

Je pense que mon irritation se lit sur mon visage à la vue du regard soucieux que me lance Lucas.

- J'ai entendu ce qu'elle a dit. Déclare-t-il enfin.

- C'est vrai ? M'étonnai-je de ma voix la plus douce possible ; je tremble encore de colère.

- Oui.

Il y a un silence entre nous deux.

- Vous savez, commencé-je afin de désamorcer la situation, ne prêtez pas attention à ce qu'elle a déclaré... Elle ne vous connait pas. Elle ne sait pas qui vous êtes. lui rappelé-je avec assurance.

Je chuchote quand je parle ; Papa et Maman dorment encore à cette heure si matinale.

Lucas, à mes paroles, est pris d'incompréhension et garde le silence, ne s'attendant pas à ce que je prenne ainsi sa défense, pas après tout ce qu'il m'avait fait.

- Pourquoi vous êtes-vous enfui en courant ainsi ? Demandai-je enfin.

Il hausse les épaules, silencieux.

- Vous savez que nous aurions pu nous faire repérer et ainsi jeter tout notre plan en l'air ?

Il grimace :

- Notre plan est déjà mort.

- Que voulez-vous dire par là ? L'interrogeai-je, sincèrement interloquée.

Il lève ses yeux vers moi et me regarde franchement.. Ça me perturbe..

- J'ai trop de sang sur les mains.. D'abord Luna, ensuite Loïc.. Et maintenant votre amie.. ? Pourquoi pas arrêter ? me propose-t-il alors sans prévenir. Je préfère croupir en prison que de voir mourir un à un toutes les personnes qui m'entourent à cause de moi. décrète-t-il, résigné.

Je me tais, silencieuse.

- Dans un sens, vous avez raison. Admis-je.

Il me regarde, surpris que je l'accepte si facilement.

- C'est vrai, quoi, c'est plus facile, plus simple, et en plus, ça arrangerait tout le monde de vous arrêter et de laisser ceux qui en ont après vous, vous tuer. poursuivis-je d'une voix monotone.

- Je confirme. acquiesce Lucas comme si c'était normal, naturel pour lui de se sacrifier ainsi.

Je le fixe à mon tour droit dans les yeux.

- Mais, moi, ça ne me conviens pas.

- Quoi ? fit alors Lucas, les lèvres séparées par le choc.

- Je refuse d'assister à un complot sous mes yeux sans rien faire, M. Ledoux ! PERSONNE n'ira en prison devant moi pour le plaisir de qui que ce soit ! m'exclamé-je à voix basse, révoltée. Quitte à avoir des pertes, quitte à mourir, au moins, je n'aurais aucun regret sur mon lit de mort, et cela m'évitera de me ronger les ongles jusqu'au sang chaque fois que je repenserai à vous en train de mourir à petit feu en prison ! déclaré-je sans ciller. OUI, il y a beaucoup de morts, OUI, je me mets en danger, mais...

Je fronce mes sourcils, révoltée au plus haut point contre ce système opprimant les plus faibles.

- Cela ne vous regarde pas, car vous n'êtes que mon client. Tous ces tracs ne concernent que moi. Souvenez-vous en. Assurai-je. Et puis, à l'avenir, plutôt que de fuir, essayez de m'en parler, d'accord ? lui dis-je alors. En tout cas, pour l'heure, allons travailler. Terminai-je.

Je me dirige vers l'escalier sous son regard choqué et ébahi.

- Qu'est-ce que vous attendez ? Le déluge ?

Il déglutit.

- Venez en haut avec moi, non ?

À l'entente de ma phrase, il s'exécute aussitôt, tremblant et rassuré.

Je crois qu'il avait eu peur que je l'abandonne pour de bon..

   Mais, ça, c'est mal me connaître !

~~

Je renseigne une fois de plus une personne égarée. Je lui indique l'étage dans lequel elle doit aller pour faire ce qu'elle a à faire. Je l'écoute attentivement, puis passe à une autre encore. Cela dure un long moment, avant que je n'ai un petit répit.

Je souffle doucement en regardant mon bureau, perdue, les yeux dans le vague. Et dire que le procès est demain. . .

À cette idée, je souffle encore une fois, démoralisée.

