Étincelles !

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- Comment expliquez-vous votre fuite avec Maître Delaine ? Demande malicieusement l'avocat de la partie civile à Lucas.

Celui-ci est tremblant et ne répond pas.

- M. Ledoux, vous êtes ici au tribunal, enfin, pas vraiment, se moque l'avocat. En tout cas, vous devez répondre à mes questions, vous comprenez ?

Je crispe mes poings, en colère.

Non mais pour qui le prenait-il, un gamin de 5ans ?

- J'avais besoin de partir. J'avais peur. 

Je suis surprise par sa sincérité.

- Peur, vous dîtes ? Comme peur de partir en prison ?

- Non. Peur. Le remballe Lucas, le visage ferme et d'une voix froide.

Ça le coupe totalement.

- Je n'ai plus rien à demander. Déclare l'avocat.

J'ai oublié de préciser que c'est le même qui me voulait dans son lit après le 1er procès. Remarquai-je avec dégoût.

Je me lève et me dirige aux côtés de Lucas.

- Qu'avez-vous de nouveau à nous dire, Maître ? M'interroge le juge qui

était sceptique au tout 1er procès.

Je déglutis. 

Ce que je m'apprêtais à faire risquait de blesser profondément Lucas car je ne l'avais pas prévenu. Mais, je n'avais vraiment pas le choix.

- Savez-vous que, M. Ledoux a passé 6 mois en prison ? Commençai-je lentement.

Il hausse le sourcil.

- Bien sûr que je le sais. Tout le monde le sait. Réplique-t-il.

- Et savez-vous dans quelles conditions a-t-il passé ces longs et durs mois ?

- Comme tous les autres prisonniers. Vous posez d'étranges questions, Maître Delaine, venez-en faits. S'agace-t-il.

- J'y viens, j'y viens. Répondis-je en me dirigeant vers mon ordinateur.

Je pianote quelques instants sur mon clavier, avant d'afficher sur mon écran les vidéos d'agressions de M. Ledoux.

- Vous seriez surpris d'apprendre ce qu'il se passait en prison . . .

                 ~~~~~~~~~

Chapitre 10

Le lendemain du 2ème procès soit 14  Jour après le 1er Procès

Quand je me réveille, j'ai les yeux injectés de sang et cernés. J'ai très mal dormi cette nuit, hantée par mes remords.. Je redoute la réaction de Lucas.. Hier, il n'avait rien dit depuis le procès, évitant mon regard, me fuyant éperduement. Je me sens vraiment mal à l'idée que je l'ai blessé.

J'entends vibrer mon téléphone sur la table de chevet.. Je tends ma main pour essayer de l'atteindre, mais mon bras est trop petit : j'ai encore dormi sur le matelas, mais ça ne me gêne pas tant que ça ne gêne pas Lucas. Ce dernier tend le bras, attrape mon téléphone et me le passe sans même bouger d'un poil. Je le lui prends et me redresse lentement, tremblante.

Il me fuit toujours. . .

- Allô... ? Murmurai-je d'une voix engourdie.

- Estelle ! T'as regardé la Une des journaux, ce matin ? M'interroge Rose d'une voix surexcitée.

Je cligne plusieurs fois des yeux pour me réveiller vraiment.

- Non. Pourquoi ? murmuré-je.

- Il faut A-BSOLUMENT que tu le fasses ! C'est géniaal ! s'extasie Rose, enjouée.

Je me lève, manquant de m'étaler sur le sol. Sa bonne humeur apparente me gêne un peu.

- D'accord, merci de m'avoir prévenu je le ferai plus tard. soufflé-je. À plus.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et raccroche. Je sors de ma chambre pour me diriger dans la salle de bain. Je me jette de l'eau sur le visage.

Oublie ta peur et ta peine. Oublie, oublie..

Je n'y arrive pas..

Je me demande même pourquoi je suis aussi terrifiée à l'idée que Lucas m'en veuille. C'est vrai, quoi, quand on diffuse une bonne partie de la violence et des agressions sexuelles que l'on a subi devant un tas de gens, il est tout-à-fait normal d'éprouver de la honte, de la gêne et de la colère, tout de même ! Me dis-je. 

Mais est-ce qu'il sait que je n'ai pas fait cela pour lui faire du mal ? Que c'était pour le protéger et retarder le fait qu'ils nous recherchent ? Pour éviter qu'ils émettent un mandat d'arrêt et vienne nous chercher...

