Chapitre 2 - La peur domine

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Il était une fois, une fille qui se promenait dans un territoire inconnu. Elle était fille d'un Alpha avec un déploiement de joie sans fin. Elle aimait sourire et voir les autres éclater de rire. Un jour, elle trouva son âme-sœur, un homme aux yeux bleus. La jeune femme lui sourit et très vite, ils ne furent plus qu'un. Mais ce bonheur fut court, trop court.

– Quelques mois à peine après notre union, des chasseurs nous ont attaqués. Ils étaient trop nombreux, nous étions encerclés et dans une ville humaine. Malgré les rues désertes pendant cette nuit, j'avais espéré qu'il n'y ait pas d'humains. Mais une femme est apparue. Il a essayé de la protéger, et les chasseurs l'ont... tué. Et elle aussi mourut. Ensuite tout devint flou et ma louve prit possession de mon corps. La marque de mon âme-sœur sur ma nuque avait brûlé et disparu. Mon coeur aussi.

Des larmes tracèrent leurs chemins de chagrin jusque sur l'oreiller. Les doigts d'Auric essuyèrent mes joues avec douceur. Ma peine se reflétait dans ses yeux sombres.

– Que s'est-il passé ensuite ? souffla-t-il.

– Je n'ai plus souri. Je n'ai plus chanté. Je n'étais plus la fille joyeuse. J'ai souhaité partir de la meute. Mon père était enragé alors que ma mère restait calme comme à son habitude. Je pense qu'elle comprenait ce que je ressentais, mon père aussi le comprenait, mais il ne voulait pas perdre sa fille. Ce qu'il n'avait pas saisi était que rester près de ces souvenirs alimentait ma dépression. Il fallait que je parte. Que je m'enfuie. Mes parents ont tous deux perdu leurs âmes-sœurs avant de se rencontrer. Donc ils savaient ce que je traversais. Mais le deuil est vécu différemment pour chaque être vivant. Certains s'en remettent après plusieurs années et d'autres après deux semaines malgré le même niveau d'amour donné à cette personne décédée. Deux journées plus tard, j'étais dans un autre territoire à conter des histoires que mes parents, oncles et tantes m'avaient apprises. Je voulais partager mes connaissances, je suppose.

– Depuis combien de temps voyages-tu ? demanda-t-il après un silence.

– Cinq années. Cinq longues années où j'ai réappris à vivre petit à petit grâce à l'amour des autres. Les plus vieux Alphas m'ont approuvée comme une louve solitaire à protéger, une barde qui pouvait traverser les barrières des territoires sans danger.

Epuisée par les émotions, mes paupières se fermèrent. Je me blottis un peu plus contre sa chaleur bienveillante et laissai la main d'Auric me caresser le dos à travers la robe que je portais toujours. Son coeur battait avec un rythme régulier où mes battements se calèrent sur les siens. À l'unisson.

– Mon âme-sœur était dans une meute voisine. J'y suis allée, car l'Alpha femelle était un ami de mes parents. Mais j'étais arrivé trop tard. Les chasseurs avaient déjà tué mon âme-sœur. Je l'ai vu rendre son dernier souffle alors qu'elle avait un trou à la place du coeur. Je n'ai jamais pu la protéger. Ni l'aimer.

Sa rage et son impuissance me tailladèrent l'estomac. Celui-ci se contracta alors que mon imagination aperçut la scène qu'il me décrivit. Je forçai à me calmer pour éviter de vomir.

Dans les bras l'un de l'autre, nous restâmes silencieux. Ses caresses continuèrent alors que mon souffle ralentit. J'osai un regard vers son visage. Il était toujours réveillé et me fixa avec interrogation. Auric avait libéré ses émotions en ma présence. Et je souhaitais en faire de même en libérant mon désir pour lui. Juste pour une nuit.

– Dors maintenant.

Son ordre donné ne plaisait pas à ma louve. En tant que fille d'Alpha, j'avais appris à ne pas me laisser dominer. Et même si son ordre n'était pas fatal, je ne comptais pas lui obéir parce qu'il me l'avait dictée.

