III : Le bruit des vagues

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

Période couverte par le chapitre : 19 janvier au 26 mars 2006

Au cours du mois de janvier, Faucett mit Harry et Owen en renfort sur une affaire traitée par Alicia Spinnet et son coéquipier Yann Plumpton. Cela impliquait des heures de planque pour tenter de mettre la main sur un trafiquant de produits frelatés qui avaient déjà causé la mort de deux personnes. Plusieurs endroits étaient susceptibles d'abriter l'individu qu'ils avaient pour ordre d'arrêter.

Harry et son coéquipier durent surveiller un manoir dont le propriétaire était soupçonné d'être de mèche avec le suspect. Cela faisait plusieurs nuits froides qu'ils passaient dans un fossé quand la chance leur sourit enfin : l'homme en question sortit de la maison et traversa le jardin en leur direction.

Réfrénant leur impatience, les Aurors attendirent qu'il soit à portée de sort et lui lancèrent un Stupéfix. Malheureusement pour eux, leur proie avait d'excellents réflexes qui le firent bondir en arrière au bruit du sifflement caractéristique, et leurs sortilèges le manquèrent. Les deux Aurors réajustèrent leurs tirs, mais, avant qu'ils ne puissent renouveler leur attaque, l'homme avait réussi à se concentrer suffisamment pour transplaner.

— Eh merde ! jura Harry. Ce n'est pas possible qu'il nous échappe aussi facilement !

— Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? questionna Owen d'un ton plus mesuré, mais sa main, crispée sur sa baguette, trahissait son énervement.

— Tu te rends compte que des Moldus ont les moyens de suivre les gens à la trace et que nous on en est incapables ? explosa Harry.

— Ils savent utiliser un sort de Trace ? s'étonna Owen.

— Ce n'est pas un sort. C'est un petit objet qui émet des ondes. Comme celles de notre radio, sauf que ce n'est pas magique. À l'aide d'un autre objet, ils peuvent savoir dans quelle direction se trouve l'émetteur. Le résultat est plutôt celui d'un sort de Localisation.

Le sort de Localisation classique ne marchait que dans un rayon de cinquante mètres environ, ce qui le rendait inutilisable pour les transplanages qui pouvaient amener les sorciers à des centaines de kilomètres de leur point de départ. Mais l'évocation de la Trace fit réfléchir Harry. Ce sortilège était excessivement puissant puisqu'il permettait au ministère de la Magie de couvrir le pays tout entier. Son utilisation était très réglementée car il était basé sur la magie de la personne tracée et, de ce fait, était considéré comme attentatoire aux libertés fondamentales. Pour cette raison, il n'était toléré qu'à l'encontre des mineurs. Seule une règle comme la loi du Secret parvenait à justifier une mesure aussi drastique.

Harry n'envisageait pas d'étendre l'usage de la Trace. Il y avait été lui-même soumis et se souvenait de l'entrave que cela avait constitué pour lui à l'époque. Même encadré par le ministère, cette pratique lui paraissait dangereuse. Qui sait qui se trouverait à la tête des sorciers britanniques dans dix ans ?

Cependant, s'inspirer des Moldus et passer par l'utilisation d'un support enchanté restreignait le risque d'abus. Était-il possible d'unir deux objets de façon à ce qu'ils restent liés malgré la distance ?

— Ce serait bien de pouvoir coller quelque chose sur un suspect et réussir ensuite à le localiser où qu'il soit ! exposa-t-il à Owen

— Si cela pouvait nous permettre de transplaner près de lui, ce serait encore mieux, remarqua Owen.

— Une sorte de portoloin ? s'échauffa Harry. Qui nous amènerait à, disons, dix mètres de notre mouchard...

Les deux Aurors se regardèrent, les yeux brillants, séduits par les perspectives que l'idée recélait.

— Enfin, ce n'est pas encore inventé, soupira Owen.

— Maintenant qu'on sait ce qu'on veut, le premier pas est fait, affirma Harry qui refusait de renoncer si facilement.

— Mais qui pourrait mener à bien ce genre de recherches ? tenta de rationaliser Owen toujours pragmatique. Et avec quel argent ?

— Eh bien, le département des Mystères. Pour le budget, je suppose que c'est du ressort de Faucett. On lui en parlera demain.

— Eh, c'est ton idée, Harry, pas la mienne !

— C'est toi qui as pensé à l'effet portoloin. Désolé, camarade, mais tu es co-inventeur.

*

Le lendemain après-midi, quand ils reprirent leur service après être allés dormir quelques heures, Harry entraîna son partenaire vers le bureau de Faucett. Il frappa à la porte de leur supérieur.

— On a eu une idée ! s'exclama Harry à peine entré dans la pièce.

