Chapitre 8

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Peu à peu, mes larmes se tarirent et je tentai de me dégager de l'étreinte de Gérémi, celui-ci renforça sa prise. Je l'entendis renifler puis il me relâcha. Son sourire arrogant d'antan était réapparut, chassant tristesse et déception, néanmoins, ses yeux humides me confirmèrent qu'il avait pleuré.

Après m'avoir saluée, il s'en alla. Quant à moi, je restai admirer la façade blanche de la maison avant de quitter le quartier.

Mes pas me menèrent au parc de la ville. Les arbres nus de leurs feuilles balançaient leurs branches au rythme du vent dans une mélodie lugubre. Le parc était calme, déserté par les enfants rieurs et les canards bruyants qui peuplaient le lac. Celui-ci, gelé, reflétait la douce lumière du soleil. D'un banc givré, je me perdis à la contemplation de la nature endormie. Les brisures de la glace me rappelaient mon cœur meurtrit, le silence me ramenait à ma solitude. Ce paysage malheureux était un véritable miroir de mon conflit intérieur. J'aurais beaucoup donné pour que mes pensées sombres et ma tristesse s'envolent avec le vent.

Alors que je m'apprêtais à partir, je remarquai une personne installée à mes côtés. Habillée d'un pull informe, la capuche rabattue, je ne savais dire si c'était une fille ou un garçon. Puis tout se déroula précipitamment, la silhouette ferma le livre qu'elle lisait et leva sa tête vers moi. Dans l'ombre de sa capuche, je ne pus que voir ses yeux rouges sang briller avant qu'elle ne lève sa main vers moi d'où sortit un éclair aveuglant. La seconde d'après, je me réveillais sur le banc froid, terrifiée.

L'esprit hanté par ce cauchemar, je ne sentis pas tout de suite qu'on me secouait.

« Hey ! Ça va ? Reviens sur Terre, Iris ! » Me cria une voix familière.

Je repris possession de mes moyens rapidement en reconnaissant le garçon de l'infirmerie devant moi.

« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu me suis ou quoi ? Lui demandai-je encore sous le choc.

- Je pourrais te dire la même chose ! Je me promenais tranquillement quand je t'ai vu en train de dormir sur ton banc. Tu risques d'attraper froid avec un temps pareil.

Voyant que je ne répondais rien, il ajouta :

« Bon, viens ! Je t'emmène dans un café pour que tu puisses te réchauffer un peu. »

Il m'observa me lever tremblante de froid et commencer à souffler sur mes mains gelées. Peu après, il les prit entre les siennes et les frictionna pour les réchauffer. Je le regardais faire, un pli de concentration s'était formé sur son front, il avait les joues rougies et les lèvres gercées par le temps glacial. Puis il s'arrêta un moment pour observer son travail, mais avant d'avoir pu baisser les yeux à mon tour, il s'écarta soudainement. Je portais, alors, un regard sur mes mains et ce que je vis me pétrifia sur place. Mes doigts étaient décharnés comme s'il ne me restait que des os et ma peau semblait tellement transparente qu'on aurait pu les voir à travers. Cependant, sous mes yeux écarquillés, mes mains cadavériques reprirent couleurs et consistance, elles paraissaient prendre en vigueur si bien que quelques temps plus tard, je n'avais plus froid.

Mon compagnon qui avait vu toute la scène avec stupeur bafouilla :

« Je...

- Bon, on y va ? Sinon on va finir comme deux statues de glace, le coupai-je en souriant pour masquer mon trouble. »

Il hocha la tête et nous nous mîmes en route. Tel deux fantômes, nous marchâmes sous le vent froid de l'hiver. Aucune parole ne fut échangée et un silence pesant planait. Mes pensées étaient accaparées par la scène précédente, milles questions torturèrent mon esprit encore embrumés par le froid et le sommeil. Alors que nous laissions les portes grillagées du parc derrière nous, les bruits de la ville nous parvinrent légèrement. Quelques passants déambulaient sur les trottoirs, les voitures avaient repris possession des routes, au loin, la sirène d'une ambulance se fit entendre. À quelques rues, nous nous engouffrèrent dans un café. La salle, étroite et conviviale, était presque pleine. Les discutions des clients s'élevaient dans un joyeux brouhaha. Dans cette ambiance réconfortante, nous nous installâmes sur une petite table proche de la cheminée.

Peu à peu, la chaleur du feu me réchauffa complètement, aidée par le chocolat chaud que je venais de commander.

« Alors comme ça, tu ne me suivais pas, ni dans le parc, ni dans l'aéroport, dis-je ragaillardie.

- Pas le moins de monde, à chaque fois, je ne faisais que passer par là » me répondit-il en souriant.

Puis son visage s'assombrit et il finit par reprendre plus sombrement :

« Hier, mon père devais rentrer de son travail, il est pilote de ligne. Cela faisait presque trois mois qu'il était parti. Mais quand je suis arrivé à l'aéroport, il m'a envoyé un message pour me dire que son vol était retardé par la tempête et qu'il ne rentrerait que dans une semaine au minimum. Il ne me manque pas spécialement mais je sais que ma mère l'attend avec impatience. De nature dépressive, avec le temps qu'il règne, une petite chose pourrait la faire rechuter et je ne voulais pas lui annoncer la nouvelle. J'ai préféré rester dans le hall de l'aéroport et c'est là que je t'ai vu avec ta mère. Au début, je voulais passer mon chemin, mais votre conversation m'est parvenue. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis dans une telle fureur, sûrement parce que je sais mon père capable de faire la même chose. En tout cas, j'avais des envies de meurtre et après j'ai tout oublié jusqu'à mon réveil sur le sol de l'aéroport.

- T'as oublié un paquet de trucs, commentai-je pensive.

- Tant que ça ? Raconte. »

Je commençais alors mon récit en tentant de n'oublier aucun détail. De son côté, il m'écoutait comme un enfant à qui on raconte son histoire préférée. Je vis son visage passer de la surprise à l'inquiétude, de l'anxiété au soulagement. À la fin de ma narration, il semblait réfléchir.

« D'après toi, j'aurais le pouvoir de tuer ou faire du mal à quelqu'un seulement par la pensée ? m'interrogea-t-il.

- Et par le toucher aussi, comme tout à l'heure dans le parc. »

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