Bien réveillée, je le poussai sur le dos et mes jambes le chevauchèrent. Auric se laissa faire avec des pupilles rétrécis par le désir. Cette fois-ci, je le sentis dans l'air. Une odeur délicieuse qui me fit sourire. Mon corps se pencha en avant et ma bouche butina la sienne. L'homme grogna en plaçant ses mains sur mes hanches. Le tissu gênait. Je me relevai et enlevai ma robe qui l'empêchait de voir mon corps. Je sentis son désir m'envelopper, mais j'avais autre chose en tête. Je me penchai de nouveau et l'embrassai avec fougue. Son plaisir se décupla et je dus lutter pour ne pas céder.

Mes lèvres quittèrent les siennes. Mes jambes quittèrent son torse. Mon corps se lova contre lui.

– Dormons, lançai-je, allongée sous les couvertures.

L'incrédulité sur son visage alors que le désir s'estompait était amusante. Je fermai les yeux alors qu'un rugissement vibra dans l'air. J'espérai avec qu'il n'était pas un danger pour moi. Ma louve me soufflait de lui faire confiance.

Crispée, je le laissai me prendre dans ses bras.

– Karen, grogna-t-il contre mes cheveux roux.

Ma tête restait enfouie contre son torse. Je ne désirais pas voir sa colère. Je savais que je jouais avec le feu, mais je ne pouvais pas supporter ses ordres. Dans un coin de mon esprit, je souhaitais qu'il ne ferait plus cet affront devant moi, mais changer un Alpha était impensable. Il continuerait de me donner des ordres et je continuerais de le défier. Comme ma mère le faisait souvent avec mon père. Mais mon père était fou amoureux de son âme-sœur... contrairement à moi et Auric actuellement.

– Je déteste qu'on me donne des ordres, Alpha.

– Je l'avais compris.

Mes muscles se détendirent quand j'entendis les notes d'amusement dans sa voix. Il était frustré, mais pas en colère contre moi. Je me laissai aller avec son odeur masculine et son regard sombre comme guide à travers mes songes.

Finalement, le cycle se répétait. Mes deux parents avaient perdu leurs âme-sœurs et s'étaient retrouvés. Moi et Auric suivions ce même chemin. Mais ce bonheur se finira-t-il demain quand j'ouvrirai les yeux ?

La lumière filtra à travers les rideaux rouges. Je plissai des yeux et me retournai pour ne trouver que du vide. Auric était parti. Je pouvais cependant encore sentir son odeur sur les draps et dans la chambre. Ce devait bien être la première fois depuis quelques années que je dormais près d'un homme séduisant au lieu de coucher avec lui.

Un frisson me parcourut. La fraicheur de la matinée liée à l'absence d'Auric se faisait ressentir. J'occupai la salle de bain en prenant mon temps puis volai une pomme posée dans une corbeille de fruits avant de sortir. Le vent fit valser mes cheveux en arrière. J'adorais les laisser libres. Après avoir fini de manger, j'enterrai le trognon et me dirigeai vers l'habitation principale faite dans un bois spécial, ininflammable d'après les dires des habitants.

– Barde, m'appela une femme droite et fière. Nous devons discuter.

– Où est Auric ? Que se passe-t-il ? demandai-je en fronçant des sourcils.

Je vis sa lèvre tiquer après avoir prononcé le prénom de son Alpha. Elle resta cependant calme après avoir fermé les yeux.

– Alpha Auric discute avec son père. La meute de Stain a été attaquée la nuit dernière par des chasseurs. Nous sommes arrivés trop tard sur les lieux. Les maisons ont été détruites et certains loups-garous ont été enlevés.

– ça recommence... Il s'était passé les mêmes événements il y a vingt-huit ans, murmurai-je avec horreur.