— J'aurais préféré une arrestation, le doucha Faucett qui avait dû lire le rapport qu'ils avaient rendu au petit matin avant d'aller se coucher.

— Euh, bafouilla Harry qui en avait oublié son échec.

— On a réfléchi à un moyen de retrouver ceux qui nous transplanent sous le nez ! intervint opportunément Owen.

— Vraiment ?

Les deux jeunes Aurors lui exposèrent l'objet de leur discussion de la nuit. Faucett resta un moment songeur puis soupira :

— Même si votre idée est bonne, il y a loin de la conception à la réalisation. Sans compter que les Mystères sont rarement coopératifs quand on leur fait ce genre de demande.

— Ils nous ont fait les badges, rappela Harry.

— Il n'y avait pas grand-chose à expérimenter. Sans vouloir dénigrer votre amie Hermione, c'était assez simple pour peu qu'on soit calé en sortilèges. Cela ne leur a pas pris beaucoup de temps. Pour votre histoire de portoloins liés, c'est une autre paire de baguettes. On pourrait saisir le comité des Sortilèges expérimentaux, à la rigueur... Mais ils ne sont pas connus pour livrer ce qu'on leur demande. Ce sont eux qui ont inventé les notes de service, mais ils faisaient à cette époque des recherches sur la conservation des parchemins.

Harry sortit de l'entretien un peu refroidi par les réserves de son chef, mais il ne laissa pas tomber pour autant et en parla à Hermione le dimanche suivant au Terrier.

— C'est très intéressant, reconnut-elle tout en berçant la petite Rose, mais Faucett a raison. Le comité des Sortilèges expérimentaux n'est absolument pas fiable et le département des Mystères n'a pas pour vocation première de travailler sur de telles applications. J'ai d'ailleurs toujours pensé qu'il était dommage que nos mages les mieux formés se limitent à la recherche fondamentale. Non que ce soit inutile, mais...

— Si j'ai bien compris, la coupa Harry, les sorciers qui auraient les compétences requises pour développer mon concept appartiennent au département des Mystères dont je n'ai rien à attendre, c'est ça ?

— Je n'ai pas dit ça. Il y a d'autres chercheurs en magie, mais ils travaillent dans leur coin et n'ont pas les moyens nécessaires pour entreprendre des travaux d'une telle envergure.

Harry résuma amèrement :

— En somme, on a les cerveaux, mais ils n'ont pas la possibilité de montrer ce qu'ils savent faire, sauf au ministère où les élus se sentent offensés à l'idée de créer quoi que ce soit de vraiment utile.

Hermione ouvrit la bouche, sans doute pour défendre l'honneur de la recherche fondamentale, mais Ron intervint :

— Les cerveaux trouvent preneurs chez nous, affirma-t-il, ainsi que dans les autres guildes. Quand ils ont un concept intéressant et des idées pour les mettre en œuvre, ils vont voir les patrons les plus fortunés et leur demandent de les financer. En échange, les maîtres-artisans obtiennent tout ou partie de la distribution une fois le produit en état d'être commercialisé.

— Mais ce que vient d'expliquer Hermione, c'est que ces financements privés sont limités, regretta Harry. En outre, ce que j'ai en tête n'a pas vocation à être commercialisé.

Ron le fixa alors, les yeux vagues. Hermione ouvrit de nouveau la bouche, mais la referma de son propre chef pour laisser son mari s'exprimer.

— Il est peut-être temps de passer à la vitesse supérieure, estima lentement le maître de guilde. Si tous les artisans participaient, on pourrait créer un labo digne de ce nom et faire évoluer le marché en profondeur. Cela permettrait surtout aux plus modestes de matérialiser leurs trouvailles, sans être obligés de vendre l'idée à leurs concurrents plus fortunés. Bien sûr, il faudra contrôler ce qui est développé, pour qu'on ne fasse pas n'importe quoi et s'assurer que des produits dangereux ne soient pas mis sur le marché sous notre égide.

— C'est une excellente idée, le félicita chaleureusement Hermione.

— Heureux d'avoir pu te rendre service, dit un peu ironiquement Harry qui n'y voyait pas la solution de son problème.

— Ron, je pense que ton pôle de chercheurs pourrait prendre des commandes en dehors de l'artisanat pur, conseilla Hermione. Si vous vendez des techniques utiles au ministère, cela ferait entrer des gallions dans la caisse et ce serait ça de moins à supporter par la guilde.

— Eh ! attends un peu, protesta Harry. Je veux être certain de ne pas retrouver mon mouchard dans les magasins. Cela ne doit pouvoir servir qu'en cas d'enquête !