Je secoue ma tête puis sors de la salle de bain, la tête basse, perdue. 

Je percute Lucas sans m'en rendre compte. Je me recule, m'excuse mollement avant de repartir dans ma chambre. Je ne remarque même pas le regard de ce dernier sur moi, et ce, pour la 1ère fois depuis hier.

Je me décide à regarder la Une des journaux sur mon ordinateur, une fois seule dans ma chambre. 

Je ne me déplace pas à la Librairie tout simplement parce que la Librairie la plus proche est à 40 kilomètres d'ici. 

Je ne vois pas l'intérêt de gaspiller du temps et de l'argent en plus de risquer notre couverture pour de simples journaux.

Tandis que je navigue tranquillement, soudain, mes yeux s'exorbitent, choquée, en lisant les grands titres des journaux...

" Révélations Choquantes : Un prisonnier violé et battu à plusieurs reprises ? "

" La Face Cachée des Gardes Pénitentiaires "

" Un complot contre Lucas LEDOUX ? "

" Injustice de la Justice : Mais où va le monde ? "

" NON à la Terreur Pénitentiaire ! "

J'appelle Rose en précipitation.

- Alors, tu as vu ?? S'enquit-elle, trépignant de l'autre côté du fil. C'est très très bon pour nous ! Avec ça, on gagne l'approbation du public ! Et t'as vu la tête du juge et des avocats d'en face, hier ?! Ils comprennent enfin qu'un complot a été monté contre notre client et... !

- C'est dingue..! Je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur... Bredouillai-je, presque effrayée.

- Et tu n'as pas encore vu le nombre de messages de soutien à M. Ledoux !! Je suis sûre que si tu les lui montres, ça lui remontera le moral ! Il avait l'air si déprimé quand on l'a rencontré ! poursuit Rose, surexcitée. 

- Tu rigoles..? Murmurai-je, d'une voix tremblante.

- Non, je suis très sérieuse ! affirme-t-elle, déterminée. Il est passé d'un homme traité en paria par les médias à une victime bafouée ! Regarde sur n'importe quel réseau social ou lis quelques articles, tu verras des extraits de nombreux soutiens, je t'assure ! S'exclame-t-elle. C'est incroyable, tu trouves pas ? Franchement, beau travail, Estelle ! Chapeau ! me félicite-t-elle tendrement. J'étais inquiète pour toi quand je t'ai vu partir en cavale comme ça même si je te soutenais et je te soutiendrai toujours, mais, je réalise que c'était la meilleure solution pour vous ! Tu es brillante ! Bravo ! 

Je m'arrête de parler, les yeux soudainement vidés d'émotions mais embués de larmes.

- Merci... Rose, je... Susurrai-je, secouée de spasmes à l'idée d'être ainsi félicitée d'avoir exposé la douleur de Lucas. Je te laisse...

Puis, je raccrochai. De l'autre côté du fil, j'ai pu deviner l'interrogation de Rose.

J'avais l'impression... d'être félicitée d'avoir si injustement exposer la douleur de mon client devant plus de..

Plus d'un milliard de personnes ont lu, partagé cette histoire et l'ont traduite en des langues dont j'ignorais encore l'existence jusqu'à maintenant..!? m'horrifiai-je, choquée.

Je rappelle aussitôt Rose, la boule au ventre, rongée par la culpabilité. Mes larmes manquent de couler au fur et à mesure que je lisais les messages postés par toutes ces personnes animées de bonne volonté, certes, mais qui restaient de purs inconnus pour Lucas malgré tout..!

- Dis, tu l'as montré à Lucas ? m'interroge doucement Rose, réalisant que ma tristesse était en partie liée à lui.

Je grimace soudainement.

- T'es malade ?! M'exclamai-je, piquée au vif.

Il y a un silence durant quelques instants.

- Qu'est-ce qui t'arrive, Estelle ? Je te sens perdue et tendue... murmure-t-elle, du souci dans la voix. Est-ce que c'est la pression de t'occuper de tout, toute seule ? De dissimuler ta position à tout le monde, même à moi ? m'interroge-t-elle gentiment.   

