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— Pourquoi ? ai-je répondu en haussant les épaules.

Je pensais qu'il ne voyait pas à quel point, derrière mon t-shirt blanc, mon cœur tambourinait. Il menaçait de traverser ma peau. Mais moi j'avais remarqué ses yeux brillants et ses joues de plus en plus rougies, ses doigts serrant le draps, et ses lèvres ne cessant d'être humectées. Il n'était pas nerveux, non. Il était terrorisé. Et j'en ignorais la cause.

Ses yeux pers, à la pupille dilatée, ont croisé les miens.

— Je...

Son regard indécis a fait des vas-et-viens entre le mur à sa gauche et le bas de mon t-shirt.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? ai-je susurré en serrant moi aussi le draps dans mon dos.

— Il se passe beaucoup de choses. J'ai réfléchi. Enormément, tu n'imagines même pas.

Il a tenté un regard sur le miens ; j'ai essayé un demi-sourire mais il me faisait trop peur pour que j'y parvienne.

— Tu as réfléchi... ai-je répété sans comprendre davantage.

J'ai observé les plis de son t-shirt, la forme que prenait le tournesol en s'adaptant au tissu. Mes pupilles ont fini par longer ses bras musclés, aux veines saillantes – je me suis demandé alors s'il avait chaud – avant de rencontrer son poignet, puis les phalanges de ses doigts si fins.

— Explique-moi ? ai-je suggéré en relevant soudain mon regard sur le sien.

Je m'y suis plongé, sans être sûr de ne pas me noyer.

— Ok... Est-ce que tu me fais confiance, Léonard ?

J'ai dégluti lentement. Je suis incapable d'expliquer ce qu'il se passait en moi à ce moment-là mais la puissance était telle que j'en oubliais tout autour Il n'y avait plus que lui, moi, et nos doutes.

— Oui, ai-je soufflé, pourquoi ?

— D'accord... laisse-toi faire maintenant. Je t'en prie.

Me laisser faire ? Que comptait-il entreprendre, bon sang ?

Soudain, il a levé une main peu sûre vers moi. Il tremblait. A peine, mais il tremblait. Puis ses doigts indécis ont saisi le bas de mon t-shirt qu'il regardait depuis trop longtemps, et je n'ai plus respiré comme avant. Que faisait-il, merde ?

— Tout...va...bien, Léonard.

Il murmurait si bas que les sons peinaient à transpercer ses lèvres humides.

J'ai peiné à déglutir tant ma gorge était sèche et nouée. Les mouvements de mon corps fin se calaient sur le rythme trop élevé de mon souffle. Je ne savais presque pas respirer. Mon inhalateur n'était pas loin, je l'épiais du coin de l'œil.

— Calme-toi... a-t-il soufflé. Je ne vais pas te faire de mal, tu le sais bien.

Il a remonté mon t-shirt et j'ai eu le réflexe de le cacher avec mes bras. Un geste rapide, incontrôlé. J'en avais l'habitude. Je me cachais tout le temps parce que j'étais laid. Pourquoi Andrew voulait-il voir ça ?

Il a alors lâché mon t-shirt. Porté ses mains tremblantes vers ma nuque en feu. Il m'a regardé dans les yeux avant de murmurer :

— J'aimerais te revoir, Léonard. Tu es beau.

J'ai secoué la tête lentement, complètement pétrifié. J'ai senti les larmes me monter aux yeux mais je ne voulais pas pleurer. Pas devant lui, pas maintenant.

— Non, ai-je lâché avant de déglutir.

— Si j'arrive à accepter que je suis amoureux de toi, laisse-moi te faire accepter ton physique. Tu es beau, combien de fois vais-je devoir te le dire ?

Je l'ai regardé d'un air ébahi. Je n'ai pas réalisé immédiatement qu'il venait de me confier qu'il était amoureux de moi, j'ai juste compris qu'il m'avait écouté. Qu'il savait maintenant qu'il pouvait aimer des garçons et que ce n'était pas grave.

J'ai enlevé mes bras, et mon t-shirt est retombé. Puis j'ai serré le blond contre moi, lentement. C'était la première fois que je sentais nos corps bouillonnants l'un contre l'autre, le puissant parfum vanillé de sa nuque contre mon nez. J'ai alors lentement senti ses lèvres sur mon épaule. Elles étaient douces et fraîches. Presque paralysantes. Je ne sentais plus mes jambes, ni même mon corps tout entier qui était à présent sous son emprise. J'ai goûté pour la première fois de ma vie à ce qu'on appelle l'amour.

Sans m'en rendre compte, je l'ai attiré un peu plus à moi, comme voulant me fondre à lui. Nous nous sommes entièrement tournés l'un vers l'autre, nos pieds ne touchant plus le sol. J'ai aimé le mélange de nos jambes croisées, la douceur de son pantalon gris contre ma peau nue.

C'est alors que ses lèvres ont remonté lentement le long de ma nuque, y traçant son contour avant celui de mon oreille et de ma mâchoire enfin détendue. Ma bouche entrouverte ne réclamait plus que la sienne et pourtant, je ne réalisais pas encore qu'elle ne tarderait pas à s'y joindre. Le bruit du froissement des draps sous nos corps emmêlés s'est fondu à celui d'un courant d'air provenant de la fenêtre encore ouverte. Je tremblais et ce n'était pas à cause de la température ambiante mais de la puissance de l'instant. Andrew n'embrassait pas ma peau, mais laissait simplement ses lèvres s'y glisser. Mes doigts ont serré le tissu de son t-shirt dans son dos alors que sa bouche parvenait au bout de son trajet. Encore insatisfait de notre proximité, j'ai glissé une main sous son t-shirt pour sentir chaque parcelle de sa peau fiévreuse et le ramener encore à moi. Puis je l'ai senti. J'ai senti son souffle frais contre le mien, et le goût de ses lèvres humectées. Nos lèvres passionnées s'étaient enfin trouvées.

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