— J'ai bien compris, Harry, le tranquillisa Hermione. Il est évident que si le ministère fait une commande privée le résultat lui sera réservé. Tout comme les chercheurs n'auront pas le droit de trahir les secrets de fabrications d'un produit commandé et financé par un groupe d'artisans.

— Oui, hésita Harry, mais...

— Par contre, si une technique a d'autres applications positives, tout le monde serait gagnant ! Imagine que ton idée permette d'améliorer les transports. Tu ne voudrais pas qu'on la laisse dormir dans un tiroir, non ?

Ron et Harry échangèrent un regard. Certaines choses ne changeaient pas. Hermione... serait toujours Hermione. La communauté sorcière n'avait qu'à bien se tenir.

*

Au milieu de la semaine suivante, Ron et George rendirent une petite visite au Square Grimmaurd alors que Ginny et Harry terminaient de dîner.

— J'ai présenté notre idée au conseil de la guilde, ce soir ! annonça Ron.

— Alors ? s'enquit Ginny qui avait été mise dans la confidence par Harry.

— Ils ont jugé que c'était une excellente proposition ! Ils se sont demandé pourquoi personne n'y avait pensé avant.

— Je peux vous dire que si certains attendaient Ron au tournant, ils sont depuis devenus ses plus fidèles partisans, commenta fièrement George. Ils craignaient qu'il ne soit trop novice, mais, maintenant, ils lui mangent dans la main tellement ils le trouvent génial, notre Ronnie.

— Arrête George, tu exagères. Et puis je t'ai déjà dit que ce n'était pas mon idée à moi tout seul.

— Ah bon ? s'étonna Harry. Moi, j'ai juste parlé de mes problèmes de filature et Hermione a expliqué pourquoi les Mystères ne feraient rien pour moi.

— Ronnie ! Ronnie ! scanda George.

— Mais t'en fais pas, le rassura Harry, Hermione te donnera sans doute plein d'idées d'amélioration. Des trucs auxquels on ne pourrait pas penser tous seuls.

*

Moins d'une semaine plus tard, le Bulletin d'information de la guilde de l'Artisanat magique fit état du projet dans ses pages, et Harry raconta à Owen comment l'idée était venue.

— Le problème, conclut-il, c'est qu'on ne peut pas compter sur eux avant plusieurs mois. Pour notre affaire en cours, il va falloir y arriver avec les bonnes vieilles méthodes. On n'a pas fini de passer nos soirées à la fraîche, au lieu d'être tranquillement avec notre famille, soupira-t-il.

— L'enquête avance, l'encouragea Owen. Je suis certain qu'on va bientôt la boucler. Mais pour en revenir à ce pôle de chercheurs, on pourrait dès maintenant réfléchir à ce qu'on pourrait leur commander pour nous faciliter le travail.

— Ce ne sera pas gratuit, rappela Harry. Mettre au point des prototypes demande du temps, du matériel et de l'argent.

— Ça, c'est le problème de notre commandant, jugea Owen. À lui de justifier la demande de budget. Mais c'est nous qui sommes sur le terrain et qui savons ce qui nous manque le plus.

— Si tu veux participer, il va falloir que tu t'intéresses aux techniques moldues, le taquina Harry. C'est notre meilleure source d'inspiration.

— Tu en es certain ? demanda Owen. Ce sont des artisans sorciers à qui on va passer commande. Je ne vois pas ce que viennent faire les Moldus là-dedans.

— Ils ont de l'avance sur nous, argumenta Harry.

— Mais nous n'avons pas à aller voir chez les Moldus pour savoir quels sont nos besoins, soutint Owen. La façon d'y pourvoir sera magique. Si tu veux mon avis, tu ferais mieux de te concentrer là-dessus au lieu de vouloir copier des techniques que nous ne maîtrisons pas.

Harry allait répliquer quand une nuée de papiers s'éleva dans les airs pour se regrouper dans un coin du QG. Il y eut des exclamations de surprise puis, une fois que tout le monde eut compris ce qui s'était passé, l'assemblée se divisa en jurons agacés et – pour les plus indulgents – en applaudissements ironiques.

Augustin Dolohov, la baguette à la main et rouge de confusion, contemplait avec consternation la montagne de rouleaux de parchemin et feuilles volantes échappés de leurs dossiers qui s'entassait désormais à ses pieds. Cela arrivait régulièrement avec les aspirants : leur mentor leur demandait de retrouver une des pièces du dossier sur lequel ils travaillaient et, pour gagner du temps, ils lançaient un sort d'Attraction. Malheureusement, Accio rapport ou Accio procès-verbal attirait tous les documents répondant à cette définition se trouvant dans la pièce, y compris ceux venant des bureaux voisins.

