Chapitre 3 - Les morts

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Dans le chapitre précédent :

Je sentis Auric s'approcher de moi. Mes paupières s'ouvrirent alors que sa main voulut caresser ma joue. Mais avant qu'il ne me touche, je reculai. Son sentiment de peine traversait son regard ; un miroir de mes émotions aussi.

Être dans un lieu fixe était une cage pour moi. Je voyageais pour découvrir, mais aussi pour oublier le chagrin qui avait envahi mon coeur. L'amour des autres m'aidait. Ils me ravivaient l'esprit. Ils me rendaient un sourire. Ils me rendaient ce que j'avais perdu.

Ma louve était mécontente de mon éloignement. Elle adorait déjà Auric et son loup. Elle ne comprenait pas mes sentiments. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne laissais pas cet homme me donner l'amour dont j'avais besoin. Mais en moi, seule la peur dominait. J'avais peur de l'aimer. J'étais terrifiée alors je fuyais. Fuir, j'étais devenue douée à cela. Très douée.

***

Je restai seule pendant un instant dans la petite maison. Après avoir retourné le problème dans tous les sens, je convins qu'il fallait que je parle à mon père. Étant au milieu d'une forêt, les loups-garous avaient peu d'outils électroniques qui permettaient de faire le lien avec l'extérieur. Mais certaines meutes possédaient un ou deux ordinateurs et des téléphones utilisables.

Les jeunes loups faisaient souvent ce genre de demande : voir l'extérieur, le monde des humains. Et au lieu de le leur interdire, les plus âgés avaient pensé à ce qu'une sortie de temps à autre dans des villes n'était pas un danger. Cependant, avec cette mise en quarantaine dont on ne connaissait pas la durée, il était difficile de communiquer avec l'extérieur que ce soit une ville humaine ou une autre meute.

J'espérai de tout coeur qu'Auric aurait un moyen pour communiquer avec mes parents. Ils devaient savoir ce qu'il se tramait par ici, même si nous étions à plusieurs journées de leur territoire. Je devais les informer et entendre leur voix. Je devais les savoir en sécurité.

En prenant de longues goulées d'air, je calmai ma panique. Il fallait que je reste lucide pour éviter que ma louve ne dévie mes choix à cause d'une émotion forte comme la colère.

Avant que je ne sorte de la chambre, la porte s'ouvrit et Auric entra. Son air renfermé ne me plaisait pas. Il s'installa sur le lit et soupira. Je le fixai un instant avant de m'assoir près de lui. Nos cuisses collées, je pris sa main dans la mienne et déposai un baiser sur son épaule. Je vis son corps se détendre sous mes gestes. Je souris instinctivement à ses réactions.

– Auric..., commençai-je.

– Non Karen. Je ne peux pas te laisser sortir du territoire. Les chasseurs peuvent être en train de rôdés près d'ici. Je ne peux pas risquer de te perdre aussi alors que mon âme-sœur est morte sans que j'aie pu la protég... Qu'est-ce que tu...

Ses paroles se turent à mon baiser. Assise sur lui, mes fesses sur ses cuisses, je lui faisais face et l'embrassai. Ma louve semblait contente de ce revirement de situation et son loup aussi. Auric grogna de plaisir en rapprochant mon corps du sien. Ma poitrine s'écrasa contre son torse, mais nos vêtements marquaient une barrière entre nos peaux.

Je forçai mes lèvres à se séparer des siennes pour reprendre mon souffle et surtout pour lui parler.

– Je ne vais pas partir, mais il faut que j'informe mes parents. Ils doivent savoir ce qu'il se passe. Est-ce que tu as un téléphone ou un ordinateur ?

Auric me regarda un instant en fronçant les sourcils comme s'il débattait pour savoir si je lui disais la vérité ou si je tentais de trouver un moyen pour m'échapper de ce lieu. Et je le laissai faire. Je ne pouvais pas lui en vouloir ; j'avais cédé trop facilement à sa demande pour rester chez lui. Il se méfiait et avait peur. Peur que je lui mente. Peur que je m'enfuis dès qu'il aurait le dos tourné. C'était une situation possible, mais ma louve m'en voudrait si j'exécutais ce plan.

Elle voyait en Auric une seconde chance d'être unie. C'était aussi ma chance de ressentir à nouveau un sentiment amoureux. Mais c'était terrifiant.

– Oui, Seb possède un ordinateur.

Je soupirai de soulagement et me relevai. Nous marchâmes main dans la main jusqu'à l'homme appelait Seb. Il vivait avec son âme-sœur qui nous accueillit ainsi que leur fils encore bébé. Mina fit un signe de tête vers Auric et m'adressa un sourire un peu trop joyeux, mais je laissai passer cet acte. Je fis de mon mieux pour ne pas rougir quand elle regardait avec insistance nos doigts entremêlés.

Auric monta les escaliers en me traînant aussi et entra sans toquer dans la chambre. Seb, un homme du même âge que l'Alpha avait déjà allumé son ordinateur. Auric avait dû lui demander de préparer l'appareil par le lien télépathique que les membres d'une meute partageaient. Depuis que j'étais partie de ma meute, je ne possédais plus ce lien unique. Il permettait de communiquer si rapidement sans être à aucun moment seul. Ce lien reliait chaque membre d'une même meute entre eux. Et j'avais renoncé à ce privilège en vivant comme une humaine, seule.

Je dégageai mon sentiment de solitude et envoyai un mail à mon père dans un langage codé qui lui et moi avions inventé. Il était un homme doué avec les appareils électroniques que les humains avaient construits et m'avait appris ce qu'il fallait savoir sur ces machines.

– Que lui avez-vous envoyé ? demanda Seb, penché sur l'écran.