- Cela fait 2 fois que vous soufflez d'affilés, et 10 fois exactement en une demi-heure à peine. Soit 1 fois toutes les 3 minutes.

Je le regarde, surprise.

- Je souffle autant de fois en aussi peu de temps. . ? M'étonnai-je, ignorant d'ailleurs le fait qu'il ait compté depuis tout ce temps comme si c'était normal.

Juste quelques secondes après avoir vu mon visage, ses sourcils se froncent brusquement, je ne sais pas pourquoi.

- Ce n'est pas tout. Bien plus que démoralisée, vous semblez détruite et abattue.

- Oh ? On dirait que vous commencez à bien me connaître.. murmurai-je, ailleurs.

Il se tait, soucieux.

Le téléphone s'est arrêté de sonner depuis un moment, maintenant.

Finalement, il se penche vers moi en s'appuyant sur le bureau. Je me demande bien ce qu'il s'apprête à faire.

- Vous savez, vous avez le droit de saluer Kelly Stanford.

Je trésaille, surprise.

Comment savait-il que ça me travaillait ?!

- Pourquoi me dîtes-vous cela ? Bredouillai-je, réellement perturbée.

- Vous l'aimez bien, ne mentez pas. Et puis en plus, elle vous rappelle un petit peu vous quand vous étiez un peu plus jeune. Je me trompe ?

Je grimace.

Moi, jeune, j'étais exactement l'opposé de cette fille !

- Oui, mais vous vous trompez. Car elle me rappelle la sœur que j'ai toujours rêvé d'avoir. Répliquai-je, piquée au vif.

Il s'étonne, interloqué.

- En tout cas, vous pouvez y aller, je m'occupe de tout. Tente-t-il.
- * se lève * J'y comptais bien. Merci. Répliquai-je sèchement, plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Mais je n'y peux rien, c'est comme cela... Car il a soulevé la seule chose dont j'aurais voulu ne jamais me souvenir.. : mon enfance..

Je pars, tremblante et chancelante en direction de l'escalier qui mène au 1er étage sous le regard perdu de Lucas.

" Mais qu'est-ce que j'ai fait, encore . . ? " s'interroge-t-il, interloqué, avant qu'il ne réalise, curieux : "Non... Plutôt qu'est-ce qui lui est arrivé dans son enfance pour qu'elle réagisse ainsi comme cela ? " se demande-t-il, soucieux.

Après y avoir réfléchi quelques instants, Lucas est bien obligé d'abandonner car interpelé par un client perdu.

En tous les cas, malgré ma réaction hâtive, je ne peux négliger l'effort immense que réalise Lucas pour moi : accueillir les personnes en présentiel et les guider était pour lui insurmontable, mais il était prêt à le faire rien que pour moi. 

C'est touchant.

En tout cas, je cours presque en me dirigeant vers le bureau de Kelly.

Malgré le peu de temps que nous avions passé ensemble et le fait que la plupart de mes réactions avec elle étaient calculées en raison de ma mission, Kelly me touchait énormément, surtout qu'être seule contre tous, ça n'est jamais simple. Je suis bien placée pour le savoir.

Quand j'arrive devant sa porte, je toque lentement, angoissée à l'idée de lui faire mes adieux.

 Car oui, après cela, Nelly Colin se sera envolée ailleurs, dans un pays lointain et reculé du monde : nulle part

Ma gorge se noue soudainement lorsque je remarque avec tristesse et regret que si nous nous étions connues sous ma vraie identité, je crois que nous nous serions entendues à merveille..

Mince.. Et voilà que mes yeux s'embuent de larmes..

Je toque une nouvelle fois, la boule au ventre, mais il n'y a toujours aucune réponse.

Finalement, j'entre. 

Elle est peut-être en train de travailler avec des écouteurs et elle ne m'a pas entendue toquer. me dis-je silencieusement.

Je suis donc étonnée de voir qu'elle n'est pas dans son bureau... 

Il est vide, et on dirait même qu'elle n'y est pas entrée de la journée. remarqué-je en décelant que les stores n'ont pas été levés.

Ma réaction est mitigée. D'un côté, je suis triste et déçue de ne pas la revoir une dernière fois mais, de l'autre, je suis soulagée de ne pas avoir à subir une scène larmoyante d'adieux..