Le jeune Auror responsable de cette pagaille passait généralement le reste de sa journée et une bonne partie de sa soirée à faire le tour des tables pour redistribuer les parchemins qu'il avait involontairement attirés à lui.

Harry tenta d'évaluer les dégâts en ce qui le concernait. Heureusement, Owen et lui avaient archivé tous leurs dossiers terminés deux jours plus tôt et seuls trois d'entre eux étaient restés à portée du sort malencontreux.

— On n'aura qu'une dizaine de feuillets à récupérer, jugea-t-il. Autant le faire tout de suite.

Il alla vers Augustin qui paraissait se demander par où commencer.

— Classe-les par format et couleur d'encre, conseilla-t-il. On a tous nos petites habitudes et tu verras que les papiers qui se ressemblent ont été écrits par la même personne et que les dossiers dont ils proviennent sont sur le même bureau.

Le jeune Auror lui lança un regard où la gratitude le disputait à l'embarras.

— Tu n'es pas le premier à qui ça arrive, tu sais, continua Harry.

— Commence par le sort de Classement que je t'ai montré l'autre jour, suggéra Janice qui était près de son aspirant. Quand tout sera en piles, ce sera plus facile à trier.

Augustin s'exécuta, et Harry repéra aisément ce qui lui appartenait dans les piles branlantes. Quelques-uns de ses collègues l'imitèrent, mais la plupart préférèrent laisser le responsable de l'incident le réparer tout seul. Rien de tel d'en baver un peu pour que le métier rentre entendait-on souvent les premières semaines de formation des aspirants.

Harry avait gardé un œil sur Augustin au cours des trois mois écoulés et avait vu avec satisfaction – mais sans étonnement – que Janice était très patiente avec lui et fronçait les sourcils de manière éloquente quand des collègues maladroits ou mal intentionnés évoquaient ouvertement les liens de famille entre le jeune homme et le terrible Mangemort qui portait son nom.

Il s'était demandé si témoigner ostensiblement son soutien à Augustin rendrait service à l'intéressé mais il avait finalement opté pour la discrétion. Les sept années qu'il avait passées au sein de la maison Gryffondor – célèbre pour son courage mais pas pour sa tolérance – l'avaient sans doute aguerri, et Harry ne voulait pas l'empêcher de faire ses preuves et gagner par lui-même le respect de ses collègues.

Il se contentait donc de lui sourire aimablement quand ils se croisaient et de l'inclure dans la conversation lorsqu'ils se retrouvaient au milieu des autres autour de la cafetière. Il n'avait jamais été témoin de prise à partie agressive, mais il ne se faisait pas d'illusion à ce sujet. Ce genre d'attaques indirectes étaient le plus souvent sournoises et ne s'exposaient pas au grand jour. Il espérait cependant que Janice avait su s'attirer la confiance de son aspirant, et qu'il se tournerait vers elle en cas de problème sérieux.

Après un dernier sourire d'encouragement, Harry revint vers son bureau pour reclasser les rapports qu'il avait récupérés dans leur dossier d'origine.

*

Au cours du mois suivant, un évènement attrista le Square Grimmaurd. Ce fut Trotty qui vint frapper à leur porte, ce matin-là :

— Pardon, Monsieur, dit-il d'une voix respectueuse. Monsieur pourrait-il venir voir Kreattur ? Nous n'arrivons pas à le réveiller.

Harry se leva d'un bond, sentant que, si l'elfe le dérangeait, c'est que la situation était grave. Sans prendre le temps d'enfiler sa robe de chambre, il s'élança dans les escaliers et se précipita vers le placard qu'ils avaient aménagé pour leur vieux serviteur.

Dès qu'il eût posé sa main sur le bras de la créature, il sut qu'il n'y avait plus rien à faire. Cela faisait déjà plusieurs heures que son cœur avait cessé de battre. Il se tourna vers Miffy qui était près du lit et Trotty qui l'avait suivi et secoua négativement la tête. Ginny déboula à son tour dans l'espace étroit.

— Il est malade ? demanda-t-elle d'une voix angoissée.

— C'est fini, répondit Harry avec tristesse. Je pense que c'est arrivé pendant son sommeil.

Ginny s'avança et contempla le petit corps rigide, les larmes aux yeux. Étouffant un sanglot, elle se pencha pour déposer un léger baiser sur le front de l'elfe – privauté qu'il n'aurait pas acceptée de son vivant – avant de reculer et sortir de la pièce. Harry prit la main froide du défunt dans la sienne un moment puis rejoignit son épouse dans la cuisine. Il vit que Miffy et Trotty le suivaient.

— Ça ira ? leur demanda-t-il doucement.

