SAGESSE 2 : CROIRE MILO SUR PAROLE

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SAGESSE 2 : CROIRE MILO SUR PAROLE

Dans une immense bande d'amis, on finit tous par former des petits groupes à l'intérieur, tous de plus en plus indépendants des uns des autres au fur et à mesure du temps. La nôtre a toujours été dans la « grande bande », celle qui invite toujours les mêmes membres en soirée. Celle qui s'est crée lors de la journée d'intégration en seconde.

Aujourd'hui, la personne la plus apte à réunir la « grande bande » reste Gabrielle, une amie de tous qui fait partie clairement de chaque petite bande. On l'adore notre Gab' chérie.

— Soirée raclette chez moi ce soir, ça vous dit ? interroge Gab' en nous croisant dans les escaliers du lycée.


Ovide explique qu'il doit voir quelqu'un. La brune se tourne alors vers moi, en insistant sur le fait que ça fait longtemps que toute la « grande bande » ne s'est pas réunie.

— Quand tu dis « grande bande », ça comprend qui exactement ? demandé-je innocemment.

Gabrielle soupire :

— Les filles de la S1, les gars en S1 et S2 et la bande de filles en ES. Comme en seconde quoi, rappelle-t-elle en ne citant aucun nom.

Nous nous arrêtons sur le palier et je tente de faire passer un message subliminal par le regard. Gab' qui me connaît bien grommelle :

— Bon Milo tu vas pas faire ton chieur juste parce que y aura Louise, Manon et Alma. Allez, préviens-moi par message si tu viens ou pas. Mais j'compte tout de même sur toi.

Crotte. J'oublie toujours que Gab' adore ces filles-là.

— Osef de Louise et Alma. C'est Manon le problème, expliqué-je à Ovide qui a l'air sincèrement de s'en foutre royalement.

— Hm.

— Cette nana c'est la peste, elle me hait comme jamais. Et c'est putain de réciproque.

— Hm.

— Hé mais c'est pas Aimée là ?

— Hein ?

Ovide sort finalement de sa rêverie et regarde, affolé, les personnes autour de lui. Il la cherche des yeux. Pas d'Aimée en vue. Je sais parfaitement qu'il se sent encore mal de lui avoir foutu un vent par message la semaine dernière.

— Pas cool Milo, remarque-t-il.

Je lui souris.

— Ça t'apprendra à ne pas écouter le roi.

Nous rejoignons Camille dans la cafétéria, occupé cette fois à papoter avec sa petite-amie. Tristan est quelques mètres plus loin, en train de finir ses exos de maths. J'ordonne Ovide d'aller le rejoindre avec moi, en ignorant volontairement le couple.

— T'as faux, remarqué-je en désignant du doigt une des équations de Tristou.

Tristan, comme d'habitude, grogne.

— Merci.

Il met un « - » là où il en faut et change les signes dans les parenthèses. Il parvient à finir son exo rapidement.

— Les gars, j'ai rompu avec Louise.

Ovide fait semblant d'être surpris pendant que j'adopte un air faussement outré.

— Sérieux ? Putain, c'est pas comme si c'était la treizième fois que tu nous annonces ça en trois ans !

Tristan lève les yeux au ciel.

— Non mais là c'est vraiment fini. Elle a pécho mon frère.

Là, c'est le coup de grâce.

— Il a pas quinze piges ?

— Si.

Le mal est fait. Je me retiens d'éclater de rire. Je devrais être désolé pour lui. Seulement, je ne ressens qu'un profond dégoût et une énorme satisfaction. J'avais raison. Tant mieux, Tristan mérite quelqu'un qui le prend au sérieux.

— Donc j'imagine que tu ne vas pas à la soirée raclette ce soir ?

Il acquiesce.

— Si tu veux, on espionne Ovide en train de se faire plaquer pour de vrai. Peut-être que tu te sentiras mieux après.

Ovide me frappe le dos.

— Hé je suis là hein !

Je passe un coup d'œil sur le couple en train de discuter de sujets divers et variés. Les yeux de Camille brillent. Ça me dépasse. J'ai peur qu'elle lui fasse du mal. Surtout que ceux d'Aimée brillent toujours un peu plus en voyant ceux d'Ovide.

— Camille tu sors avec nous ce soir ? lancé-je assez fort pour qu'il entende clairement ma question.

Aimée se retourne, nous sourit, pâlit un peu à la vue d'Ovide et répond à la place de son petit-ami.

— On va au ciné ce soir, vous voulez venir ?

Choc. Sa gentillesse est beaucoup trop suspicieuse. Camille réplique à ma place :

— Ah non ! Pas de beaufs à notre rendez-vous !

Elle rit. Et le son mélodieux qui sort de sa bouche illumine le regard de son petit-ami. J'ai envie de vomir. L'amour c'est vraiment trop niais parfois. « Haters gonna hate » dit-on, bah je suis un hater assumé les kheys.

Je surveille attentivement Ovide, concentré sur son portable à jouer à 2048. Il ne fait pas attention à ce que l'on dit, paumé et déprimé.

— On fait quoi ce soir ? demandé-je à Tristan une bonne fois pour toute.

Il soupire.

— Je crois que je vais juste dîner avec mes parents.

Et là, c'est le drame.

— Va à la soirée raclette gros, conseille Camille d'un air nonchalant.