- Je... Je suis tellement désolée de t'imposer mon attitude. susurré-je. Mais j'ai déjà la sensation d'avoir trahi Lucas hier, en exposant sa vie devant tout le monde sans même avoir eu le temps de lui demander ou de lui en parler juste avant, histoire de le préparer un peu psychologiquement car je sais à quel point c'est un sujet difficile pour lui, et je le comprends parfaitement car c'est horrible ce qu'il a vécu..! déballé-je tout d'un coup en respirant à peine. Mais alors là..

Ma voix se brise, tremblante..

- Je.. Je vais pas aller le chercher..et lui dire qu'un milliard de personnes a vu et partagé toutes ses agressions..! Je..je..

Mes larmes coulent et je me laisse aller..

- Tu crois... qu'il... me fera encore confiance après ça.. ? Tu crois..qu'il... demandé-je d'une voix brisée, épuisée.

Je m'arrête, tremblante, pleine de remords, tandis que Rose, de l'autre côté du fil semble souffre autant que moi de mon état.

- Je n'ai pas le droit... de l'obliger de me pardonner... soufflé-je faiblement.

J'essuie lentement mes larmes...

- Pas après ce que je lui ai fait..

J'entends la douce voix rassurante de Rose me dire que j'étais une personne admirable et que personne, à part moi, n'a fait ce que j'ai fait pour lui..et que personne..à part moi..serait capable de le faire encore une fois.. 

J'essaie de la croire, de l'écouter, de m'oublier.. 

Mais c'est trop dur.. 

Me voiler la face ne me servirait à rien..

- Merci, Rose. Tu es vraiment une amie en or... lui dis-je d'une toute petite voix, le pensant sincèrement.

- Je t'en prie, Estelle, c'est normal. M'assure-t-elle après avoir laissé échapper un petit rire heureux, rassurée que j'aille un peu mieux ; c'est l'impression que je donnais pour ne pas l'inquiéter davantage à mon sujet. Je te dis, à plus et beaucoup de courage ! Bisous ! Ta P'tite Rose ! termine-t-elle affectueusement comme toujours.

Un petit sourire se dessine sur mes lèvres alors que mes joues sont encore inondées de mes larmes.

- Merci... Bisous...

Quand j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir lentement j'essuie mes larmes perlantes en précipitation et ferme toutes les pages sur mon ordi évoquant le procès d'hier. 

Je fais comme si de rien était, silencieuse, sans me retourner vers Lucas qui venait d'entrer, même si je meurs d'envie de lui jeter ne serait-ce qu'un regard afin de vérifier s'il va mieux. 

Au son du grincement de mon lit, je devine qu'il s'est assis dessus.

Le silence règne. J'entends même sa respiration calme et très faible.

Je n'ose pas le regarder. 

Lui cacher sa " popularité " me rend mal-à-l'aise.

- Je voulais vous dire... commence lentement Lucas.

Le son de sa voix me surprend. Je me tourne vers lui, surprise. 

J'en oublie même le fait que mes yeux soient encore gonflés et rougis par mes pleurs. 

Son regard froid sur ceux-ci me le rappelle aussitôt, me faisant regretter presque aussi d'avoir croisé ses émeraudes.

- Oui ? Murmurai-je presque inaudiblement afin de l'encourager à poursuivre ce qu'il disait.

- J'ai entendu toute votre discussion avec l'autre avocate... lâche-t-il finalement.

Mes yeux s'agrandissent, sous le choc...

Un instant, le déni s'empare de moi tandis que je me dis que c'est impossible... qu'il ne devait pas être au courant...!

Des vertiges me prennent lorsque je réalise vraiment ce que M. Ledoux venait de me confier.

- C'est vrai ? le relancé-je faiblement, épuisée. Je... Hm... Qu'est-ce que vous avez entendu précisément ? bafouillé-je, m'accrochant encore à cet espoir si vain qu'il ignorait encore la publication de milliard d'articles à son sujet.

Là, Lucas hausse les épaules, murmurant : 

- Apparemment, pleins me soutiennent. Genre, 1 milliard, je crois.

Je retiens mes larmes de couler.

Et voilà...

Il m'a vu fondre en larmes, il m'a entendu m'en vouloir, il sait que des inconnus partagent encore jusqu'à maintenant ce qui lui est arrivé...

 Mes yeux s'assombrissent lorsque l'impression que je suis incapable de protéger mon client me prend...