– Un message secret, dis-je d'un air espiègle.

Mais il fronça les sourcils puis regarda son Alpha. Il semblerait que Seb ne me faisait pas confiance. Il était sur la réserve d'où sa question. Il pensait que j'étais un danger et il ne devait pas être le seul à penser ainsi. Personne ne me connaissait vraiment après tout.

– J'ai dit à mon père que des chasseurs avaient attaqué une meute pas loin de l'endroit où je me trouvais. Bien sûr, je lui ai aussi indiqué que l'Alpha de cette meute assurerait ma protection en ne me laissant pas sortir de ce territoire, avouai-je en soupirant.

– Bien... souffla-t-il, pas si convaincu.

– Auric, que s'est-il passé ? Combien de morts ? Combien de personnes enlevées ? L'état des lieux ? Des informations sur l'attaque ?

Ma frustration et colère se répercutèrent dans la pièce. Je voulais aider du mieux que je pouvais dans cette affaire pour éviter que les mêmes erreurs ne se reproduisent. Ce qu'il s'était passé il y a vingt-huit ans ne devait jamais se reproduire. ILS ne laisseront pas ces tortures se reproduire.

Auric me regarda avec insistance, mais vit que je ne flancherai pas. Il soupira puis s'assit sur une chaise. Je fis de même en prenant la chaise sur laquelle je m'étais installée devant le bureau. Ses yeux intenses restèrent fixés sur moi alors qu'il ouvrit la bouche.

– D'après les survivants, des chasseurs les ont aperçus dans une ville humaine puis les ont suivis jusque dans la forêt deux jours avant l'attaque de la nuit dernière. Les guerriers avaient cru les avoir tous tués ce jour-là, mais certains sont apparus comme ça et ont ravagé la meute en une nuit... Sur les deux cent cinquante-six membres de la meute, dix ont été enlevés, tous les autres sont morts maintenant.

– Quoi ? Mais tu as dit qu'il restait des survivants..., dis-je, choquée.

– Oui, deux guerriers étaient encore en vie quand je suis arrivée sur les lieux, mais ils n'ont pas survécu plus d'une heure même avec les soins. Ces enfoirés leur avaient tiré dessus trop de balles en argent, cracha Seb en serrant les dents sous la rage.

Deux cent quarante-six morts. Une meute entière décimée en une nuit. Je vis mes mains trembler sur mes cuisses. Comment une telle chose pouvait-elle arriver ? Cela faisait des années que les chasseurs n'avaient pas tenté de s'attaquer à de grandes meutes en ne prenant pour cible que des loups solitaires. Mais la nuit dernière avait été un déploiement de massacre inhumain. Ironique quand on pensait que c'était des êtres humains qui orchestraient ces horreurs.

Une larme s'échappa de mes yeux rouges. C'en était trop, même pour moi qui considérais avoir une bonne endurance face à l'atrocité de certaines situations. Auric se pencha et essuya mes joues, me prodiguant un certain confort. Je soupirai d'aise en penchant mon visage vers sa grande main. Celle-ci resta là, à me soutenir dans cette épreuve.

– Mais pourquoi avoir pris des prisonniers ? Ce n'est pas logique..., chuchotai-je en tentant une réflexion malgré mon chagrin.

– Ce sont des otages, avoua l'homme qui ne m'appréciait pas.

– Seb, grogna Auric, en guise d'avertissement.

Je fronçai des sourcils et reculai. La chaleur de sa main disparut, mais une confusion régnait sur mon visage. Je me levai et me tournai vers Seb.

– Des otages pour quoi ? Que veulent-ils en échange ?

– Ne dis rien, ordonna l'Alpha.

J'observai tour à tour Auric et Seb, mais ces deux hommes s'affrontaient du regard avant que Seb n'abaisse ses yeux. Il n'était pas usuel qu'un membre de la meute tienne tête à son Alpha, car il était plus dominant que lui. Les loups-garous pouvaient ressentir le lien de dominance et de soumission simplement par l'aura dégagée. Les auras... c'était une belle histoire que je pouvais aussi raconter, mais qu'à des personnes dignes de confiance.

– Ils vous veulent, Barde, souffla une voix féminine.

Mina, l'âme-sœur de Seb apparut sur le pas de la chambre sans y entrer. Elle me regarda avec tristesse.

– Qu-quoi ? Pourquoi me voudraient-ils ?

– Nous espérons que vous pouvez nous le dire ? annonça-t-elle avec une pointe de curiosité.

Je secouai la tête, hébétée. Je ne comprenais pas en quoi je pouvais être utile à des chasseurs. J'étais la fille d'un Alpha certes, mais personne ne pouvait le savoir chez les humains. Et mes séjours dans les villes avaient toujours été sans encombre. À part quatre humains, aucun ne savait que je partageais mon corps avec l'esprit d'une louve.

Mes jambes cédèrent sous la révélation que je venais de faire. Les chasseurs avaient tué toute une meute par ma faute. Ils me cherchaient et avaient d'une manière ou d'une autre réussi à me suivre jusqu'à la précédente meute que j'avais côtoyée.

La main sur ma bouche pour étouffer mes sanglots, je laissai mes larmes couler alors qu'Auric me prit dans ses bras. Je n'entendais plus ses paroles. Je tremblais de tout mon corps en écoutant ma louve geindre de douleur.

O Luxna ! Ils sont tous morts par ma faute !

Que va-t-elle faire ? Se rendre aux chasseurs ? Auric va-t-il la laisser faire ? Il a peut-être un plan B ? Il a après tout discuté avec son père, donc il a peut-être trouvé un moyen de contourner la situation ?

Je pense qu'on verra les parents d'Auric dans le prochain chapitre (qui n'est pas encore écrit) :)

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