La jeune femme marchait vite en direction d'un bâtiment et m'invita à y rentrer. Elle semblait agacée par ma présence, mais ne montrait pas sa gêne. Elle me demanda de m'assoir jusqu'à ce qu'Alpha Auric arrive. J'exécutai sans contrainte.

Je soupirai en repensant à cette meute attaquée. Elle n'était qu'à quelques jours d'ici. J'y avais séjourné pour deux semaines. Un bon Alpha était mort ou enlevé. Je fermai les yeux quand le visage de Cynder me vint en mémoire puis portai une main à la chaîne autour de mon cou. Malgré le grand emballage, sa sœur m'avait offert un beau bijou, simple et discret comme je les appréciais.

Ma louve lâcha un soupir de tristesse en même temps que moi. Ils devaient être morts ou en train d'être torturés par des chasseurs.

La porte s'ouvrit sur Auric qui s'approcha directement de moi. Je me levai et fus surprise quand il me prit dans ses bras. Sans prendre conscience des hoquets de stupeur des personnes autour de nous, son visage descendit dans mon cou pour me humer. Je gardai mon front sur son torse en espérant qu'il calme ses tourments.

– Personne ne sort ni ne rentre de ce territoire.

Son ordre me glaça sur place. Je me dégageai de ses bras et le toisai du regard.

– Je dois partir Auric.

– Plus maintenant, tu dois rester ici. Les chasseurs rôdent près d...

– Les chasseurs ont toujours existé et j'en ai même rencontré lors de mes voyages. Ce danger est omniprésent, mais je suis prête à prendre le risque.

Il grogna contre mon obstination puis fit les cent pas. Je le regardai aller et venir dans la pièce qui ressemblait à un salon. La jeune femme ainsi que les guerriers et autres membres de la meute continuaient de me fixer avec étonnement.

– La Barde est sous ma protection. Mettre dehors la Barde qui doit être protégée comme l'ont décrété les Alphas de plusieurs territoires serait un manquement à mon intégrité. N'est-ce pas ?

Sa question était posée vers les membres de sa meute. La bouche ouverte, j'observai la scène avec incrédulité. Auric prenait à partie sa famille pour m'obliger à rester ici. Et ces personnes avaient bien sûr acquiescé. Ils étaient d'accord avec la décision de leur Alpha.

Je secouai la tête puis lâchai un rire sans humour. Il m'avait bien eue. Mais cette situation montrait qu'il avait le respect de ses hommes. Auric était très certainement un bon Alpha.

Défaitiste, je laissai un soupir passer mes lèvres. Il avait beau être un bon chef, il avait cependant privé ma liberté. J'étais condamnée à rester dans cette meute pendant des jours.

Je sentis Auric s'approcher de moi. Mes paupières s'ouvrirent alors que sa main voulut caresser ma joue. Mais avant qu'il ne me touche, je reculai. Son sentiment de peine traversait son regard ; un miroir de mes émotions aussi.

Être dans un lieu fixe était une cage pour moi. Je voyageais pour découvrir, mais aussi pour oublier le chagrin qui avait envahi mon coeur. L'amour des autres m'aidait. Ils me ravivaient l'esprit. Ils me rendaient un sourire. Ils me rendaient ce que j'avais perdu.

Ma louve était mécontente de mon éloignement. Elle adorait déjà Auric et son loup. Elle ne comprenait pas mes sentiments. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne laissais pas cet homme me donner l'amour dont j'avais besoin. Mais en moi, seule la peur dominait. J'avais peur de l'aimer. J'étais terrifiée alors je fuyais. Fuir, j'étais devenue douée à cela. Très douée.

#sentimentscontradictoires Merci Karen d'être aussi compliquée, merci x)

Et n'hésitez pas à me signaler s'il y a des phrases qui ne veulent rien dire... Je tente de nouvelles choses en écrivant, donc peut-être que ce n'est pas français et/ou bizarre comme tournure de phrases...

Sinon beaucoup d'infos dans ce chapitre ! J'espère que je ne vous ai pas perdu :D

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