Lucas, ignorant l'existence et la nature de mes monologues internes, se lève soudain et se dirige vers la porte de ma chambre.

- Je vais prendre le petit déjeuner. Vous devriez faire de même. termine-t-il. 

Je renifle, les yeux dans le vague, et suis surprise de voir qu'il attendait une réponse de ma part pour s'en aller.

- D'accord... susurrai-je d'une voix affaiblie.

Un instant, comme affecté par mon état car si habitué à me voir si vive et résistante, Lucas reste immobile. Puis, en réalisant que je ne bougerai pas, comme figée sur place, il quitte finalement ma chambre, ne souhaitant pas me forcer à descendre.

Lucas descend ensuite lentement les escaliers.

Quelques instants plus tard, mon téléphone sonne. À la sonnerie particulière, je devine qu'il s'agit d'un numéro inconnu. J'observe mon smartphone silencieusement, pensive.

Si je n'étais pas sur une affaire aussi particulière et tordue, j'aurais ignoré l'appel.

Mais dans ces circonstances, je préfère décrocher.

- Allô ? Fis-je d'une voix confiante, ignorant ainsi ma peine.

- Oui allô, Maître Delaine ? Murmure malicieusement une voix masculine que je ne connaissais que trop bien.

Mon sang se glace.

Vraiment, c'est la dernière chose dont j'avais besoin !

- C'est Maître Bruneaux à l'appareil . . .

Mon pire cauchemar . . .

Je grimace en un horrible rictus.

- Que voulez-vous ? Qui vous a donné mon numéro ? Demandai-je avec un calme feinté.

- Oh, vous ne semblez pas surprise de m'avoir ? Cela m'étonne. 

- Ça ne répond pas à mes questions, Maître Bruneaux. J'ai le regret de vous dire que je suis très occupée ces temps-ci. Le coupai-je.

- Je le sais, je le sais bien.. Murmure-t-il d'une voix presque théâtrale. C'est bien pour cela que j'ai demandé au sergent Rousvalve votre numéro, afin de vérifier que tout allait bien pour vous.

Thibaut ?! J'aurais dû lui confier mes soupçons sur Maître Bruneaux ! m'en voulus-je, frustrée.

- Je voulais vous faire une proposition.. reprend-il en riant faiblement.

- Quelle genre de proposition ? M'enquis-je, agacée qu'il me rit ainsi au nez.

- Je voudrais bien garder Lucas LEDOUX à nouveau chez moi. lâche-t-il sans pression. Vous devez être débordée avec la presse, les tribunaux, votre cavale à gérer, n'est-ce pas ?

Vous redonner Lucas ? Même pas en rêve ! avais-je envie de m'insurger.

Je n'ai pas non plus abandonné l'idée de trouver des vidéos de Maître Bruneaux agressant Lucas ! Si je les trouves, ces preuves seront irréfutables et il passera sa vie en prison.

- Ne vous en faîtes pas pour moi, je vous rassure. Tout va bien. Répliquai-je, du tic au tac.

- Vous êtes sûre ? insiste-t-il d'une voix pressante.

- À 200 %. souligné-je; 

Il s'arrête un instant, avant de terminer d'une voix sournoise :

- Très bien.. Alors faîtes attention car.. TOUT peut arriver !

Puis il raccrocha avant que je n'ai pus lui clouer le bec.

Je tremble, apeurée, à l'idée que Lucas est en danger.

C'était bien la première fois qu'il me menaçait ainsi directement..

Quand la porte s'ouvre, Lucas me trouve toute chamboulée.. Il hausse un sourcil et fronce l'autre, ne supportant pas l'idée que je sois dans un pire état que lorsqu'il m'a laissé...

- Je vous ai entendu parler toute seule... commence Lucas. Vous étiez en ligne avec quelqu'un ?

Mes mains deviennent moites et mes tremblements augmentent..

Je déclare entre deux souffles :

- Non.. Vous avez dû rêver. Mentis-je.

Là, Lucas me fixe droit dans les yeux, soupçonneux.

- Vous mentez. Déclare-t-il finalement.

- Non. M'enquis-je, piquée au vif.

Soudain, il me plaque contre le mur sans prévenir. Je manque de lâcher mon portable tant je suis surprise, tandis que sa main gauche appuie mon ventre et que sa main droite se trouve au-dessus de moi. 