Kreattur n'avait pas ménagé ses deux apprentis, mais ceux-ci avaient malgré cela beaucoup d'affection pour lui. Ils hochèrent la tête puis Miffy déclara :

— Je vais m'occuper de lui.

— Prend un torchon neuf, suggéra Ginny d'une voix étranglée.

— Oui, Madame Ginny, répondit Miffy d'un ton plus aigu que la normale.

Miffy repartit vers le placard tandis que son frère se mettait aux casseroles pour préparer le petit déjeuner. Ni Harry ni Ginny n'osèrent dire qu'ils n'avaient pas faim. Trotty ne devait pas rester inoccupé.

— Va travailler, dit Ginny à Harry. Je me charge de prévenir la famille.

— Peux-tu demander à Bill si on peut l'enterrer ce soir à côté de Dobby ? la pria Harry.

— Oui, je vais l'appeler.

Dans la journée, Ginny lui fit parvenir un mot pour lui donner rendez-vous à dix-huit heures à la Chaumière aux Coquillages. Quand il arriva, presque toute la famille était présente, ce qui mit du baume au cœur de Harry. La plupart étaient venus par solidarité envers Ginny et Harry, mais Molly qui passait parfois au Square Grimmaurd pour parler avec le cuisinier bougon avait les yeux rouges. Teddy, qui dormait régulièrement chez son parrain et avait donc l'habitude de voir l'elfe, tenait très fort la main de sa grand-mère, qui avait amené un bouquet de fleurs.

La tombe était déjà creusée, sans doute par magie, mais cela ne dérangea pas Harry. Ce qu'il avait fait pour Dobby était particulier, adapté à la situation tragique de son décès. Le vieux Kreattur s'était paisiblement éteint après une vie bien remplie et une vieillesse relativement favorisée.

Quelques minutes après son arrivée, Miffy et Trotty transplanèrent avec la dépouille de leur mentor. Avec douceur, ils le déposèrent au creux de la terre fraîchement remuée et reculèrent pour laisser les humains conduire la cérémonie. Harry s'avança pour le contempler. Le défunt avait été habillé avec un des torchons qu'ils avaient reçus pour leur mariage, sur lequel le nom de Kreattur avait été brodé pour l'occasion. Par dessus, le médaillon de Regulus reflétait les derniers rayons du soleil.

Harry avait réfléchi dans la journée à ce qu'il dirait :

— Kreattur s'est toute sa vie montré loyal envers ses maîtres et fidèle à ses valeurs. Sous des dehors bougons, il avait un grand cœur et a su aimer sincèrement ceux qu'il servait. Quand j'ai hérité de lui, il aurait été difficile de déterminer lequel d'entre nous en était le plus mécontent. Mais, comme moi, il a su évoluer, comprendre les intentions au-delà des actes et surtout pardonner. Il a fait la moitié du chemin qui l'a mené à faire partie de mes proches, et je suis heureux, maintenant, de l'avoir rencontré et qu'il ait partagé neuf ans de ma vie.

Il prit une poignée de terre qu'il jeta dans la fosse. Puis ce fut le tour à Ginny qui déposa une mèche de ses cheveux en essuyant ses larmes. Teddy ensuite s'avança et laissa tomber un sac de bonbons.

— Il m'en donnait quand je venais le voir dans la cuisine, révéla-t-il.

Molly avait pour sa part préparé un mille-feuille à la salsepareille qui était la spécialité de Kreattur, dont elle mit une part dans la tombe. Quand tous ceux qui désiraient porter un dernier hommage au défunt eurent terminé, Harry et Ginny utilisèrent leur baguette pour combler l'excavation.

Quand ce fut fini, Fleur, le petit Louis âgé de trois mois dans les bras, invita toute l'assemblée à dîner. Miffy et Trotty se trouvèrent entraînés par les autres et, sans façon, leur hôtesse les installa à table. Les sorciers se souvinrent des moments passés avec Kreattur, ce qui les ramena à l'époque de leur rencontre. Ils évoquèrent leur premier séjour au Square Grimmaurd : l'épouvantard, la chasse aux doxies, les oreilles à rallonge des jumeaux, la garde-robe étrangleuse...

Alors que tout le monde terminait de manger, Harry se leva de table et sortit dans le jardin. Il respira l'air de la nuit et s'avança vers le bord de la falaise. Là, plongé dans ses pensées, il écouta longuement le bruit des vagues s'écraser plus bas contre les rochers.

*

Une semaine plus tard, Ginny annonça à Harry, alors qu'ils se préparaient à se coucher :

— J'ai pensé qu'on pourrait aménager une chambre pour Miffy et Trotty dans les combles.

— Une chambre ? Tu crois qu'ils vont accepter d'emménager dans une chambre ? douta Harry.

— Je te rappelle qu'on ne leur a jamais demandé.

