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Ce sont les vibrations de mon téléphone portable qui nous ont séparés au bout de quelques secondes à peine. Le souffle coupé et le cœur battant atrocement vite, nous nous sommes étudiés un instant. J'ai pris conscience du moment. Je venais d'embrasser un garçon. Ce n'était pas n'importe qui, il s'agissait d'Andrew. J'avais embrassé Andrew. La sensation était immense ; je me sentais bien. En était-il de même, de son côté ? J'en ai conclu que oui lorsqu'il s'est penché à nouveau vers moi pour m'embrasser le coin de la lèvre.

Ma main serrait encore son t-shirt, et mon portable s'agitait toujours.

Je le fixais en tremblant un peu ; devais-je répondre ? C'était forcément ma famille. Personne d'autre ne m'appelait. Mais une autre voix me retenait serré contre Andrew. Ces moments-là avec lui n'étaient pas donnés. D'autant plus que c'était le premier. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à mes parents, de les imaginer, patients, à l'autre bout du fil. Ils m'attendaient.

Les vibrations se sont stoppées un instant ; ma réflexion avait été trop longue. Quelques secondes ont ensuite suffi à ce qu'elles reprennent de plus belle.

— Vas-y, ça doit-être important.

J'ai soufflé.

— Ouais...

Après m'être dégagé lentement de son étreinte, je suis allé saisir l'objet qui ne s'arrêtait plus. J'ai décroché.

— Ah ! Enfin, mon Léo-la-lune ! s'est exclamé joyeusement la voix de ma mère à l'appareil.

Mes doigts se sont serrés contre ma paume moite.

— Désolé, j'étais... sous la douche.

Elle a ri. Je me suis demandé ce qui l'avais mise de si bonne humeur.

— Tu n'as pas l'air très sûr, enfin bon. Tout va bien ?

J'ai lancé un coup d'œil en direction d'Andrew. Il fixait le matelas d'un air penseur.

— Oui c'est vraiment génial, merci encore pour ce séjour de dingue. Et vous, à la maison ?

— Je suis ravie que tout se passe aussi bien ! Et tu nous manques, tu sais.

Je l'ai entendue expirer.

— Plus que dix jours et tu seras enfin de retour parmi nous !

J'ai séparé le téléphone de mon oreille pour le plaquer contre ma poitrine. Il a suivi ses soulèvements irréguliers, trop rapides. J'avais besoin de temps. Bien sûr, je voulais retrouver ma famille. Mais me séparer d'Andrew était à présent une chose impensable. J'étais amoureux de lui. Je ne pouvais plus imaginer mon quotidien sans qu'il se soit auprès de moi. C'était impossible. Et comment pouvais-je expliquer ça à mes parents ?

— Léonard ? ai-je entendu de loin.

J'ai remis l'appareil contre ma joue.

— Oui, désolé. Mon téléphone a glissé... Et oui, c'est génial, j'ai hâte de vous revoir.

Je me suis pincé la lèvre avant de sentir une larme menaçant de dégringoler mon visage. J'ai serré la mâchoire.

— Tu es sûr que tout va bien ? ai-je soudain entendu ma mère qui avait changé de ton. Ta voix est différente, Léonard.

— Oui, c'est juste que... je ne suis pas très bien réveillé.

— Il est quand même onze heures à Londres !

— C'est les vacances, maman.

— D'accord, très bien.

Elle a soufflé pour une énième fois.

— J'embrasse ton père de ta part ?

— Oui. A bientôt.

Puis, d'un coup, j'ai raccroché. J'avais mal.

Tout ça parce que je ne contrôlais plus rien.

J'ai regardé Andrew, encore. Bien qu'il ne parlait pas français, il avait compris que quelque chose m'emmerdait profondément. Pour ne pas dire « m'attristait ». Le blond me fixait d'un air désolé. Je pleurais discrètement, tentant de sécher mes larmes incontrôlables qui m'humidifiaient la peau.

Puis il s'est levé et, hésitant, s'est collé à moi. J'ai senti qu'il était plus grand puisque ma tête était maintenant posée sur le haut de sa poitrine ; elle n'atteignait pas l'épaule. J'ai senti son souffle calme contre ma nuque et ses doigts fins parcourant mes cheveux avant de m'effondrer pour de bon. Mes émotions, ce matin-là, étaient telles des milliers de montagnes russes.

Il s'est ensuite écarté un peu pour plonger ses yeux brillants dans les miens.

— C'est étrange de t'entendre parler français. Je trouve ça beau, en même temps.

J'ai haussé les épaules en souriant à peine.

— Comment ça se fait que tu es bilingue ? C'est impressionnant !

Je voyais qu'il voulait essayer de me faire oublier l'appel. Me faire sourire. Mais même pour un garçon, ce n'est pas chose aisée d'oublier.

— Je... je ne sais pas tellement, ai-je bredouillé, faible. Disons que j'ai toujours aimé ça alors... Et puis je lis beaucoup d'œuvres originales anglophones, aussi.

— Quand tu y réfléchis, tu réalises que c'est toi qui nous a réunis, Léonard.

Il m'a pris par l'épaule et l'a massée doucement en souriant. Il paraissait si calme...

— Comment ça ? Non, pas du tout... Il faut être au moins deux pour créer la rencontre.

— Je veux dire que... si tu ne t'étais jamais réellement intéressée à tout ça... on n'en serait pas là. Je n'aurais pas été le même sans toi alors merci. Merci pour tout.

Là alors, il a porté sa main délicate à mon visage et, de son pouce, balayé une larme. Je ne pouvais pas contrôler ça. Je pense d'ailleurs que personne n'en est capable. Les émotions forment un art incontrôlable par l'être humain lui-même car celui-ci est faible. Quelque soit son apparence. Le cœur et l'esprit sont frêles. Même ceux des hommes.

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