Ma respiration s'est accélérée tout comme les battements de mon cœur.. Mes pensées se bousculent alors que j'essaie de ne pas céder à mes instincts : cogner ma tête contre la sienne avant d'enchaîner avec un coup-de-pied circulaire. Cette envie me démange. Vraiment.

- Dîtes-moi la vérité. murmure-t-il tout bas. La vraie !

- Lâchez-moi avant ça. Répliquai-je, la voix tremblante de colère et d'indignation. Mais pour qui vous prenez-vous ?! Ça n'est pas en tentant de m'effrayer que vous allez me faire cracher le morceau ! Au contraire ! Lui criai-je à la figure.

Il grimace, murmurant dans son souffle : 

- C'est vrai. J'oubliais que vous étiez têtue.

- Et vous, idiot. soupiré-je, sentant ma tension monter. Arrêtez vos conneries et lâchez-moi ! 

- Pourquoi vous me frappez pas ? s'étonne le brun, surpris, ne relâchant toujours pas sa grippe autour de moi. Vous êtes de loin plus forte que moi.

Je soupire à nouveau, tentant de me calmer.

- Parce que mon boulot n'est pas de vous martyriser mais de vous protéger. soufflé-je, ma colère ne voulant tout de même pas s'estomper. Maintenant dépêchez-vous de vous éloigner de moi !

- Mais au fait, vous connaissez le mot " conneries " ?

Je cogne brutalement mon front au sien.

- AÏE ! S'exclame-t-il en se reculant en titubant. 

Il perd l'équilibre et tombe à terre.

Je réajuste le haut de mon pyjama.

- Arrêtez d'en faire des tonnes. Vous n'allez pas me faire croire que j'ai la tête aussi dure. m'exaspéré-je.

- Vous rigolez ?! Votre front c'est du PLOMB !! S'exclame-t-il en touchant douloureusement le sien.

- Pff. Au moins vous réfléchirez à deux fois avant de me toucher et vous écouterez peut-être plus attentivement mes sommations. râlé-je. Allez, du nerf, relevez-vous. M'enquis-je en lui tendant ma main.

Il me regarde un instant, caressant son front avec amertume :

- Vu la force avec laquelle vous m'avez donné ce coup-de-boule, je réalise que ce doit être personnel. Déclare-t-il en attrapant ma main afin de se relever. Si c'est au sujet de votre futur petit-ami, je peux comprendre. Je m'excuse, même.

Mes yeux se ternissent doucement à l'entente de son monologue.

Si seulement cet appel aussi futile qu'il ne le pensait...

- Vous avez faux sur toute la ligne... avoué-je enfin. 

Et dire que je dois lui annoncer ça quand il commençait à peine à s'ouvrir un peu à moi..