Effectivement, c'est Kreattur qui avait supervisé leur arrivée au Square Grimmaurd et il n'avait pas été question de les loger autrement que dans un cagibi au quatrième étage de la maison – celui où s'étaient trouvées les robes qui avaient failli étrangler Ron, l'été de leurs quinze ans.

— Le grenier doit être très encombré, opposa Harry.

— C'est une bonne occasion de le nettoyer, répliqua Ginny.

— Es-tu en état de le faire ? s'inquiéta Harry.

— Je vais juste superviser le travail des elfes. Cela leur changera les idées. Je les trouve abattus, depuis que Kreattur nous a quittés.

Quand il rentra le lendemain soir, elle était dans la salle de bains en train de baigner James. Elle le rejoignit un peu plus tard avec leur fils dans les bras. Elle posa par terre les jouets préférés du moment – des petits animaux de bois enchantés pour meugler, caqueter, miauler ou aboyer – et Harry s'installa avec l'enfant pour s'amuser avec lui.

— Ça avance, le grenier ? demanda-t-il en faisant s'envoler une poule.

— Oui, oui, répondit Ginny qui s'était assise sur le canapé.

Le ton employé l'alerta :

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Oh, rien de grave. J'ai juste retrouvé l'épouvantard qui avait effrayé maman, il y a dix ans. Je n'aurais pas dû ouvrir cette malle !

— Ça a dû être dur, compatit Harry. Tu as réussi à t'en débarrasser ?

— Oui, oui, je n'étais pas mauvaise en défense contre les forces du Mal, tu sais.

— C'est toujours douloureux d'être confrontés à ses peurs les plus profondes. Surtout dans ton état, ajouta-t-il en posant sa main sur l'abdomen rebondi de son épouse.

— Je m'en suis sortie, c'est l'essentiel

Harry ne lui en demanda pas davantage, ne préférant pas savoir – ou n'imaginant que trop bien – quels étaient les pires cauchemars d'une femme enceinte.

— Je vais faire un tour au grenier pour vérifier qu'il n'y a pas d'autres créatures ou sortilèges dangereux, décida Harry. Hors de question que tu remontes là-haut tant que je ne suis pas certain que tu ne risques rien.

— Je ne suis pas en sucre ! protesta Ginny d'une voix assez forte pour que James lève les yeux vers elle.

— Tu es enceinte, rappela Harry.

— Et Angelina, quand elle attendait Freddy, elle n'était pas Auror ?

— Elle faisait de la paperasserie au bureau, indiqua Harry. Parce qu'elle ne voulait pas mettre son bébé en danger.

— D'accord, d'accord, abandonna Ginny. Va voir si tu veux.

Le grenier était très encombré et Harry se demanda comment Ginny allait dégager suffisamment de place pour y installer les elfes. Il passa l'heure suivante à lancer des sorts de repérage et à appliquer des sortilèges protecteurs, pour prévenir toute apparition de magie noire.

*

Durant les jours suivants, Ginny et Trotty trièrent les vieilleries et nettoyèrent l'endroit.

— Regarde ce que j'ai trouvé aujourd'hui, lui montra-t-elle deux jours plus tard en lui désignant un cheval à bascule. D'après Andromeda, Sirius l'adorait !

— Elle y a joué avec quand elle était petite ? interrogea Harry.

— Oui et ses sœurs aussi. J'avoue que ça m'a fait hésiter, mais je vais le garder quand même.

Harry grimaça en pensant que Bellatrix avait touché l'objet. Mais il dut convenir qu'avec un bon sort de Récurage et une nouvelle couche de peinture, cela ferait un jouet superbe.

Ginny jetait également beaucoup :

— Quand c'est hors d'usage et que cela ne nous rappelle rien, ce n'est plus la peine de garder les vieilleries, décréta-t-elle. Par contre, je vais mettre de côté les robes anciennes qui sont encore mettables. Cela fera des déguisements pour les enfants lorsqu'ils seront plus grands.

— Il faudra demander à Andromeda si elle veut garder des choses, proposa Harry. Elle a des aïeux qui ont grandi dans cette maison.

— Je l'ai appelée trois fois aujourd'hui, le rassura Ginny.

Au début de la semaine suivante, sa femme l'accueillit avec un sourire satisfait :

— J'ai une surprise pour toi, lui annonça-t-elle.

— Allons bon, fit Harry. Tu as été faire des courses ? la taquina-t-il.

Sans répondre, elle lui montra une malle qu'elle avait descendue au salon. Harry n'eut pas besoin d'approcher pour deviner quelles étaient les initiales en or terni qui se trouvaient sous la serrure.