Achevé, j'admets ma défaite. Il n'y a rien d'autre que cette soirée chez Gab' de prévu pour moi finalement. Et c'est toujours mieux de se réconforter dans de la raclette que de traîner dans les parages chez moi un samedi soir.

***


Je suis en mode fantôme ce soir. C'est-à-dire que je ne gratte l'amitié à personne et reste dans mon petit coin. Les filles éclatent de rire autour de la table et je demande à Lucien de me passer une pomme de terre. Mon ventre est plus épanoui que ma tête.

Malheureusement, Marion me remarque :

— Milo est bien silencieux ce soir.

Elle a raison. Sans les garçons autour, je fais beaucoup moins le malin. C'est sûrement parce que je n'ai jamais rien à raconter sur moi, tandis qu'avec eux, il y a toujours de quoi nourrir une conversation.

— Je bouffe quoi, répliqué-je en étalant mon fromage sur la pomme de terre.

Gabrielle me sourit, heureuse de me voir avec eux.

— Quoi de neuf Milo ? On n'entend plus parler de toi et Ovide depuis quelques temps, poursuit Marion d'une voix mielleuse.

La pimbêche fait toujours ça avec les personnes qu'elle fait semblant d'aimer : paraître gentille. Mais je reconnais toujours les personnes dans le « paraître ». Après tout, je suis souvent dans le « paraître » désinvolte avec eux moi aussi.

— On s'est mis en couple et on a fait pleins de bébés. On va même appeler nos jumeaux Alex et Eugène hihi.

Mon « hihi » fait rire certains. Marion mord une lèvre de frustration. Un blanc s'en suit, et je mâche la nourriture calmement, pour penser à autre chose.

Soudainement, un téléphone sonne à table et je reconnais ma sonnerie. Ovide va me sauver !

Seulement, c'est ma mère. J'hésite à répondre mais tous les regards sont rivés sur moi. Je décroche, mal à l'aise.

« Allô ? demandé-je en me grattant le front.

— Océane est avec toi ?

— Non 'man.

— Rentre tout de suite, ta sœur est nulle part.

— Elle est en train de faire le mur et profiter de sa vie. Je peux rien faire pour changer la situation. Elle a quatorze piges.

— Rentre tout de suite Milo. »

Et elle raccroche, tout en détruisant mes derniers espoirs pour passer une bonne soirée. Je me relève et annonce à tous mon départ imminent. Gab' me fait la bise, je salue la tablée et entreprends le trajet retour. Il n'est que vingt-deux heures et demi. Océane aurait dit partir de la maison largement plus tard.

Dans la rue, j'ai soudainement envie de prendre des nouvelles d'Ovide, sûrement en PLS depuis son entrevue avec son ex petite-amie. Il décroche au bout du troisième appel.

— Alors ?

Le brun est tout silencieux.

— On s'est définitivement quitté.

Blanc.

D'un seul coup, je me sens très mal. Le connaissant, il doit être au bout de sa vie.

— T'es où là ?

— Chez moi.

— Tout seul ?

— Ouais tout seul.

— Gros, t'as besoin que je te réconforte ?

Je devine son sourire triste à l'autre bout du fil.

— Lance-toi Milo.

— T'es le plus beau, le plus authentique et le plus énigmatique de nous quatre. T'as trouvé une chouette fille. Tu l'as aimée. Elle t'a offert du love. Tu lui en as rendu. Mais là, c'est fini. Et une autre nana t'attend Ovide.

Il rit nerveusement.

— L'autre nana m'attend que dalle Milo.

Si j'étais amoureux de l'amour, mon cœur se briserait en entendant son histoire.

— Sagesse n°2 de Milo : Avoir foi en ce qu'il dit. Une nana t'attend. C'est pas possible autrement. Même si c'est pas celle que t'attends.

J'arrive chez moi après vingt minutes de marche dans le froid. Ovide me raconte la scène. Lui et elle, dans ce café, en train de s'avouer des choses cachées. Elle qui trouve qu'il pense à une autre. Elle qui avoue qu'elle pense à un autre. Lui qui chiale en rentrant chez lui en réalisant que c'était les miettes de son premier amour. (Ovide ne pleure jamais.) Moi qui ai envie de chialer en imaginant mon pauvre ami se ratatiner dans son lit.

— Je l'ai appelée. Aimée.

Ma première sagesse a été enfreinte.

— Et ?

— Elle n'a pas répondu.

Doucement, j'ai rentré le code de chez moi, le cœur pesant.

— Ovide. Je vais t'appeler et on va faire une putain de partie d'Overwatch OK ? Pense pas aux nanas, c'est chiant les histoires d'amour quand on a dix-huit ans putain.

J'entends son rire léger. Ça me rassure un peu. Sentir qu'un ami va mal est pire que tout.

— On devrait sortir ensemble Milo et avoir des jumeaux nommés Alex et Eugène, souffle-t-il d'un ton moqueur.

Je riposte en entrant dans l'ascenseur :

— Hé ! Qui te l'a dit ?

Mon meilleur ami répond, d'un air sarcastique encourageant :

— Bah Gab' bien sûr, chéri.

Et malgré la détresse de ma mère, de retour à la maison, je réussis à remonter le moral d'Ovide. Et ça, c'est bien mieux qu'une soirée raclette avec une immense et fausse « grande bande » d'amis occupée la plupart du temps à s'adorer pour de faux.

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