- C'était Maître Bruneaux à l'appareil . . . Lâchai-je dans un souffle.

~~~~~~~~

Lucas reste figé sur place, comme frappé par la nouvelle.

Je l'observe un instant, avant de m'affairer à ranger nos effets personnelles dans nos valises.

Il m'observe faire, détruit. À peine s'il tient debout, car il se laisse tomber sur mon lit, abattu.

- Vous allez me laisser avec lui ? reprend-il d'une voix brisée.  Il vous a menacé, c'est ça ? Il a menacé de tuer votre famille et vos amis ? poursuit-il, des larmes dans la voix. Vous allez... ?

- Arrêtez, l'interrompis-je, les yeux embués de larmes à la vue du désespoir qu'il ressentait. Je ne fais mes valises que pour m'occuper l'esprit.. Et vous, vous vous imaginez les pires idioties du monde ! Je vais vous garder, et ce, jusqu'à votre libération. C'est clair ? lui assuré-je, déterminée.

Lucas m'observe, ahuri, il me regarde, il regarde mes yeux cernés, fatigués et rougis par mes pleurs de la nuit dernière, par mes pleurs de ce matin. Et finalement, il hoche la tête, comme s'il croyait enfin en moi, comme s'il acceptait enfin l'idée que mon seul but est de l'aider. 

Je me retourne, tremblante, luttant contre les larmes, bouleversée, chamboulée. 

Je ressens du soulagement qu'il ne semble pas m'en vouloir d'avoir partagé son passé au tribunal, inquiète et incertaine quant à ce que nous réserve l'avenir suite aux menaces ouvertes de Maître Bruneaux, mais aussi apaisée que Lucas semble enfin porter de l'estime en moi.

Je continue de faire nos valises, tremblante mais me ressaisis en secouant ma tête afin d'essayer d'évacuer mes émotions.

À quel point m'étais-je ramollie pour devenir une aussi grande pleurnicheuse ?

- Dites.. Commençai-je, accroupie, en train d'arranger les tee-shirt de M. Ledoux dans un sac.

- Oui ? S'enquit-il d'une voix faible.

- Ça vous dirait de faire des crêpes ?

Il se retourne vers moi en me fixant avec de gros yeux.

- Quoi ? J'ai besoin de me changer les idées..! Me défendis-je, le feu aux joues, surprise.

Il hausse les épaules. 

- Je n'y vois aucun inconvénient. C'est juste que je ne sais plus en faire. déplore-t-il faiblement.  Vous imaginez que j'avais autre chose à foutre en prison. ajoute-t-il un peu plus fort, comme pour surmonter sa peine. 

- M. Ledoux, surveillez votre langage. Répliquai-je en le fusillant du regard.

Il m'ignore, et pourtant, me suit quand je sors de ma chambre. Finalement, il ajoute, me valant quelques rires : 

- Mais vous aviez dit un gros mot, vous aussi !

Je retrouve mon sourire, amusée, avant de secouer ma tête, désespérée. Lucas m'observe fixement, comme profitant de ma bonne humeur en dépit de son visage toujours stoïque si on oubliait le coin de ses lèvres relevé vers le haut. 

Lorsque nous descendons les escaliers, Lucas m'interroge, curieux : 

- Vous n'avez pas peur qu'on soit vus par les voisins ? Vous avez pris tant de précautions à nous cacher.

- Pour aujourd'hui on peut se relâcher un peu. Le rassurai-je, gardant pour moi la surprise que j'ai ressenti en réalisant qu'il est très observateur avait noté mes efforts pour le protéger.

- Pourquoi si soudainement ? s'inquiète un peu plus encore Lucas. 

- Je devrais avoir une raison ? M'enquis-je, feignant l'innocence.

Il me glisse un regard soupçonneux tandis que nous sommes maintenant au rez-de-chaussée. 

- Ne jouez pas à l'idiote. Vous êtes de loin la personne la plus intelligente que j'ai jamais connu. Et je crois même que vous l'êtes plus que vos copains policiers. réplique Lucas, ne se laissant pas avoir.

Je ris, amusée :

- Vous croyez ? C'est trop d'honneur ! Vous me surestimez, Lucas ! 

Frustré que j'ai si peu d'estime pour moi, le brun poursuit : 

- Vous en connaissez beaucoup des gens qui ont sauté deux classes ?

- Certes, non, je n'en connais pas beaucoup, concédé-je, mais il y a des jeunes qui passent le bac à 14 ans !

Il s'arrête, comme dos au mur, avant d'ajouter :

- Oui, mais ces gens-là ne sont rien pour moi. lâche-t-il, sans trembler. Alors que vous, vous êtes mon avocate. Mon atout. Et que vous lisez en moi comme dans un livre ouvert. affirme-t-il en se retournant pour croiser mon regard fixement. Sinon pourquoi seriez-vous la seule à avoir décelé que j'avais été maltraité en prison ? m'interroge-t-il alors, et un instant, je ne trouve pas mes mots. 

L'émotion me prend en réalisant qu'il m'estime bien plus que je ne le pensais. 

- Je vois... Bredouillai-je, luttant maintenant à nouveau contre mes larmes.

Ça me faisait du bien d'entendre ça de sa bouche.

- Ma chérie, tu vas bien ? M'interroge ma mère en m'apercevant à l'étage. Vous venez prendre votre petit déjeuner ?

- Hum, oui, merci, on arrive. Murmurai-je, perdue dans mes pensées. Vous m'aviez dit que vous alliez manger, alors, pourquoi... ? chuchoté-je à l'intention de Lucas.