Je me décide à faire demi-tour et à retourner au travail.

Je n'allais plus la revoir. Il fallait s'y faire.

Pourtant, au dernier moment, je m'autorise à lui laisser un petit souvenir, elle qui m'avait fait sourire dans cette tourmente. 

             ~~~~~~~~~

Lucas me glisse un regard interrogateur lorsque je reviens, requinquée comme jamais.

- Alors vous, vous avez fait quelque chose. Déclare-t-il, inquiet.

- Moi ? Je ne vois pas de quoi vous parler ! Je suis toujours comme cela ! assuré-je, l'air de rien.

- Ouais, ouais. Y a à peine quelques minutes vous broyiez du noir et étiez d'une humeur massacrante.

- Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez ! affirmé-je, jouant l'innocente.

" Je me demande si le plus agaçant c'est de la voir s'acharner sur tout ce qui bouge ou rayonnante de bonheur comme cela ". grogne intérieurement Lucas. 

À la fin de notre journée, nous quittons " Vous êtes ici chez vous " sans embûches, comme à notre habitude.

- Vous ne voulez pas attendre Kelly ? S'étonne Lucas.

Je fais non de la tête.

- Pas la peine, merci quand même. Assurai-je. Je déteste les adieux.
- C'est vrai ? s'étonne le brun, surpris.
- Oui. C'est toujours triste et je pleure comme une madeleine. Déclarai-je. Vous pouvez demander à mes parents. Ils vous expliqueront la façon dont j'ai fondu en larmes quand mon frère est parti de chez nous !

Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres. Je ne m'y attendais pas. 
Il m'observe jusqu'à arriver à la voiture de mon père. Quand on rentre dans celle-ci, il déclare :

- Je me demande si vous êtes réellement heureuse où si vous jouez encore Nelly Colin.

Je souffle doucement, un triste sourire aux lèvres :

- Mon père disait toujours que mieux valait rire, que pleurer...

Je m'autorise à m'évader quelques instants, perdue..

- C'est bien la seule phrase..que je connais de lui.. Susurrai-je.

Puis, après quelques secondes de plus à rêvasser, je me reprends et démarre la voiture. Je suis si ailleurs que je ne remarque pas que Lucas m'observe du coin de l'œil, silencieux, et ne réalise pas non plus qu'il m'avait posé une question.

" Son père.. Son vrai.. Père . . ? " s'interroge le brun, interloqué.

Pendant ce temps, du côté de l'entreprise que nous venions à peine de quitter, une petite blonde s'agite dans tous les sens, tremblante. Elle cherche désespérément quelqu'un mais ne les trouve pas. Finalement, elle se dirige vers son bureau, abattue. Elle entre, remarque qu'une personne est passée par là puis se laisse tomber sur son siège. À vrai dire, elle s'en contre-fichait un peu, il faut avouer.

Ce n'est que plus tard qu'elle remarque, posée sur ses documents, une feuille blanche repliée. Intriguée, elle l'ouvre sans attendre. Là, elle découvre de fines lettres soigneusement écrites, elles sont belles, bien rondes comme il le faut et de petites fleurs jonchent le petit message qui lui vole quelques larmes..elle, l'hyperactive insensible..

Sayonara Memories, Supercell 

   
" Tu sais,
La Vie est étrange, dure et froide
Elle peut te faire pleurer, crier, abandonner.
Mais un jour, mon grand-frère m'a dit
Que la Vie pouvait aussi,
Te faire sourire, rire et jouer
Et même oublier des choses qui sont dites " impardonnables "

Alors, moi, je peux te dire que,
La Vie, pendant une durée très courte,
M'aura donnée une Amie                

Inégalable.

Kelly, je ne t'oublierai jamais, crois-moi.   

    Toutes mes amitiés les plus sincères,

                                                 Nelly Colin "

Kelly replie la lettre, secouée de spasmes, tremblante... Elle pleure, et ne sait pas quoi faire..

Elle laisse couler toute la pression qui pèse sur ses épaules depuis cette affaire avec Claudia Roussel, et sa solitude amplifiée par ses collègues qui la fuient ou l'ignorent.

La venue de Nelly et Nate était un petit arc-en-ciel en ces longs jours de pluie, ça l'avait redonnée le sourire.