— Tu crois qu'il l'a laissée là quand il s'est enfui chez mon père ? demanda Harry en se dirigeant vers l'objet.

— Je ne sais pas, répondit Ginny. Je ne l'ai pas ouverte, je t'en ai gardé la primeur.

Harry fit jouer impatiemment les fermoirs et souleva le couvercle. Une formidable explosion le projeta en arrière. À peine toucha-t-il le sol qu'il roula sur lui-même et se dressa sur ses genoux, la baguette à la main. Un Bouclier en jaillit mais le couvercle s'était rabattu et la malle était redevenue inoffensive.

— Harry, ça va ? s'inquiéta Ginny qui brandissait sa propre baguette.

— Je n'ai rien, répondit-il en s'inspectant.

Sa robe était noire, ainsi que ses mains et sans doute son visage. Soudain, il comprit et se mit à rire, doucement puis de plus en plus fort, jusqu'à en avoir des larmes.

— Tu... tu crois que c'est une blague ? risqua Ginny.

— Tu paries que sa mère a essayé aussi, quand il les a quittés ? demanda Harry en retour. T'imagines cette vieille harpie par terre et couverte de suie ?

À son tour, Ginny éclata de rire.

— C'est bête, finit-elle par juger. On ne saura jamais ce qu'il y a dedans !

— Il doit bien y avoir un moyen, la contredit Harry. Peut-être un mot de passe comme pour la carte des Maraudeurs.

Il se rapprocha de la malle et murmura :

— Je jure que mes intentions sont mauvaises.

Il crut avoir gagné quand le couvercle s'entrouvrit mais il ne récolta qu'une bouffée de suie supplémentaire – heureusement sans explosion – ce qui fit derechef pouffer son épouse.

— Je trouverai, promit-il.

Deux heures plus tard, noir des pieds à la tête, il s'avoua momentanément vaincu. Le lendemain, il tenta encore sa chance, essayant de se souvenir de toutes les anecdotes qu'il avait pu entendre sur la jeunesse de son parrain, mais ne reçut pour sa peine que des émanations poudreuses et – quand l'objet semblait se lasser de ses tentatives – des explosions renversantes.

— J'en ai parlé à maman qui en a touché un mot à George. Si tu amènes le coffre de Sirius au Terrier, dimanche prochain, il verra s'il peut t'aider, lui indiqua Ginny le vendredi soir.

— Au point où j'en suis..., accepta Harry.

Le samedi après-midi, après qu'il soit rentré de sa séance d'entraînement avec ses collègues, Ginny lui montra l'avancée des travaux. La moitié de la surface des combles avait été dégagée et les artefacts restants étaient soigneusement rangés, nettoyés et étiquetés.

— Ce n'est plus un grenier, sourit Harry.

— Le bric-à-brac qui est chez mes parents me suffit, décréta Ginny. Je n'ai conservé que ce qui peut servir. Ce que j'aimerais faire, maintenant, c'est monter une cloison pour isoler la partie débarras et installer de l'autre côté une chambre avec salle de bains.

— On pourrait en profiter pour refaire toute la plomberie, proposa Harry. On a gardé l'ancienne quand on a emménagé ici.

— C'est une bonne idée. Je vais demander à Ron de nous conseiller un artisan-plombier pour faire le travail.

— Il faudra qu'il évite de nous envoyer quelqu'un de chez Flamel, précisa Harry. Je n'ai pas envie d'avoir des esprits frappeurs dans mes tuyauteries.

Peu de personnes savaient qu'il avait indirectement donné un coup de pouce à la police magique pour faire condamner pour fraude l'ancien maître de guilde, mais on n'était jamais trop prudent.

*

Après le repas dominical, Ron et George demandèrent à Harry de déposer la malle de Sirius dans le jardin et commencèrent à la bombarder de sorts.

— On ne peut peut-être pas deviner le mot de passe, mais les sortilèges farceurs peuvent être contournés, expliqua Ron. Laisse faire les pros et admire.

Une heure plus tard, les deux sorciers facétieux étaient noirs des pieds à la tête et avaient fait un certain nombre de vols planés à travers la pelouse, à la grande joie des enfants qui riaient aux éclats à chaque explosion. Par contre, la malle était toujours obstinément fermée.

— Il était fort, reconnut Ron vexé.

— Tu crois que ça résisterait à un pétard amélioré ? demanda George.

— Pas question de prendre le risque d'abîmer ce qu'il y a dedans, protesta Harry.

— Faut savoir ce que tu veux ! rétorqua Ron.

Pendant ce temps, Andromeda, qui avait admiré avec tout le reste de la famille les efforts et déconvenues des deux sorciers, s'avança vers le coffre et l'examina soigneusement.

— Attention ! la mit en garde Ginny. Ça réagit au quart de tour.