Le brun sursaute, comme pris la main dans le sac.

- J-Je... Je voulais vous attendre pour manger. bredouille-t-il, embarrassé ; je trouvai ça adorable à ma plus grande surprise.

Apparemment il ne s'est toujours pas remis du coup que je lui ai donné tout à l'heure.

- D'accord, je vois. Merci, c'est gentil de votre part. lui dis-je calmement avant d'ajouter : Je vous rassure, je n'en ferai plus, promis.  

Il éclate de rire brusquement puis cache ses lèvres, gêné de rire aussi bruyamment.

Je hausse les sourcils tout comme mes parents qui le regardent fixement, surpris qu'il ait un rire aussi joyeux, aussi beau...

On dirait de la musique... me dis-je, apaisée.

Mais pour ne pas gêner davantage Lucas, je lui souris gentiment avant de changer de sujet, l'air de rien, ignorant par la même occasion la surprise que son rire m'avait causée : 

- Vous voulez quoi ? Du chocolat, des céréales ou de la tisane aujourd'hui ? Demandai-je.

Il hausse les épaules comme tous les jours.

- J'm'en..

- Bon, ben ce sera céréales au chocolat. Décrétai-je en me dirigeant vers la cuisine. Comme moi.

Il va s'asseoir sur une chaise, face à mes parents, à la table tandis que je m'affaire à remplir les tasses de céréales. Je prends mon lait de riz que je verse dans ma tasse puis je prends du lait demi-écrémé pour Lucas. Je chauffe d'abord la tasse de Lucas puis la mienne.

Quand j'arrive au salon, j'ai nos deux tasses en mains, mes yeux rivés sur celles-ci. Je sens alors un mouvement brusque et rapide. Je tremble, surprise, essaie de ne pas renverser mais.. Je sens quelqu'un me prendre la tasse des mains.. Je lève alors mes yeux vers cette personne, perdue..et suis surprise de voir que c'est en fait M. Ledoux..!

- M-merci.. Bredouillai-je, étonnée.

Il me répond par un grognement avant de s'asseoir à une chaise, silencieux. Je n'arrive pas à le lâcher des yeux.

Décidément, il n'est pas dans son assiette aujourd'hui... Non pas que son attitude me gêne ! 

- D'ailleurs, ma chérie ? M'apostrophe ma mère.

- Oui ? Lui répondis-je en m'asseyant à mon tour.

- Nous partons pour la journée chez des amis. Ça ne vous dérange pas, j'espère ? Nous interroge-t-elle.

Avant de lui répondre, j'observe Lucas, sondant ses émotions mais il ne réagit pas alors je réponds :

- Non, non, c'est très bien comme ça. Lui répondis-je, un peu déstabilisée.

Alors comme ça, je vais passer la journée avec Lucas ? Comme au début de notre relation professionnelle. pensé-je, quoique surprise car habituellement, cela n'arrive jamais à mes parents d'ainsi passer la journée chez des connaissances.

- Génial. Nous partons dès maintenant ! Déclara mon père en se levant.

- Quoi ? M'enquis-je. Mais... On aurait pu pour une fois partager le petit déjeuner ensemble..! Murmurai-je, déçue.

- Ne t'en fais pas, mon cœur, ce n'est pas si grave ! M'assure mon père en riant.

Il me rit au nez... ?

Je retiens mes larmes de couler.

D'autant que je sens le regard insistant de Lucas sur moi, comme s'il était sur le point d'exploser.

- C'est vrai... susurré-je, tout bas, détruite.

Mes parents s'éclipsent rapidement sans regarder en arrière. 

Peut-être étaient-ils tout simplement lassés de devoir supporter leur fille adoptive et ses énormes problèmes... ? m'interrogé-je, luttant pour garder le moral. 

Je suis tellement préoccupée que je ne remarque pas les yeux de Lucas sur moi.

- Vous voulez commencer les crêpes ? Lui proposai-je.

Il hausse les épaules, m'indiquant que c'était comme je le sentais, tandis qu'il continuait tranquillement de manger.

- D'accord, je vais préparer la pâte. dis-je en me levant, laissant ma tasse sur la table.

Il me regarde me diriger vers la cuisine sans rien dire. Munie d'un tablier, je tends celui de mon père à Lucas puis prends un grand saladier. Je retrouve peu à peu le sourire en me rappelant combien j'aimais cuisiner avec mon grand frère.

- 7 œufs... Murmurai-je à l'intention de Lucas qui m'avait finalement suivie.

- 7 œufs ? S'étonne celui-ci.

- Eh oui ! Mieux vaut plus que pas assez. Répliquai-je, souriante, en levant mes yeux vers moi. Hé ! Mais, ce sont mes céréales que vous êtes en train de..

Il me regarde, comme pris la main dans le sac, gêné.

- Quoi ? Vous vouliez les terminer ? Bredouille-t-il, confus.

J'éclate brusquement de rire, retrouvant le sourire depuis longtemps déjà.

- Bah, fis-je, prenez-les, je n'avais plus faim de toute façon ! le rassuré-je, amusée.

- Merci.. Susurre-t-il, le feu aux joues, continuant de manger mes céréales avec ma cuillère.

Je crois bien que c'est la première que je le vois ainsi rougir. M'étonnai-je avant de commencer à cuisiner. Mon sourire s'agrandit, apaisée.

Oui... Tout ira bien...