Sa vie n'était que solitude.

Quand sa porte s'ouvre, elle se tourne, détruite, le visage inondé de larmes.. À peine si elle distingue les traits fins et délicats de M. Dupuis.. L'expression de celui-ci change et est frappée de souci à sa vue.

- Nel..ly.. Susurre-t-elle entre deux sanglots.

Ses sourcils se retroussent vers le haut.

- Justement, je comptais vous prévenir..de..de.. son départ.. Déclare M. Dupuis, les yeux fixés sur les larmes de Nelly, n'osant pas l'embarrasser mais ne pouvant pas se détourner d'elle non plus.

Elle cache son visage de ses mains, honteuse. Mais M. Dupuis se dirige vers elle afin de lui caresser l'épaule.. Il bredouille :

- Kelly... Vous n'êtes pas seule...

Aux paroles de M. Dupuis, Kelly sursaute, ne s'attendant pas à être rassurée sur ce qui blessait son cœur. 

Kelly ne répond pas, tentant de dissimuler du mieux possible son visage avec ses mains, tremblante.

- Ça ne sert à rien de vous cacher votre si beau regard, je vous vois quand même..! s'amuse tendrement M. Dupuis en tentant de dégager gentiment son visage.

Il l'a toujours trouvée magnifique mais n'avait jamais osé le lui dire...

Kelly sanglote encore plus, murmurant comme elle pouvait des remerciements.

M. Dupuis, n'en pouvant plus, l'enlace tendrement, délicatement, lui caressant affectueusement le dos et la rassurant doucement.

Ses yeux, baignés de larmes, sont entr'ouverts, et ne demandent qu'à se fermer, tandis qu'elle se trouve dans les bras de son supérieur..

Lorsqu'elle s'endort sur son épaule.. Elle remarque alors que, après avoir perdu quelqu'un de cher... une autre personne.. s'invitait maintenant dans sa vie. . .

                ~~~~~~~~~~~~

- Comment expliquez-vous votre fuite avec Maître Delaine ? Demande malicieusement l'avocat de la partie civile à Lucas.

Celui-ci est tremblant et ne répond pas, à mes côtés.

- M. Ledoux, vous êtes ici au tribunal, enfin, pas vraiment. se moque l'avocat. En tout cas, vous devez répondre à mes questions, vous comprenez ?

Je crispe mes poings, en colère.

Non mais pour qui cet avocat se prend, celui-là ? m'agacé-je, révoltée. Le pauvre Lucas... Il ne doit pas se laisser intimider ! pensé-je, soucieuse.

- J'avais besoin de partir. J'avais peur. murmure alors Lucas.

Je suis surprise par sa sincérité.

- Peur, vous dites ? Comme peur de partir en prison ? se moque l'avocat. 
- Non. Peur. Le remballe Lucas, le visage ferme et d'une voix froide.

Ça le coupe totalement.

- Je n'ai plus rien à demander. Déclare l'avocat.

J'ai oublié de préciser que c'est le même gars super insistant après mon premier procès sur l'affaire. Remarquai-je, encore plus irritée.

Je me lève et me rapproche de la caméra, me postant devant Lucas.

- Qu'avez-vous de nouveau à nous dire, Maître ? M'interroge le juge qui était sceptique au tout premier procès.

Je déglutis.
Ce que je m'apprêtais à faire risquait de blesser profondément Lucas car je ne l'avais pas prévenu. Mais, je n'avais vraiment pas d'autre choix.

- Savez-vous que, M. Ledoux a passé 6 mois en prison ? Commençai-je lentement.

Il hausse le sourcil.

- Bien sûr que je le sais. Tout le monde le sait. Réplique-t-il.
- Et savez-vous dans quelles conditions a-t-il passé ces longs et durs mois ?
- Comme tous les autres prisonniers. Vous posez d'étranges questions, Maître Delaine. Venez-en faits. S'agace-t-il.
- J'y viens, j'y viens. Répondis-je en me dirigeant vers mon ordinateur.

Je pianote quelques instants sur mon clavier, avant d'afficher sur mon écran les vidéos d'agressions de M. Ledoux.

- Vous seriez surpris d'apprendre ce qu'il se passait en prison . . .

~~~~~~~~

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