— Nymphadora Tonks, prononça tranquillement la cousine de Sirius.

Avec un petit plop, le couvercle s'ouvrit en grand.

— Il suffisait de me demander, fit remarquer Andromeda en allant se rasseoir sous les regards éberlués des autres membres de la famille.

La malice qu'il y avait au coin de son œil qui rappela à Harry les photographies qu'il avait de Sirius à dix-sept ans.

— Nymphadora Tonks ? répéta-t-il avec incrédulité. Vous le saviez depuis le début ?

— Non, pas du tout. Mais je viens de me souvenir que, lorsque j'ai revu Sirius quelque temps après sa fugue, il m'avait dit qu'il pardonnerait à ses parents tout le mal qu'ils lui avaient fait le jour où ils acceptaient de prononcer le nom de ma fille. Manifestement, ce jour n'est jamais arrivé.

Elle haussa les épaules, comme si cela lui était égal. Elle était visiblement plus sensible à l'hommage que lui avait fait Sirius qu'au mépris de Walburga et Orion. De sa baguette, Harry fit glisser la malle vers Andromeda.

— À vous l'honneur, l'invita-t-il.

Le contenu rappelait ce que Harry avait trouvé dans les affaires de sa mère : d'anciens livres de cours, des copies avec de très bonnes notes et de vieilles robes d'uniforme. Mais au fond, il y avait des lettres que Sirius avait reçues des personnes qu'il aimait le plus : son oncle Alphard, ses amis de Gryffondor et Andromeda elle-même.

Harry mit les premiers en tas de côté pour les découvrir plus tard mais rendit les siennes à Andromeda. Elle les prit avec émotion et promit :

— Je te les redonnerai quand je les aurai relues.

Harry allait replacer toutes les affaires dans le coffre, quand un éclat de lumière le fit se pencher et tâtonner pour trouver l'objet qui lui avait échappé. C'était un soldat de plomb, tout terni, dont les couleurs d'uniforme étaient tellement écaillées que nul n'aurait pu dire à quelle armée il avait appartenu.

— C'est Cairns Fotheringham, fit la voix d'Andromeda derrière lui.

— Cairns qui ?

— Fotheringham. C'était un grand stratège, si je me souviens bien. C'était le sorcier préféré de Regulus.

Il y eut un silence puis elle précisa :

— Je sais que Regulus a un jour offert cette figurine à Sirius, mais j'ignore dans quelles circonstances. Avant Poudlard, ils étaient très liés, tous les deux.

Harry regarda un moment le petit soldat, avant de délicatement le reposer au fond de la malle.

Si vous voulez savoir comment Sirius a hérité de Cairns Fotheringham, il vous faudra lire le chapitre 6 du recueil de nouvelles nommé Grimauld Place, d'Alohomora, également auteure de la plus célèbre fanfiction post-tome 4, Les Portes.

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Sur les date de naissance des enfant...

Ce que l'on sait : dans l'épilogue, on est en 2017 (1998 + 19 ans) et James entre en seconde année, Albus et Rose en première année, Hugo et Lily ont encore deux ans à attendre.

Compte tenu que les élèves doivent avoir 11 ans révolus pour leur rentrée en septembre, on sait donc que :
- James est né entre septembre 2004 et août 2005 (pour avoir 11 ans au 1er septembre 2016)
- Albus et Rose sont nés entre septembre 2005 et août 2006 (pour avoir 11 ans au 1er septembre 2017)
- Hugo et Lily sont nés entre septembre 2007 et août 2008 (pour avoir 11 ans au 1er septembre 2019)

- Pour des raisons de scénario, j'ai fait naître James à la fin de la période possible, en juillet 2005. [ce n'est que lorsque j'étais dans le tome 4 que l'information que James était né un an auparavant est arrivé par dans tweet de Rowling]

- De ce fait, Albus est coincé entre avril et août 2006. J'ai choisi juin 2006 ce qui amène la conception en septembre 2005, quand James a 2 mois et demi. (J'aurais pu attendre encore 6 semaines ou prévoir un accouchement prématuré, mais je ne l'ai pas fait)

- J'avais besoin d'une Hermione non enceinte au plus tôt possible dans les Réformateurs. J'ai donc amenée Rose à naitre dans la première moitié de la période, en janvier 2006. C'est pour ça qu'elle a 6 mois de plus que Albus, bien qu'ils soient de la même année à Poudlard.

- Par pitié pour Ginny, j'ai au contraire repoussé en fin de période la naissance de Lily qui est prévue pour mai 2008. Hugo nait au même moment, comme ça je n'ai fait qu'un seul passage pour l'annonce des deux grossesses (emballez, c'est pesé !).

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