~~~~~       

11h30,


- Mmm.. C'est délicieux..! S'étonne Lucas, les yeux grands ouverts, comme un enfant le soir de Noël.

Je l'observe sans que le sourire ne quitte mes lèvres, attendrie par sa joie.

- Vous en voulez une au nutella ?

Il me regarde avec de grands yeux, comme s'il en salivait déjà.

- Haha, je prends ça pour un oui ! m'esclaffé-je en me levant de ma chaise en bois, remettant mes chaussons roses, pour chercher le Nutella.

Lorsque je reviens, il a déjà entamé une autre crêpe.

- Pss ! Si vous continuez comme cela, il n'y en aura plus pour le nutella ! Lui fis-je remarquer en chuchotant.

Il me regarde, les sourcils haussés, comme le réalisant maintenant que je le lui ai dit. Je ris à nouveau, dépassée, avant de lui tendre le nutella et un couteau pour se servir.

- Ne vous inquiétez pas, je vais en faire d'autres comme ça on aura des réserves ! le rassuré-je en un sourire.

Là, le regard de Lucas s'illumine tandis qu'il se sert joyeusement une nouvelle crêpe.

- Et vous, vous en prenez ? Me demande-t-il en dégustant son mets.

- Lucas, l'apostrophé-je doucement, on ne parle pas la bouche pleine. Et puis en plus, vous avez du nutella sur la commissure des lèvres !

- Où ça ? Répète-t-il.

Je retiens des rires, attendrie, quand je décide d'essuyer le nutella à sa commissure droite de mon index avant de le porter à ma bouche. Je ne remarque pas Lucas s'enflammer tant il rougit.

- Et pour répondre à votre question, merci, mais je n'ai pas pour habitude de manger des crêpes une demi-heure avant le déjeuner. Expliquai-je.

- C'est vrai ? Moi pourtant, ça ne me dérange pas. S'étonne-t-il.

- Moi, ça me provoque des indigestions. Le mis-je au courant.

Il me glisse un regard, surpris.

- Charmant, n'est-ce pas ?

Un sourire se dessine au coin de ses lèvres à l'entente de ma phrase.

- Bon, m'exclamai-je en posant mes mains à plat sur la table, et si on faisait un gâteau ? Proposai-je en me levant. Un gâteau au chocolat, une tarte aux pommes ou..

Je m'arrête, prise d'une illumination.

- Et pourquoi pas les deux !

Lucas me fait de gros yeux comme si j'étais un monstre.

- Vous êtes une malade de la pâtisserie ou quoi ? murmure-t-il dans un souffle, comme apeuré.

J'éclate de rire, amusée, avant de lui faire signe de me suivre :

- Allez, venez ! Vous verrez que c'est bien. Lui assurai-je, un grand sourire aux lèvres.

Finalement, il se lève en rechignant, emportant son assiette avec dedans une bonne dizaine de crêpes.

- La gourmandise est un vilain défaut. Le taquiné-je en un petit rire.

- Je n'ai aucun regret. Réplique-t-il en haussant les épaules, un petit sourire en coin tout fier.

Ma joie augmente en réalisant qu'il plaisante avec moi. D'abord surpris, Lucas croise et mon regard, et moi, rayonnante, je lui offre un sourire éclatant. 

"Je rêve ou... Y a des étincelles à côté d'elle ? Elle brille ! " se dit Lucas, ahuri.

Mon sourire s'agrandit tandis que je me saisis d'un autre saladier : 

- Alors, commençons par le gâteau au chocolat ! M'extasiai-je, souriante.

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